AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Baptiste Charcot (5)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Le français au Pôle sud

C’est sans doute parce que l’éditeur José Corti, à l’image si particulière et au catalogue bien fourni, s’est décidé à publier, cent ans après son original chez Flammarion, une nouvelle version du livre issu de la première expédition maritime en Antarctique de Jean-Baptiste Charcot, que l’appétit du lecteur avide et curieux fut réveillé.

Riche en aventure, cette signature garantit également une certaine qualité littéraire, rendant la lecture de ce livre particulièrement enrichissante, alors que nous n’étions pas revenu croiser dans ces parages depuis le magnifique voyage de Jean-Paul Kauffmann à Kerguelen ( dans « L'arche des Kerguelen - Voyage aux îles de la Désolation » ).



Du bien bel ouvrage, dans le fond comme la forme, pour ce récit d’une expédition-modèle au doux parfum de terra incognita ; de son financement limité et laborieux à réunir, à son indéfectible équipage, on y suit toutes les étapes de sa préparation, à travers une longue introduction de l’amiral Fournier.



Le coeur de l’ouvrage en est bien-sûr son journal de bord, tenu de manière talentueuse et littéraire par Charcot lui-même.

Les annexes scientifiques de la première édition ont été remplacées ici par une longue postface contemporaine de Pierre Escudé, concentrée sur l’héritage littéraire que ce texte a engendré dans l’oeuvre de Jean Giono, achevant de justifier cette publication chez un éditeur si « marqué » par une certaine littérature… celle des contes et du symbolisme, et bien-sûr celle de Julien Gracq…



Un cahier central reproduit plusieurs photographies de l’expédition de manière sobre et émouvante, renforçant la proximité et la sympathie pour cet équipage si soudé dans sa diversité, modèle de courage et d’abnégation devant l’hypothétique promesse de découvertes, elles n’entrainant que d’obscurs palmes académiques et l’occasion de nommer quelques tas de cailloux gelés.



Une véritable passion anime tous ces hommes, des machines jusqu’au pont, accompagnée cette fois-ci — plutôt rare pour l’époque — d’une farouche volonté de respecter, voire de préserver la Nature.

Le rapport qu’entretient le capitaine Charcot avec les différentes espèces de pingouins / manchots rencontrées là-bas dépasse la simple anecdote mignonne ; elle revêt un caractère quasi-central dans son récit, le naturaliste devant la tentation de l’ethnologue… Ils y représentent le peuple indigène avec lequel on fraternise, tentant de ne pas bouleverser leurs habitudes… l’anthropomorphisme y servant avant tout sa plume…



On se prend à explorer les cartes de ces terres où l’on n’accostera jamais, prenant rendez-vous pour une prochaine aventure, retrouvant à cette occasion Rallier du Baty — élève de la marine marchande, alors promis à un brillant avenir sous le commandement Charcot — que nous saluerons quelques années plus tard pour ses aventures aux Kerguelen, enfantant d’un livre intitulé : « On peut aller loin avec des coeurs volontaires »



Ou comment une dose de romantisme, accompagnée d’un brin d’humanisme, permettent de garder un peu de confiance devant cette « folie » humaine que représente son besoin de tout explorer ( ou bien malheureusement de « conquérir » ? ), écho alpestre de ces « conquérants de l’inutile ».
Commenter  J’apprécie          867
Autour du Pôle Sud

Ce livre est en fait le carnet de notes du directeur de l'expédition, Jean-Baptiste Charcot. Expédition qui mène l'équipage composé de marins et de scientifiques dans les terres australes du continent Antartique, ceci au tout début du XXe siècle. C'est passionnant et l'on mesure mal aujourd'hui ce qu'il a fallut comme courage et d'abnégation pour la mener à bien. A l'époque, pas de balise Argos, pas même de radio à bord. Ces hommes sont littéralement coupé du monde. C'est réellement la passion qui est leur moteur car les conditions sont très rudes et à l'époque on n'a pas tous les matériaux légers et chauds d'aujourd'hui.

On voit aussi des comportements qui nous semblent bien paternalistes, mais il faut remettre ce texte en phase avec son époque.
Commenter  J’apprécie          30
Le Pourquoi - Pas ? dans l'Antarctique ; Le..

Un groupe de 19 hommes s’apprête à entamer une période d’au moins un an (qui pourra se prolonger éventuellement jusqu’à deux ans), dans des conditions très mal connues, en un lieu inexploré, en étant totalement coupé du monde extérieur.

Une mission d’entraînement pour des astronautes destinés à une expédition sur Mars ? Non. Nous sommes en janvier 1904, et il s’agit de l’équipage du Français, le bateau commandé par Jean-Baptiste Charcot. Ces hommes s’apprêtent à effectuer le premier hivernage dans l’Antarctique, alors que commence tout juste l’exploration systématique de ce continent.

Pour affronter l’inconnu, tout en utilisant l’expérience des précurseurs, en particulier des chasseurs de baleines qui ont commencé les premiers l’ « exploitation » de cette zone géographique, Charcot a embarqué tout le matériel et les approvisionnements « prévisibles », mais aussi les outils et les hommes qui permettront de résoudre les problèmes inattendus. Les situations difficiles seront résolues par les « moyens du bord », c’est vraiment le cas de le dire. Il faut savoir tout faire, à bord du Français, et du Pourquoi pas ? au cours de la seconde expédition.

Les récits des deux hivernages conduits par Charcot en 1903-1905, puis en 1908-1910, sont basés sur son journal de bord. Le style est donc souvent celui d’un homme précis, d’un scientifique et d’un marin. Mais en dépit de passages quelquefois répétitifs, décrivant les conditions de la glace sur la mer, ou les violentes tempêtes qui se succèdent (nous sommes dans les « soixantièmes hurlants »), on trouve assez souvent des passages très littéraires. Cela m’a rappelé le style de Camille Flammarion dans ses descriptions des spectacles célestes. On sent qu’à cette époque du début du vingtième siècle, même un scientifique (Charcot était médecin de formation, avant d’être marin) avait une solide culture littéraire. Charcot cite plusieurs fois dans son journal les auteurs latins, sans juger utile de donner la traduction…

J’ai été surpris de trouver dans un écrit de cette époque un souci réel de la condition animale : les marins qui passent plus d’un an loin de toute source d’approvisionnement doivent nécessairement trouver sur place une nourriture qui ne peut être qu’animale ; essentiellement des phoques et des « pingouins » que nous appelons aujourd’hui « manchots ». Charcot a toujours eu le souci de tuer le moins possible d’animaux pour les besoins de l’équipage, et de leur épargner au maximum toute souffrance. Il interdisait à son équipage et aux chiens de traîneaux toute forme de chasse gratuite. Sur la fin de son second voyage, il participe lors d’une escale à l’île de la Déception, à une chasse à la baleine, et se réjouit quand ces animaux échappent aux harpons des chasseurs norvégiens ou chiliens.

Admirons au passage une forme de patriotisme qui peut paraître un peu naïf de nos jours : Charcot se dévoue entièrement à son expédition scientifique pour l’honneur de la France : il va même jusqu’à prendre de gros risques, puisque lors des deux expéditions, il suit jusqu’au bout le programme qu’il s’est fixé, malgré d’importantes voies d’eau dans la coque de chacun de ses navires, qui le mettent à la merci d’un choc avec un iceberg ou un récif.

Un regret vis-à-vis de l’édition proposée par Arthaud : il manque les cartes nécessaires au bon suivi des deux expéditions successives. Je suis parti à la recherche de documents sur Internet : la meilleure illustration que j’ai trouvée est une carte de la péninsule Antarctique à l’adresse :

http://www.alainbidart.fr/galeries/Ant/Peninsule2/Carte_BAS.jpg

Cette carte demanderait cependant un complément ou une adaptation, car les noms de certains lieux ont changé depuis l’époque de Charcot.

L’ensemble des deux volumes (réunis en un seul), Le Français au Pôle Sud et Le Pourquoi-pas ? dans l’Arctique, constitue un très intéressant document sur les débuts de l’exploration de l’Antarctique, avec en prime des descriptions enthousiastes des paysages et surtout de la vie animale dans ces contrées.

Commenter  J’apprécie          10
Autour du Pôle Sud

Commenter  J’apprécie          00
Le français au Pôle sud

Lecture jeune, n°121 - Belle idée que cette réédition du « récit anecdotique » publié par Jean- Baptiste Charcot à son retour de l’expédition qu’il conduisit dans l’Antarctique de juin 1903 à mai 1905. Ce récit se compose principalement de son journal de bord, qu’il enrichit d’une longue introduction où nous découvrons les objectifs et les acteurs de cette formidable aventure. Il s’agit, écrit-il, d’une curiosité de savant - découvrir des terres nouvelles, les cartographier, inventorier la faune, étudier la météorologie… -, mais aussi d’une envie de damer le pion aux Anglais et aux Nordiques déjà bien engagés dans ces mers. Le Français au Pôle Sud est un journal écrit pour soi, où Charcot relate ses difficultés et ses joies avec sobriété et modestie. Durant ces vingt-deux mois d’héroïsme permanent, c’est toujours ses compagnons qu’il met en avant, qu’il s’agisse de pomper après une énorme avarie ou de pousser la baleinière embourbée dans la glace fondante. Malheureusement, le lecteur a beaucoup de mal à le suivre en raison d’un cruel défaut de cartes. Il se perd dans ses allées et venues, le récit en devient répétitif. Et pourtant ! La langue est belle, claire, souvent comique quand Charcot évoque ses démêlés avec les pingouins ou les icebergs. Elle se fait lyrique et chaleureuse dès qu’il est question d’homme. Réseau de lecture : on complétera ce témoignage avec le beau documentaire de Serge Kahn, Jean-Baptiste Charcot, explorateur des mers, navigateur de pôles (Glénat, 2006), illustré avec des documents de la famille Charcot. A noter que l’Année polaire internationale débute en mars 2007. Elle comportera une traversée terrestre de l’Antarctique dont Charcot aurait rêvé. ndlr Michelle Brillatz
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Baptiste Charcot (54)Voir plus

Quiz Voir plus

Paul Auster

Sous quel pseudonyme a-t-il publié un roman ? (indice : ce pseudonyme est également le nom de certains de ses personnages)

Paul Dupin
Paul Retsua
Paul Benjamin
Paul Palace

10 questions
276 lecteurs ont répondu
Thème : Paul AusterCréer un quiz sur cet auteur

{* *}