Et tandis qu'il contemple le père assoupi, il apparaît à l'enfant que celui-ci a peut-être surgi de la reproduction car quelque chose _une sensation funeste, un présage_ semble lier la menace indicible planant sur le monde de Christina et le retour du père. p 60
Le printemps survient, affûté comme une lame.
Un matin, ils découvrent la montagne embrasée par une lumière vibrante. L’air sent la terre poisseuse, le trèfle et les herbes lourdes de suc. Les pierres miroitent sous le soleil blanc, enchâssé dans un ciel d’un bleu très pur que l’astre dissout autour de lui.
Partout s’élèvent des chants d’oiseaux, des chants d’insectes, le crissement des bêtes invisibles retranchées dans ce qu’il reste d’ombre, au creux des racines, au revers des feuilles persistantes, à l’entrée du dédale de
terriers patiemment creusés ou âprement conquis, que dissimule au regard une tige ployée.
Propulsée aux branches des arbres, la sève fait éclore par myriades les bourgeons dont les écailles chutent, infimes, silencieuses, révèlent la chair glauque des feuilles qui se déploient et constellent les ramures d’un vert
intense.
La forêt, hostile et nue la veille encore, se pare de courbes vaporeuses, d’ombres pommelées qui la font paraître moins redoutable. Sur l’étendue des prairies, les fleurs s’ouvrent, avec leur multitude de nuances, de corolles ouvertes ; les insectes butineurs vrombissent furieusement de l’une à
l’autre, ivres de nectar. Le vent souffle dans les rameaux des pins, soulève des nuées de pollen jaune qui emplissent le ciel et déferlent par bourrasques.
Les genoux ramenés à sa poitrine, son crâne reposé sur la courbe polie d’une racine, il contemple la voûte que soutient la souche de l’arbre, les parois de terre ocre où affleurent des pierres lustrées. Il y somnole dans un parfum d’argile et de bois mort, plein de la sensation d’être protégé par
l’arbre, de ne faire qu’un avec lui.
Dans le secret de souches pourrissantes, des nymphes préparent leur transformation ; partout se lève l’armée des êtres minuscules – foules grouillantes, rampantes, industrieuses – affairés à cette mystérieuse
entreprise qui les accapare jour et nuit.
La maison est silencieuse, hostile et froide. Un frisson parcourt l'échine du garçon lorsqu'un vent frais s'engouffre par la porte grande ouverte et balaie la pièce, entraînant des moutons de poussière qui roulent paresseusement sur la dalle.
Comme toi, j'ai mon caractère. Je suis unique parmi tous mes semblables.
Chaque jour est une découverte
Il lui manquait les deux dents de devant, ce qui ne l'empêchait pas de rire aux éclats.
Je n'y parvenais simplement plus. Le feu sacré m'avait quitté un beau matin, sans crier gare. J'avais donc décidé d'entreprendre un grand voyage au cours duquel mes pérégrinations me conduisirent dans l'archipel Yaeyama.
Fanny se tut. Elle s'apprêtait à confondre sa mère, et voici que le souvenir se concentrait en un détail infime qui semblait contenir la plage : la perle de sang bordée de sable, comme un joyau voué à la dissolution, vu d'elle seule, et dans lequel elle avait perçu ou fantasmé Louise en colosse de marbre.
L'amour n'est jamais animé que par le désir, l'amour n'est jamais que l'autre nom, acceptable celui-ci, donné au désir, autrement dit à la convoitise, et il fait feu de tout bois pour obtenir ce qu'il convoite.
Tantôt un soleil implacable trônait au beau milieu d'un ciel limpide et rendait la mer insoutenable au regard, tantôt d'immenses nuages d'un noir d'encre emplissaient l'espace et laissaient s'abattre sur l'île une pluie diluvienne.
Plus tard, elle s'éveille et se relève. Elle débande ses bras, puis les rince à l'eau claire et y verse en grimaçant un peu d'alcool, un fond de bouteille. Elle nettoie son entrecuisse et ses aisselles avec l'un des linges souillés. Elle coiffe ses cheveux en observant son reflet dans un miroir en plastique. Elle se contorsionne pour se glisser dans la petite robe en Skaï et enfile un gilet à manches longues pour cacher ses bras. Enfin, elle ramasse les billets sur la table et les glisse sous une statue de Notre-Dame de la Charité. Puis, elle quitte la chambre.
Une écriture coulée, jamais trop pesante et pourtant Une éducation libertine, nous donne une description précise de Paris au 18eme siècle. On y ressent tout : la crasse, les odeurs, les émotions, la dureté de la vie, etc. A lire absolument.
Les choses sont ainsi, les vivants défigurent la mémoire des morts, jamais ils ne sont plus loin de leur vérité