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Citations de Jean-Christophe Tixier (398)


Avant, il ignorait qu'il était heureux. Et depuis, il sait qu'il ne l’est plus.
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À force de voir les choses, on s’habitue et on ne prend même plus la peine de se poser la question.
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J'aurais préféré que Léa m'accompagne, mais au moment de quitter la maison, elle a ressenti une légère douleur au ventre et elle s'est dit que le caillou était peut-être à sortir. Alors elle est restée chez elle. Au calme. J'aurais pu remettre à plus tard ou à demain la visite chez le bijoutier, mais mon honneur est en jeu. Cette expression me tire un sourire, et pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit. Je repense à l'air narquois du policier quand il m'a vu croiser puis décroiser mes doigts après qu'il m'a demandé si j'étais superstitieux. Il n'a pas cru un mot de tout ce qu'on a raconté sur le collier. Je n'ose imaginer ce qu'il a pu dire ensuite à mes parents. C'est ça qui me révolte le plus. Je refuse que ma mère et mon père croient que je suis un affabulateur. Alors je n'ai d'autre solution que d'amener un élément qui prouvera la véracité de notre histoire.

Citation choisie par Haïto
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Il n'est pas mécontent qu'on l'arrache à ce trou perdu. Ses potagers. Ses poulaillers. Ses troupeaux efflanqués. Cette terre qui n'a que le malheur pour se satisfaire. La misère. Et aussi les cadavres. Ceux des bêtes. Ceux de tous ces gosses du bagne qui ne comptaient pour personne. Ceux des hommes que les lames des machines déchirent. Ceux des criminels, des refoulés, des coupables que la raison a fini par quitter. Et tous ceux qu'on s'est empressé d'oublier. Et d'autres qui tomberont, car la terre est ainsi. Elle a faim.
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Les derniers rayons de soleil marbrent le toit du bagne d'un camaïeu de rose. Elle pourrait tirer un rideau, soustraire le bâtiment à son regard pour tenter d'oublier les événements passés, mais à quoi bon? Même quand elle ne le regarde pas, elle sent sa présence qui écrase tout. Plus oppressant que la falaise, alors que c'est des mêmes pierres qu'ils sont faits. En tendant l'oreille, Blanche peut l'entendre respirer. Son murmure et son haleine ne sont qu'un poison insidieux et destructeur qui les emportera tous. Elle en est certaine.
Quand elle réalise que l'emploi du futur est sans doute incorrect, un sourire empreint d'amertume tord sa bouche. L'heure a sonné. Et chacun va récolter ce qu'il mérite.
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Etienne se raccroche à l'idée qu'elle en éprouve un pressentiment. Il aime à penser que les choses importantes de l'existence préviennent toujours avant de surgir. Des petits signes. Un léger picotement. Une impression floue mais tenace. De quoi mettre en éveil celui ou celle qui est suffisamment attentif pour que, le moment venu, il ou elle puisse reconnaître et saisir cet élan de vie nouveau qui effleurera sa joue, comme le ferait une légère brise de printemps, avant de filer au loin, hors de portée de main.
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Elle sait qu'à cette heure, la nuit a gagné les consciences et qu'aucune parole ne les apaisera. Elle sait aussi que, plus que des enfants morts, du diable ou même de Dieu, c'est des femmes qu'ils ont peur. Toutes. Leurs mères, qu'ils craignent malgré leur âge. Leurs épouses, qu'ils tiennent sous leur coupe car ils n'ont jamais pu comprendre ce qu'elles veulent vraiment et comment ça peut bien se passer dans leur tête. Leurs filles, qu'ils redoutent de voir se saisir de la vie comme ils ne l'ont jamais fait.
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Elle ne sait plus ce qu'elle veut dire, encore moins dans quel ordre devront sortir les mots. Elle s'imagine murmurer l'horreur, comme si ses paroles pouvaient suffire à la délivrer de cette pesanteur infinie. Ses pensées filent alors dix-sept ans en arrière, jusqu'à ce matin d'hiver où le bagne s'est vidé. Pour toujours. Dans sa tête c'était hier, car ce moment s'est agriffé à son esprit comme le lichen s'accroche sur le côté des rochers qui ne voit pas le soleil. La face sombre, pense-t-elle.
Comme tous les autres, elle était venue se planter au bord du chemin pour voir s'éloigner cette longue chenille d'enfants aux silhouettes si chétives et rachitiques qu'elle aurait pu donner quatre ou cinq ans de moins à chacun, si leurs traits creusés ne les avaient pas outrageusement transformés en vieillards. Sur le moment, elle aurait voulu se persuader que leurs crânes rasés accentuaient cette perception mais, au fond d'elle, elle savait que cela n'était que le fruit de ce qu'ils avaient enduré, des privations subies, de cette soupe si claire qu'elle ressemblait à l'eau de la rivière après que le ruissellement d'une courte averse a tout juste eu le temps de lécher la terre.
En les regardant s'éloigner, presque joyeux, Jeanne espérait qu'ils emporteraient avec eux le mal qu'on leur avait fait, ou alors que la légère brise venue de la falaise le disperserait. Mais cet espoir s'était aussitôt éteint, étouffé par le pesant silence qui accompagnait leur départ. Le mal était dedans, englué au fond de chacun. Un mal que personne, jusqu'à présent, n'a abordé frontalement, alors qu'il les réunit pourtant tous.
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"Le diable est là, a-t-il entendu dire Léon à Jeanne un jour.
- Ce sont les enfants qu reviennent, lui a-t-elle répondu. Comme les loups quand la faim les ronge.
Léon a serré les mâchoires, l'a fixée en serrant les poings. "Ne redis jamais ça", a-t-il menacé.
C'est un hurlement sinistre échappé de ce bout de terre qui a réveillé les peurs. On dit aussi qu'il y a eu d'étranges lueurs, et puis des râles, des souffles et des soupirs, et même des cris accompagnant des changements brutaux de température, tout comme, raconte-on aussi, des transformations subites de la nature alentour. Etienne n'a rien vu ni constaté qui puisse donner du crédit à tous ces racontars. Et jusqu'à il y a peu, il ne comprenait pas que les hommes du coin, tous si durs aux aléas, s'alarment aussi vite que des jeunes filles craintives. Mais il y a eu des maladies qui ont affecté les bêtes de certains. Alors, ces jours derniers, Etienne a préféré longer l'endroit en fixant son regard sur la cime encore ensoleillée qui borde le chemin, sa baguette battant l'air devant lui pour forcer ses bêtes à avancer.
De nombreuses légendes circulent au sujet de ce carré de terre maudit. Certains se réfèrent aux anciens, puisent dans des récits étranges et parfois absurdes des preuves que tout a commencé bien avant que ce cimetière existe. De quoi se rassurer ou cantonner le mal à distance raisonnable. "Mais pas de quoi provoquer des examens de conscience ni susciter le moindre regret", a une fois marmonné Jeanne. Avant de lâcher un funeste "Il est encore trop tôt. Ou déjà trop tard".
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Ici, poursuivit-il, il n'y a aucune place pour l'imprévu, encore moins pour les bonnes surprises. Si tu n'attrapes pas le destin par le col pour lui forcer la main, il te rit au nez et va s'amuser ailleurs. Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse dans le coin avec des gens qui ne lèvent pas les yeux de leur terre et se contentent de leur vie d'esclaves? Ces gens ont trouvé le courage de rester ici parce que leur peur de partir était la plus grande! Ils sont nés serviles, ils sont nés victimes. Ils sont nés avec un courte vue. Moi pas!
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Eve trouva la langue française trop pauvre, se dit que ceux qui l'avaient inventée devaient être des hommes, à qui on ne pouvait dire que oui ou non, et qui étaient incapables de comprendre les moitiés de oui, les quarts de non, le mélange des deux.
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Elle se mit à haïr les collines autour d'elle, le village en bas, le lac, le barrage, et même la ligne de crête de son enfance. Elle s'était leurrée, voyant en elle le fil de la liberté promise, alors qu'elle n'était qu'une lourde chaîne chargée de la retenir à jamais. Elle pensa aux animaux dans les zoos, aux poissons dans les bocaux qui rêvent du monde extérieur à travers les mailles d'un grillage ou la paroi de verre de leur prison. avaient-ils conscience que cet ailleurs leur était interdit? Pour toujours?
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L'ensemble de ses paroles et de ses actes avait marqué chacun bien plus profondément qu'elle ne l'imaginait, les avait nourris ou bien tourmentés, et irriguerait les générations futures, s'il devait y en avoir. Ce constat qu'elle n'avait jamais aussi clairement formulé la bouleversa. Elle chercha au plus profond d'elle-même l'image qu'elle voulait laisser, se demanda aussitôt s'il était encore temps de changer les choses. Bien sûr, elle avait pris de mauvaises décisions dans sa vie, certaines plus terribles que d'autres mais...
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Je veux pouvoir me réveiller dans un endroit où la musique n'est pas juste là pour combler le silence. Un endroit où elle bat pour entraîner les gens, où il y a des bars et restaurants ouverts toute la nuit, où chaque personne croisée m'est inconnue, où chaque seconde qui passe peut apporter quelque chose de nouveau, où on ne me regardera pas comme une future épouse ou bien une future mère. Un endroit où le passé est tombé dans l'oubli, où on se fout de savoir ce qu'a pu faire ma mère, mon frère ou bien ma tante. J'ai envie d'un endroit tourné vers le futur, auquel chacun peut croire. Ici, il ne m'arrivera rien. Rien. Tu sais ce que cela veut dire, "rien"?
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- Les morts ont droit au respect. Tous les morts, puisqu'ils ne sont plus là pour se défendre.
Victoire se demanda si elle parlait pour Joseph ou bien pour elle. La rage naissante qui rampait en elle était déjà une réponse. Son existence serait bientôt livrée aux souvenirs et aux rancœurs de chacun, qui recomposeraient une vie qui ne serait plus la sienne.
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Elle se demandait si elle reliait les éléments dans le bon ordre, quand une immense fatigue l'accabla. Le poids de ces histoires mêlées pesait sur ses épaules. Le passé de chacun de ses aïeux ruisselait jusqu’à elle et s'accumulait en elle, puisqu'elle était celle qui restait. Elle devenait ce barrage qui bouchait la vallée et retenait cette masse infinie d'eau. Cette idée la terrifia car, malgré sa corpulence, elle n'avait pas la solidité de la digue de béton. elle aurait eu besoin de son frère. Jamais elle ne parviendrait à endosser seule tout cela.
La lumière qui se faufilait dans la chambre n'éclairait désormais plus la tête de lit, de sorte que le halo qui nimbait Victoire comme une icône sacrée avait disparu. Ce changement ne fit cependant pas d'elle une odieuse damnée. Cela aurait été tellement plus simple.
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Eve repensa à ces fameux papiers que sa tante voulait faire signer à Gloutonna. Le moyen à ses yeux de protéger Ange. De lui-même et de tous les autres. Mais Eve refusait d'en faire les frais, de sacrifier sa liberté et sa vie à son frère. L'effacement de soi, ce n'était plus pour elle. Elle repensa au tourbillon de musique qui était entré dans l'auberge quelques jours plus tôt. Elle se demanda s'il produirait le même effet dans toutes les maisons, si, partout en France, il bousculerait les gens installés et chahuterait toutes les idées vieillottes. Une fois de plus, elle pressentit que quelque chose d'important allait se passer, et que tout, un jour changerait. Et elle voulait en être.
De la cuisine lui parvinrent des bruits de vaisselle et de casseroles. Elle imagina l'opulente masse noire du cul de la nonne penchée vers le placard qui faisait office de réserve, et cela l'aida à se détendre.
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Notre vie n'est que le reflet de nos choix, avait-elle simplement dit.
Elle ne savait pas d'où elle puisait cette force qui lui avait permis de donner un ton si désinvolte à cette phrase.
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Elle se sentait soudain légère, avec l'impression d'exister enfin, même si sa vie lui paraissait, à cet instant, en suspens au-dessus du vide. Elle se remémora ce mélange de puissance brute et de tendresse. Ces soupirs retenus. L'absence de mots. Joseph n'était pas le genre d'homme dont elle avait rêvé jusque-là. Mais il avait été doux et l'avait vraiment désirée.
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Tu crois que je peux rentrer chez moi et raconté que j'ai échoué? Tu as vu ça où, toi?
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