Jean-Claude Barreau sur l'immigration
Page 86 - L'impérialisme romain inaugura une idée très originale : l'assimilation.
Rome était impérialiste (le mot vient d'elle), mais pas raciste. Elle pratiqua très tôt l'assimilation complète des peuples conquis - tout au moins de leur élites. Tous les notables indigènes pouvaient espérer acquérir la citoyenneté romaine (l'apôtre Paul, ce rabbin juif, était romain de naissance par son père), et même gouverner : il y aura des empereurs gaulois, espagnols et arabes.
Les romains avaient compris que la force seule ne garantit pas la durée. Talleyrand le redira : on peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s'asseoir dessus.
c'est à son entourage qu'on reconnait un dirigeant:les petits chefs ne supportent pas le talent des autres et choisissent des incapables ;les grands chefs savent que la gloire de leur conseillers ne leur porte pas ombrage,mais rejaillit sur eux.
« Ce livre n’est pas un livre de savants. Il se veut une espèce de résumé de l’histoire de l’humanité; rudimentaire, mais plein de rapprochements surprenants et de questions impertinentes; conte vrai où le lecteur pourra trouver des interprétations discutables de faits qui ne le sont pas. Il est destiné à tous, à l’exception des historiens de métiers. » Page 10.
Après l'an 451, en Gaule, il n'y eut plus d'Etat, donc plus de sécurité. Les paysans qui ont besoin de paix pour cultiver quittèrent les champs, la famine s'installa. Et comme les agglomérations urbaines ne peuvent pas fonctionner sans surplus agricoles, les villes si belles des temps gallo-romains se transformèrent en ruines. On croit en général que c'est l'usure du temps qui engendre les ruines, il n'en n'est rien : tant qu'une civilisation est vivante, elle entretient ses monuments. Certains temples de l'Inde actuelle paraissent neufs alors qu'ils datent de trois mille ans. Les monuments sont éternels quand on les répare. Au contraire, l'état présent des arènes de Nîmes, du pont du Gard, des thermes de Cluny signifie que la civilisation gallo-romaine s'est écroulée.
Un livre intéressant, mais il me paraissait assez osé de résumer l'histoire du monde en si peu de pages. C'est un ouvrage de vulgarisation, et en l'état, c'est un livre qui peut servir d'introduction et qui peut intéresser certains lecteurs ne souhaitant pas avoir une connaissance approfondie de tel ou tel sujet.
Il peut servir à s'ouvrir à d'autres sujets.
En tout cas, je salue l'initiative, et l'ouverture que ce livre peut apporter à de nombreux lecteurs.
Lorsque les duchesses trouvaient Rousseau "tellement spirituel", qu'elle riaient de ses saillies "à gorge déployée", elle n'imaginaient pas qu'elle allaient un jour y laisser leurs jolies têtes. Il est intéressant de constater à quel point l'on peut être dépassé par l'application de ses idées. Rousseau pouvait-il imaginer Roberspierre ?
quand on veut juger de la grandeur d'une civilisation ,il ne faut pas regarder les demeures des riches ,mais les hospices destinés aux pauvres .
Comment réfléchir devant l'image d'un charmant bambin africain ? Parfois la générosité peut s'allier à ce que Sartre appelait la "mauvaise foi". Je connais un jeune homme qui dormait à Saint-Bernard avec les Africains, pour leur faire de son corps un rempart. Le même, l'année précédente, m'avait demandé d'user de ma position Place Beauvau pour faire expulser les ouvriers d'un atelier de confection "dont le bruit gênait sa mère". (Après vérification, tous ces travailleurs étaient réguliers, et l'atelier aussi.) Mais comment ces deux démarches sont-elles possibles dans la même tête ? Apparemment ce jeune militant n'y voyait pas malice.
Chapitre 11, la crise du civisme, paragraphe 1 - Un exemple révélateur : les sans-papiers de Saint-Bernard, p.107.
c'est à son entourage qu'on reconnait un dirigeant:les petits chefs ne supportent pas le talent des autres et choisissent des incapables ;les grands chefs savent que la gloire de leur conseillers ne leur porte pas ombrage,mais rejaillit sur eux.
Beaucoup d'intellectuels français restent fascinés par le modèle américain, qui juxtapose des communautés distinctes. Alain Touraine s'y réfère explicitement et prêche "pour une société multiculturelle*". C'est oublier qu'en Amérique existe, au-dessus des communautés, un fort patriotisme, avec drapeau étoilé dans toutes les épiceries et hymne national à l'école. Malgré cela ce modèle fonctionne mal. En Grande-Bretagne, il ne fonctionne pas du tout et produit de l'apartheid pur et simple.
* Libération, 8 octobre 1990.
Chapitre 11, la crise du civisme, paragraphe 2 - Les "ratés" de la machine à intégrer, p.113.