Citations de Jean-Claude Brialy (321)
La vision que l'on a de soi est toujours approximative : même si l'on a plus ou moins apprivoisé son physique, même si l'on veut bien se reconnaître quelques défauts et quelques qualités.
Je suis né le 30 mars 1933. En Algérie, le printemps était tiède et doux, l'air était chargé de senteurs lourdes et sucrées. J'étais très laid, un véritable petit singe, avec une tête en forme de poire recouverte de cheveux noirs. Mes parents étaient tout de même fiers et contents d'avoir un garçon. La mode étant aux prénoms composés, ils m'appelèrent Jean-Claude
Le temps béni est celui des circonstances heureuses.
"Le peu que je sais, c'est à mon ignorance que je le dois." Sacha Guitry
la réussite,c'est un peu de savoir, un peu de savoir faire, et beaucoup de faire savoir.
Edith et ses amants, c'était un sacré roman ! elle les quittait toujours parce qu'elle ne supportait pas d'être abandonnée. Comme cadeau d'adieu, elle leur offrait une montre Cartier. Un jour, elle invita tous ses anciens fiancés à déjeuner et ils eurent l'élégance et l'humour d'être tous présents ! Au dessert, pour s'amuser, elle demanda l'heure. Ils avaient tous la même montre !
Le producteur contacta Danielle Darieux, qui accepta de tourner ce rôle secondaire pour une somme modeste. Le jour où elle arriva, nous déjeunâmes ensemble avec Jean. Comme à son habitude, Jean avait commandé un plat léger, dans le genre boudin aux pommes, et son vin, un gros-plant. Nous étions en train de bavarder tous les trois lorsque, en plein milieu du repas, un assistant arriva en s'excusant d'exister. Prudemment il s'adressa d'abord à Danielle, lui dit qu'on avait besoin d'elle pour faire la première scène. Puis tout de suite, il s'adressa à Jean.
"Vous pouvez rester là, monsieur Gabin, vous avez le temps."
Alors Jean le fusilla du regard et lui lança :
"Quand Melle Darrieux fait son premier plan dans un film où je suis, Gabin est sur le plateau !"
Il se leva donc, abandonnant son assiette pour accompagner Danielle. Je les suivis un peu comme un enfant suivrait ses parents. Jean l'attendit, cigarette au bec, puis nous revînmes finir notre repas.
En France, on n'aime pas beaucoup les femmes courageuses.
L'après-midi, Alaiin et Romy répétaient la scène du bal. Alain était raide comme un manche à balai, il ne savait absolument pas danser. En revanche, Romy était très gracieuse. Ce jour là, j'assistais à la naissance d'une passion : Alain, gauche et maladroit. Romy légère et rieuse, la valse viennoise, leurs premiers regards, il se passait vraiment quelque chose de magique entre eux.
Quand j’évoque les femmes que j’ai aimées,je repense inévitablement à celle qui aujourd’hui encore me manque cruellement,ma chère Marie Belle.Entre elle et moi,ce fut un vrai coup de foudre.Je suis devenu son fils spirituel.Je crois qu’elle m’a beaucoup aimé…mais moi,je l’ai adorée.
Une année de plus c'est toujours une année de moins.
"Je n’étais pas doué pour le malheur"
Lors de ses obsèques à la madeleine,cinq mille personnes suivirent son cercueil.Tous ses enfants étaient là,avec Jo Bouillon,son mari,bien qu’elle m’ait dit qu’elle ne souhaitait pas qu’il soit à son enterrement.Elle.avait désiré que l’on fasse un musée Josephine-Baker,mais,n’ayant rien spécifié chez le notaire,ses biens furent dispersés en vente publique.La encore,je ne pus rien faire.Aujourd’hui,Joséphine repose dans le cimetière de Monte-Carlo.
La vraie raison de ma participation au film Le Puits aux trois vérités, independamment du fait qu’Henri Jeanson,le magnifique dialoguiste d’Hotel du Nord,avait écrit,la aussi,un dialogue très serré, très beau,était la présence de Michèle Morgan.Comme
tous les garçons,j’étais amoureux d’elle.Elle était la plus grande vedette du cinéma francais et,malheureusement,sans doute la plus sage! Elle symbolisait la tranquillité,la beauté,elle était rassurante et lumineuse,aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur.J’avais vu tous ses films et au moins cinq fois La Symphonie pastorale.
Je me souviens que Michèle avait découvert l’écologie,la phytothérapie et les médecines douces bien avant l’heure!Elle avait installé dans sa loge de cinéma,à Boullogne-Billancourt,une véritable pharmacie.Elle se servait d’une bombe à oxygène pour respirer,de temps en temps,un peu d’air pur avec un masque.Dans sa loge,elle avait des herbes, des tisanes,elle avait de tout.Il suffisait de lui dire:,elle sortait la racine,la fleur ou la poudre magique de ses tiroirs!Quand je rencontrai Michèle,elle venait de perdre Henri Vidal six mois plus tôt.Il avait été le grand amour de sa vie.Ce garçon turbulent,qui fréquenta les bordels,abusa d’alcools et de drogue et fit les quatre cents coups,avait un charme inouïe.Robert D’Alban partageait, d’alleurs,son goût pour la vie tumultueuse. c’était un peu Don Juan et Sganarelle. Le second suivait l’autre partout,îl était sa conscience.D’Alban lui faisait parfois la moraleMais Henri donnait l’impression de courir au suicide. Il se jetait à corps perdu dans toutes sortes de folles aventures.Si bien qu’on le découvrit un jour,dans un hôtel,mort d’une crise cardiaque.
Quelques temps plus tard,je reçus un coup de fil de Delon,qui me demanda quand je commençais le tournage des Cousins.Je lui expliquai que ce n’était pas pour tout de suite et il me coupa en disant:
Pour Tous les garçons s’appellent Patrick,il me confia simplement qu’il avait un truc sur un mec et deux filles.Je n’en sus pas plus jusqu’au tournage,il fallait lui faire confiance.D’ailleurs n’aurait eu l’idée de lui parler de psychologie ou de rapports entre les personnages.Il sortait un minuscule papier,pour ne pas dire qu’il le tirait au hasard de sa poche,de son paquet de cigarette ou de sa boîte d’allumettes,et me le tendait: Il suffisait juste de faire ce qu’il disait,rien d’autre,un point c’est tout.Heureusement,il savait parfaitement où il allait.Avec sa Bigard jaune entre les doigts,ses verres fumés qui masquaient son regard et sa voix blanche et traînante,on le sentait à la fois très sur de lui,complètement à ce qu’il faisait et ailleurs,inaccessible.
Étrangeté qui ne me déplaisait pas et que je retrouvai avec plaisir,quelques années plus tard,dans Une femme est une femme.
On ne pardonne pas aux femmes de vieillir. Les rides ? Chez Robert Redford, on appelle ça des marques de distinction ; chez moi, ce sont des marques de vieillissement.
Tout le monde peut devenir vieux. Il suffit de vivre assez longtemps.
Cacher son âge, c'est supprimer ses souvenirs.
À vingt ans, ne souriez pas ; ça donne des rides.
À quarante, souriez, cela les faits oublier.