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Citations de Jean Grégor (86)


[...] Avoir ainsi été nommé, c’était la forte probabilité d’être classé parmi les plus grands explorateurs du monde, à l’instar de Christophe Colomb.
[...] Des prouesses dont aujourd’hui encore l’homme de la rue se souvient.
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[...] Avant, ce n’étaient que missiles qui explosent et tentatives avortées. Après Spoutnik, le politburo accepta de consacrer le lanceur balistique R7 à des fins civiles. On parla alors de fusée. Comme par magie, cet appareil prévu pour la guerre bascula dans une catégorie nettement plus noble.
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[...] Quand elle revit son Youra, elle sut que son heure était venue. L’appartement correspondait à ses attentes. Les meubles, l’espace, l’éclairage, tout était gris : une véritable épiphanie. Jamais couple ne fut aussi heureux dans un décor si sinistre.
[...] Ils avaient cela en commun, de penser, toujours, que la vie était belle.
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[...] Dans les années 1950, l’audit en est encore à ses balbutiements, et il faudra un demi-siècle pour voir fonctionner à plein régime cette machine à chasser l’amateurisme des entreprises du monde entier. Il faut aussi se remémorer que l’audit, tel qu’il est importé par Marina Socovna, n’a rien à faire dans les bâtiments qui abritent le cœur du pouvoir, toujours enclin à s’auto-protéger.
[...] - Vous ne risquez rien à dire la vérité, on veut connaître votre façon de travailler, c’est tout ! »
Au début, tout le monde croit à une blague, tant l’opacité a toujours triomphé ici. L’idée de transparence est non seulement inédite, mais surtout associée à une extrême faiblesse. Dire la vérité, être honnête, c’est l’exact opposé de ce qui fait la force de la police secrète en général, et celle de l’URSS en particulier.
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[...] Nikita Khrouchtchev affiche un sourire non feint. Il semble soulagé, et en effet ça n’a pas toujours été rose pour lui. Il fait moins peur que Staline, c’est là sa grande qualité.
[...] Lavrenti Beria, figure éminemment sombre. Il fut le chef de la police secrète sous Staline. Un Géorgien sadique, petit, chauve, malingre avec des lunettes métalliques, une sorte de Himmler du bloc soviétique.
[...] Korolev, au physique de prof de gym, le genre à engueuler ses gars pendant la mi-temps et à leur taper dans le dos à l’issue du match.
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[...] — Salut, camarade Norodov, dites-moi, vous souvenez-vous de Korolev ?
— Oui, bien sûr.
— Eh bien, j’aimerais que vous jetiez un œil au courrier qu’il vient de m’adresser. Il veut envoyer une boule dans l’espace.
— Une boule ?
— Oui, une boule, qu’il appelle “satellite” parce que ça tournerait autour de la Terre. J’aimerais avoir votre avis.
[...] Nikita autorisa l’envoi de la boule dans les airs. Très honnêtement, Nikita n’y croyait pas une seconde. Il pensa même que c’était du grand n’importe quoi. Pourtant, l’envoi du premier satellite par l’homme fut un des événements majeurs du XXe siècle. Nikita Khrouchtchev avait appuyé sur le bouton presque par inadvertance, et il en découlerait un feu d’artifice de fierté nationale qui durerait des années. Spoutnik fut le déclenchement de tout.
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Certains prétendirent qu’on avait acté de le supprimer en haut lieu. Réduit au rang de has been, de casse-cou porté sur la vodka et les femmes, il avait fini par devenir gênant. Grand étendard du communisme et de l’URSS pendant des années, son image s’était ternie. L’ouvrier communiste ne pouvait pas avoir pour modèle un trublion alcoolique, amateur de voitures de sport.
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Un peu comme un baby blues, ceux qui ont préparé des épreuves pendant des années se sentent désorientés quand celles-ci sont passées ou déprogrammées. Le mental, le corps ont tendu vers un même objectif, et la disparition de ce dernier laisse la personne hagarde. Comment se comporter lorsqu’on ne se prépare plus à être le meilleur ? On se sent redevenir banal, et cette banalité a un goût de médiocrité. Ceux qui ont une vie ordinaire ne connaîtront jamais ce sentiment. Mais les cosmonautes n’ont pas une vie ordinaire, on l’aura compris. Ils côtoient les extrêmes, la peur ou la joie ultime.
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Depuis le discours de JFK, les Américains communiquaient sur la Lune avec frénésie. Frustrés d’avoir été dépassés à toutes les étapes – premier homme, premier chien, première femme, jusqu’à la première sortie extravéhiculaire effectuée par Leonov en 1965 –, ils voulaient décrocher la timbale. Le peuple entier avait vécu humiliation sur humiliation avec le plan spatial soviétique : la conquête de la Lune était devenue une question cruciale.
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D’autant que Youri Gagarine croyait avec sincérité en la supériorité du communisme sur les autres systèmes. Certes, il avait subi la propagande pendant ses études, ce rabâchage à coups d’histoires de Lénine, de la révolution, et de caricature du peuple américain. Mais, à titre personnel, il voyait bien que le système l’avait plus que promu. Venu d’un village sans eau courante, né en quelque sorte au Moyen Âge, il était entré dans la machine la plus sophistiquée du monde. Dans ce système, un gosse de paysan n’avait-il pas fait des études tout à fait honorables de métallo-fondeur ? Puis de pilote d’avion, avant d’être recruté pour un programme très spécial ? Youri se souvenait avec acuité des mots de son instructeur : « Aux États-Unis, seuls les fils de pilotes deviennent pilotes. Ici, tout le monde a droit à sa chance. »
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En faisant son bilan anticipé, Khrouchtchev adopta un ton assez nostalgique, ce qui lui allait mal. Peut-être avait-il l’impression d’être au sommet de son mandat. Il savait que le pouvoir n’était pas éternel. Et qu’après l’ascension, le temps de la descente allait bientôt sonner.
« Vous savez, Marina, la fin de Staline et l’exploit effectué par Youri Gagarine seront liés à jamais. Je crois que, sans ce miracle du premier homme dans l’espace, le communisme aurait pu mourir de désespoir. Avec ce petit gars, ils ont compris que toutes les pertes, toute cette tristesse ont été dépassées. Le communisme vient d’en reprendre pour trente ans ! »
On était en 1961. Nikita voyait juste.
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Gagarine accueillit la nouvelle en se levant et en regardant droit devant lui. Il était sonné. Avoir ainsi été nommé, c’était la forte probabilité d’être classé parmi les plus grands explorateurs du monde, à l’instar de Christophe Colomb. On pouvait compter ces derniers sur les doigts d’une main.
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La course à l’espace comportait ce double enjeu, que le président américain JFK résumerait dans son discours à l’université de Houston en septembre 1962 : « Je crois que cette nation devrait se donner comme objectif, avant que cette décennie ne se termine, d’envoyer un homme sur la Lune, et de le ramener sain et sauf sur Terre. »
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Il voyait se dessiner le profil de celui qui s’installerait bientôt dans sa fusée. Il le sentait rôder, il en éprouvait une sorte de mélancolie : n’était-ce pas dément de vouloir asseoir un homme sur des milliers de litres de propergol, prêts à s’enflammer, pour obtenir une déflagration équivalant à l’explosion de cinq tonnes de TNT ? De quoi parlait-on, au juste ? Ne cherchait-on pas un homme doué de toutes les qualités du monde pour mieux l’exposer à la mort ? C’était l’ultime paradoxe de cette quête. Parfois, Korolev se demandait s’il ne fallait pas faire voler un prisonnier, un condamné à mort, lequel en cas de succès de l’opération se rachèterait, et ainsi rachèterait l’humanité.
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Savoir si un homme pouvait endurer « tout ça » était en effet la question à laquelle Korolev s’attelait comme jamais. La capacité technique, Korolev l’avait avec la fusée R7 qui avait propulsé Spoutnik. Le grand enjeu des missions à venir consisterait à faire des tests, des tests, et encore des tests pour comprendre comment il était possible qu’un homme survive à toutes les secousses et autres vibrations redoutées par Korolev.
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Après la satellisation du Spoutnik, Sergueï Pavlovitch Korolev se sentit pousser des ailes. Il reçut des coups de téléphone de ministres qui l’avaient snobé jusque-là. Tout le monde lui mangea dans la main. L’opinion publique – si tant est que ce concept puisse exister dans l’URSS post-stalinienne – avait les yeux rivés sur le prochain défi spatial. Débordés par leur succès, et alors qu’en termes de qualité de vie, ils étaient encore des paysans sans l’eau courante, les Russes se virent propulsés en tête du hit-parade du moral à toute épreuve. On leur avait annoncé qu’ils étaient les plus avancés, technologiquement parlant. L’exploit du Spoutnik avait libéré les imaginations, ce fut palpable dans les fictions, les journaux officiels, et même à la radio. Tous les rêves étaient permis.
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Si Khrouchtchev avait voulu en mettre plein les yeux aux Américains, il n’aurait pu mieux s’y prendre. Les Russes étaient les premiers, c’était indiscutable. Wernher von Braun n’en menait pas large. Sur les chaînes de télévision, on enchaînait les interviews de citoyens apeurés. Les passants levaient la tête vers le ciel avec un air inquiet. Le petit satellite – dont le diamètre était de cinquante-huit centimètres – n’aurait pourtant pas fait de mal à une mouche. Mais l’idée qu’il planât au-dessus de ces gens si sûrs d’eux était humiliante. On s’imaginait un tas de choses, le contexte de la guerre froide n’arrangeait rien. Les Américains se sentaient espionnés, menacés. Ils en voulaient à leurs dirigeants. Eux qui pensaient être les meilleurs et qui se payaient la tête des Russes ! Ils durent ravaler leur fierté. C’était une blessure, qu’il faudrait panser.
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C’est à la suite d’un de ses déjeuners mensuels avec sa conseillère occulte que Nikita autorisa l’envoi de la boule dans les airs. Très honnêtement, Nikita n’y croyait pas une seconde. Il pensa même que c’était du grand n’importe quoi. Pourtant, l’envoi du premier satellite par l’homme fut un des événements majeurs du XXe siècle. Nikita Khrouchtchev avait appuyé sur le bouton presque par inadvertance, et il en découlerait un feu d’artifice de fierté nationale qui durerait des années. Spoutnik fut le déclenchement de tout, la naissance de Jésus-Christ de la conquête spatiale. Avant, ce n’étaient que missiles qui explosent et tentatives avortées. Après Spoutnik, le politburo accepta de consacrer le lanceur balistique R7 à des fins civiles. On parla alors de fusée. Comme par magie, cet appareil prévu pour la guerre bascula dans une catégorie nettement plus noble.
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Concrètement, les USA ont récupéré Wernher von Braun, le créateur du V2, cette fameuse rocket dont Hitler a rêvé jusqu’au bout. Si, juste avant de se suicider, le dictateur avait pu envoyer une tête nucléaire sur Londres, Moscou ou Washington, il n’aurait pas hésité une seconde. On sait à quel point la vie humaine était moins importante que l’idéal de société conçu par son esprit malade. Tout s’est joué à un cheveu. Les fusées soviétiques et américaines qui propulseront plus tard des hommes en orbite – Gagarine compris – sont nées dans le cerveau du Sturmbannführer von Braun. Le 25 juillet 1969, quand un Yankee bon teint pose le pied sur la Lune, on évite de communiquer sur le fait que ce miracle repose sur le génie d’un SS. Capturé par les Américains, le créateur du V2 a été rapatrié avec ses brevets. Il sera le maître d’œuvre des projets Mercury, Gemini et enfin Apollo. C’est une chance pour tous que le génie d’un homme ait servi à l’exploration de l’univers, plutôt qu’à un massacre sans nom.
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Youra, pour ceux qui ne le savent pas, c’est le diminutif affectueux de Youri. Et Youri, c’est celui qui dans vingt ans deviendra le premier individu de l’histoire de l’humanité à voler en orbite jusqu’à une altitude de trois cent quatre-vingts kilomètres. Pour l’instant, l’enfant circule le plus souvent en carriole tirée par un gros cheval maladroit. La famille s’éclaire à la lampe à pétrole, va chercher l’eau au puits. Les routes ne sont pas goudronnées, et à la mi-saison c’est compliqué de ne pas perdre un sabot dans la boue.
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