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Citations de Jean Grégor (86)


Certains prétendirent qu’on avait acté de le supprimer en haut lieu. Réduit au rang de has been, de casse-cou porté sur la vodka et les femmes, il avait fini par devenir gênant. Grand étendard du communisme et de l’URSS pendant des années, son image s’était ternie. L’ouvrier communiste ne pouvait pas avoir pour modèle un trublion alcoolique, amateur de voitures de sport.
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Péan imprégné d'éducation religieuse, était convaincu par la nécessité de pardon. D'ailleurs, ceux qui avaient dessiné la frontière du bien et du mal avaient laissé une place pour ceux qui s'y étaient perdus.
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C'est important de savoir que notre laideur, quelle qu'elle soit, cache une certaine beauté.
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Un soir, il nous raconta qu'il avait pris un verre avec un espion et que la règle numéro un pour ce genre de personnage était de toujours se mettre dos au mur. J'aimais bien ces histoires.
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" On avait sûrement calomnié Joseph K..., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin. "

Franz Kafka, Le Procès.

(page 7).
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Un peu comme un baby blues, ceux qui ont préparé des épreuves pendant des années se sentent désorientés quand celles-ci sont passées ou déprogrammées. Le mental, le corps ont tendu vers un même objectif, et la disparition de ce dernier laisse la personne hagarde. Comment se comporter lorsqu’on ne se prépare plus à être le meilleur ? On se sent redevenir banal, et cette banalité a un goût de médiocrité. Ceux qui ont une vie ordinaire ne connaîtront jamais ce sentiment. Mais les cosmonautes n’ont pas une vie ordinaire, on l’aura compris. Ils côtoient les extrêmes, la peur ou la joie ultime.
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D’autant que Youri Gagarine croyait avec sincérité en la supériorité du communisme sur les autres systèmes. Certes, il avait subi la propagande pendant ses études, ce rabâchage à coups d’histoires de Lénine, de la révolution, et de caricature du peuple américain. Mais, à titre personnel, il voyait bien que le système l’avait plus que promu. Venu d’un village sans eau courante, né en quelque sorte au Moyen Âge, il était entré dans la machine la plus sophistiquée du monde. Dans ce système, un gosse de paysan n’avait-il pas fait des études tout à fait honorables de métallo-fondeur ? Puis de pilote d’avion, avant d’être recruté pour un programme très spécial ? Youri se souvenait avec acuité des mots de son instructeur : « Aux États-Unis, seuls les fils de pilotes deviennent pilotes. Ici, tout le monde a droit à sa chance. »
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Les "accords" de Munich sont tout sauf des accords.
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Il est à noter que dans les années 1960 à 1980, les livres sur Hitler, s'il y en a, ne mentionne pas l'assassinat des Juifs. Le Livre Noir, d'Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossmann, qui fait état du traitement de la population juive par les nazis, a été interdite par Staline, et ne sortira qu'en 2010 en Russie.
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En faisant son bilan anticipé, Khrouchtchev adopta un ton assez nostalgique, ce qui lui allait mal. Peut-être avait-il l’impression d’être au sommet de son mandat. Il savait que le pouvoir n’était pas éternel. Et qu’après l’ascension, le temps de la descente allait bientôt sonner.
« Vous savez, Marina, la fin de Staline et l’exploit effectué par Youri Gagarine seront liés à jamais. Je crois que, sans ce miracle du premier homme dans l’espace, le communisme aurait pu mourir de désespoir. Avec ce petit gars, ils ont compris que toutes les pertes, toute cette tristesse ont été dépassées. Le communisme vient d’en reprendre pour trente ans ! »
On était en 1961. Nikita voyait juste.
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Concrètement, les USA ont récupéré Wernher von Braun, le créateur du V2, cette fameuse rocket dont Hitler a rêvé jusqu’au bout. Si, juste avant de se suicider, le dictateur avait pu envoyer une tête nucléaire sur Londres, Moscou ou Washington, il n’aurait pas hésité une seconde. On sait à quel point la vie humaine était moins importante que l’idéal de société conçu par son esprit malade. Tout s’est joué à un cheveu. Les fusées soviétiques et américaines qui propulseront plus tard des hommes en orbite – Gagarine compris – sont nées dans le cerveau du Sturmbannführer von Braun. Le 25 juillet 1969, quand un Yankee bon teint pose le pied sur la Lune, on évite de communiquer sur le fait que ce miracle repose sur le génie d’un SS. Capturé par les Américains, le créateur du V2 a été rapatrié avec ses brevets. Il sera le maître d’œuvre des projets Mercury, Gemini et enfin Apollo. C’est une chance pour tous que le génie d’un homme ait servi à l’exploration de l’univers, plutôt qu’à un massacre sans nom.
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Depuis le discours de JFK, les Américains communiquaient sur la Lune avec frénésie. Frustrés d’avoir été dépassés à toutes les étapes – premier homme, premier chien, première femme, jusqu’à la première sortie extravéhiculaire effectuée par Leonov en 1965 –, ils voulaient décrocher la timbale. Le peuple entier avait vécu humiliation sur humiliation avec le plan spatial soviétique : la conquête de la Lune était devenue une question cruciale.
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Gagarine accueillit la nouvelle en se levant et en regardant droit devant lui. Il était sonné. Avoir ainsi été nommé, c’était la forte probabilité d’être classé parmi les plus grands explorateurs du monde, à l’instar de Christophe Colomb. On pouvait compter ces derniers sur les doigts d’une main.
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Si Khrouchtchev avait voulu en mettre plein les yeux aux Américains, il n’aurait pu mieux s’y prendre. Les Russes étaient les premiers, c’était indiscutable. Wernher von Braun n’en menait pas large. Sur les chaînes de télévision, on enchaînait les interviews de citoyens apeurés. Les passants levaient la tête vers le ciel avec un air inquiet. Le petit satellite – dont le diamètre était de cinquante-huit centimètres – n’aurait pourtant pas fait de mal à une mouche. Mais l’idée qu’il planât au-dessus de ces gens si sûrs d’eux était humiliante. On s’imaginait un tas de choses, le contexte de la guerre froide n’arrangeait rien. Les Américains se sentaient espionnés, menacés. Ils en voulaient à leurs dirigeants. Eux qui pensaient être les meilleurs et qui se payaient la tête des Russes ! Ils durent ravaler leur fierté. C’était une blessure, qu’il faudrait panser.
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Savoir si un homme pouvait endurer « tout ça » était en effet la question à laquelle Korolev s’attelait comme jamais. La capacité technique, Korolev l’avait avec la fusée R7 qui avait propulsé Spoutnik. Le grand enjeu des missions à venir consisterait à faire des tests, des tests, et encore des tests pour comprendre comment il était possible qu’un homme survive à toutes les secousses et autres vibrations redoutées par Korolev.
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Youra, pour ceux qui ne le savent pas, c’est le diminutif affectueux de Youri. Et Youri, c’est celui qui dans vingt ans deviendra le premier individu de l’histoire de l’humanité à voler en orbite jusqu’à une altitude de trois cent quatre-vingts kilomètres. Pour l’instant, l’enfant circule le plus souvent en carriole tirée par un gros cheval maladroit. La famille s’éclaire à la lampe à pétrole, va chercher l’eau au puits. Les routes ne sont pas goudronnées, et à la mi-saison c’est compliqué de ne pas perdre un sabot dans la boue.
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Staline croyait sincèrement en la corruption de tous les êtres humains, car, selon lui, le fait d’avoir une situation enviable, et d’en profiter, finissait par rendre toute personne mauvaise, individualiste. Ce qui nuisait à la bonne tenue d’un État collectiviste. C’est seulement par ce prisme que l’on peut comprendre les purges, et cette décision qui nous paraît folle aujourd’hui : éliminer les meilleurs généraux, les meilleurs spécialistes dans chaque domaine de compétence. Dans la tête de Staline, être le meilleur, être une référence, c’était ramener la couverture à soi, s’éloigner de l’idée même du communisme. Pas bon.
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On se demandait, Boris et moi, ce que les gens retiendraient de nous quand on serait morts, et la réponse, eh bien c'était pas grand chose. On pensait à nos grands-parents qui avaient connu la guerre, mais pour nous, il n'y avait rien à raconter. Et puis Boris, bien-sûr disait qu'il nous restait des voitures... Quand on avait des discussions sérieuses, quand je lui pressais le citron, c'était cette petite goutte de pensée qui sortait. Il n'avait pas tort, après tout... C'était quand même important, les voitures. D'ailleurs, peu après, j'ai trouvé un boulot de chauffeur!
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[...] Avoir ainsi été nommé, c’était la forte probabilité d’être classé parmi les plus grands explorateurs du monde, à l’instar de Christophe Colomb.
[...] Des prouesses dont aujourd’hui encore l’homme de la rue se souvient.
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[...] Dans les années 1950, l’audit en est encore à ses balbutiements, et il faudra un demi-siècle pour voir fonctionner à plein régime cette machine à chasser l’amateurisme des entreprises du monde entier. Il faut aussi se remémorer que l’audit, tel qu’il est importé par Marina Socovna, n’a rien à faire dans les bâtiments qui abritent le cœur du pouvoir, toujours enclin à s’auto-protéger.
[...] - Vous ne risquez rien à dire la vérité, on veut connaître votre façon de travailler, c’est tout ! »
Au début, tout le monde croit à une blague, tant l’opacité a toujours triomphé ici. L’idée de transparence est non seulement inédite, mais surtout associée à une extrême faiblesse. Dire la vérité, être honnête, c’est l’exact opposé de ce qui fait la force de la police secrète en général, et celle de l’URSS en particulier.
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