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EAN : 9782221270622
208 pages
Robert Laffont (11/01/2024)
3.64/5   21 notes
Résumé :
12 avril 1961, URSS. Pour la première fois, un homme a volé dans l’espace. Pourtant, rien ne prédestinait le jeune Youri Gagarine à un tel exploit.
Quelques années auparavant, Khrouchtchev, aidé d’une ex-espionne et d’un ingénieur des fusées, s’est lancé dans la course aux étoiles.
La bouille joviale du cosmonaute devient dès lors plus convaincante que n’importe quelle propagande communiste. Mais à quel prix ?
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Fils du grand journaliste d'investigation Pierre Péan, Grégor Péan a longtemps publié ses livres sous le pseudo Jean Grégor. Ce n'est que depuis le décès paternel, et donc pour la seconde fois, qu'il signe ses ouvrages de son nom véritable. Ce chef de piste dans l'aviation s'est tant intéressé à l'improbable destin du cosmonaute Youri Gagarine qu'il nous en propose une biographie romancée, en tout point fascinante.


En effet, quelle incroyable destinée que celle de ce fils de modestes paysans du centre de l'Union Soviétique. Pilote amateur, il abandonne sa formation de technicien du machinisme agricole pour intégrer une école de pilotage militaire, puis, son diplôme de pilote de chasse en poche, se retrouve affecté à une base aérienne dans la région de Mourmansk, au nord du cercle Arctique. Il y mène une vie rude avec sa jeune épouse, lorsqu'il est sélectionné pour un « entraînement spécial » dont il ignore encore qu'il fera de lui, « venu d'un village sans eau courante, né en quelque sorte au Moyen Âge », le premier être humain à effectuer un vol spatial. On est alors en 1961. Cet homme venu de rien se retrouve propulsé au rang de demi-dieu, héros d'une nation soudain galvanisée par un exploit qui, en pleine guerre froide, vient sévèrement humilier les Américains.


Au-delà du destin individuel de Gagarine, c'est toute l'histoire de la conquête spatiale soviétique au tournant des années 1960 qui se profile dans ces pages : pas seulement la prouesse technologique incarnée par l'ingénieur et fondateur du programme spatial Sergueï Korolev, mais le défi relevé par des institutions minées par les dysfonctionnements, la paranoïa et la corruption. « Dans la tête de Staline, être le meilleur, être une référence, c'était ramener la couverture à soi, s'éloigner de l'idée même du communisme. » Aux côtés du seul personnage fictif du roman, Marina Socovna, une bureaucrate devenue la conseillère de Khrouchtchev sur ce projet, l'on assiste alors aux manoeuvres politiques, entre processus de déstalinisation et réformes intérieures, entreprises par « Nikita » : « sans ce miracle du premier homme dans l'espace, le communisme aurait pu mourir de désespoir. Avec ce petit gars, ils ont compris que toutes les pertes, toute cette tristesse ont été dépassées. le communisme vient d'en reprendre pour trente ans ! »


Mais comment peut-on garder les pieds sur terre après un tel exploit ? Surtout lorsque la propagande, loin des vôtres et du métier qui vous tient à coeur, vous réduit à la fonction de marionnette enrôlée dans une tournée sans fin de représentation publique ? « Lorsqu'on ne se prépare plus à être le meilleur », « on se sent redevenir banal, et cette banalité a un goût de médiocrité. » Pour Gagarine, la suite de l'histoire aura le goût de l'alcool et des femmes, avant de s'achever tragiquement dans le crash demeuré mystérieux d'un MIG-15. « L'ouvrier communiste ne pouvait pas avoir pour modèle un trublion alcoolique, amateur de voitures de sport. » de la grandeur à la décadence, sa mort à trente-quatre ans a fait l'objet des rumeurs les plus folles.


Entre intimité d'un homme au destin hors du commun et immersion historique en pleine conquête spatiale lors de la guerre froide, ce roman dont la fluidité d'écriture fait oublier le travail de documentation qui la sous-tend s'avère une lecture aussi vivante que passionnante. Il ne faisait décidément pas bon se faire remarquer en période soviétique !

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Le destin invraisemblable d'un jeune soviétique dans les années 1960 et qui deviendra non seulement l'idole de tout un peuple mais aussi la figure d'une propagande communiste en quête de reconnaissance internationale. Youri Gagarine, héros national ou victime collatérale ? le lecteur se laisse happer par cette intrigue sur fond d'espionnage sovietique sans concession....Grégor Péan nous relate les enjeux colossaux et la course irrefrénée pour la conquête de l'espace face à une Amérique du Nord toujours plus ambitieuse.
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● L'auteur, le livre (208 pages, 2024) :
Qui est donc ce Grégor Péan qui tantôt se faisait appeler Jean Grégor ?
Ah, le fils du grand journaliste et écrivain Pierre Péan ! ouais, pas facile de se faire un "nom".
Enfin, c'est donc chose faite avec ce bouquin, le ciel t'attend, que l'on retrouve un peu partout en ce moment (même si Grégor avait déjà une douzaine de titres à son actif).
Faut dire que ce Grégor n'y va pas avec le dos de la main morte : il va nous conter rien de moins que l'histoire, que dis-je L Histoire, de Gagarine, le premier homme à quitter le plancher des vaches, le "premier individu de l'histoire de l'humanité à voler en orbite jusqu'à une altitude de trois cent quatre-vingts kilomètres." !
Une histoire que je ne pouvais assurément pas laisser passer, moi qui suis arrivé sur cette terre peu de temps avant que Youri ne la quitte pour nous regarder de haut (Grégor, lui, n'arrivera qu'un peu plus tard !).

● On aime bien :
❤️ On affectionne particulièrement ce genre de récit qui nous emporte avec enthousiasme dans le vent tumultueux de l'Histoire, porté par des destins hors du commun. Comme les récits à la Echenoz par exemple.
Ah, on se doute un peu que la dure réalité fut un peu plus sombre et chaotique, un peu moins romanesque mais qu'importe après tout parce qu'on est venu là pour s'instruire, un peu, et se divertir, beaucoup.
❤️ Et il faut reconnaitre qu'on est conquis par le rythme d'enfer auquel Grégor mène son Histoire, le rythme des tambours de la guerre froide, celui de la course effrénée à l'espace et l'on croit voir défiler les actualités de l'époque sur le grand écran du cinéma.
Dans ce petit bouquin qui se lit très vite, au risque de nous frustrer sur certains aspects de l'aventure (la technologie, l'entrainement des cosmonautes, les échecs et difficultés, l'intimité de Gagarine, ...), Grégor se laisse emporter par son art consommé du portrait rapide, cet art de la caricature croqué en quelques coups de crayon sur la place du Tertre à Montmartre.
D'un trait il nous dessine la trajectoire du camarade Youri.

● L'intrigue :
C'est un personnage de fiction qui va nous guider dans cette aventure : une certaine Marina Socovna, éminence grise du Kremlin, chargée d'insuffler de la "communication positive" (! une méthode de marketing apprise aux US qu'elle a visités comme espionne !) dans un monde soviétique terrorisé par les années Staline. Cela va nous donner quelques épisodes bien savoureux.
Le décor est posé, il ne nous reste qu'à suivre l'aventure épique de l'homme qui, coincé dans sa "boule", une petite boîte de conserve en ferraille, emmena avec lui toute l'humanité dans l'espace.
La redescente fut moins homérique. Youri commença ses tournées mondiales, ambassadeur et VRP du socialisme que le monde entier voulait toucher ou embrasser. À son grand désespoir, il ne pouvait plus voler : il était devenu beaucoup trop précieux pour qu'on prenne le risque de l'abimer et la fin de cette trop belle histoire aura un goût un peu amer.
Pour celles et ceux qui aiment s'envoyer en l'air.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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Après son uchronie sur Eva Braun, Grégor Péan nous raconte avec le ciel t'attend la conquête spatiale au temps de l'URSS. Vous connaissez mon intérêt pour la Russie, ce roman ne pouvait qu'atterrir dans ma PAL d'autant que j'étais curieuse de découvrir Youri Gagarine dont je ne savais rien, hormis qu'il avait été le premier homme envoyé dans l'espace.

Issu d'une famille pauvre de l'ouest de la Russie, ses parents sont fermiers dans un kolkhose. La vie est rude dans leur village dépourvu d'électricité ainsi que d'eau courante. Mais Youri est intelligent et va se faire repérer par Popov pour ses aptitudes en physique.

Il va devenir une icone et un outil de propagande car il est, selon les autorités, la preuve que l'ascension sociale est possible dans le système communiste, tout le monde peut accéder aux plus hautes fonctions et le peuple oublie alors ses conditions de vie plus que précaires.

Grégor Péan nous raconte, non pas la vie, mais la trajectoire de Youri Gagarine et surtout le programme de conquête spatiale. A l'exception de l'espionne Marina Sokovna, qui est fictive, tous les protagonistes de ce récit ont existé.

En parallèle de son ascension, l'auteur revient sur la vie politique de cette époque. Staline vient de mourir, Nikita Khrouchtchev prend les commandes du pays et amorce une détente. La peur, peu à peu, s'évanouit, car sous le régime stalinien, les élites comme les petites gens étaient en butte à l'intransigeance du système soviétique, avec des déportations au goulag, victimes d'exécutions sommaires, déchéance…

C'est un roman très bien documenté et passionnant de bout en bout, et pourtant, l'espace ne me fascine absolument pas ! Gagarine se révèle sympathique et attachant, il périra dans un accident d'avion, encore non élucidé à ce jour. Mort très jeune sans avoir pu revivre son rêve de retrouver l'espace, broyé par le système qui l'a porté aux nues.

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Qui se rappelle encore de Youri Gagarine ?
Ce livre nous raconte la vie de cet homme qui va faire le premier vol dans l'espace.
Issue d'une famille très modeste, rien de prédestinait Youri Gagarine à être sélectionné, choisi et faire ce vol.
J'ai découvert son histoire. Passionnante, surprenante.
J'ai aussi compris les enjeux et les guerres de communication dans la conquête de l'espace. Tout n'est pas vrai dans le roman, mais 95% des faits sont des faits historiques. L'espionne vient servir l'histoire mais elle reflète bien l'esprit du KGB.
Le roman est un peu long à démarrer mais une fois dedans, on ne le lâche pas. C'est très bien. Je vous le recommande.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Certains prétendirent qu’on avait acté de le supprimer en haut lieu. Réduit au rang de has been, de casse-cou porté sur la vodka et les femmes, il avait fini par devenir gênant. Grand étendard du communisme et de l’URSS pendant des années, son image s’était ternie. L’ouvrier communiste ne pouvait pas avoir pour modèle un trublion alcoolique, amateur de voitures de sport.
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D’autant que Youri Gagarine croyait avec sincérité en la supériorité du communisme sur les autres systèmes. Certes, il avait subi la propagande pendant ses études, ce rabâchage à coups d’histoires de Lénine, de la révolution, et de caricature du peuple américain. Mais, à titre personnel, il voyait bien que le système l’avait plus que promu. Venu d’un village sans eau courante, né en quelque sorte au Moyen Âge, il était entré dans la machine la plus sophistiquée du monde. Dans ce système, un gosse de paysan n’avait-il pas fait des études tout à fait honorables de métallo-fondeur ? Puis de pilote d’avion, avant d’être recruté pour un programme très spécial ? Youri se souvenait avec acuité des mots de son instructeur : « Aux États-Unis, seuls les fils de pilotes deviennent pilotes. Ici, tout le monde a droit à sa chance. »
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Concrètement, les USA ont récupéré Wernher von Braun, le créateur du V2, cette fameuse rocket dont Hitler a rêvé jusqu’au bout. Si, juste avant de se suicider, le dictateur avait pu envoyer une tête nucléaire sur Londres, Moscou ou Washington, il n’aurait pas hésité une seconde. On sait à quel point la vie humaine était moins importante que l’idéal de société conçu par son esprit malade. Tout s’est joué à un cheveu. Les fusées soviétiques et américaines qui propulseront plus tard des hommes en orbite – Gagarine compris – sont nées dans le cerveau du Sturmbannführer von Braun. Le 25 juillet 1969, quand un Yankee bon teint pose le pied sur la Lune, on évite de communiquer sur le fait que ce miracle repose sur le génie d’un SS. Capturé par les Américains, le créateur du V2 a été rapatrié avec ses brevets. Il sera le maître d’œuvre des projets Mercury, Gemini et enfin Apollo. C’est une chance pour tous que le génie d’un homme ait servi à l’exploration de l’univers, plutôt qu’à un massacre sans nom.
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Un peu comme un baby blues, ceux qui ont préparé des épreuves pendant des années se sentent désorientés quand celles-ci sont passées ou déprogrammées. Le mental, le corps ont tendu vers un même objectif, et la disparition de ce dernier laisse la personne hagarde. Comment se comporter lorsqu’on ne se prépare plus à être le meilleur ? On se sent redevenir banal, et cette banalité a un goût de médiocrité. Ceux qui ont une vie ordinaire ne connaîtront jamais ce sentiment. Mais les cosmonautes n’ont pas une vie ordinaire, on l’aura compris. Ils côtoient les extrêmes, la peur ou la joie ultime.
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Si Khrouchtchev avait voulu en mettre plein les yeux aux Américains, il n’aurait pu mieux s’y prendre. Les Russes étaient les premiers, c’était indiscutable. Wernher von Braun n’en menait pas large. Sur les chaînes de télévision, on enchaînait les interviews de citoyens apeurés. Les passants levaient la tête vers le ciel avec un air inquiet. Le petit satellite – dont le diamètre était de cinquante-huit centimètres – n’aurait pourtant pas fait de mal à une mouche. Mais l’idée qu’il planât au-dessus de ces gens si sûrs d’eux était humiliante. On s’imaginait un tas de choses, le contexte de la guerre froide n’arrangeait rien. Les Américains se sentaient espionnés, menacés. Ils en voulaient à leurs dirigeants. Eux qui pensaient être les meilleurs et qui se payaient la tête des Russes ! Ils durent ravaler leur fierté. C’était une blessure, qu’il faudrait panser.
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Vidéo de Jean Grégor
Cette semaine, Grégor Péan était l'invité de Valérie Expert et Gérard Collard pour parler de son second roman, le ciel t'attend, et de l'incroyable histoire de Yuri Gagarine, le premier homme qui volera dans l'espace. Mais à quel prix ? https://lagriffenoire.com/le-ciel-t-attend.html
Grégor Péan sera aussi à La Griffe Noire à #saintmaurdesfosses le samedi 6 avril pour vous rencontrer ! https://www.lagriffenoire.com/agenda-librairie
#litterature #SudRadio #lagriffenoire
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