Un roman d'apparence un peu foutraque. L'auteur, dirait-on, se fait plaisir, ce qui est son droit. Comme on passe de personnages à l'autre à la même page, on se dit que l'imprimeur a peut-être bien zappé certains passages et s'est emmêlé les pinceaux. Mais non semble-t-il !
On appréciera, ou pas, les digressions musicales à la fin de chaque chapitre.
Commenter  J’apprécie         140
J’ai connu Jean-Jacques Busino bien avant qu’il ne se lance dans l’écriture alors qu’il trônait derrière le comptoir de son magasin de disque ABCD qui se situait à proximité de la gare. Une époque bénie où l’on ne vendait pas du disque au kilo et où l’on prenait le temps de vous raconter des histoires. Car Jean-Jacques était déjà un conteur d’histoire qui vous déclamait son amour pour Frank Zappa et le Thallis Scholar en vous servant des cafés noirs et bien serrés. Un regard aussi sombre que sa chevelure vous évaluait en quelques secondes avant de vous dispenser ses conseils avisés dans les domaines musicaux les plus variée. Un passionné l’ami Busino que j’ai perdu de vue après la fermeture de son magasin.
C’est en 1994, sur le présentoir d’une librairie que j’ai eu de ses nouvelles en découvrant son premier roman Un café, une cigarette qui se lit le temps de consommer l’un et l’autre en découvrant les tourments d’une bande de gamins écumant les ruelles de la ville de Naples. Un récit fulgurant qui vous sonne avec la brutalité d’une balle de 44 Magnum.
Que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’un énième roman sur la mafia qui apparaît d’ailleurs de façon presque fantomatique tout au long du roman. Jean-Jacques Busino se focalise exclusivement sur ces enfants malmenés qui hantent les rues de Naples. Avec la rencontre de la Suisse et de l’Italie par le biais de la verve endiablée de Massimo et la réserve silencieuse d’André c’est tout d’abord cette dualité que l’on découvre tout au long de ce récit comme si l’auteur faisait remonter l’ambivalence de ses origines. Et puis il y a cette violence qui monte crescendo au fil des seize chapitres du roman. On la trouve dans les propos simplistes de Massimo qui parvient à résumer en quelques mots tout le fonctionnement d’une ville qui broie ses enfants perdus et fait écho à la révolte désespérée d’André qui ne peut accepter ce que son entourage considère comme une fatalité. Puis c’est au rythme de la fureur des tueries et du cri des armes à feu que l’on assiste à l’apothéose d’un final aussi brutal que trivial qui ne nous offre aucune concession.
L’Alfa Spider de Massimo, le 44 Magnum 12 pouces d’André, Jean-Jacques Busino s’attarde sur ces petits éléments à la manière d’un auteur comme Manchette auquel il emprunte également toute la noirceur et talentueuse simplicité d’un récit brutal.
Un café, une cigarette c’est l’emblème même du roman noir dans toute sa splendeur que vous retrouverez dans ses quatre autres romans édités aux éditions Rivages car Jean-Jacques Busino est un artisan de l’écriture qui va à l’essentiel avec tout ce que cela signifie en regard de ces auteurs qui travaillent avec une pléthore de collaborateurs recherchistes pour nous pondre des récits alambiqués à la limite de l’incompréhension.
Commenter  J’apprécie         110
Dieu a tort
Les personnages principaux :
Pierre-Henri Audemar alias Pommard, dû au grand cru bordelais, est un fondu de musique avec l’attirail des mixeurs et autres instruments. Déjanté, très sexe, élu par Dieu, il crée son œuvre.
Un tueur en série qui commet des crimes d’une violence inouïe plus ou moins au hasard.
Un inspecteur de police, Estopey, avec des relations très spéciales et turbulentes vis-à-vis de ses supérieurs et qui traque ce criminel fou qui laisse peu d'indices derrière lui.
Un style vert, fleuri, imagé, violent. Et une hâte de connaître le dénouement de ce polard bien agité.
Commenter  J’apprécie         41
Ce recueil de nouvelles noires, publié en 1998 dans la défunte collection Quatre-bis (ça commence à faire beaucoup de chiffres, et ce n’est même pas pour rendre hommage à l’obtention du Goncourt par un oulipiste que je le souligne) des toujours bien vivantes éditions Zulma n’a pas de thématique particulière, du moins pas explicite comme dans pas mal de recueils que j’ai chroniqués ici. Il est composé de neuf nouvelles, initialement publiées deux ans plus tôt dans un journal de la presse régionale, de neuf auteurs différents et chacune d’elle, sans exception, fut un plaisir à lire. Je n’en suis pas surpris, car qui dit des auteurs dont j’ai lu beaucoup d’œuvres, dit auteurs que j’apprécie beaucoup, n’étant pas du genre à m’entêter à lire les auteurs qui ne m’ont pas séduit dès les premières lectures. Si vous avez des goûts un tant soit peu proche des miens, la liste des auteurs devrait suffire à vous appâter: Gérard Delteil, Frédéric H. Fajardie, Hervé Le Corre, Jean Hugues Oppel, Jean-Bernard Pouy, Serge Quadruppani, Patrick Raynal et Marc Villard, sans oublier Jean-Jacques Busino, le petit Suisse que je ne connaissais pas, mais maintenant que c’est fait, ben enchanté (à la menthe).
Ici pas de supers flics éthiques et perspicaces, pas non plus de braqueurs géniaux ou de tueur en série, incarnation du mal absolu mais vachement intelligent. Il y a même pas mal de personnages qui ne sont pas à la hauteur du rôle qui leur est assigné. Pas de belles leçons de morales non plus, d’histoires du bien ou de la justice qui finissent toujours par triompher. La réussite est généralement liée non pas à des qualités individuelles ou au manque de celles-ci, mais à la place occupée par chacun dans la société. Au fil des nouvelles, on rencontre ainsi des braqueurs de circonstances peu doués dans le domaine et qui vont, de diverses manière, en payer le prix fort, une femme sacrément démerdarde mais dont tout le mérite des actes va revenir à des hommes, un flic et un héritière qui vont trouver un bouc émissaire et filer le parfait amour avec le bas-de-laine bien rempli, d’autres flics incompétents mais qui s’en tireront avec les honneurs…
Bref, des personnages ordinaires dont les actes et destins sont à chercher surtout dans leur place dans les rapports de production pour paraphraser le fameux incipit de Le petit Bleu de la côte Ouest de Jean-Patrick Manchette; bienvenue dans la littérature noire.
Une littérature noire au déterminisme un peu trop primaire, se contentant de décrire une triste société sans surprise dans laquelle l’avenir de chacun est tout tracé? Certainement pas, car ici comme dans la vie, il y a toujours des personnes qui refusent le statu quo qu’on veut leur imposer qui nous surprennent à agir hors des clous ou se surprennent à jouer de leur libre-arbitre. On trouve donc aussi dans ce recueil une femme qui va faire payer cher des années de patriarcat à son mari tyrannique, de surcroit riche homme d’affaire (et au passage se payer sur la bête), un personnage qui se retrouve confronté au choix de faire ou non ce qu’on attend de lui, un autre dont la position voudrait qu’il fasse n’importe quoi pour s’en tirer mais va préférer à toute stratégie de survie « laisser la beauté là où elle est, et se démerder avec sa laideur présente, qui est aussi celle du monde et celle des temps, et qui aura du mal à changer »… Ah oui, parce qu’il y a ça aussi, dans ce recueil : de la beauté. La littérature noire ne se contente pas de montrer la laideur d’un système, elle sait aussi montrer les pépites de beauté qui se trouvent toujours dans les scories de ce système.
Et puisque je parle de pépite, autant en faire le mot de la fin: si vous en avez l’occasion, lisez cette pépite qu’est le recueil Neuf cadavres et demi, d’autant que d’occasion, justement, on le trouve facilement à moins d’un euro sur le net sauvage.
Commenter  J’apprécie         20
Dans un club de football en Suisse, un club voit naitre un esprit d'amitié.
Commenter  J’apprécie         20
Sol, fondateur d’une communauté utopiste est mort. En observateur depuis l’au-delà, il raconte avec cynisme la déchéance dans laquelle plonge en son absence, sa drôle de petite communauté.
Il y a Marie, la journaliste, venue enquêter sur Sol et son groupe de fidèles. Il y a Jesus, le fils de Sol, qui cherche en vain les raisons de la mort de son père. Il y a Samy, aussi sexy qu’il est stupide et entêté. Il y a Hélène, qui tombe amoureuse du peintre dont elle devient la muse. Il y a Salma, l’ado et tout son petit groupes de potes rebelles.
Et puis il a aussi Pauline, Martine, Marceline, Jeanne, Désiré, Pierre et tant d’autres personnages aux destins tragiques, usant parfois du sexe et des explosifs, comme d’aucuns manient la pelle et la pioche dans un cloaque nauséabond en pleine chute…
Avec une plume vive, incisive, grinçante, rythmée, Jean-Jacques Busino se joue du lecteur à coup de métaphores audacieuses et dresse le portrait glaçant d’un monde où tout fout le camp. Dès lors, faut il partir et se réinventer ? Subir ? Tout faire exploser ? La fin du monde n’existe pas, il n’y a que des possibles…
Un roman noir, feu d’artifice, sur la nature crasse de l’être humain, véritable coup de cœur, tant pour cette écriture désabusée et tranchante que pour cette galerie improbable de personnages dysfonctionnels. 🖤
« En bas de la colline, une abeille se posa sur du colza traité aux néonicotinoïdes. Le champ aurait dû être bio, mais l'exploitation agricole voisine dispersait les produits chimiques à l'hélicoptère. Totalement défoncée, l'abeille mit quatre fois plus de temps à trouver sa ruche, négligea ses devoirs et resta immobile à rêver de fleurs en sucre mauves. Quand l'homme drogue les abeilles faut se préparer à se passer de fruits. »
Commenter  J’apprécie         10
Dieu et la musique sauveront le monde, sauf s'il ne le mérite pas et le mérite-t-il ? C'est un peu la question existentielle qui traverse le livre et la communauté utopique à la mort de son fondateur. Un condensé du monde se retrouve au village avec ses turpitudes, ses mesquineries et ses instants de grâce. L'auteur prend un malin plaisir à malaxer les affects avec humour et riffs de guitare.
Commenter  J’apprécie         10
Pierre-Henri Audemar, dit « Pommard », producteur de musique rock, a un problème. Il cherche l’émotion absolue contenue dans les voix des êtres humains au bord de l’abîme. C’est pourquoi, il devient tueur en série, mutilant ses victimes en leur enlevant les organes nécessaires à la voix.
Parallèlement, il essaie de produire un nouveau chanteur, Karm, en qui il a décelé une émotion prometteuse. Fan de Frank Zappa, Pommard se prend aussi pour Dieu et croit accomplir un Grand Œuvre en ayant une mission sacrificielle.
Le roman ne manque pas d’humour : le commissaire principal s’appelle Charles Baudelaire, déteste la poésie et, toute allusion à son fameux homonyme le rend furax, ce qui amuse abondamment le commissaire Estopey en charge de l’enquête et à quelques encâblures de la retraite.
Les scènes « gore » abondent pour montrer, si besoin était, la cruauté gratuite de ce Dieu des cordes vocales. Plus intéressants à lire, sont les passages concernant la musique et la production musicale car on suppose que le narrateur – et l’auteur aussi peut-on penser- a bon goût et connaît bien la partie.
Commenter  J’apprécie         10
Busino Jean-Jacques – "Un café, une cigarette" – Payot & Rivages / Noir, 2017 (cop. 1994)
Sur un mode froidement objectif, l'auteur décrit la réalité de la pédopornographie dans la ville de Naples : des enfants miséreux, très jeunes, sont vendus dans des réseaux de prostitution organisés par les diverses mafias locales.
Et si ces trafics immondes existent sont rendus possibles, c'est bien évidemment parce qu'il existe une "demande" en provenance des pays riches (cf pp. 86-90)... Vouloir y mettre fin relève de la pure utopie, sans doute.
Ce livre est – hélas – bien plus un reportage qu'un roman.
Commenter  J’apprécie         10
J'ai lu ce livre petite, déjà passionnée par les montagnes. Une belle histoire qui se déroule à la montagne.
Commenter  J’apprécie         00