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Critiques de Jean-Marc Rochette (560)
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... Les dépoteurs de Chrysanthèmes !

Robial et Rochette se sont amusés à supprimer les pages de gardes. La première histoire commence dès la couverture, la dernière se termine sur la 4 de couv’. Il n’y a aucunes pages blanches, tout espace libre est utilisé. Rochette revisite par l’absurde-trash certains grands mythes et genres populaires : Pim Pam Poum, l’homme invisible, le Polar… Son style s’adapte en fonction. Oscillant entre un réalisme travaillé, flirtant parfois avec l’Hyperréalisme.
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Ailefroide : Altitude 3 954

Formidable histoire autobiographique.

Nous suivons le parcours de Jean-Marc Rochette, adolescent grenoblois en souffrance. Il a deux passions : l'art, plus particulièrement le peintre Soutine et la montagne.

Avec cette BD, l'auteur règle ses comptes avec un professeur d'arts plastiques et le proviseur de son lycée qui ont critiqué ses productions pour le premier et multiplié les sanctions pour le second.

Rochette a su allier ses deux passions. Il dessine très bien la montagne.

Les illustrations permettent de ressentir la beauté de la montagne, l'austérité et la sévérité de certaines voies d'escalade.

Cette BD restitue parfaitement l'univers de la haute montagne et de l'escalade : la prise de risque, la dangerosité de certaines courses, l'adrénaline, la peur, la beauté, le calme, la liberté , l'amitié entre les membres d'une cordée...

En modeste amateur de randonnée alpine, j'ai beaucoup apprécié ce livre.

Cette lecture m'a rappelé les histoires tantôt amusantes tantôt tragiques que l'on entend lors des dîners ou courtes "soirées" en refuge. J'ai repensé à Titus, guide attitré de notre club, qui malgré sa prudence, s'est fait avoir dans une avalanche. Je me suis aussi rappelé des cheveux qui se dressaient sous mon casque , comme Rochette, un jour d'orage sur le pic de Jallouvre.

"Ca passe", "Je me suis fait une frayeur" et puis un jour, ça ne passe pas. De la neige qui reste sous les crampons, une pierre qui tombe, une mauvaise prise, un orage qui arrive plutôt que prévu, la fatigue... et tu passes de l'autre côté. L'accident bouleverse une famille, le projet d'une vie. Personne ne fait de la montagne pour mourir ou se blesser, mais cela peut arriver à tout moment. Nous le savons et on y va quand même.

A peine ai-je terminé ce livre que j'ai envie de le relire. A l'image d'un retour de course ou d'une randonnée réussie, on a envie de la raconter et d'y retourner, de partager cette expérience avec quelqu'un.

Merci à celui qui nous a offert ce livre.
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Ailefroide : Altitude 3 954

Une BD remarquable à plus d'un titre : de très beaux dessins de montagne, une sincérité dans le témoignage de sa propre vie, des amitiés bien décrites, l'évocation de la passion de l'alpinisme avec les frissons liés. Un livre exigeant qui restera dans les annales. On peut regretter de ne pas retrouver la même intensité, dans le souffle de l'aventure, que Le sommet des Dieux. Mais peut-on comparer une fiction avec une autobiographie qui joue sur l'authenticité de son récit ?
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Ailefroide : Altitude 3 954

Natif de Grenoble, Jean-Marc Rochette, a dessiné les 280 planches d'Ailefroide, un formidable récit autobiographique de son adolescence montagnarde.
Lien : https://www.lexpress.fr/cult..
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Ailefroide : Altitude 3 954

Un récit d'initiation.... A la montagne, la haute.

Avec des dessins superbes, verticaux. Mais comment ils peuvent grimper là ?



Récit d'apprentissage.... de la vie.

La dure, grise, blanche, rouge au glacier long.

La belle, bleue au col de la temple.



Et puis se tirer la bourre et se bourrer la gueule au refuge du promontoire.



Une BD biographie touchante, vibrante,

pleine de cordées, d'énergie, de jeunesse,

de "tout est possible". De vivre comme de mourir.
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Ailefroide : Altitude 3 954

Tout comme la mer, la montagne est initiatique.

C'est ce parcours initiatique que l'on suit au fil des pages de ce roman graphique.

La nature reste maîtresse des horloges.

Lecture suivante...
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Ailefroide : Altitude 3 954

Ailefroide est un roman graphique d'une grande intensité. Je termine cette lecture avec émotion et une certaine amertume, devant la singularité d'un tel destin. L'univers de l'alpinisme est si âpre, dur et extra-ordinaire.



Le récit de la vie de Rochette est très bien scénarisé et raconté, comme si la caméra était juchée sur l'épaule. On suit l'auteur depuis ses premières grimpettes, en passant par les bancs du lycée, les rencontres marquantes de sa vie, et, bien sûr, l'événement qui fera tout basculer. Sans enjoliver et avec un recul certain, l'auteur livre une vision acérée de son parcours, loin d'un éventuel pathos, écueil complètement évité.

Les différentes courses se succèdent, sans pour autant se ressembler. Les vignettes s'enchaînent, défilent, tout comme les paysages vertigineux, et ces parois verticales, qui paraissent infranchissables.



Les prises de risque font haleter le lecteur. L'inconscience et la technicité des alpinistes sont frappantes et montrent combien l'alpinisme est une pratique particulièrement exigente.



J'ai apprécié cette plongée dans un univers qui ne m'est pas du tout familier. J'ai aimé l'âpreté du récit, sans fioriture. J'ai été happée par ces émotions successives : admiration, adrénaline,...

A découvrir absolument.
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Ailefroide : Altitude 3 954

Au musée, Jean-Marc est fasciné devant le tableau de Soutine, « Le bœuf écorché ». Alors qu'il tente de toucher la toile, sa mère le somme de ne pas le faire. Et elle commence à en avoir marre de toujours le voir enfermé dans les musées alors qu'il est entouré de montagnes. Elle leur organise alors une petite marche sur les sommets. Malgré la pluie, le gamin avance prestement, allant jusqu'à s'éloigner d'elle et atteint le haut d'un petit pic. Et là, il tombe amoureux de la montagne et n'a plus qu'une idée en tête : monter tout en haut...

Trois ans plus tard, Jean-Marc reçoit la visite de son ami, Sempé. Tous les deux ont prévu de grimper. Devant le manque de matériel de son copain, l'adolescent en emprunte à son ami, Éric Laroche-Joubert, un grimpeur chevronné. Finalement bien équipés, les deux amis escaladent une falaise d'entrainement et y prennent beaucoup de plaisir. Ils s'accordent parfaitement et se promettent de renouveler l'expérience... allant jusqu'à se jurer de grimper ensemble la face nord d'Ailefroide...



Jean-Marc Rochette se destinait à une tout autre profession, celle de guide de montagne. Tout gamin, émerveillé par tous ces paysages qui l'entourent, il ne rêve que d'une chose : grimper. Mais la vie en aura décidé autrement. La peur, les risques encourus, les amis qui disparaissent... Ce sera donc vers le dessin qu'il se tournera. Dans cet album, il se livre tout en émotion et pudeur sur la montagne qui le transforme petit à petit, ses vocations, ses premières escalades, ses amis qui l'accompagnent, sa mère qui ne le comprend pas, les accidents... De ce petit gamin renfrogné, l'on découvre un adolescent qui s'épanouit sur les sommets, qui veut toujours aller plus loin, jusqu'à prendre de nombreux risques, et le jeune adulte qui, finalement, se tournera vers la bande dessinée. Intime, sensible et passionnant, cet album fait la part belle aux montagnes que l'auteur chérit. Des étendues magnifiquement croquées par un coup de pinceau précis, des couleurs tranchantes et profondes. Avec Olivier Bocquet, il nous offre une autobiographie captivante et émouvante...
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Ailefroide : Altitude 3 954

Très jolie bande dessinée qui a le mérite de raconter les débuts de la passion pour la montagne de l’auteur. J’ai vraiment aimé ses réflexions autour de la montagne, de cette envie de grimper, mais aussi des questions que posent tous les accidents qui coûtent la vie à bon nombre d’alpinistes. Petit bémol : je n’ai pas trouvé que les scènes de grimpes (nombreuses, ce qui est normal au vu du sujet) étaient vraiment saisissantes et j’aurais aimé avoir un peu plus la sensation de "vertige" en lisant ces pages. Mais peut-être n’est-ce pas évident de rendre compte de cela en BD ?!
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Ailefroide : Altitude 3 954

Je ne me lasse pas de relire ce livre. Tout y est beau. Surtout oe trait de crayon si caractéristique de Rochette. Je ne peux m'empêcher de penser à lui quand je suis dans les Ecrins ou lorsque je passe à Grenoble. L'auteur a réussi à nous faire écouter le silence de la montagne et nous faire nous y sentir tout petit, sans jamais quitter la maison.
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Ailefroide : Altitude 3 954

Jean-Marc Rochette revient aux Editions Casterman avec une nouvelle Bande Dessinée : Ailefroide, Altitude 3954. Pour les non-initiés, ce titre est le nom d’un sommet du massif des Ecrins. Si son versant sud est « assez facile » d’accès, sa face Nord est une autre paire de manches. Ce sommet majestueux qui surplombe le glacier noir est une des nombreuses montagnes que le personnage parcourt. Ce gamin, futur illustrateur, qui grandit entre Grenoble est les cimes alentours n’est autre que l’auteur. Il retrace plusieurs étapes de sa vie à l’aide de la plume d’Olivier Bocquet.



Idéal pour découvrir le parcours atypique de Jean-Marc Rochette. Atypique ? Peut-être pas tant que çà, l’écrivain et alpiniste Bernard Amy est de cet avis : « Ce que vivent aujourd’hui les jeunes gens qui découvrent l’univers de la haute montagne diffère peu de ce que nous montre le récit de Jean-Marc ». Enfant grenoblois, il ne lève pas beaucoup la tête vers les sommets. Et puis il y a ce déclic, lorsque sa mère le force presque à partir en randonnée. De ses premières escapades sur les rochers au-dessus de la Bérarde à sa carrière d’illustrateur notamment à l’Echo des Savanes, la montagne est omniprésente. Ado, il s’attaque à ses premières grandes voies. Il grimpe et découvre les dangers de ce fascinant milieu. A tout juste 30 ans, alors qu’il se voyait devenir guide de haute montagne, un accident le force à se décider. Il va s’éloigner des montagnes. Trop dangereux.



Il s’installe alors à Paris et préfère alors le crayon au piolet. Ses illustrations décollent, notamment lorsqu’il travaille avec Jacques Lob, plusieurs fois primé à Angoulême. C’est avec lui qu’il dessine la série Transperceneige, adaptée en 2013 au cinéma. Il s’installe à Berlin en 2008 où il se consacre à la peinture, loin des montagnes.
Lien : https://www.altitude.news/cu..
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Ailefroide : Altitude 3 954

Jean-Marc est un enfant passionné par le dessin, mais il va se découvrir une seconde passion, la montagne et l'alpinisme. C'est un récit autobiographique, je ne le savais pas au moment d'ouvrir cette bande dessinée, et j'avoue que Jean-Marc Rochette m'a vraiment impressionné. On grimpe littéralement avec lui, il partage chaque moment, chaque pas, chaque coup de piolet, je n'ai jamais rien lu d'aussi fort sur l'alpinisme. La sincérité qui se dégage de cette bande dessinée est totalement bouleversante, il nous fait partager sa passion, ses émois. Le graphisme est juste, vif et dynamique, la montagne y est montré dans sa puissance, chaque trait de crayon est un éloge à la verticalité, Jean-Marc Rochette grimpe sur les sommets, et il est aussi au sommet de son art. Cette bande dessinée nous ouvre une nouvelle perspective sur la manière d'aborder son œuvre en général, qui prend alors une dimension supplémentaire. Cette lecture m'a donné envie de relire encore une nouvelle fois le fameux “Transperceneige”.

Tout simplement magistral.
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Ailefroide : Altitude 3 954

Une autobiographie sous forme de BD, ce n'est pas fréquent. Encore faut il avoir quelque chose à raconter. Ici c'est la découverte de l'alpinisme par un ado qui se passionne pour l'art. Au point de revoir la priorité de ses passions et d'envisager de devenir guide.

C'est l'histoire de l'apprentissage de la vie. Un peu aussi l'apprentissage de la mort : car elle est là, elle rode, et fait quelques victimes dans les rangs de ces ados.

C'est peut être surtout l'apprentissage de l'amour de la vie et aussi des limites à trouver.

J'ai beaucoup aimé cette escapade en montagne, j'ai été impressionnée mais aussi inquiétée parfois.

Une chouette lecture, dans laquelle j'ai un peu tardée à me plonger à cause de l'épaisseur du livre
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Ailefroide : Altitude 3 954

Une belle BD pour une belle aventure humaine. Pourtant les premières pages m'ont laissé de marbre. L'histoire de ces deux gamins qui commencent à grimper m'a d'abord semblé bien infantile et j'ai failli refermer le livre. Et j'ai bien fait de ne pas m'arrêter à mon petit agacement ! Ce côté, histoire d'enfants, pour les enfants, disparaît rapidement et fait place à un beau récit autobiographique d'initiation au monde de la montagne. Le dessin est agréable et le propos est à la fois intime et intelligent. Je me suis régalé à voir évoluer ce petit gars au milieu de ces sommets incroyables et dans sa vie qui démarre. Plus ça avance plus c'est touchant. Une belle lecture !
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Ailefroide : Altitude 3 954

L'histoire d'un gamin qui fréquente le lycée Champollion et qui découvre le massif des Écrins par sa face Nord.



L'histoire d'une région, Grenoble, entourée des plus belles montagnes que je n'ai jamais gravies. Et pourtant...



L'histoire d'un jeune illustrateur émerveillé par un peintre russe. de Soutine à Rochette.



Ce jeune gamin qui s'emmerde profondément au lycée découvre par hasard l'escalade. Et là, la magie des lieux, de l'effort aussi, le prix du risque et l'insouciance de la jeunesse, font qu'il trouvera sa voie, en même temps qu'il dessinera quelques croquis. le récit initiatique de l'adolescence face à l'adversité et à la bravoure. Parce que là-haut, tout aux sommets des montagnes et si proches des anciens de renom, il s'émerveillera d'un ciel aussi bleu que Soulages ses peines.



Beaucoup de bleus dans le ciel, de bleus à l'âme jusqu'aux souvenirs de la lune bleue. Les cases sont bleues. Un peu grises aussi, comme la roche à gravir, ou comme la vie d'un adolescent de Grenoble. Une teinte blanche, est-ce la neige au sommet du col, ou le faux col de ma bière ?



C'est surtout l'histoire d'amour entre l'homme et la montagne, entre l'homme et le sommet, une romance faite de noblesse et de courage. Car en chemin, la mort rôde à chaque pas. L'escalade peut t'emporter au moindre instant d'inadvertance ou d'oubli. La mort, ce jeune gamin la côtoie, la rencontre, la frôle...



Ce gamin qui escaladait les façades du Lycée Champollion, quelques années plus tard, dessinera le fameux Transperceneige. Mais il y a aussi, entre les cases, l'histoire d'un autre gamin qui a dû pisser contre un arbre près du Lycée Champollion et qui est devenu un pauvre type, le genre à se cacher derrière un pseudo bestial, et qui écrit des pseudos mots sur les maux de sa putain de vie. Comme quoi, juste des petits détails font la grandeur d'un homme.
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Ailefroide : Altitude 3 954

Un très beau roman graphique que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.

Si je ne suis pas une grande fan du dessin, il faut reconnaître qu'il s'accorde parfaitement au récit abrupte que l'auteur raconte. Bien qu'il y développe des points positifs comme sa passion pour l'alpinisme ou le dessin, sa jeunesse est loin d'être une sinécure : vivant avec sa mère (son père est décédé lors de la guerre d'Algérie), il n'aime pas vraiment l'école et tient beaucoup plus à grimper qu'autre chose. Il démontre à sa mère que sa passion en vaut la peine mais à la sueur de son front et sans essuyer des difficultés. On comprend aisément sa défiance envers l'école étant donné son parcours et les gens qu'il a croisés.

L'alpinisme est le centre du récit : s'il est d'abord poussé par un ami et qu'il développe ses compétences grâce à lui, quand celui-ci décide de laisser un peu de côté la pratique, il continue, en faisant équipe avec d'autres personnes. Mais s'adapter à de nouvelles personnes n'est pas toujours aisé et, de nombreuses embuches se dressent sur son chemin. Beaucoup de moments de solitude et de frayeur, plus de peur et de tristesse que de mal dans un premier temps. C'est lorsqu'il décide d'emprunter le chemin en solo qu'il va remettre en question sa passion dévorante et ses projets d'avenir.

Le dessin apparaît comme une bouée de sauvetage, un moyen de continuer à s'évader, une façon de survivre et de s'épanouir alors qu'il doit remettre tous ses choix en question.

C'est beau, c'est puissant et c'est à lire !
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Ailefroide : Altitude 3 954

Une autobiographie incroyable, sous forme de bande dessinée.

Jean-Marc Rochette nous parle de sa jeunesse rebelle et passionnée ; de ses années à grimper les sommets ; de son amour de la montagne, à la fois merveilleuse et impitoyable.

C'est beau, intense et captivant ! Plus encore qu'un coup de cœur, une claque visuelle et narrative !
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Ailefroide : Altitude 3 954

CR971

Album tout à fait passionnant qui nous fait découvrir l'univers de l'escalade.

A voir pour le Lycée
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Ailefroide : Altitude 3 954

J'ai mis plusieurs jours à venir à bout de ce pavé mais j'y suis arrivé. Je dois dire que ma lecture a plutôt été assez agréable mais il m'a fallu des temps de pause pour reprendre. Sans doute avais-je envie d'apprécier pleinement en prenant pour une fois mon temps.



Il est vrai également que je ne suis pas très fan de la montagne et de ses alpinistes qui risquent leur vie pour un gros rocher. Il est vrai que les secours coûtent plutôt assez cher à la collectivité pour des personnes qui se mettent volontairement en danger. D'autres diront que c'est un hobby de riches mais pas forcément quand on voit l'origine social de certains jeunes alpinistes. En tous les cas, c'est un sport très dangereux. Cependant, quand l'esprit de la passion l'emporte...



Pour autant, j'ai fortement apprécié ce récit car j'ai été tout d'abord assez impressionné qu'un jeune puisse grimper aussi haut alors qu'il n'est pas encore un adulte. Il s'agit en l'occurrence de l'auteur qui est finalement devenu dessinateur de bande dessinée mais qui aurait pu très bien au niveau de ses compétences être un guide de haute montagne.



Il a croisé le destin de pas mal de grimpeurs de renom dont certains ne sont malheureusement plus vivant pour cause d'accident. Il faut dire que la montagne ne fait pas de quartier. On tremblera à de nombreuses reprises pour lui tant les conditions sont parfois difficiles. Il faut dire que l'insouciance de la jeunesse fait faire des choses parfois extraordinaires.



Oui, j'ai été captivé parce que c'est une excellente bd qui fait d'ailleurs partie de la sélection officielle d'Angoulême et qui mérite certainement un prix. On comprend également ce qu'Ailefroide représente pour l'auteur ayant changé de voie. Tout sonne juste dans ce récit. Que dire également du dessin qui possède une grande puissance évocatrice du monde de la montagne ? Sublime.
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Ailefroide : Altitude 3 954

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2018. Il a été réalisé par Jean-Marc Rochette (scénario, dessins, encrage, couleurs), et Olivier Bocquet (co-scénariste). Il comprend 278 pages de bandes dessinées. Il s'ouvre avec une citation de Gaston Rébuffat (1921-1985, alpiniste français) sur le Massif du Haut-Dauphiné. Il se clôt avec une postface de 5 pages rédigée par Bernard Amy (1940-, alpiniste, écrivain et chercheur français) sur l'entrée en montagne, la première expérience, texte accompagné de 7 pages de photographies. Rochette a déjà travaillé avec Bocquet pour Transperceneige : Terminus (2015), la suite de Transperceneige (1982, 1999, 2000, avec Jacques Lob et Benjamin Legrand). Récemment a été réédité Le tribu avec Benjamin Legrand.



Au musée de Grenoble, un jeune Jean-Marc Rochette reste en arrêt devant le tableau Le bœuf écorché (1925), de Chaïm Soutine (1894-1943). Il s'apprête à céder à la tentation de le toucher quand sa mère le rappelle à l'ordre. Il est temps de partir. Ils sortent et remontent dans leur voiture, une Ami 6 Citroën. Sa mère décide que son fils a besoin de faire une promenade dans la montagne avoisinante. Ils marchent sous la pluie, avec leur poncho à capuche. Ils arrivent en bordure d'un lac alors que la pluie a cessé, et Jean-Marc grimpe sur un sommet proche. 3 ans plus tard, Jean-Marc est adolescent et son copain Philippe Sempé sonne à sa porte. Il porte son casque sur la tête et son matériel d'escalade dans son sac à dos. Sempé constate que Jean-Marc n'a pas de matériel digne de son nom. Il lui présente son propre matériel, et l'emmène voir un copain Éric Laroche-Joubert pour lui emprunter du matériel. Ils arrivent à le convaincre. Ainsi équipés, ils se rendent sur le cyclomoteur Solex de Sempé, au pied d'une falaise d'entraînement que Jean-Marc trouve particulièrement moche.



Sempé prend le guide pour vérifier la difficulté de l'ascension et il explique la cotation des voies à Jean-Marc. Il lui explique ensuite comment passer son baudrier, comment s'encorder, comment faire un nœud de chaise, et comment l'assurer. Sempé passe en premier, et Jean-Marc le suit en suivant scrupuleusement ses conseils. Après un moment d'inquiétude dans un passage difficile, Jean-Marc rejoint Sempé au sommet. Les 2 amis apprécient la vue et se charrient sur leur performance respective, en se marrant bien. Le temps est venu de la descente. En revenant chez lui, Jean-Marc indique à sa mère le plaisir qu'il a pris à grimper, encore tout excité par l'expérience. Sa mère n'est pas très réceptive, ni encourageante. Il lui indique qu'il va avoir besoin de matériel ; elle lui indique que c'est conditionné à l'obtention d'un 15 en allemand. Il obtient la note nécessaire et quelques jours après, il se rend à la Bérarde avec Sempé pour une nouvelle ascension. Après une montée assez longue en vélomoteur, ils arrivent au refuge. Ils indiquent au responsable qu'ils veulent manger et y dormir. Ils se font jeter avec moult invectives parce qu'ils n'ont pas de quoi payer. Ils en sont réduits à passer la nuit à la belle étoile à un bivouac, et à lire le Topo pour se renseigner sur l'emplacement des différentes vois d'escalade.



Il s'agit donc d'une bande dessinée autobiographique qui retrace la période la vie de l'auteur Jean-Marc Rochette, depuis son coup de foudre pour la montagne, jusqu'à l'abandon de son projet de devenir guide haute montagne. Afin de l'aider à prendre un peu de recul sur sa vie, il a travaillé avec Olivier Bocquet qui a structuré les séquences, l'architecture de la biographie, et ramassé les événements et écrits les dialogues. Avec le dessin de couverture, le lecteur prend conscience que la narration va présenter un aspect brut, des dessins fonctionnels, pas pour faire joli, plus l'impression que produisent les montagnes, les pics, les versants, la roche, les glaciers, qu'une représentation photoréaliste. Le ton de la narration est en phase avec les dessins, sans lyrisme, sans romantisme, sans enjolivement. Le lecteur éprouve l'impression d'un reportage réalisé sur le vif, sans chercher à mettre en valeur les individus, avec des phrases courtes et factuelles qui laissent le lecteur libre de sa réaction émotionnelle. Le lecteur sait qu'il s'agit d'une reconstruction de souvenirs, réalisée 40 ans après les faits et présentée sous la forme d'une bande dessinée, c’est-à-dire une adaptation des faits se pliant aux règles de la bande dessinée. Pour autant, il se retrouve transporté aux côtés de Jean-Marc dès la première page devant le tableau de Chaïm Soutine, sans jamais songer à remettre en cause ce qu'il voit, sans éprouver l'impression d'une hagiographie à quelque moment que ce soit.



Les 2 premières séquences servent à mettre en place les passions de Jean-Marc Rochette : la peinture, la montagne. Ces 2 séquences sont sobres et efficaces montrant la réaction de l'enfant face au spectacle qui s'offre à lui, le lecteur éprouvant son émotion, se trouvant en phase avec son état d'esprit. C'est une leçon de dosage des éléments présents sur la page, sans sensation démonstrative, sans dramatisation exagérée. La séquence suivante dure un peu plus de 20 pages, pour la première grimpe de Jean-Marc, son initiation à un sport de haut niveau et très technique. Pour un lecteur profane, c'est également une initiation indispensable pour comprendre qu'il s'agit d'alpinisme et pas de simple balade en montagne, avec des passages difficiles. De l'avis des apprentis guides de haute montagne ayant vécu cette époque, c'est une restitution fidèle des sensations de la première fois, et par la suite de la manière de pratiquer, du matériel, de l'entraide, des prises de risques. La première qualité de ce récit est donc le témoignage de la pratique de l'alpinisme dans les années 1970, que ce soit pour le matériel, pour les termes techniques (du nœud de Prusik au Topo, le guide papier utilisé par les grimpeurs pour trouver l'emplacement des voies d'escalade sur les falaises et en montagne), pour les installations, pour l'organisation, pour les caractéristiques de l'émulation dans ce milieu. Les pratiquants de ce sport ont loué l'exactitude des dessins du point de vue descriptif des techniques et du matériel.



Le récit et les images ne se limitent pas au témoignage de la pratique de l'alpinisme dans ces années, car ils contiennent aussi la reconstitution historique des environnements où se déroule l'histoire, lorsqu'il ne s'agit pas de la montagne. En page 9, le lecteur reconnaît tout de suite le modèle Ami 6 de la marque Citroën, et la Deudeuche en page 176. Le dortoir de l'internat apparaît plus vrai que nature dans son dénuement. L'évocation du surgénérateur Phénix de Creys-Malville semble être extraite directement des archives télévisuelles de l'époque. La découverte des rues d'une grande métropole étatsunienne donne l'impression d'être en train de marcher aux côtés de Jean-Marc. La restitution des conventions sociales de l'époque est plus discrète, mais tout aussi présente, que ce soit la liberté dont jouissent les adolescents pour escalader sans encadrement, les méthodes d'enseignement très directives, l'absence de formation à la gestion de la douleur des patients pour le personnel soignant, la montée des mouvements libertaires avec la participation au magazine Actuel. Ces éléments sociétaux sont intégrés au récit comme faisant partie de la vie de l'auteur. Le lecteur comprend que lorsqu'il y consacre plusieurs cases ou plusieurs pages, c'est qu'il s'agit événements ayant compté dans sa vie, ayant une valeur formatrice. Il évoque aussi ses premiers travaux en bande dessinée, comme la série Edmond le cochon (1979) avec Martin Veyron.



Au vu du titre de l'ouvrage, le lecteur se doute que la montagne ou l'alpinisme tiennent un rôle aussi important que Jean-Marc Rochette lui-même. Environ 70% du récit se déroule en montagne, à marcher, à grimper, à redescendre. Jean-Marc Rochette donne son avis sur 13 voies d'escalade, par une courte annotation en bas de la page racontant sa propre ascension. Il consacre également 9 dessins en pleine page à la montagne. Le lecteur se rend compte qu'il n'éprouve jamais l'impression de voir 2 fois le même paysage. Les ascensions se déroulent de manière différente, racontée par quelqu'un qui les a faites. Le relief et les revêtements sont très différents d'une ascension à l'autre : la forme des parois, la nature de la roche, la présence ou non de neige ou de glace, etc. C'est un exploit extraordinaire d'avoir pu ainsi rendre compte de la diversité des sites, de la rendre visible pour des lecteurs qui ne pratiquent pas la montagne. De prime abord, le lecteur peut être dubitatif devant les traits un peu bruts des dessins, le fait qu'ils ne soient pas peaufinés pour être plus précis, avec une qualité plus photographique. Très rapidement, il s'habitue à ce rendu esthétique, et constate qu'il transcrit avec force le caractère sauvage et minéral de la montagne. Le lecteur peut ressentir son caractère inhospitalier, la sensation de devoir se battre pour mériter sa place dans ces lieux, la conquête que cela représente, les risques de chute malgré le matériel, le gigantisme des massifs rendant minuscules les grimpeurs, la nécessité d'une attention de tous les instants pour déceler les crevasses, les endroits moins stables, etc. Rochette a l'art et la manière de faire voir les prises de risques, sans devoir se reposer sur les dialogues ou des explications, un exercice de vulgarisation aussi sophistiqué qu'élégant.



Très rapidement, le lecteur prend conscience qu'il ne s'ennuie jamais lors des ascensions. Il voit aussi qu'il dévore les pages à un rythme rapide, sans être creuses. L'artiste a intégré une quarantaine de pages silencieuses qui laissent au lecteur le temps d'admirer le paysage, d'en profiter, de prendre la mesure du gigantisme du spectacle qui s'offre à lui. Les dialogues sont concis et expressifs, portant à la fois des informations factuelles, à la fois des informations sur l'état d'esprit de celui qui s'exprime. Il en va de même pour les cartouches de texte, qui ne sont jamais envahissants, jamais du remplissage. Sous des dehors qui peuvent sembler frustes, les visages se révèlent expressifs, que ce soit celui toujours souriant de Philippe Sempé, ou celui souvent fermé de Rochette, se protégeant par un mutisme, même s'il n'en pense pas moins. Les personnages ne sont jamais réduits à des artifices narratifs, à des coquilles vides pour donner la réplique à Rochette. Les dialogues permettent de comprendre leur motivation propre, et le fait qu'ils ont une histoire personnelle.



Tous ces éléments (les voies d'escalade, les différentes facettes de la reconstitution historique, les individus rencontrés et leurs interactions) font que le lecteur peut ressentir les émotions, l'évolution de la construction personnelle de Jean-Marc Rochette par incidence, par un processus d'empathie tellement organique qu'il se transforme en intimité consentie, sans être intrusive. Le lecteur voit évoluer cet adolescent, au fur et à mesure de ses expériences. Il y a l'amitié avec Sempé, la sensation d'être vivant en pratiquant l'alpinisme, de se sentir bien et serein en montagne, l'éloignement progressif d'avec sa mère, les relations avec les femmes, le soutien de sa grand-mère, la révolte contre l'autoritarisme, le rapport aux autres, le jugement sur les adultes installés dans la vie, le rapport à l'effort et au dépassement de soi, etc. Les auteurs ne recourent jamais à un discours psychologique, encore moins psychanalytique, tout en mettant en lumière des moments d'une rare intimité personnelle. Juste après l'exaltation de la première grimpe avec Sempé, Jean-Marc évoque son sentiment de bonheur avec sa mère, et se retrouve déconcerté par son manque d'enthousiasme. Plus loin dans le livre, Jean-Marc a l'occasion d'emmener sa mère grimper en montagne et il se retrouve à lui servir de guide (inversant le schéma éducatif parent / enfant) dans une séquence d'une rare finesse, aussi bien psychologique qu'émotionnelle. Au fil des grimpes, le lecteur s'interroge également sur les risques pris par Jean-Marc Rochette, sur sa mise en danger, sur un comportement présentant parfois des symptômes d'addiction. Il voit comment le jeune adulte est confronté à la réalité de la mort à plusieurs reprises, sous des formes différentes. De scène en scène, le processus d'apprentissage se fait, provoquant des réminiscences, des échos chez le lecteur quant à ces points de passage de l'adolescence à l'âge adulte, par lesquels il est lui aussi passé au cours d'expériences de vie différentes. Ce récit très particulier d'apprentissage et de pratique de l'alpinisme participe de l'universalité de l'apprentissage de la vie.



Derrière un titre énigmatique et une couverture dépouillée et austère, le lecteur découvre un parcours de vie extraordinaire, avec une narration visuelle personnelle exprimant parfaitement le caractère de l'auteur, transcrivant la beauté austère de la montagne. Les auteurs réussissent un récit exceptionnel, donnant envie de s'adonner à la montagne (même sous forme de simple randonnée), un passage de l'adolescence à l'âge adulte rendant compte des différentes facettes de ce moment de la vie, une reconstitution d'une époque, d'une société, une étude de caractère pénétrante… Sans pouvoir se douter de la richesse de cette biographie, le lecteur éprouve un grand plaisir de lecture à s'immerger dans ce parcours de vie à la narration fluide et intelligente, à ressentir la puissance des émotions éprouvées, à se reconnaître dans certaines étapes (prise d'autonomie par rapport aux parents et aux figures tutélaires, passions, amitiés, tests de ses limites) attestant de l'universalité de certaines expériences humaines, indépendamment de la forme qu'elles prennent.
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