Citations de Jean-Michel Dupont (36)
Musique du diable, peut-être, mais quoi de mieux pour apaiser les âmes en peine?
Quand Noah Johnson s'est envolé à son tour, Julia a dû trimer seule pour nourrir ses gosses, de plantations en plantations, payée une misère par des exploiteurs sans scrupules.
À croire que Dieu aussi l'avait lâchement abandonnée.
Robert n'aimait pas non plus l'école. Il y allait à reculons, comme une putain à confesse.
Je voudrais qu'on m'enterre au bord d'une route sur le bas-côté pour que le démon qui est en moi puisse prendre un bus et filer.
Pauvre Robert, ton destin tragique, tous les apôtres de la vertu doivent le trouver mérité. Mais avant de te juger, il faudrait qu’ils sachent pourquoi tu as choisi le camp des impies et pourquoi tu as brûlé ta vie. C’est ce que je vais vous raconter…
I got the blues so bad,
It hurts my feet to walk
Early this mornin'
When you knocked upon my door
Early this mornin'
Ooh when you knocked upon my door
And i said
"Hello, Satan, I believe it's time to go"
« Well, I'm up here in this womb (...)
Well, I'm looking out my belly button window (...)
And I'm wondering if they don't want me arround. »
« Depuis la matrice de ma mère (...)
Je regarde ce qui m'attend par la lucarne de son nombril (...)
Et j'ai comme l'impression de ne pas être le bienvenu. »
On se dit que le pacte s'était conclu un soir d'errance sur une route du Mississippi...
Égaré, épuisé, il avait fait halte près de Clarksdale, au croisement de la 49 et de la 61...ou peut-être était-ce à Rosedale, au carrefour de la 1 et de la 8, mais qu'importe.
Réveillé par une brise glacée, il avait vu le diable accorder sa guitare, puis en jouer divinement...enfin, s'il on peut dire.
Après quoi, l'apparition s'était fondue dans les ténèbres, emportée par le vent du sud, brûlant comme l'haleine d'un buveur de gnôle...
Un ange gardien qui le suivait partout, même s'il avait le diable au corps...
Et quand mon père m'a cogné plus fort que ses poutres d'étayage, j'ai pensé : plutôt mourir que de vivre sa vie.
(page 105)
Je suis un vieux peau-rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne.
And I said
Hello, Satan, I believe it’s time to go
Me and the devil
Was walkin’ side by side
Me and the devil
Ooh, was walkin’ side by side
Me and the devil blues, Robert Johnson
Si le nombril des femmes était une lucarne d’où leur enfant, avant de naître, pouvait voir ce que leur réserve la vie…. certains choisiraient sûrement de passer leur tour.
Si le monde des esprits existe, ils retourneraient sans doute s’y reposer quelque temps avant de tenter leur chance à nouveau.
Papa Legba, le maître des carrefours, le portier du monde des esprits. Il pouvait exaucer vos voeux, mais c'était donnant donnant.
Ce livre qui montre la vie et les difficultés de l'artiste Robert Johnson m'a beaucoup plu car il retrace la vie sentimentale et professionnelle de celui-ci. Suivre ses relations amoureuses et connaître ses problèmes familiaux de son enfance est très entraînant. De plus, les dessins en noir et blanc de Mezzo correspondent bien avec l'histoire de cet homme qui mêle femme et musique. On ne peut pas rester indifférent à cette lecture.
Beale Street à Menphis, c'était en tous points l'idée que je me fais du paradis. Robert partageait sûrement cet avis, comme tous ceux qui la fréquentaient.
On disait que si un blanc avait pu changer de couleur de peau l'espace d'une soirée pour venir s'y encanailler, il aurait voulu rester noir jusqu'à la fin de sa vie.
Musique du diable, peut-être, mais quoi de mieux pour apaiser les âmes en peine ?
... Réveillé par une brise glacée, il avait vu le diable accorder sa guitare, puis en jouer divinement...
Enfin, si l'on peut dire.
On ne réussit à rien, surtout dans la jeunesse, si on n'a pas un peu le diable au corps.