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Critiques de Jean-Paul Enthoven (108)
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Trois jours et trois nuits

En 2020, les chanoines de l’abbaye de Lagrasse ont invité des écrivains à partager trois jours et trois nuits de leur existence.



La COVID a compliqué le scénario et finalement quatorze écrivains publient leurs témoignages. A noter que Boualem Sansal « athée en recherche de Dieu », n’a pu se rendre sur place « j’attends ce jour comme un fiancé attend de rencontrer sa promise » mais offre une belle réflexion sur l’Islam, que Michel Onfray semble avoir honoré l’invitation sans témoigner, et qu’il n’était pas nécessaire d’être chrétien ou catholique pour être sollicité comme le précise Jean-Paul Enthoven.



La préface de Nicolas Diat, les quatorze chapitres et la postface du Père Le Fébure du Bus, ont nourri durant ce mois de janvier mes médiations et certains chapitres méritent lectures et relectures. Chaque contribution est riche de la diversité des écrivains, de leur rapport à la culture, à la religion, à la vie.



M’ont particulièrement marqué « La fondation » de Camille Pascal qui restitue la chanson de Rolland et la fondation de l’abbaye par Charlemagne … une épopée lyrique contée miraculeusement par une plume savoureuse.



« Les soldats de la grâce » de Jean-René van der Plaetsen interroge notamment sur la vocation de trois Saint Cyriens devenus religieux, à l’exemple de Charles de Foucauld.



« Le refuge » de Frédéric Beigbeder, témoignage poignant d’un noceur assumé, s’échappant de l’abbaye pour suivre un match de foot au bar local … Mais pas que !



« La résurrection » de Frantz-Olivier Giesbert évoque le siège d’Hippone en 430, observe notre actualité et conclut « Laisse pousser en toi les racines de l’amour » car c’est à chacun, par son comportement, de repousser la barbarie.



« Tolle lege, tolle lege » (prends et lis) de Xavier Darcos réfléchit sur la culture latine, la civilisation romaine, sa transmission grâce aux abbayes et sa disparition décidée par les idéologues et pédagogues commettant les réformes successives de l’éducation nationale.



Certaines contributions, dont celles de Simon Liberati, sont de réelles méditations de textes bibliques et exigent une lecture attentive.



Ces chapitres illustrent des approches diverses et variées le Lagrasse. Certains ont été attentifs aux religieux et à leur ouverture à l’extérieur (écoles, hôpitaux, paroisses) , d’autres à l’abbaye, certains à la lecture des Confessions de Saint Augustin fondateur de ce ordre religieux, plusieurs à la liturgie et au rythme immémorial des offices. D’où la richesse et l’originalité de cet ouvrage.



J’ai découvert ces chanoines il y a plus de quarante ans, sur les chemins vers Compostelle, à Moissac, quand le Père Wladimir constituait un premier noyau de religieux et j’ai été séduit d’emblée par la beauté de la liturgie. Depuis nous sommes passés plusieurs fois à Lagrasse mais l’âge et les distances étant ce qu’ils sont je ne sais si nous aurons l’occasion d’y retourner.



Cet ouvrage offre une belle rencontre avec cette communauté en pleine croissance, toujours accueillante aux pèlerins et touristes parcourant les Corbières.
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Trois jours et trois nuits

Une envie de sérénité avant les vacances : je me suis offert trois jours et trois nuits… dans un monastère ! Bon en vrai, j'aurais bien aimé mais par manque de temps, je me suis offert cette retraite par procuration, grâce à la littérature. Avec moi, une quinzaine d'auteurs a été invité à vivre une retraite de trois jours et trois nuits au coeur de l'abbaye de Lagrasse, en clôture, c'est-à-dire dans le carré VIP avec les chanoines. En retour, chacun d'eux a offert un texte que leur a inspiré cette expérience. A mon tour d'en commettre un retour.





La liste des auteurs est variée mais étonnamment, l'ensemble des écrits est plutôt homogène, et leur complémentarité rend l'ensemble harmonieux. Sur les quinze, seuls trois ou quatre m'ont paru plus hermétiques, principalement ceux qui décryptaient le plus précisément certaines paroles ou histoires bibliques. Je les ai trouvé moins accessibles et moins intéressantes car moins focalisées sur l'expérience personnelle de leur auteur. J'ai apprécié en revanche les contributions où les auteurs livraient beaucoup d'eux-mêmes, soit en anecdotes personnelles, soit en réflexions, émotions, observations et descriptions de leur expérience à Lagrasse. C'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant parce que le plus généreux, le plus humain… Des qualités qui sont à l'origine de ce livre, puisqu'en échange de cette expérience, les auteurs reversent leurs droits aux chanoines de Lagrasse, pour la restauration de leur abbaye. Cette fois, vous ne culpabiliserez pas d'ajouter un livre à vos PAL !





Même si l'ensemble est homogène, je ne me suis pas ennuyée parce que chaque récit étant personnel, ils sont tous différents, évoquent un vécu et/ou un ressenti différent. Et puis les plumes et anecdotes sont savoureuses selon les auteurs. Allez, je le confesse ici : je connaissais très peu d'auteurs dans ce panel, mais avec certains je me suis régalée. J'ai trouvé Beigbeder particulièrement émouvant et drôle, dans son texte, alors même que je connais très peu l'auteur et encore moins la personne. On y retrouve aussi Sylvain Tesson, qui ne pourra s'empêcher de descendre le clocher en rappel, entrainant avec lui une poignée de frères ! Même le récit totalement historique de Camille Pascal, que je craignais de moins apprécier, est en réalité hyper enrichissant et joue un rôle très important dans l'enchainement des textes.





Mais si l'approche est différente selon les personnalités, on retrouve dans la plupart des textes des thèmes récurrents : la beauté de l'endroit et la sérénité que l'on y ressent, la crainte d'attaques terroristes, la bonté des chanoines, leur bonne humeur, le silence comme espace de pensée, l'importance de la liturgie et du mystère (du cérémonial comme de la langue utilisée pour les messes) dans l'attractivité de la foi, la langue latine comme approche poétique de la religion, des rapprochements avec la vie militaire, à laquelle ont d'ailleurs goûté certains auteurs comme certains chanoines ; le côté rassurant d'une vie bien réglée, et son efficacité pour retrouver du temps. Les confidences entremêlées sont intéressantes et donnent envie de faire l'expérience de cette humanité qui fait du bien, loin de l'agitation mercantile et de la course à l'individualisme du siècle. Et l'on y trouve quelques références littéraires à explorer.





Le calme, ainsi que la paix intérieure qui m'envahit dans ces lieux, m'ont toujours attirée. le silence m'y remplit, et je peux enfin entendre et ressentir toutes les émotions qui souvent crient et se bousculent, ignorées, remises à plus tard, quand on aura enfin ce temps qu'on ne prend jamais. C'est souvent un moment très intense, que j'ai éprouvé de nombreuses fois en m'arrêtant dans de tels lieux sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Je me suis toujours dit qu'un jour je m'offrirai ce genre de retraite même si, pour l'instant, l'occasion ne s'est pas encore présentée.





Pour l'anecdote, elle s'est en revanche présentée de manière inattendue pour l'une de mes meilleures amies : Très croyante, et ayant organisé son mariage presque entièrement, elle a laissé le soin à son mari d'organiser le voyage de noces contenant la FAMEUSE nuit de noces ; Depuis des mois elle me confiait, avec les yeux qui pétillent, ses tentatives de deviner où l'homme de sa vie avait décidé de l'emmener passer cette folle nuit… Vint enfin le moment fatidique de vérité et là… SURPRIIIIIISE !! Voyage de noce dans un… Monastèèèèère !!! Incompréhension de mon amie qui rêvait de sa nuit de noces, tandis que son mari était absolument convaincu de lui faire plaisir !! Résultat : nuit de noces en cellules, et dans le silence… L'histoire ne dit pas s'ils y sont restés trois jours et trois nuit, mais peut-être que vous, vous aurez envie d'en faire l'expérience avec ce livre ! L'avez-vous faite en vrai ?
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Trois jours et trois nuits



« Quand chacun des interlocuteurs vient de si loin, il faut du temps pour se comprendre. On s’écoute, mais on ne s’entend pas, ne fût-ce sur le plan du vocabulaire. Sauf pour ce qui touche les points sensibles en chacun de nous. En fin de compte, une rencontre authentique se situe toujours à un niveau plus profond ou plus élevé, ouverte sur l’infini. Par-delà les paroles, un regard, un sourire suffit pour que chacun s’ouvre au mystère de l’autre, au mystère toute autre. » François Cheng « L’Eternité n’est pas de trop »



Suis-je agnostique ou athée ? A mes yeux, cela n’a pas d’importance. Je suis une mécréante qui cherche la Lumière et ce n’est pas faute d’avoir prospecté. De temps en temps, mes pas me ramènent vers cette quête, j’éprouve toujours une attirance pour les lieux consacrés quels qu’ils soient, qu’importe l’Obédience, ils m’apaisent. Je me sens en communion avec ceux qui m’ont précédée, le temps n’existe pas. Etre touché par la grâce tel Eric-Emmanuel Schmitt dans Sa Nuit de Feu m’interpelle. Il se veut sans église, sans dogme, une très belle expérience.



Ce sont souvent des livres qui croisent mon chemin comme celui-ci qui, eu égard à mes lectures, me fut recommandé par Babelio. Les commentaires d’Aquilon62 et de Migdal m’ont motivée à partir en compagnie de ces quatorze écrivains et des moines sur les chemins de l’Abbaye de Lagrasse. Abbaye du pays cathare, née de la volonté de Charlemagne, j’entends « La Grâce », elle en a connu des vicissitudes, des destructions et des reconstructions jusqu’à l’arrivée de quelques chanoines qui mènent, entre ses murs, une vie de prière sous l’égide de la Règle de Saint-Augustin. La restauration a démarré en 2014 et comme pour toute rénovation, il faut de l’argent. Il a été convenu que le produit de la vente de ce livre reviendrait à l’Abbaye.



N’avez-vous jamais ressenti le besoin de vous isoler, loin de l’agitation extérieure et de ses tourments, l’impérieuse nécessité de vous retrouver face à vous-même, ce n’est pas une fuite mais plutôt un besoin de reprendre contact avec votre moi intime, de se recentrer. Il y a de très beaux endroits où se ressourcer mais pour avoir été en plein hiver, au moment des grandes marées, le Mont-Saint-Michel reste pour moi la halte idéale, propice à la méditation, pour demeurer seule avec moi-même.



Nicolas Diat nous offre une belle préface et le Père Abbé, Emmanuel-Marie Le Fébure du Bus, conclut cette insolite mais féconde expérience qui a réuni une quarantaine de moines et quatorze écrivains aux croyances et sensibilités tellement différentes.



Les hôtes comme les invités ont tout partagé dans le silence de ce lieu consacré. Imaginez les moines glissant sur le sol carrelé au petit matin pour se rendre à l’office, tous vêtus de blanc, psalmodiant les prières, entonnant les chants grégoriens, la liturgie latine reprenant toute son épaisseur et son mystère, imaginez les invités, basculant dans un monde qui leur est tellement étranger, déjeunant d’un modeste repas, partageant le pain qu’il soit celui de l’officiant à la messe ou celui du réfectoire, sans un mot, concentrés sur la lecture du jour , attendant patiemment les échanges qui se font autour du café. Ils ne rencontreront que la Paix, l’amitié, l’écoute, des contraintes aussi qui viennent rompre avec l’immédiateté de notre vie moderne mais qui donnent toute l’intensité aux instants vécus.



Bien évidemment, certains d’entre les écrivains se questionneront sur la vie en communauté, après tout, les moines sont des êtres humains même s’ils sont parvenus à domestiquer leur égo, si leur être tout entier semble porter la lumière, il n’en reste pas moins qu’ils sont des hommes. Leur emploi du temps est intense et laisse peu de place aux aspérités, le rituel les relie. Les journées sont rythmées par les Offices (sept), la prière, l’étude, le travail manuel, le jardinage – j’ai beaucoup aimé la description du jardin et des essences diverses - les visites aux malades, les hôpitaux dans les services de soins palliatifs. Saint-Augustin veille sur eux, dans chaque cellule, ses confessions les rappellent à l’ordre. Il guide les frères dans sa vision de l’amour fraternel.



Ce livre représente la somme des différents dialogues ou écrits de chaque écrivain. Ils y ont apporté une part d’eux-mêmes, que ce soit l’athée qui humblement parle de son questionnement, que ce soit celui qui se réfugie derrière l’histoire de l’Abbaye pour éviter de se livrer, que ce soit le tourmenté comme Beigbeder ou Liberati ou la lucidité de Boualem Sansal, ce livre est très beau ! C’est le cheminement pendant trois jours d’hommes différents qui ne cherchent que la bienveillance en toute simplicité, dépouillés de leurs préjugés, sans jamais chercher à convaincre, C’est le dialogue – dias logoi – deux visions différentes qui se complètent et non qui se censurent, s’interdisent. Toutes les réflexions sont à savourer, à relire aussi. Certaines pensées m’ont particulièrement émue que ce soit par la beauté ou par l’humilité.



« Et penser à ces hommes agenouillés, m’aide à tenir debout » Frédéric Beigbeder



NdL : Pour @afriqueah, notre Francine dont je lis les mémoires, une page du livre s'ouvre sur une pensée de Saint-Augustin. J'aime ces clins d'œil de l'Univers.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Les raisons du coeur

Jean-Paul est victime d’un accident cardiaque sur le court de tennis, alors qu’il est concentré le rebond de la « baballe » que lui renvoie avec dextérité son ami Archibald, négociant en soja plus ou moins transgénique.



Il se retrouve aux urgences, clinique privée, bien-sûr, et un chirurgien « réputé » et très imbu de lui-même est invité à le prendre en charge : un écrivain a droit à des égards, voire des passe-droits…



Le Grand Ponte s’autoproclame le Paganini du cœur ! et profite du statut d’écrivain de l’auteur pour qu’il lui arrange un rendez-vous avec Amélie Nothomb qu’il affectionne sans jamais avoir lu une ligne de ses livres, uniquement pour son look, notamment son chapeau. Ou encore pour se faire dédicacer le dernier livre car sa femme a beaucoup aimé le côté partouze, et qui voudrait qu’on lui propose des « parties fines » …



Dans la chambre voisine, un acteur célèbre (dont on ignore le nom) dérange le personnel tout le temps, beugle qu’il faut le soulager, et ne pense qu’au « minou des infirmières…



Notre patient apprend qu’il est un « vivant-mort » car son cœur s’est arrêté pendant un nombre d’heures impressionnant. Pendant ses moments d’inconscience, il fait des rencontres, discutent avec d’autres morts célèbre : Michel Berger, Marcel Proust, Françoise Sagan… Que du beau monde, on est entre gens de la bonne société, ainsi que son père, ses anciennes femmes et maitresses… Rencontres qui vont d’ailleurs se poursuivre pendant qu’on le place sous morphine, avec la Mort en personne, naturellement…



Au début, le récit m’a intéressée, je m’attendais à une réflexion sur la mort qui peut tomber sur l’homme sans crier gare, et la manière dont on évolue en y réchappant, une approche philosophico-spirituelle et bien non, c’est raté. Entre le chirurgien qui se prend pour Dieu ou pour Paganini, un auteur qui fait de la promotion au passage pour don dernier livre qui n’a pas très bien marché, son fils qui lui a brisé le cœur, ou du moins l’aorte, cela finit par ne plus être drôle du tout.



« Parle-moi de moi, il n’y a que ça qui m’intéresse », tendance à la victimisation, « mon fils m’a brisé le cœur avec son dernier livre et depuis je suis fâché avec lui » … On a même droit à la visite de BHL, Bernard LesVies comme il l’appelle, entre deux voyages en Afghanistan, ou ailleurs pour sauver le monde…



C’est le premier livre de Jean-Paul Enthoven que je lis et ce n’est pas l’enthousiasme débordant, en plus j’avais dans les oreilles « Raphaël, quatre consonnes et trois voyelles », en gros je me suis sentie en position de voyeur… L’auteur se raconte à cœur ouvert sur les conseils de BHL qui lui dit de prendre des notes, et lui laisse même le magnétophone dont il ne sépare jamais…



J’espère que Balzac, Zweig et Dostoïevski vont se précipiter à mes côtés le jour où cela m’arrivera, mais ce n’est pas sûr … En tout cas, une chose est certaine, je dois être atteinte du « syndrome de Padura » (eh oui, il n’y a pas que le syndrome de Stendhal) car depuis que j’ai refermé « Poussière dans le vent », aucune plume ne trouve grâce à mes yeux!



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur…



#Lesraisonsducoeur #NetGalleyFrance
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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Trois jours et trois nuits

Livre lu en 3 jours, coïncidence ? Peut-être ou peut-être pas ?



Tolle legge, tolle lege (Prends, lis ! Prends, lis !)

Saint Augustin (Confessions, VIII, 29) : "Je disais, et je pleurais dans toute l’amertume de mon cœur broyé. Et tout à coup j’entends une voix partie de la maison voisine, voix de garçon ou de jeune fille, je ne sais, qui chantait et répétait à diverses reprises : « Prends, lis ! Prends, lis ! » Et aussitôt, changeant de visage, je cherchai très attentivement à me rappeler si c’était un refrain en usage dans quelque jeu d’enfant ; et rien de tel ne me revint à la mémoire. Réprimant la violence de mes larmes, je me levai ; la seule interprétation que j’entrevoyais, c’est qu’un ordre divin m’enjoignait d’ouvrir le livre de l’Apôtre, et de lire le premier chapitre sur lequel je tomberais"



Intrigué par la couverture et le sous-titre de ce livre et de ce projet fou, j'ai pris et j'ai lu...



Tout d'abord pourquoi une citation de Saint Augustin car c'est dans le monastère de Lagrasse qu'une communauté des chanoines vivent sous la règle de Saint Augustin.

Une abbaye de 1200 ans bâtie avant Charlemagne et dominée par un clocher du XVIeme avec ses 4 gargouilles d'angle représentant la cupidité, l'orgueil, la concupiscence et le désunion. Les quatre tentations auxquelles on renoncé les chanoines en entrant à Lagrasse et qu'ils contemplent tous les jours comme pour se mesurer à elles.



Et c'est dans ce lieu que 14 écrivains tous aussi différents les uns que les autres ont accepté de passer 3 jours et 3 nuits venus chacun à leur tour.



Et il ressort 14 expériences différentes, des rencontres fortes,, des anecdotes savoureuses (celle de Sylvain Tesson est à son image) et pourtant :

Chacun a séjourné dans une cellule aux côtés des moines ;

Chacun a mangé avec les moines, en silence, à l'écoute de la lecture depuis un pupitre Chacun a participé au chapitre ;

Chacun a participé aux promenades, aux récréations, aux travaux ;



Et pourtant chacun livre un récit différent mais avec un point commun chacun de ces. textes reflètent des interrogations.

C'est certainement le point commun qui relie les auteurs à ces expériences vécues différemment.



Le parallèle entre le monde des écrivains et celui des chanoines est souligné par Xavier Darcos pour qui il existe une parenté invisible entre la fréquentation d'une abbaye et le miracle de la lecture. Un monastère est comme un livre. Sa porte d'entrée pivote sur des gonds, et nous passons d'un monde à un autre, comme la couverture d'un livre plie suivant la reliure, ouvrant à l'esprit de nouvelles perspectives.



Et d'ajouter : "Un monastère est comme un livre, car l'un et l'autre n'ont pas été écrits ou construits pour nous. Nous ne connaissons pas personnellement leurs auteurs ou leurs bâtisseurs, qui ont souvent vécu il y a des siècles. Et pourtant nous allons vivre, en séjournant dans un monastère comme en lisant un livre, une expérience personnelle et unique, qui ne ressemblera pas à celle d'un autre visiteur, comme ma lecture d'un livre pourra n'avoir rien de commun avec la lecture de mon voisin. L'ancienneté du livre n'est pas un obstacle, bien au contraire. Les plus grands et les plus vieux classiques sont les lectures qui peuvent le plus abreuver notre esprit d'aujourd'hui"



Et on referme ce livre avec le sentiment d'avoir vécu par procuration une expérience forte, inédite, et oh combien enrichissante...

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Les raisons du coeur

Roman original, où on croise Sagan, Michel (Berger), Proust. Pourquoi ? Parce que notre narrateur fait un arrêt cardiaque, il va être opéré. Et alors remonte ses souvenirs mais aussi des délires (la morphine aidant). Je ne connaissais pas cette écriture décalée de Enthoven, le père. Son chirurgien est un original, drôle. Et ses deux conversations avec la Mort et Bernard "LesVies" sont jubilatoires.
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Si le soleil s'en souvient

Des souvenirs lumineux, douloureux, émouvants qui osent enfin se dévoiler, une pseudo biographie consacrée à son père, le tout compose un roman où vérité solaire et fiction ténébreuse, et inversement, se croisent harmonieusement, je reprends ce qu'en dit l'auteur :

- « Quel sera le taux de menteries dans les affirmations, insinuations, divagations ici contenues…

- Tout est ici, et sera vrai… C'est à dire presque vrai, très vraisemblablement, nuancé, historiquement avéré, hypothétique, à peine rectifié à la marge… Au départ, j'envisageais un tiers d'exactitudes, un tiers d'exactitudes malmenées par le temps, un tiers de mensonges rigoureusement véridiques [...] mais, à chacun de ces tiers, se sont ajoutées des sous-divisions réservées à l'imagination, à l'énergie narrative, à la nostalgie, à l'accentuation dramatique, à la mémoire vaniteuse ou volontairement dépréciative, à la volonté de prendre une revanche sur une réalité insuffisante. »

Le père, Edmond, grand propriétaire terrien, décide, en 1960, derniers temps de l'Algérie française, de construire un cinéma d'avant-garde dans sa petite ville de l'Oranie, Mascara, (ville natale d'Abd el Kader, et plus tard... d'Alain Afflelou!) à quelques cent kilomètres de la préfecture Oran. Ce sera le Vox (Plusieurs cinémas arboraient cette enseigne en Algérie, et désormais en France, quelques salles indépendantes s'honorent de ce vocable latin). Pour l'inauguration c'est Moby Dick de John Huston, un film de 1956, d'après le roman éponyme d'Herman Melville qui sera projeté. Ce choix n'est pas anodin, l'acteur principal qui incarne le capitaine Achab est interprété par Gregory Peck, Edmond en est un sosie presque parfait.

Le drame qui marque l'inauguration de cette salle de spectacle n'est qu'un évènement de plus dans cette guerre pour l'Indépendance de l'Algérie, un parmi tant d'autres qui poussera la famille Enthoven (patronyme d'origine hollandaise) à l'exil.

Je n'étais pas sans penser que ce film distingué par Jean-Paul Enthoven l' était aussi par le fait de vouloir rendre hommage à Albert Camus, dont le fantôme sympathique vient hanter quelques passages du livre.

Quand j'ai présenté ma conférence sur les multiples sources d'inspiration de la Peste de Camus, j'ai précisé que Camus avait aussi lu Moby Dick, que dans ses Carnets, il avait noté toute une série de pages (120,121,203,310,415,522…). La lutte entre le capitaine Achab et le cachalot blanc, symbolise celle du Bien contre le Mal, l'absurde et la révolte, et après tout, aussi, quelque part, l'histoire de l'Algérie.





Émue par cette lecture, j'ai profondément aimé la nostalgie qui se dégage de ces lignes, l'humour acéré qui cache tant de choses, la part de courage de l'écrivain pour affronter, d'une façon romancée ses souvenirs, pour « assumer cette part de moi que j'ai vainement tenté d'expulser, me réconciliant avec tout le tintamarre d'une enfance […] je me dirai ne te plains pas cher moi, cher sympathique JP défunt de Mascara, chéris cette tranche pittoresque d'ancienne vie, cet autrefois qui en vaut bien d'autres, car c'était bon à vivre tout ça, et peu commun..".
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Dictionnaire amoureux de Marcel Proust

Marcel Proust et moi ne nous sommes jamais croisés... Au propre comme au figuré!



De mes lointaines études jusqu'aux plus récentes (et régulières) tentatives de lecture de son titre phare, j'ai toujours fait face à un ennui de plus en plus abyssal au fil des pages tournées. La connaissance plus approfondie de son époque, acquise au fil du temps, n'y a rien changé. Je me perds dans ses phrases interminables, dans des sentiments décortiqués à l'envie et dans la description d'une société un peu vaine.

Aucun jugement de valeur car je m'incline devant l'icône, en reconnaissant que c'est une question de sensibilité.



Donc!

Autant dire que le dictionnaire amoureux de Messieurs Enthoven est resté un peu hermétique par méconnaissance de l'oeuvre. Nombre de références parleront bien davantage en faisant le plaisir (ou pas) des érudits proustiens.

Pour ma part, j'ai piqué deci delà quelques chapitres et je me suis tout de même amusée de l'humour utilisé dans le traitement de certaines thématiques ( Caca, Manies, Cocottes...)

Le parti pris facétieux et libre des deux auteurs donne un ton léger et décalé, désacralisant une litterature souvent mise sur piédestal. Le ton humoristique bouscule un peu le mythe, avec érudition et bienveillance.



Il n'en reste pas moins que c'est tout de même un bien gros et dense pavé, qui me laisse encore peu motivée à relire Proust.

Cette quête là est définitivement perdue pour moi...





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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce 7 janvier 2015, il y a eu un événement horrible, innommable et profondément choquant. Mais heureusement face à cela, on a vu une levée, une solidarité forte qui s’est opposée clairement aux actes de barbarie qui se sont produits . Et ce livre est né!60 écrivains unis sous la bannière de Charlie Hebdo… Pour ne jamais oublier ce jour si noir, pour rappeler à nos cœurs que tant de sang a déjà été versé pour nos libertés…



C’est avec une certaine émotion que j’ai lu ses textes, le cœur serré, les larmes au bord des yeux. Chaque auteur voit cet événement avec son expérience, et c’est intéressant de voir les mots qui en découlent. Les textes de certains sont plus vifs, d’autres plus philosophes, et du coup, ce recueil de textes est un fort et émouvant imbroglio d’émotions fortes et vibrantes. Personne n’a pu rester insensible face à cette barbarie, et chacun le démontre avec plus ou moins de force.



J’ai particulièrement été touchée par le texte de Christel Noir, je me suis sentie proche des mots de Fredéric Lenoir, j’ai aimé le ton de la poésie de Katherine Pancol, l’humour inversé de Eric Emmanuel Schmitt, et je me dis qu’il faudrait suivre les conseils avisés de Claude Halmos. Je ne cite qu’eux, mais en fait chaque auteur a su me faire ressentir une émotion, je n’ai gardé que les plus fortes, ce recueil a de quoi vous prendre aux tripes, c’est certain!



En plus, d’être un formidable élan de compassion et de solidarité de la part de ses auteurs contemporains , tous plus intéressant les uns que les autres, nous avons la chance de relire, de redécouvrir des textes forts de Victor Hugo, Diderot, Voltaire, qui sans leur courage et leur soif de liberté, n’en serions pas surement là aujourd’hui, à prôner haut et fort la Liberté d’expression.



Je voulais donc remercier les éditions Le livre de poche pour cette belle initiative.


Lien : https://fairystelphique.word..
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Dictionnaire amoureux de Marcel Proust

L’œuvre de Proust ne cesse d’être évaluée, jugée, analysée par des commentateurs de tous genres à partir de « A la recherche du temps perdu ». Ce Dictionnaire amoureux a pris le parti de traiter ce monument de la littérature avec pédagogie, érudition et humour.

L’approche des Enthoven père et fils procure une multitude de petits éclairages au lecteur qui apprécie déjà l’œuvre de Proust mais offre également une porte d’accès tout à fait abordable pour le lecteur moins averti.

Les deux auteurs exposent parfois des divergences sur l'interprétation de certains points, mais leur complicité et leur passion commune pour cet écrivain transparaît tout au long du livre.

Enfin, la formule du dictionnaire permet idéalement de fureter à travers une œuvre de grande ampleur et d’y revenir quand on a le temps sans être perdu. Nul doute que de nombreux lecteurs de ce dictionnaire très instructif auront le désir de ressortir ou de découvrir l’œuvre de Marcel Proust.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

De Jacques Attali à Voltaire en passant par Denis Diderot, Bernard Pivot, Katherine Pancol, ce recueil regroupe les écrits de soixante auteurs sur les évènements de janvier 2015. Ceux-ci ont le plus souvent été composés à chaud, avec les tripes. Cet engagement se ressent de manière variable mais avec une intensité plutôt étonnante.



En elles-mêmes les compositions sont variées : fictions, lettres, citations, articles de presse mais elles véhiculent le même message, sans pour autant verser dans des répétitions ou un pathos malvenus. Il est toutefois recommandé d'éviter la lecture "d'une seule traite" qui laissera un sentiment de lassitude. Le recueil doit être compris dans la même perspective que le célèbre Indignez-vous ! de Stéphane Hessel. Il s'agit ici d'un éloge de la République, des valeurs qui lui sont attachées, des idées des Lumières, de l'esprit français. Chacun à sa manière tente d'apporter sa pierre à l'édifice mais la philosophie est la même : être fier de nos valeurs et les défendre.



Certains textes sont de véritables pépites. A cet égard, la fiction humoristique de Romain Puértolas est une véritable bombe de table. Ce fruit d'une imagination fertile est immédiatement suivi par un hommage à un autre Charlie composé par Serge Raffy. Au titre des découvertes intéressantes, l'analyse faite par Maxime Chattam doit être signalée, car il nous apprend au passage une nouvelle qui attristera ses fans.



Écrire est une forme d'engagement... mais qu'en est-il des actes ? S'il est impératif de saluer cette initiative littéraire (profits reversés au journal, délais de parution très courts) il est difficile de donner un avis sur la suite. A lire les quelques pages de ce corpus, tout le monde est d'accord sur la nécessité d'agir. Mais concrètement, nos chers penseurs ne nous livrent pas forcément leur manière d'agir. Écrire et participer aux rassemblements républicaines, certes... mais encore ? Cette impression de manque (aisément compréhensible) porte toutefois un grand préjudice à cette initiative, pourtant emplie d'une bonne dose d'émotion.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce recueil est parut suite aux attentats du journal "Charlie Hebdo" . Je ne reviendrai pas sur ce dramatique événement, nul ne peut ignorer ce qu'il c'est passé, vu le soulèvement populaire national et international.



Les bénéfices de ce roman vont directement au journal, alors oui on sait que depuis ils ont ramassé suffisamment d'argent pour tenir plusieurs années donc je n'insisterai pas sur ce point. Par contre la lecture de ce roman est un combat pour la liberté d’expression. Liberté qui nous est chère. Liberté qui m'est essentielle. Liberté qui me permet de me sentir moi-même et de dire ce qu'il me passe par là tête, même si ce sont des inepties.



Donc ce recueil regroupe les textes de 60 auteurs. Dont, parsemés, des extraits de Beaumarchais, Diderot, Hugo et voltaire qui se sont battus aussi, autre époque et combat égal.



Tous les autres ont réagit et fait parler leurs plumes, leurs armes, leurs cœurs. Pour certains ce sont des courriers ou un constat, des réactions car nul ne pouvait rester muet sinon tout était perdu (pourquoi d'ailleurs mettre cette phrase au passé !) . Pour d'autres c'est ce qu'ils savent faire de mieux, un conte une histoire (j'ai une préférence pour cette forme de manifestation).

Alors j'ai des auteurs de prédilection bien évidement. L'histoire Fabrice Humbert me touche particulièrement ( en même temps j'ai un attachement pour cet auteur.) Une grande tendresse pour le texte de Ian Manook car je vois ma grand-mère dans les traits de sa mère. Sans oublier Romain Puertolas qui me fait sourire malgré l'horreur et ça chapeau Monsieur !



Et malgré les 3 mois de passés je peux vous garantir que l'émotion reste la même en lisant ces lignes. Les larmes ne sont pas loin.





Je terminerai cette chronique par une citation de la réaction de Frédéric Beigdeger car elle me fait penser à la dernière boucherie au Kenya qui vient de perdre ses étudiants .

"A ce violent malaise que cette sensation procure, aux larmes du chagrin, à la culpabilité d'être plus troublé par ces morts si proches que par les milliers de victimes à deux heures de chez nous. Si, ne soyons pas hypocrites, c'est une règles journalistique bien connue, les massacres géographiquement éloignés nous perturbent moins que deux ou trois morts dans notre ville, notre pays. Pourtant, une certaine souffrance est là. A des degrés divers selon sa sensibilité, son empathie, son fatalisme."
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Trois jours et trois nuits

Nouvelle proposition de lecture que ce livre improbable réunissant 14 écrivains

athées, agnostiques, ou de confession chrétienne lointaine ou enfin rapprochée. C’est dire le pari des deux éditeurs lancé à ces hommes de vivre cloîtrés trois jours à l’abbaye de Lagrasse dans l’Aude !

J’achète le livre, car je vois que les droits d’auteur sont reversés à l’ordre pour la restauration de l’abbaye, bâtiment sublime abandonné par les hommes et réhabilités en 2004 par ces chanoines devenus plâtriers, électriciens, plombiers…

Je ne m’attends pas à grand chose de nourrissant, j’y vois une simple retranscription de bavardages germanopratins.

En fait, j’ai été détrompée très rapidement : chaque auteur a quelque chose d’intelligent à nous dire, de sérieux, de profond, de drôle aussi. Chacun expose ses vues sur le mode de vie de ces 42 chanoines hors du temps. Cela les questionne tout comme le monde qu’ils maintiennent. Pas de préjugés ni de conversions, mais un éclairage particulier en fonction de la sensibilité de chacun. C’est formidable !

Mention spéciale à Pascal Bruckner, Jean-René Van der Plaetsen, Boualem Sansal et à Simon Liberati qui, dans leur genre bien différent, expriment une sensibilité au fait religieux qui interroge profondément l’homme moderne dans ce monde si vide de sens.

La dernière controverse sur ce livre tombe à plat lorsqu’on le lit vraiment : il n’y a pas d’apologie de la religion ni du rite tridentin… il se trouve juste que c’est la règle de la communauté…



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Trois jours et trois nuits

« Alors l’évidence me terrasse : ici, dans cette pièce où nous partageons ce repas muet, se tiennent les derniers des héros. Les seuls braves d’une civilisation mourante, empoisonnée par l’égo et l’hédonisme marchand. »

Le grand voyage de trois jours et trois nuits de 14 écrivains en l’abbaye de Lagrasse en vivant selon la règle augustinienne en clôture avec les chanoines. Quatorze regards, quatorze sensibilités, quatorze plumes offrant au lecteur une unique opportunité d’enrichissement spirituel au moment où le monde gouverné par les chiffres s’enferme dans le bruit et les divertissements. Cet ouvrage dans un monde sombre apparaît comme un signe d’espérance.


Lien : https://www.quidhodieagisti...
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Suite aux terribles événements qui ont endeuillé notre pays en janvier 2015, "Le livre de poche" a pris l'initiative de publier plusieurs textes d'auteurs et de reverser le bénéfice de la vente à Charlie Hebdo.



60 textes d'auteurs contemporains et d'auteurs des siècles passés composent ce recueil.



Autant d'auteurs, autant de points de vue, autant de manières de réagir face à la barbarie.



Certains textes apportent des pistes de réflexions, d'autres écrits à chaud sont davantage empreints d'émotion. Les textes d'auteurs des siècles passés nous apprennent que certaines problématiques ont la vie dure, que la liberté de pensée est un combat.



Autant d'auteurs, autant de points de vue, écrivais-je plus haut. Donc difficile d'adhérer à toutes les opinions publiées, question de sensibilité, de vécu, de personnalité. Mais je ne peux que louer l'élan de solidarité suscité par cette belle initiative.
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Trois jours et trois nuits

"Un monastère est comme un livre", écrit Xavier Darcos à la fin de sa contribution à cet ouvrage, "il existe une parenté invisible entre la fréquentation d'une abbaye et le miracle de la lecture... [La] porte d'entrée pivote sur ses gonds, et nous passons d'un monde à l'autre, comme la couverture d'un livre se plie suivant la reliure, ouvrant à l'esprit de nouvelles perspectives." (p. 331) Quatorze écrivains français, les uns connus, les autres intéressants, parfois les deux, ont fait un séjour de trois jours et trois nuits à l'abbaye de Lagrasse, près de Narbonne, et ont contribué par leur témoignage à cet ouvrage collectif.

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Ce livre sera profitable pour des raisons culturelles, puisqu'on connaîtra des auteurs contemporains d'intérêt inégal, en de courts textes qui permettent au lecteur de satisfaire rapidement sa curiosité. Trois au moins de ces textes, dont celui de Xavier Darcos, retracent la longue histoire de la tradition latine et romaine dont procède Lagrasse, édifiée au temps de Charlemagne pour opposer à l'invasion islamique une "muraille de prières", prières selon la règle monastique de Saint Augustin et du Bréviaire latin. De façon générale, les réflexions sur la culture et sur ses liens avec le christianisme sont profondes et éclairantes.

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Puisqu'il s'agit de vie monastique, l'ouvrage a une portée spirituelle : on y insiste beaucoup sur la vie quotidienne des moines, sur le sens spirituel de leur traversée du temps et de l'histoire, ainsi que sur leurs parcours personnels en quête de Dieu. Enfin, le séjour de ces écrivains à l'abbaye leur est souvent l'occasion de faire le point sur l'état de leur âme et de leur vie, de leurs certitudes ou de leurs doutes. Devant pareil exercice introspectif, le lecteur en fera autant, au contact de la tradition chrétienne ancienne, généreuse et profonde d'examen de soi, dont témoignent les Confessions de Saint Augustin.

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Ce livre collectif paraît dans une France où des églises sont brûlées, des prêtres et des fidèles tués en raison de leur foi, dans l'indifférence et l'inertie des autorités, le silence des "grandes consciences" pharisaïques des médias. Il nous offre l'occasion de réfléchir à ce que deviennent historiquement notre nation, notre culture, et nous-mêmes, entre les mains de mauvais pasteurs. La chronique de Camille Pascal, troisième texte du volume, nous y invite aussi, en racontant la fondation de Lagrasse par Charlemagne de retour d'Espagne, en 778. En 2022, le produit de la vente de ce volume servira à la restauration du transept roman de l'église abbatiale, ravagée en 1792. A méditer entre ces dates, on prend conscience que la France n'est pas née en 1789 et que son message ne se réduit pas aux creuses "valeurs de la république".
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Ce que nous avons eu de meilleur

L’auteur nous parle de Zahia, une résidence marocaine où il est invité privilégié depuis dix ans.

Zahia a toute une histoire, elle est passée par de nombreux propriétaires dont Alain Delon, elle a reçu d’illustres visiteurs.

Actuellement encore, des gens célèbres s’y côtoient, une jet-set intellectuelle et artistique. Il semblerait qu’elle appartienne actuellement à Bernard-Henri Lévy et Arielle Dombasle.

Le narrateur (Enthoven lui-même ?) se sent vieillir et fait le point sur sa vie, à l’âge où l’on fait le constat de ce que l’on a été, ou pas été, de ce que l’on est en train de devenir.

J’avais été un peu échaudée par rapport à Jean-Paul Enthoven en lisant « Aurore », que je n’avais pas aimé.

Mais ici, le style est beau, l’écriture fluide et la lecture plaisante.

Certes, on retrouve cette existence de « bobos » désoeuvrés, mais il y a une profondeur et une sincérité qui ne laissent pas indifférent.

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Dictionnaire amoureux illustré de Marcel Proust

Un livre magnifique qui nous permet de (re) plonger dans l'oeuvre et l'époque de Marcel Proust. De belles illustrations, un texte facile à lire et néanmoins documenté. J'ai beaucoup aimé même si je devrais m'y replonger de temps à autre car une lecture linéaire ne m'avait pas apparue comme allant de soi. mention pour le questionnaire évaluant sa "proustitude". C'est drôle en plus. A recommander aux amoureux de Marcel!
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Jouons avec Clark Gable

D'après le roman Night Bus de Samuel Hopkins Adams, Gable triomphe dans l'un des premières comédies loufoques (screwball comedy) du cinéma. Ce film américain réalisé par Frank Capra en 1934 avec Claudette Colbert s'intitule:

Paris Roubaix
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