Citations de Jean-Pierre Boudine (41)
Le simple fait de regarder en face un enfant de sept ans , quand il devient clair que l'avenir se meurt à toute vitesse, est une torture.
La route est fatale au désespéré.
Comme si quelque chose de l’ordre d’une dégradation , d’un pourrissement , remontait du sud vers le nord par capillarité .
"Nous ne pensons pas forcément la réalité. Nous pensons ce que nous pouvons penser."
Seul ou en groupe, quand on ne connaît pas la montagne, on ne peut pas y survivre trois semaines. Au-dessus de deux mille, deux mille cinq cent mètres, elle est toujours dangereuse, il faut en connaître les pièges, et surtout, elle exige une qualité d'attention permanente que n'ont pas les citadins ici. En ville, ils sont sur leurs gardes. Pour eux, au contraire, la montagne est belle, paisible, amicale. Ils se détendent, sont heureux, et c'est alors qu'elle les tue, enfin, de temps à autre.
L'homme ne vit pas de pain, il vit de sens.
"Quelque citadelle que nous bâtissions, l'ennemi sera à l'intérieur, puisque c'est nous-mêmes."
Ce que l’Homme sait faire, il veut le faire et il le fait.
"J'aurais cru les pigeons plus bêtes. Non. Tout animal peut comprendre assez vite ce qui est utile à sa survie. Sauf l'homme, apparemment."
Nos maîtrises sont parfaitement illusoires. Nous sommes trop intelligents pour exister durablement.
Les Etats-Unis, concentraient la majorité des détenteurs d’armes. Il fallait bien que cela soit utilisé un jour. Enfin, tout cet arsenal avait trouvé son sens : viser, tirer, mutiler, tuer.
Par ailleurs, nous n'avons pas plus le choix que ne l'avaient nos ancêtres du seizième siècle, quand les sciences et les technologies se sont développées. Voilà la vraie raison: ce que l'homme sait faire, il veut le faire et il le fait. Si nous abandonnons la technologie, et si l'humanité survit, elle remontera (ou descendra) la même pente, et reconstituera la technologie, simplement, cela prendra plus de temps. Il y aura la même floraison de superstitions, la même succession d'impasses, les mêmes épisodes de barbarie.
"Tant qu'il y a de la vie, ça parle d'espoir, mais c'est une raison de faire taire la vie."
Il faut savoir ce qu'on va manger, ce qu'on va boire, où et comment on va dormir, pour voir la beauté du monde.
Sans la civilisation, nous sommes moins que des animaux. (p.103)
Nous sommes trop intelligents pour exister durablement. (p.94)
Les hommes politiques ? Ils avaient peu d’autorité, ayant peut-être eux-mêmes sapé la confiance que, spontanément, les gens font aux dirigeants.
On aurait pu penser qu’en perdant la civilisation, nous serions retournés à un état antérieur. Cela ne s’est pas produit. La civilisation moderne nous mettait très au-dessus des animaux, mais elle avait complètement détruit les étages, disons, inférieurs, qui nous rattachaient à notre nature, ou à la nature. Le dynamisme (tellement admiré) de la civilisation moderne a balayé les modes de vie plus simples. Et lorsque la civilisation s’est effondrée, nous n’avons pu vivre ni comme des barbares saxons, ni comme des Indiens guaranis, ni comme des chimpanzés. Nous sommes devenus des riens, errants, furieux, cruels, peureux et haineux…
Certes, la civilisation humaine aurait fini par détruire l’environnement si elle avait duré. Mais elle se détruisait elle-même encore beaucoup plus vite.
L'espoir fait vivre, disait-on autrefois. Mais dans notre situation, il est vrai que l'espoir épuise, égare, tue.