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Citations de Jean-René Van der Plaetsen (73)


"Nous étrangers, écrivit Amilakvari au soir de la bataille de Bir-Hakeim, nous n'avons qu'une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l'accueil qu'elle nous a réservé : nous faire tuer pour elle."
(...)
Je ne pouvais penser un instant que viendrait un jour où, nos femmes et nos enfants se faisant assassiner le soir de la fête nationale, et nos prêtres égorger dans leurs églises, les mots d'Amilakvari prendraient une si étrange résonance. Que s'est-il passé pour que nous perdions ainsi le fil de notre histoire ?
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Au fond, se disait-il à présent, la vie était à l’image d’un manège de chevaux de bois. Au début, on tourne sans s’arrêter, et l’on croit que la ronde ne s’interrompra jamais, parce que la musique de fête foraine est douce comme l’enfance et qu’elle vous enivre, et l’on s’enhardit alors, et l’on commence à y croire, certain que l’on est de pouvoir dominer le mécanisme du manège, ce manège qui est un autre mot pour désigner la destinée, et l’on s’efforce d’attraper les anneaux à l’aide d’un bâton que l’on tient avec fierté au bout du bras tendu, à la manière d’un chevalier qui charge au cours d’un tournoi avec sa lance portée en avant, et tout cela sans imaginer qu’il faudra bien finir un jour par descendre de son destrier de bois, car vient un moment où l’on en tombe, par fatigue, par inadvertance ou du fait d’un événement extérieur, et la musique expire alors comme dans un dernier souffle. Trois petits tours et puis s’en vont, dit la chanson.
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Lorsque je dois nommer un personnage dans un de mes romans, expliquait-il au cours du dîner, dans le brouhaha de la conversation et le cliquetis des couverts sur les assiettes, je commence par consulter de vieilles correspondances du xviiie siècle, des faits divers dans les journaux du xixe siècle ou des annuaires du xxe siècle. Et puis je finis par choisir un patronyme éteint ou oublié de tous. Parce que, concluait-il avec autant d’éclat que de fierté manifeste, j’ai observé que le nom d’un personnage de fiction ne paraît véridique, et donc crédible, que s’il a été réellement porté par quelqu’un dans la vraie vie.
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Il ne savait pas encore, à la différence des grands peintres, que le décor ordonne le maintien et l’existence des êtres qui y évoluent.
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Depuis qu’il était arrivé à Ras-el-Bayada, il avait découvert avec une immense surprise combien les guérillas modernes ressemblaient peu à l’idée que l’on pouvait se faire de la guerre classique. La chaleur omniprésente, l’indolence de l’Orient, une routine émolliente, le sens du danger qui s’émousse et puis, soudain, une attaque qui claque comme un coup de foudre. En général, les dégâts matériels s’avéraient importants et il fallait hélas toujours déplorer des morts de chaque côté. « Dans les états-majors d’aujourd’hui, on appelle ça les conflits d’intensité basse ou moyenne », lui avait dit un jour Belleface, qui avait ajouté : « Et ça dit bien ce que ça veut dire : un conflit d’intensité moyenne, c’est-à-dire une guerre sans artillerie ni aviation, et donc sans vraie bataille, avec seulement des gus pour tenir le terrain et des snipers pour les dégommer, c’est une guerre qui ne dit pas vraiment son nom. Une guerre hypocrite, en somme. »
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Favrier se souvint alors de la visite qu’il avait faite, quelques semaines plus tôt, à Jérusalem, à la faveur d’une permission. Lorsqu’il était arrivé sur l’esplanade des Mosquées, qui surplombe le Mur des Lamentations, et qu’il s’était trouvé face au Dôme du Rocher, sous le grand soleil de midi, il s’était dit que toute cette région puait l’idée de Dieu. Se reprochant quelques instants plus tard ce verbe employé d’instinct, il s’était plongé dans une profonde méditation et avait conclu, après réflexion, qu’il n’y avait pas d’autre terme pour décrire ce qu’il ressentait.
(…) cette terre était bien la terre originelle, la matrice des hommes et des trois grandes religions, terre sainte, terre de combat et terre promise à la fois, celle d’où tout part et où tout revient toujours.
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Car El-Khoury ne pouvait ignorer que son billet pour Beyrouth était sans retour. Quels étaient donc les ressorts et les motifs de l’amour inconditionnel qu’il vouait à son pays ? El-Khoury avait souvent dit à Favrier que la Terre sainte des chrétiens s’étendait jusqu’à Tyr et Sidon, et que cela était déjà, en soi, une raison suffisante pour la défendre. Mais ce n’étaient là que des mots, un discours bien rodé par des heures de discussions avec ses camarades kataëbs, et Favrier avait perçu qu’il entrait autre chose, quelque chose de bien plus profond, dans l’amour sans limites que son ami portait à la terre de ses ancêtres. Le Liban, pour El-Khoury, était une idée, celle d’une démocratie permettant aux trois religions révélées de cohabiter en paix, à défaut de pouvoir vivre dans une improbable harmonie. Mais c’était surtout un lieu, avec des paysages, des couleurs de ciel et des odeurs, dans lequel vivaient et mouraient des êtres de chair et de sang.
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El-Khoury avait tout pour lui, la jeunesse et la beauté, l’intelligence, la force et la richesse, et il était mort pour ce petit pays qu’il qualifiait de paradis. Comment peut-on tout sacrifier pour une idée ? Comment peut-on renoncer à tout ce que désirent la plupart des hommes alors que la chance vous a permis de le posséder ? Existait-il un domaine supérieur à tous les autres, qu’il fût de l’ordre du sentiment, de la foi ou du concept, qui justifiait que l’on mourût pour lui ?
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C'est l'une des lois de l'adolescence que de ne pas comprendre la vérité des adultes. (p.79)
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La sarabande des plaisirs est le plus merveilleux des pièges pour les esprits en quête d'absolu [...] parce que ces derniers s'y jettent avec la force de ceux qui veulent à tout prix donner un sens à leur vie - fût-ce celui de l'autodestruction. (p.37)
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C'est la grandeur de nos démocraties avancées que d'essayer de prévenir et de résoudre les conflits par la diplomatie et la négociation. Mais l'honneur commande de dire non lorsque l'essentiel est en cause. Or il n'y a pas de grandeur sans honneur. (p.210)
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Il ne s'était pas marié, n'avait connu d'autres amours que de passage car la guerre, quand on s'y jette de toute ses forces, est un emploi du temps à temps complet, et parce que, au fond, il préférait la compagnie des hommes à celle des femmes.
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Je ne souhaite pas alimenter de vieilles et inutiles polémiques mais il est indéniable que la IVe République a procédé à une véritable purge parmi les cadres de l'armée issus de la France Libre, purge si draconienne et féroce qu'on peut la qualifier, sans exagérer, de tentative d'épuration du gaullisme militaire.
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En vérité, les hommes constituant le personnel politique de l'après-guerre, souvent issus de la IIIe République, avaient, on le sait, retrouvé avec une intense jubilation et une immense volupté les délices et poisons de la vie qu'ils aimaient mener : leurs si subtiles combinaisons, leurs laborieuses mais prometteuses tractations, leurs convictions à géométrie variable, sans oublier les incessantes trahisons, si peu condamnables à leurs yeux d'un point de vue moral qu'elles étaient justifiées par la nécessité de nouer des alliances de circonstances afin de pouvoir gouverner.
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Mon Dieu, que la vie était fragile pour les hommes forts ! Et qu'elle était injuste pour les hommes désintéressés ! Au fond, je ne me suis vraiment jamais remis de cette découverte, qui paraîtra une évidence au plus grand nombre, et qui date pour moi de la fin de mon adolescence : pourquoi la vie est-elle si douce envers les voyous et les hors-la-loi alors qu'elle s'avère si dure pour les hommes bons, loyaux et généreux ?
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C'était l'un des principaux piliers de toute civilisation: suivre l'enseignement de ceux qui vous permettent de mettre en pratique vos propres inclinaisons, convictions ou aspirations. (p.256)
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Raconter à un étranger ce qu'un homme est capable de faire en temps de guerre, le pire comme le meilleur, est une autre histoire - les protagonistes des conflits le savent bien, et c'est sans doute la raison pour laquelle ils gardent le silence sur leurs agissements passés. (p.192)
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La loi des hommes est celle de la guerre et les codes des femmes sont ceux de la paix. (p.129)
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Les armes les plus sophistiquées du monde ne peuvent rien contre une multitude d'hommes qui n'ont pas peur de la mort. Cela s'est toujours vérifié dans le passé. Je dirais même que c'est le ressort de toutes les grandes invasions. (pp.114-115)
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Un idéal permet de pousser un homme jusqu'au bout de lui-même, jusqu'à ses dernières extrémités - et cela, c'est le territoire même des soldats, et leur quotidien en temps de guerre. (p.65)
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