Poitiers : centenaire naissance
Jean-Richard BLOCHPour le Centenaire de sa naissance, retour sur la vie de
Jean-Richard BLOCH. Ce poitevin polyvalent, romancier, essayiste, homme
politique reste toutefois méconnu en France. Il a côtoyé les grands écrivains de son époque comme
ARAGON,
GIDE ou encore
DRIEU LA ROCHELLE. Michel BLOCH raconte l'attachement de son père pour Poitiers, cadre de plusieurs de ces histoires. Nathalie VALIN récapitule...
Dans le vent du soir
Le corbeau retardataire
Croasse et se hâte.
Sur la haie se dresse
Un tuyauté attentif
L 'âne pointe les oreilles.
Les giboulées bleues d'avril
Croisent dans le ciel
Leurs ciseaux mouillés
Elles s'élèvent tragiques
Les fumées blanches de la gare
Sur la craie du ciel.
La grandeur de l'Orient vient de ce qu'il ose conseiller au croyant, une fois au moins dans sa vie, le dépouillement absolu. Pas de musulman dévot qui ne sache que sa foi lui commandera, un jour, de trancher avec ses aises et de quitter ses biens. Il sait qu'il devra, ce jour-là, plonger à son four dans les bas-fonds de la société; il deviendra l'égal du dernier mendiant; il abandonnera son pays natal, les gens qui l'ont vu riche et heureux; il prendra la route, il « marchera la route », uniquement tendu vers le but d'un pèlerinage que les conditions de la vie mettaient souvent à des années de distance. S'il meurt en chemin, il sera enterré où il se sera couché un tertre anonyme abritera ses restes. Mais il sait aussi que, toute misérable qu'elle apparaisse, cette agonie lui ouvrira le paradis avec plus de certitude que s'il achevait ses jours dans sa maison, entouré du parfum des plus éclatantes charités.
De Mr Gabriel Reuillard dans "Paris-Soir" :
L'auteur voit loin, profond et juste. Il montre comment des gouvernants plus habiles que scrupuleux créent l'opinion, comment ils l'entretiennent et la portent au paroxysme pour amener la foule à réagir....
C'est toute la vie d'un peuple, des peuples qui surgit devant nous par ces petits tableaux synthétiques et rapides dont chacun laisse un prolongement infini....
« Mes amis , et toi,la voix courroucée, inapaisable, soyez satisfaits. Avez vous entendu le conte qui précède et la rumeur qui s'en échappe ? Vous savez alors que les derniers enchantements qui me retenaient sont déliés.Me voici prêt à la tâche amère qui est la nôtre.
Notre jeunesse est morte. Reste celle du monde, qui ne fait que commencer.C'est à elle que je porterai les gerbes vigoureuses et triste de mon été.La nuit approche. Plaise à mon destin que, de la nuit aussi, j'apprenne à faire offrande. »Janvier 1925.
- Premier tableau - Les aventuriers - Quelque part dans le monde -
- Deuxième tableau - Les irresponsables - Là-bas. Dans la mère patrie. Une rue de la capitale, comme un étroit passage entre deux ailes d'une prison centrale. Neige. Il est midi. Il pourrait être cinq heures du soir, tant la lumière est crépusculaire.
Encore le bruit du canon. Mais c'est un autre canon. Il tire, au loin, des coups, lui aussi. Cent un, probablement.
La bise d'hiver agite quelques drapeaux mélancoliques aux fenêtres. Très peu, d'ailleurs. L'enthousiasme ne paraît pas vif. Les gens passent, pressés et rares, emmitouflés.
Dans le nombre, deux personnages aussi disparates que Don Quichotte et Sancho Pança, Longuepatte et Tortecuisse.
L'un tout grand et osseux, l'autre tout petit, rose, rebondi. Serviettes chargées de livres sous le bras. Lunettes d'or, pelisses d'hiver, chapeaux de soie sans élégance.
Ils discutent avec animation. Le petit brandit un journal....
(lever de rideau de la pièce extraite de "La petite Illustration" parue en mars 1927)
Mais l’ébranlement de mon réveil n’a pas pris fin. La tempête a continué en force le travail que l’édifice minutieux du matin avait si bien préparé. J’ai perdu pied sous le vent qui me pousse. J’ai passé une journée de plus infidèle à ma France chérie, dans le pays fabuleux de mes origines. J’ai vécu toutes ces heures-ci dans un autre monde que le vôtre, hors de vos coutumes, loin de votre douceur, dans un univers qui ne connaît ni le scepticisme ni l’ironie, et accepte de mourir pour sa liberté, dès lors que c’est la liberté de sa passion. Et telle a été l’intensité de ce rêve éveillé, qu’il restera maître de moi aussi longtemps que je ne m’en serai pas délivré par le moyen dont la femme s’affranchit de l’enfant qu’elle porte. Qu’on sache bien tout d’abord qu’il ne doit être question, dans le récit qui suit, d’exactitude, de couleur locale ni de mœurs fidèlement observées. Simple équipée d’une âme séparée de ses attaches, qui a jailli hors du temps et de l’espace à la rencontre de ses semblables. » Prélude, extrait,1920, la nuit kurde.
L'indignation est un spasme de la virginité intellectuelle, la forme adolescente du désespoir. Livre terrestre, chant premier.