Citations de Jean Rochefort (38)
Je me suis trompé quelquefois, mais toujours avec conviction. Je n'ai jamais ménagé mes enthousiasmes... fussent-ils suicidaires.
Le confort oui, mais le laisser-aller, jamais. (...) J'aime l'habit confortable, mais j'ai la trouille de la charentaise.
Quand on veut amuser les autres, on se doit d'être douloureux soi-même. Il faut forcément y laisser des plumes, sinon le public ne s'amuse pas.
Il y avait dans la carlingue que des poules en cage Belmondo et moi. Et l'hôtesse de l'air : un petit garçon de 12 ans en haillons. C'est lui qui fermera la porte à l'aide d'une ficelle usée...
Embryon, j'espérais que ma mère ferait une fausse couche.
Dans ma onzième année, le maréchal Pétain me pince raisonnablement le lobe d'oreille.Je joue trop près de lui avec une balle en mousse couleur rouille.
Passent quelques décennies, une star mondialement célèbre plaque avec une autorité surprenante et en dehors des heures de travail ses lèvres sur les miennes, m'imposant ainsi un contact buccal qui s'avéra de qualité. Mme Rochefort était présente.
Eric Libiot :
L’autre jour, en conférence de rédaction, à L’Express, s’est tenu un scrutin à main levée pour répondre à la question : "Qui n’aime pas Jean Rochefort ?" Cette question a obtenu zéro voix. Tout le monde vous aime, donc. Comment l’expliquez-vous ?
Jean Rochefort :
Je suis très heureux et très flatté, mais derrière cette unanimité se cache peut-être un manque de personnalité évident, ce qui m’attristerait beaucoup. Je suis quelqu’un, je crois, de poli. J’adore écouter les gens, qu’ils me racontent leur vie. C’est peut-être égoïste, mais j’aime me nourrir des autres. D’où l’image d’un homme plutôt agréable.
Marie-Noelle Tranchant :
Qu’est-ce qui compte le plus pour créer : le rêve ou l’expérience ?
Johnny Hallyday :
J’aime bien connaitre vraiment les choses. On ne peut pas chanter l’amour si on n’a pas connu l’amour. Il faut faire des travaux pratiques.
Jean Rochefort :
T’as pas chômé !
Johnny Hallyday :
Toi non plus.
Quelques obligations : raconter à des enfants que leurs arrières grands-mères avaient des socquettes, des genoux écorchés, et qu'elles courraient en voyant passer les garçons.
Depardieu : « Barbara veut te voir.
Rochefort : « Oui, tu me l’as déjà dit, j’irai. »
L’hiver passe.
Depardieu : « Tu ne vas pas voir Barbara, tu déconnes ou quoi ? »
Rochefort : « Non j’irai sans déconne. »
Je ne savais pas Barbara malade à en mourir.
On est ailleurs, on s’occupe passionnément de soi, quelques satisfactions rendent l’ego encombrant, mais ne pas tenir la main de ceux qu’on aime, de ceux qu’on admire – elle n’aurait pas aimé que j’écrive ça - , les oublier alors ?
Même pas le droit d’avoir honte. Un seul remède : le plus longtemps possible, ignorer.
Mnouchkine et son accent qui se prêtait si bien à ses réactions cyclothymiques réversibles. Comme je l'aimais cet homme!
Le plat principal arrive, pourquoi ne serait-ce pas un cassoulet de pingouin, puisque le monde est fou, puisque folle est la vie, puisque le couple du film 'The Brown Bunny' s'assied à la table voisine ? [...]
A lui de jurer sur la tête de ses proches qu'il ne sera plus jamais membre d'un jury, qu'il n'ira plus jamais au cinéma, qu'il n'en achètera plus jamais les Cahiers.
Et à cet instant, les yeux embués, il décide d'acquérir un petit chien qu'il promènera inlassablement sur les bords de Seine.
J'ai le respect de l'incongru. Et ce goût pour la culture classique, qui me donne une austérité de fonctionnaire. Vous mélangez ça, ça donne un acteur plausible.
Et là, Mastroianni et moi, on aurait ri, ri très fort, comme avant, non, plus fort qu'avant, trop fort, ç'aurait été un rire sur le temps qui passe, sur les amis morts, sur les heures qui deviennent des secondes.
Elle entre dans ma "fermette" . À l'intérieur tout me semble plus hideux encore. C'est elle, c'est Françoise, elle engendre la nécessité du luxe discret, du beau entrevu, de l'élégance masquée. Merde, qui est-ce qui a foutu ces coussins en provenance d'Europe de l'Est sur mon fauteuil, ce fauteuil qui, lui, avait quelques prétentions.
Et à chaque fois que Totò (il Prinicpe) m' entretenait sur l'Italie de droite, Sandra Milo pétait. Un pet de gauche, bruyant, amp!e, olfactivement partageur.
Sans moustache, j'ai l'air de ce que je suis, une vraie saloperie, un faux-derche sans lèvres.
La beauté va sauver le monde
En m'inclinant devant la petite statuette aux yeux livides, j'ai l'impression de m'incliner devant l'Union soviétique toute entière. Car elle sait, la séduisante et terrifiante petite dame, elle connaît, elle cautionne — le bruit court qu'elle a fait partie de la Tcheka, maman de la Guépéou aux mains rouges. Le Kremlin, elle a un double des clefs, nous sommes en 1958, elle trouve Kroutchtchev mollasson.
Ah, Staline ! Petit Père des peuples, c'était autre chose, il en faisait du gâchis, afin que l'« homme nouveau » voie le jour. Vingt-cinq millions emprisonnés, fusillés, affamés, car il était aussi le maître des famines, le Petit Père, il voulait savoir combien de temps ça tient, le Slave cyclothymique, avant de devenir l'« homme nouveau ».