J'avais été enthousiasmée et fort intéressée par le précédent roman de cet auteur-traducteur et libraire d'ancien, "Haute-couture" ( cf . voir ma chronique).
Dans cette nouvelle fiction, nous retrouvons le style très riche de Jean-Yves Lacroix, d'autres thématiques (mais le monde des livres anciens y est présent, une nouvelle fois), et des questionnements, toujours foisonnants. Tour à tour roman d'apprentissage d'un jeune homme dans une période troublée de notre pays, roman "historique" (ou du moins qui décrit en détails l'état des individus lors de la montée du nazisme, et de l'antisémitisme, les personnalités gouvernementales, l'occupation allemande, en France, avec les interdictions de tout poil, dont celles qui annexaient la vie culturelle, etc), s'ajoutent à cela , la description de deux mondes professionnels: l'univers de la recherche scientifique [ la physique] au Collège de France et le monde des libraires de livres anciens....
Qualificatif choisi dans les lignes précédentes: "FOISONNANT". Roman qui mêle et réunit l'histoire individuelle et L'Histoire , tout court.... avec beaucoup de brio...Un jeune homme, Lucien, apprenti libraire fait ses armes chez un libraire d'ancien, rue de Tournon ,Edouard Mesens, personnalité attachante, et atypique, "résistant" à sa manière , féru de poésie, fabriquant des faux-papiers, ...Cela n'empêche pas notre narrateur (-auteur?) d'égratigner tout ce petit monde de collectionneurs, courtiers, marchands, libraires (les vrais, les "purs"...),qu'il connaît si bien !
Une très belle histoire d'amour entre Lucien et Laura , chercheuse en physique au Collège de France, sous la houlette de Joliot-Curie..., .
En parallèle du parcours de nos deux amoureux, Il y a la Grande Histoire, avec ses bouffons et les mensonges, entretenus :
"A travers Joliot-Curie, ce jour-là, comme à chaque cérémonie patriotique qui lui était donné de suivre, Lucien avait le sentiment bouffon qu'un peuple se dédouanait de ses manquements à l'histoire immédiate. de la manière la plus sale qui soit; en glorifiant les victimes, au nom de leur sens bien connu du sacrifice. le silence s'imposait aux morts, sans ménagement. le pays retaillait sa légende à grands coups de ciseaux: La France occupée découvrait ses héros." (p. 307)
Un très fort moment de lecture, offrant toute une mosaïque d'émotions: de la joie, de la fantaisie, du romantisme aux horreurs de tout conflit, de toute guerre, aux compromissions des politiques....
Echantillons du meilleur, du juste au lâche, au traître , rassemblant les visages multiples de l'espèce humaine !!!
Roman d'apprentissage de Lucien, qui recherche un sens, un but à sa jeune existence , dans cette période historique de fortes turbulences....
Chut !!! Je ne piperai mot de la chute...
Même si parfois les phrases sont longues, avec un vocabulaire généreux, et des termes spécifiques [ dont le domaine de la recherche scientifique]...que l'on rencontre peu fréquemment, il faut dépasser cela...
car au final, nous apprenons beaucoup, et le rythme s'en trouve d'autant plus original...et très soutenu.
Un livre très étonnant... à ne pas manquer, à mon humble avis !!
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Une lecture très appréciée... pour deux raisons: le sujet en soi, assez insolite... mettant en parallèle l’existence et les questionnements , à partir d'une rencontre fortuite, de l'auteur avec Guy Debord, de ce dernier et de l'écrivain, Jean-Yves Lacroix, libraire spécialisé en livres anciens.
[Je n'avais pas fait le lien en choisissant par hasard ce roman à la Librairie Tschann, à Montparnasse. Ayant travaillé plusieurs années comme catalographe en livres anciens, j'ai reçu et lu des années durant les catalogues de livres rares rédigés par ce libraire...à l'enseigne de "La Palourde"...]
J'ai fait cette parenthèse pour expliquer le double plaisir à cette lecture: le récit de l'auteur quant à sa vie, étrangement parallèle à celle de Guy Debord pour lequel Jean-Yves Lacroix se passionne, s'interroge...enquête. Dix ans à faire des rencontres , des recherches, des acquisitions, la rédaction de catalogues thématiques tournées vers ce philosophe hors-norme, contesté, aux nombreuses zones d’ombre... ayant laissé moult questions, et mystères, après son suicide.
Un style alerte, coloré, où l'auteur-libraire décrit à la fois sa fascination envers Guy Debord, ses rencontres liées au philosophe: sa veuve, l’un de ses amis, le philosophe Raoul Vaneigem possédant des archives, et des documents. Sans oublier le récit parallèle de ses propres démons, dont les cures de désintoxication, et ces périodes de retrait, où il fuit sa librairie, ses clients…
Quelques passages retenus, qui donnent un aperçu de la progression de ce roman très personnel...que chaque lecteur peut recréer à sa convenance selon ses préférences...la personnalité de Guy Debord, dont on apprend quelques éléments , mais sans plus... le parcours intime de l'auteur, ou l'univers si particulier des libraires d'ancien, leurs usages, leurs compétences, leur quotidien...ou l'ensemble entremêlé...
"J'avais oublié la suggestion de Guy Debord: garder un œil ouvert sur la presse, mais certains êtres, sitôt entrés dans notre vie, se rappellent à nous avec tant d'insistance, tant de science du détail et des choses troublantes qu'on finit par comprendre qu'ils s'y tenaient depuis toujours enfouis. Je ne connaissais pas le nom de Guy Debord et il a suffi de l'entendre prononcer une fois pour que se découvre à mes pieds, dans l'espace de mes bras, une région encore inconnue de moi-même. (p.18)
..."Quant à mon enquête...Les libraires savent toujours tout sur tout, n'est-ce pas, ils en deviennent agaçants, qu'appellent-ils au juste "savoir" ? Un mélange de ce qu'ils connaissent effectivement, de ce qu'ils croient savoir, et du reste qu'ils ignorent. (p.46)
Aucun d'entre eux n'avait fréquenté Guy Debord, ni ouvert un de ses livres ou une des brochures du mouvement, mais tous, avec des airs entendus, m'abreuvaient d'anecdotes et de traits idolâtres"
Le deuxième plaisir m'a été, de pénétrer à nouveau dans les arcanes mouvementées du monde du livre ancien, des marchands, des acquisitions qui engrangent des aventures mémorables et agitées…où l’argent reste au cœur des successions ou des possessions, la rédaction des catalogues, l’accueil imprévisible des collectionneurs à leur parution…de multiples anecdotes, digressions sur ce métier de libraire d’ancien, que Jean-Yves Lacroix exerce à sa manière unique , fantasque , érudite et passionnée.
Ce roman fortement autobiographique est prenant, allègre, mordant, vivant, avec ses zones sombres, offrant un autoportrait de l’auteur à travers une sorte de double choisi : Guy Debord…homme des excès, mélancolique, pris par l’alcool, les femmes, la drogue.
« Mon commerce a très vite pâti de ce nouvel emploi à l’hôpital. Les neuroleptiques rendaient mon élocution difficile et m’inclinaient à fuir la compagnie des clients. Je me souviens aussi de l’humiliation ressentie à la sortie de ma traduction de –Bartleby – quand, au lieu des dédicaces qu’on me réclamait avec civilité, je rendais mes pâtés de loque. En maintes occasions, surtout, je me suis perdu aux yeux des hommes. (p.117)
J’ai lu avec plaisir et curiosité ce texte ,en une soirée…Intriguée, j’ai envie de découvrir de cet écrivain, sa biographie romancée d’Omar Khayyam , « Le Cure-dent »
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Lucien, sosie d'un Rimbaud adolescent, est embauché comme apprenti par Edouard Mesens, patron de la librairie à l'enseigne « Les corps intermédiaires ». Auprès de ce « despote éclairé », le jeune affidé, plutôt doué, va apprendre les rouages du métier. Il va aussi découvrir l'amour dans les bras de Laura, une jeune et piquante italienne venue étudier la physique et qui participe aux travaux de Frédéric Joliot -Curie, professeur au Collège de France .
Mais c'est, bientôt à d'autres jeux moins sensuels, beaucoup plus dangereux et cruels qu'il sera confronté, la guerre venue.
J'ai retrouvé avec plaisir un passage que je connais bien celui, de l'évacuation de « l'eau lourde » en provenance de Norvège pour le mettre à l ‘abri de la convoitise des Allemands (pages 123-125).
Or cette évacuation a été initiée par Raoul Dautry alors Ministre de l'Armement après accord d'Edouard Daladier , président du Conseil. Il put ainsi envoyer une mission en Norvège pour récupérer le stock d'eau lourde et, en pleine débâcle, organiser sa mise en sécurité en Angleterre, cette précieuse matière voyagea en compagnie du Général de Gaulle le 16 juin 1940.
Raoul Dautry fut maire de Lourmarin et repose près d'Albert Camus !
J'ai eu quelque difficulté à entrer dans la lecture, puis, l'alchimie des mots, du style, la prégnance de l'histoire ont opéré.
J'ai aussi apprécié le vocabulaire foisonnant, érudit où se mêlent les termes techniques, ceux de l'art de la reliure, ceux de la physique …, mais où se cachent, malicieusement aussi des expressions argotiques !
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Qui était Guy Debord, le fondateur de l'Internationale situationniste, ce courant libertaire des années 70 tombé, avec son fondateur, dans un oubli profond, sauf la mémoire de certains gauchistes nostalgiques, ou quelques proches du comploteur en chef ? En menant une enquête, un libraire marchand de livres anciens, de parchemins et de manuscrits, va découvrir les parts d'ombre de cet homme qui lui ressemble étrangement. On tombe alors dans l'absurde kafkaïen où le chercheur et le sujet de sa recherche fusionnent, ce qui est d'autant plus facile que les deux ont une compétence à absorber des litres et des litres d'alcool facilitant cette métamorphose. Oui, mais le problème c'est que lecteur ne suit pas forcément, s'ennuie dans cette déroutante narration qui manque de sens, et s'estime avoir été piégé par un sujet racoleur (Guy Debord est un bon sujet, son mouvement était un des derniers grands défis sociétaux du XXème siècle) traité au seul avantage du narrateur.
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Nous sommes en 1938, Lucien, un jeune homme de 16 ans élevé dans le culte communiste devient apprenti-librairie aux « Corps intermédiaires », une librairie spécialisée qui appartient à un certain Edouard Mesens. C’est dans ce paradis de livres qu’il rencontre (ou plutôt voit) pour la première fois Laura, une italienne de 19 ans… Elle est étudiante en physique au collège de France et est aussi aide laborantine auprès des Curie. C’est là que la « pechblende » apparait ! Ce matériau, objet de travail de l’équipe de Laura sur la « scission nucléaire » (et donc sur la bombe atomique)…
Dans ce roman, on suit Lucien. On le voit évoluer dans le milieu des livres : découvertes, apprentissage chez un relieur nommé la Taupe. Et on le voit s’épanouir en amour ! Mais on suit aussi le pays tout entier, les réactions des uns et autres face à l’occupation et ce qui suit : ceux « pour », ceux « contre », ceux qui deviennent des victimes, ceux qui deviennent acteurs…
Pechblende est un roman sur la seconde guerre mondiale (et sur l’avant-guerre) qui met en avant la vie des civils (par les protagonistes de l’histoire), leurs choix et les actions qu’ils mènent pour survivre et/ou protester contre l’occupant et la guerre : résistance, faux papiers, refus de s’engager…
C’est un roman que j’ai globalement apprécié, notamment car il est question du milieu des livres pendant cette période de l’Histoire (les librairies qui ferment car leurs propriétaires sont juifs, la liste Otto…) et que l’auteur nous dépeint une image des civils pendant cette période (ils doivent vivre malgré tout ce qui se produit autour d’eux, ils doivent faire de durs choix…). Le côté « scientifique »/« physique » m’a un peu moins plu (ce n’est que mon avis personnel), cependant le fait qu’il soit mis en parallèle avec le milieu des livres est quelque chose de vraiment original : on se retrouve avec, d’un côté Lucien (les livres) et Laura (la physique), tout ceci relié (par l’amour) !
Cependant, je ne me suis pas vraiment attaché aux personnages, et j’ai eu du mal à rentrer dans le livre et à bien comprendre certains faits à des moments précis dans le roman. Bien que différents thèmes comme l’amour et l’aventure soient présents dans le roman, je n’ai pas été emportée dans cette histoire.
Malgré mon ressenti mitigé, « Pechblende » reste un roman très intéressant grâce auquel le lecteur apprend de nombreuses choses. Jean-Yves Lacroix a aussi fait un énorme travail de recherche, et son écriture est vraiment agréable à lire.
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second roman de Jean Yves Lacroix, dont le cadre est la période de l'Occupation. Il met en scène un jeune apprenti libraire , Lucien , passionné de poésie qui va "grandir"au fil des ans en apprenant son métier, en tombant amoureux , en se confrontant aux dures réalités de l'époque . Roman d'amour , roman politique mais aussi roman d'aventure ,parfois grave , souvent drôle, très documenté, écrit dans un style ciselé . Superbe.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de masse critique, et j'avoue avoir eu du mal à m'y mettre...Je l'ai ouvert, puis refermé, puis réouvert, jusqu'à ce qu'il me tombe des mains!
Je ne dois pas être la lectrice cible, je ne me suis intéressée ni à l'histoire ni à la forme de l'écriture, plutôt élitiste. Le résumé ne semblait pas dépourvu d'humour et Guy Debord un bonhomme plutôt sympathique...Hélas, je me suis vite lassée des tournures ampoulées et du manque de rythme dans la trame.
Tant pis, ce n'était pas pour moi cette fois-ci!
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Jean Yves Lacroix est libraire ,spécialisé dans les livres anciens, son échoppe s'appelle « la Palourde » Après des récits , son premier roman paraît en 2013 sous le nom de « Haute Epoque » , et Guy Debord (théoricien révolutionnaire) en est le personnage principal.
Ici, le roman se passe en 38, et toujours dans le milieu fermé des livres anciens.
Lucien est un jeune homme élevé dans le culte du communisme, son père a officiellement été tué par un anarchiste.
Après de belles études, il entre comme apprenti-libraire chez un patron bienveillant qui n'a aucun secret pour lui.
Mais vient la guerre, la méfiance s'installe, même entre « amis », les juifs sont pourchassés, et leurs commerces sont des prises intéressantes et lucratives ; d'où une période trouble où le monde de l'Art devient aussi un monde perverti par des escrocs en tous genres.
Parallèlement Lucien tombe amoureux d'une jeune physicienne du Collège de France ; voilà l'apparition de le Pechblende(pierre de malheur) qui est un minerai radioactif.
A cette époque, on comprend aisément de quels malheurs la scission de l'atome et l'uranium seront responsables.
S'installe l'Occupation, Lucien , plutôt veule ne sait où tourner jusqu'à ce qu'il apprenne les véritables circonstances de la mort de son père.
C'est un roman bien écrit, exigeant, bien articulé, et pourtant de lecture facile. L'approche de la guerre qui révèle les vieux renards et les jeunes loups est bien observée.
Je verrais bien ce roman dans les premières listes des Prix à venir.
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Peinture originale du milieu de la bibliophilie à la fin des années 30 à Paris et sous l’occupation.
Autour d’un héros qui n’en a pas vraiment l’étoffe, surgissent des grands noms de l’époque (Majorana, Curie, Breton) et des personnages intenses (ses mentors bibliophile et philosophique, sa compagne) qui donnent du souffle à cette histoire. Un secret de famille dévoilé, une époque secouée par la Grande Histoire et une passion “irradiante” transformeront cette petite vie poussiéreuse en une destinée médaillée, et les héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
Cette grande histoire est probablement évoquée de manière trop rapide, trop elliptique. Cependant, de nombreux personnages secondaires atypiques font l’objet de descriptions truculentes.
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J'ai lu ce livre à très peu de distance de Sorbonne Plage d'Edouard Launet et je me retrouve à nouveau autour de l'atôme. Mais ici tout ne tourne pas sur cette seule thématique. La guerre est aussi bien présente et le personnage principal y est mêlé malgré lui, par l'amour de sa vie, une physicienne qui travail dans le laboratoire de Frédéric Joliot-Curie. Lui, son domaine se sont les livres et les livres anciens. Il débute dans ce monde particulier des libraires et en apprend toutes les ficelles, mais aussi toutes les tricheries. Mais la guerre est là et il va falloir faire des choix, presque malgré soit. Ce sont dans ce livre de très beaux portrraits de gens ordinaires qui doivent évoluer dans une période trouble. Un très beau roman!
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