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Citations de Jean d` Aillon (601)


De rares équipes de quelques hommes épuisés passaient parfois dans les travées, et lorsqu’un homme d’Église, ou un chirurgien accablé, leur faisait signe, ils se saisissaient du corps désigné dont on leur précisait le nom ou la position sociale – s’ils étaient connus – et le transportaient vers l’entrée de la cathédrale où les morts étaient rangés – amassés serait plus juste – suivant leur caste.
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Des rats dodus et insolents couraient un peu partout, savourant dès qu’ils en avaient l’occasion, un doigt ou l’orteil d’un cadavre avant qu’on ne l’emporte pour une tombe qui resterait oubliée de tous.
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Des religieux administraient les derniers sacrements et soignaient, quand ils le pouvaient, dans la plus grande promiscuité et la plus complète saleté. Les poux, la vermine, la gangrène restaient les véritables maîtres des lieux. Nul rideau n’isolait les mourants, et plus encore les morts que l’on abandonnait en les roulant simplement dans des linges ensanglantés qui deviendraient leurs linceuls. Des plus nobles capitaines aux plus simples fantassins, tous étaient traités pareillement.
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Le plus insupportable, ce n’était cependant ni l’odeur ni la vision de cauchemar de ces innombrables corps meurtris ou malades ; non, le plus insoutenable, le plus angoissant, c’était le silence. Un silence poisseux, profond, ponctué de rares et déchirants gémissements.
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La cathédrale Saint-Sauveur n’était plus qu’un immense hôpital pour les vivants et un cimetière pour ceux ayant terminé leurs souffrances. Dans le chœur et les travées, partout à même le sol, d’innombrables corps étaient étendus sur des paillasses sales et rougies de sang, parfois de simples draps. Malgré les hautes voûtes de l’église, l’odeur était suffocante : mélange à la fois aigre et fétide d’excréments, de vomissures, de sang, de pourriture et de mort.
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La FRance de demain, c'est vous, la bourgeoisie, les artisans, les commerçants, qui la construirez. Je ne suis pas noble et la noblesse n'est qu'un moyen d'arriver à ses fins. La vraie noblesse est celle du coeur. Appliquez donc désormais ma devise "Quand on a le coeur, on a tout".
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Tandis que Mondreville – un peu effaré par la gravité du meurtre qu'ils venaient de commettre – vérifiait que tout le monde était mort, Petit-Jacques retira la flèche de la poitrine du cocher et enfonça, à sa place, une écharde du coche. Puis il fouilla le prévôt, déroba son argent et la lettre du duc de Sully.
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Comme il n'y avait personne d'autre sur la route, les deux assassins s'approchèrent. Les chevaux, jambes brisées, hennissaient en se débattant. M. de Tilly avait été éjecté du véhicule qui lui était passé dessus en l'écrasant. Sa tête ensanglantée ne laissait aucun doute sur son décès. Son épouse, toujours à l'intérieur, avait la nuque à angle droit et la bouche en sang. Comme seul le valet gémissait, Petit-Jacques descendit de cheval, avisa une grosse pierre, la saisit et lui cassa la tête.
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Mondreville et Petit-Jacques, un sourire de victoire aux lèvres, s'arrêtèrent, laissant le coche dévaler la pente à une vitesse folle, sûrs du sort de ses malheureux passagers. Ils entendirent Mme de Tilly hurler. Et, à la première courbe, virent la voiture, dont le train avant ne pouvait osciller, se renverser et rouler sur elle-même plusieurs fois, entraînant les chevaux.
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Tous ses capitaines, le duc de Montpensier, le maréchal d'Aumont, Biron, le prince de Conti, M. de La Trémoille, M. de Fleur-de-Lis, le baron de Dunois, Nicolas Poulain et bien sûr le baron de Rosny, l'avaient acclamé. Ils étaient treize mille en face des seize mille hommes de la Ligue et des régiments espagnols commandés par les ducs de Mayenne et d'Aumale.

Cette bataille opposait le fanatisme à la tolérance, l'Espagne à la France, l'intrigue à la vertu. Elle devait décider du sort de la France. Dans la fureur des combats, Rosny avait été percé de plusieurs blessures avant de tomber et il aurait été piétiné par les chevaux s'il n'avait été protégé par Tilly. C'est au sortir de cette effroyable boucherie que Henri IV avait accordé à son vieux compagnon le titre de franc chevalier.
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Louis de Tilly, d'une naissance illustre, appartenait à l'une des plus vieilles familles de Normandie puisque les siens avaient pour ancêtre Philippe d'Harcourt, lui-même descendant d'Enguerrand d'Harcourt, compagnon de Guillaume le Conquérant. Participant aux croisades, ses ancêtres avaient toujours servi fidèlement leur roi sans pour autant jamais faire fortune.

Louis avait seize ans quand il avait rejoint le baron de Rosny, car son père, bien que catholique, avait été officier dans la maison de Maximilien de Béthune2. Il se trouvait aux côtés du duc dans la plaine d'Ivry, le matin du 14 mars 1590, tandis que son aîné, Hercule, combattait du côté de la Ligue. Comme tous les soldats, il avait donc entendu les fortes paroles du nouveau roi Henri IV avant la bataille :
— Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache. Vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire !
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Le jeune Louis XIII avait neuf ans quand son père Henri IV fut assassiné par Ravaillac, le 14 mai 1610. En à peine trois ans, sa mère, la régente Marie de Médicis, dilapidait les richesses accumulées par Henri, le bien-aimé, et rallumait la guerre civile. Sully avait démissionné en 1611 et Concini devenait maréchal de France en 1613. Une fois le Trésor à sec, la régente avait convoqué les états généraux pour faire avaliser de nouveaux impôts, multipliant les mécontents.
Ainsi, la sinistre prévision faite un jour par Henri IV à l'encontre de celui qu'il appelait le Conchine : Si j'étais mort, cet homme-là ruinerait mon royaume1, s'était vérifiée.
Gouvernant avec Concini et quelques ministres avides, Marie de Médicis avait ligué contre elle le peuple de France. Les princes s'étaient révoltés et le premier d'entre eux, Condé, que l'on disait pourtant conçu des amours coupables de sa mère avec un page2, avait annoncé qu'il prenait les armes pour le roi, pour sa liberté, pour la conservation de sa couronne et des lois du royaume.
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Le maréchal d'Ancre adressa alors un signe à Nardi pour qu'il raccompagne le commis.
Dès que les deux hommes furent sortis, il dit à Bernardo Gramucci :
— Je rentre à Paris demain, Bernardo10. Je reviendrai le 7 avril et je vous verrai alors pour savoir où en est l'affaire.
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— Vous le savez, monsieur Mondreville, les sommes que les receveurs encaissent ont une triple destination assignée par un ordre du roi, débuta Balthazar Nardi sur le ton d'un homme de loi.
— Oui, monsieur. C'est la distribution des finances.
— C'est cela. Une partie est affectée aux dépenses locales, comme les appointements d'officiers, les travaux publics ou les arrérages de rentes, une autre conservée par le receveur, enfin, le reste transporté à la caisse dont dépend le receveur, c'est-à-dire à la recette générale ou à l'Épargne, à Paris. Cette opération, appelée la voiture des deniers, se révèle particulièrement délicate, car on doit prendre des précautions à la fois contre l'insécurité des chemins et la malhonnêteté des receveurs. Une première vérification est faite au départ par un élu délégué ou un trésorier de France. Ensuite, comme le convoi est exposé à être attaqué et pillé par les gens de guerre et les vagabonds sur le grand chemin, les archers de la prévôté sont tenus d'escorter le transport. Malgré ces précautions, de nombreuses attaques contre le voiturage des deniers se sont produites au cours des derniers mois. Devant l'insécurité des routes, le receveur général de Rouen a décidé d'envoyer les tailles à Paris dans une gabarre halée protégée par une centaine de mousquetaires à cheval. Comme aucune attaque ne sera possible dans ces conditions, il fera transporter un million de livres sans aucune pièce d'argent. Uniquement de l'or.
— Un… million ! C'est impossible !
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— Nous allons vérifier. Avez-vous entendu parler de Petit-Jacques ?
— Le brigand ? Comme tout le monde, Votre Illustrissime Seigneurie.
— Je veux que vous le rencontriez.
— Moi ?
— Vous !
— Je… je le ferai si vous le désirez, monseigneur, mais j'ignore où le trouver, bredouilla le piégé, sans comprendre dans quelle nasse on l'enfermait. Toute la maréchaussée est à ses trousses depuis qu'il a volé la recette d'un receveur et dévalisé un marchand de vin transportant sa cargaison sur la Seine, près de Mantes.
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— Il existe un moyen simple pour Sa Majesté de disposer à son gré des sommes dont elle a besoin… C'est de les prendre à la source. N'est-il pas vrai ?
— Peut-être, Votre Illustrissime Seigneurie, balbutia Mondreville.
— Imaginons, mon ami, que je vous garde à mon service, c'est-à-dire au service de Sa Majesté…
— Je vous serai éternellement reconnaissant, votre Illustrissime Seigneurie, et vous n'aurez jamais de serviteur plus fidèle.
— C'est à voir… Seriez-vous prêt à risquer votre vie pour moi ?
Sa vie ? Mondreville hésita, mais la chance ne passait pas deux fois, affirmait-on, et il pensait être assez adroit pour se retirer du jeu si les risques se révélaient trop grands.
— Certainement, Votre Illustrissime Seigneurie, mentit-il.
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— C'est donc vous, monsieur Mondreville ? s'enquit le maréchal avec un furieux accent italien.
— C'est moi, Votre Illustrissime Seigneurie. Je suis entièrement à votre service, répondit le commis de la taille, les yeux baissés.
— Monsieur le procureur m'a transmis votre dossier. La corruption gangrène le royaume, aussi m'a-t-il conseillé un exemple pour y mettre fin, et vous en seriez un bon !
— Pitié, monseigneur ! balbutia Mondreville. J'ai été tenté, je le reconnais, mais je vous promets de ne jamais recommencer.
L'Italien soupira, levant une main indécise avec une attitude apprise lorsqu'il jouait la commedia.
— Vous paraissez sincère… Mais puis-je vous croire ?
— Je vous le jure sur ce que j'ai de plus cher, Votre Illustrissime Seigneurie.
— Relevez-vous, grinça le maréchal d'Ancre, qui se mit à faire quelques pas sous le regard, mi-ironique, mi-dégoûté, de Balthazar Nardi et de Bernardo Gramucci.
— Vous connaissez la situation en France, monsieur Mondreville…
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Pour sa réussite incroyable, Concini avait suscité la jalousie et la colère des grands du royaume, écartés des charges lucratives. Quant au peuple, écrasé d'impôts, il fustigeait l'estranger, fourbe et arrogant. Comparé d'abord à Arlequin, le bouffon fanfaron de la commedia dell'arte, puis surnommé le coyon infecté, il était désormais l'objet des railleries les plus vulgaires. On le traitait de bardachon7, de sorcier et de magicien. On l'accusait d'avoir volé des millions à l'État. Ses ennemis collaient des placards insultants devant sa maison, surnommée « laprincipauté de Lucifer », et, deux ans auparavant, on avait découvert à Amiens une mine8 creusée jusqu'à sa chambre dans l'intention de le surprendre sur place et de le pétarder, raison pour laquelle il avait échangé le gouvernement d'Amiens contre celui de Normandie.
Dès lors, objet de haine, Concini disposait de peu de fidèles, sinon une clientèle de parvenus et de nobliaux attachés au vent de sa fortune. Il tenait le royaume de France par les sens de la reine et une féroce répression, couvrant Paris de potences et faisant décapiter ceux qui complotaient contre lui.
Les seuls en qui il avait confiance étaient ses compatriotes.
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Jacques Mondreville, commis à la recette de l'élection de Vernon, était chargé de la taille, cet impôt que le roi levait sur ceux qui n'étaient ni nobles ni religieux, à raison de leur fortune ou de leur revenu.
À l'origine, redevance féodale perçue par le seigneur, la taille était devenue au fil des siècles le principal impôt levé sur les personnes, tandis que la gabelle, les octrois ou les aides se calculaient sur le sel ou les marchandises.
Sa collecte suivait des règlements tatillons. Chaque année, un brevet de taille, c'est-à-dire le montant total de l'impôt, se voyait fixer en conseil royal avant d'être réparti entre les généralités. La Normandie était constituée de deux généralités : celle de Rouen et celle de Caen. La première était subdivisée en élections, dont celle de Vernon où travaillait précisément Jacques Mondreville.
À Vernon, un élu5 et son lieutenant chevauchaient à travers les paroisses pour évaluer les biens des taillables de manière à ce que chacun payât à proportion de sa richesse. Les sommes collectées étaient ensuite portées au receveur qui les transmettait au receveur général de Rouen.
Forcément, les malversations étaient nombreuses.
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— Attendez ! Écoutez-moi, je vous en supplie ! glapit l'homme en noir en essayant de se dégager. On m'a dit aussi que vous êtes le marinier le plus adroit ici et que personne ne connaît mieux la Seine que vous…
— Qui t'as clabaudé tout ça ? aboya Petit-Jacques, en le lâchant.
— C'est sans importance ! Ce qui compte, c'est ceci : une barque partira de Rouen dans trois jours. Elle transportera un chargement d'or envoyé par le receveur général au trésorier de l'Épargne, à Paris. J'ai besoin de votre aide pour le prendre.
Petit-Jacques recula d'un pas et une étrange lueur s'alluma dans ses yeux délavés.
— Raconte !
— Je saurai l'heure du départ, mais il y aura des gens armés à bord.
— Combien ?
— Je l'ignore, mais pas plus de trois ou quatre.
— Ils ne me poseront pas de problème. La barque remontera à la voile ?
— Non, elle sera halée. Mais un halage escorté de mousquetaires.
— Combien ?
— Beaucoup, une centaine.
Le brigand secoua la tête.
— C'est trop dangereux !
— Bien sûr que c'est dangereux ! Mais votre part sera à la hauteur du risque.
Petit-Jacques parut hésiter. Finalement, il laissa tomber :
— Je veux mille pistoles !
— Non.
— Alors, file et ne reviens plus ! Je garde tes armes pour m'avoir dérangé.
— Pas mille pistoles. Cinq mille3, lança l'homme en noir, reprenant de l'assurance et comme pour le défier.
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