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Citations de Jeanine Huas (16)


[Après la mort de Louis XV, après sa captivité dans un couvent éloigné de la capitale, et après sa libération ... Mme du Barry a pu acheter une nouvelle demeure, loin de Paris mais une belle demeure tout de même ...]

On fait bonne chère au château et les réceptions se succèdent, réunissant de vieux amis (...)

Les mondanités n'empêchent pas Jeanne de se préoccuper du sort des malheureux. On est alors en pleine "guerre des farines". Les mauvaises récoltes de l'année passée, jointes à une désastreuse liberté de commerce des grains, ont provoqué un accroissement notable du prix de la farine et du pain. Or ces denrées constituent la nourriture essentielle des petites gens.
Affamés, certains se sont révoltés en de nombreuses régions, allant jusqu'à brûler moulins et stocks de farine.

La comtesse organise donc des distributions de pain, de viande et de bois pour les villageois de Saint-Vrain. Elle assiste tout particulièrement les femmes en couches à qui elle assure, après les naissances, du bouillon, du vin, du linge et des bonnets d'enfant. Les femmes de charge ont ordre de distribuer ses anciennes toilettes aux déshéritées et de vêtir les petites filles.
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Or au début de juin (1629), soucieux de couvrir les dépenses croissantes de la guerre, Louis XIII - à l'initiative de Richelieu - promulgue l'Edit des Elus qui porte atteinte aux privilèges des parlements et des cours d'Etats. L'établissement comme la levée des impôts sont confiés, non plus à des agents de province mais à des agents royaux, élus à cet effet.
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Les attentions du prince de Condé ont affermi la position de Jeanne à la Cour. A peine est-elle revenue à Versailles qu'elle se voit de mieux en mieux acceptée. Elle n'en continue pas moins à se montrer discrète, ne cherchant nullement à s'imposer. (...)
Bien que fort lié avec les Choiseul [note : Choiseul est l'un des principaux ennemis de Mme du Barry], le baron de Gleichen reconnait dans ses Souvenirs que Mme du Barry était "une bonne créature, d'humeur agréable". Jusqu'à Voltaire qui, dans une lettre à la comtesse de Rochefort, admet que la favorite est "une bonne fille".
Malgré l'exemple donné par Mme de Pompadour [note : une autre célèbre maitresse du Roi], Jeanne n'aspire pas à jouer un rôle politique. Ce qu'elle souhaite : demeurer auprès d'un monarque qui tient à elle et pour lequel elle s'est prise d'affection, être entretenue sur un grand pied et vivre en bonne harmonie avec ceux qui l'entourent.
Aussi l'hostilité permanente de Choiseul commence-t-elle à l'agacer. Lors d'un séjour à Compiègne, elle l'a prié par lettre d'intervenir en faveur de l'un de ses protégés. Il n'a pas daigné répondre. Et lorsque à l'instigation du Roué, le duc de Lauzun, neveu de Choiseul, a tenté d'aplanir l'atmosphère entre elle et son oncle, ce dernier l'a reçu "avec la fierté d'un ministre persécuté des femmes et qui croit n'avoir rien à redouter". (...)
"Un homme de mes amis fut chargé, malgré lui, de dire au duc de Choiseul que Mme du Barry désirait vivre en bonne intelligence avec lui et que, s'il voulait se rapprocher d'elle, elle ferait la moitié du chemin. Ce furent les paroles de la favorite. Le négociateur représenta que les maitresses chassaient les ministres et que les ministres ne chassaient pas les maitresses. L'orgueil et l'humeur du duc furent inflexibles."
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Jeanne est trop fine pour n'avoir pas réalisé qu'en faisant nommer le duc d'Aiguillon à un poste clé, elle renforçait l'équipe Maupeou-Terray qui lui est toute acquise, donnant ainsi naissance à un "triumvirat" éminemment influent et consolidant le triomphe du parti dévot.
En revanche, cette nomination a été mal ressentie par Marie-Antoinette qui voit en d'Aiguillon l'ennemi juré de Choiseul et l'homme lige de Mme du Barry. Aussi, dès l'intronisation du nouveau secrétaire d'Etat, la dauphine a-t-elle fait preuve envers lui d'une grande froideur tandis qu'elle redoublait de morgue avec la favorite.
Informée par Mercy du comportement de sa fille, Marie-Thérèse s'inquiète et le charge de veiller à ce que la dauphine "traite bien, sans affectation, les personnes du parti dominant, comme des gens que le Roi veut distinguer et dont elle doit ignorer tout ce qu'il y a de méprisable dans le caractère et la conduite". Après quoi, dans ce style qui lui est propre, elle écrit à Marie-Antoinette : "Je dois vous avertir qu'on n'était pas content comme vous avez reçu ce nouveau ministre, et généralement que vous marquez à tout ce parti trop d'éloignement. [...] Il vous suffit que c'est le Roi qui distingue une telle ou un tel, que vous lui devez des égards, point des bassesses."
La réprimande maternelle fait de l'effet. Lors du séjour de la Cour à Compiègne, alors que Marie-Antoinette joue au lansquenet à la table du roi, "elle parla à la favorite (...) et cela de bonne grâce, sans affectation et sans qu'il y eût trop ou trop peu".
Le lendemain, quand d'Aiguillon se présente à son jeu, "il fut traité à merveille".
A quelque temps de là, lors d'une chasse au daim que la dauphine suit toujours en calèche, elle fait dire à la duchesse d'Aiguillon, l'épouse du nouveau secrétaire d'Etat, de l'y accompagner, "ce qui fit très bon effet auprès du ministre", assure Mercy à l'impératrice.
Seulement, sous l'influence de Mesdames chez qui, par désoeuvrement, elle continue de se rendre fréquemment, Marie-Antoinette reprend vite ses airs de hauteur envers Jeanne.
"Très délicat sur tout ce qui regardait sa maitresse", Louis XV ne tarde pas à s'en apercevoir. Il charge alors Mercy d'agir (...)
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Le 27 mai précédent, Louis XV a procuré à Jeanne une joie très douce en revendant (...) la maison du Parc aux Cerfs, cette maison acquise du temps de Mme de Pompadour pour loger les "petites maîtresses" [du Roi, courtisanes plus éphèmères et non nobles, non présentées à la Cour, contrairement à Jeanne du Barry]. N'est-ce pas pour elle la preuve qu'elle est seule désormais à régner sur le coeur et les sens de son amant ?

Après le mariage du dauphin, Louis XV a demandé à l'abbé Terray comment il avait trouvé les fêtes données en cet honneur. "Oh ! impayables, Sire", a rétorqué le contrôleur général des Finances.
Malgré cela, désireux d'impressionner favorablement les autres cours d'Europe, le souverain a décidé que les épousailles de son deuxième petit-fils, le comte de Provence, seraient tout aussi éblouissantes que celles du dauphin.
Prévenue, Jeanne (...) fixe le programme des réjouissances, choisit les acteurs, ordonne les dépenses. Elle espère que ce mariage va lui permettre de trouver une alliée en la personne de la princesse piémontaise. Car Marie-Antoinette continue de lui faire grise mine.
C'est donc avec une certaine appréhension que, le 10 mai, elle part pour Fontainebleau avec la famille royale afin d'accueillir la jeune Marie-Joséphine Louise de Savoie. Quatre jours plus tard, lors de la cérémonie nuptiale en la chapelle de Versailles, elle apparait sereine, en grand habit de pierreries.
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Au mariage [du dauphin Louis-Auguste et de l'archiduchesse d'Autriche, la jeune Marie-Antoinette], célébré le lendemain à la chapelle de Versailles, Jeanne, "en grand habit de pierreries" éclipse les autres femmes par son élégance et sa beauté. La journée se termine par un festin servi avec la vaisselle d'or dans la nouvelle salle d'Opéra dont Gabriel vient d'achever l'aménagement.
Dès lors, durant plusieurs jours, les réjouissances se succèdent. Le lendemain de la cérémonie nuptiale, une représentation de Persée, de Quinault et Lully, permet d'apprécier la parfaite acoustique du nouvel Opéra. Après quoi vont alterner bals et nouveaux spectacles dont une fête vénitienne sur le Grand Canal qui remplit d'admiration le peuple admis à y assister. A cette fête le roi ne s'est pas mêlé. En raison de son âge - le 15 février, il a célébré avec faste ses soixante ans -, on a craint pour lui la fraîcheur de la nuit mais, d'une fenêtre de la Galerie des Glaces, il a pu voir évoluer les gondoles et constater la parfaite illumination du canal, "gainé de chaque côté de grands ifs porteurs de milliers de lampions". Jeanne en revanche est présente à tous les spectacles. A ce dernier, le duc d'Aiguillon lui a prêté constamment le bras.
Dans l'après-dîner du 30 mai, Louis XV et sa maitresse se rendent à Bellevue afin d'admirer, de la terrasse du château, le feu d'artifices que la ville de Paris offre aux nouveaux époux et qui va être tiré sur la place Louis XV (future place de la Concorde), encore en travaux entre les bâtiments à colonnade construits par Gabriel. (...)
A quelque temps de là, désireuse d'être en bons termes avec la dauphine, Jeanne va lui rendre visite. Des auteurs de ce temps ont prétendu que Marie-Antoinette avait refusé de la recevoir. Or Mercy-Argenteau écrit peu après à sa souveraine : "Mme du Barry a cru devoir aller faire sa cour un matin à Son Altesse Royale. Cette princesse l'a reçue sans affectation ; cela s'est passé avec dignité et d'une façon à ne mécontenter personne." (...)
Cette attitude plutôt conciliante ne va pas durer. La faute en incombe pour une large part à l'ambiance dans laquelle évolue la dauphine. Le moins qu'on puisse dire est que l'aîné des petits-fils de Louis XV montre une constante retenue à l'égard de sa jeune épouse. Bien que presque totalement ignorante des choses de l'amour, Marie-Antoinette a fini par s'en étonner.
Chaque matin Louis-Auguste se lève tôt et part chasser des heures durant ; le soir, après un copieux souper qu'il engouffre rapidement, il se couche et s'endort. Bien renseigné par l'abbé de Vermond, lecteur et confident de Marie-Antoinette, Mercy-Argenteau a révélé à l'impératrice que, depuis la rencontre en forêt de Compiègne, jamais le dauphin n'a donné à sa femme "la plus légère marque de goût ou d'empressement, soit en public, soit dans le particulier". C'est au point que Choiseul a osé dire à Louis XV que le dauphin "deviendrait l'horreur de la nation" si son comportement ne changeait pas radicalement. Le roi semble avoir haussé les épaules, arguant que son fils le dauphin n'avait consommé son mariage qu'après plusieurs mois d'union.
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Son absence [note : celle de Choiseul, parti inspecter les garnisons après son échec dans la succession du duc de Chaulnes] permet à Jeanne de profiter en toute quiétude de la réception que, le 28 septembre, le fermier général Bouret donne à Louis XV et à quelques dames en son pavillon de Croix-Fontaine, en pleine forêt de Rougeau. Le monarque s'y montre d'excellente humeur, ayant, le matin, chassé sur les terres de leur hôte et pris deux cerfs. A l'issue d'un somptueux repas, le richissime financier présente à Sa Majesté un buste de Vénus exécuté d'après celui que Coustou a sculpté pour le roi de Prusse mais auquel on a donné le visage de la favorite.
Peu avant le départ pour Fontainebleau, soit le 5 octobre (...), Louis XV accorde à sa maitresse l'appartement de la duchesse de Beauvilliers, dame d'honneur de Madame (...) ce qui la rapproche des petits appartements royaux.
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Avant de regagner Versailles, le couple "royal" fait un détour par Paris afin d'inaugurer, le 25 août, le Salon des peintres, sculpteurs et graveurs qui se tient tous les deux ans au Louvre.
Drouais, qui a brossé jadis le portrait de Mme de Pompadour (aujourd'hui à Hampton Court), y expose trois portraits dont deux de Mme du Barry.
Sur l'un elle est représentée en Flore : longue tunique blanche largement décolletée, couronne de roses enserrant les cheveux blonds, triple rang de perles à chaque poignet que cache en partie une guirlande de fleurs, visage très fardé, regard malicieux légèrement provocant, ce qui amène des remarques galantes sur les lèvres de certains visiteurs.
Pour l'autre portrait, dont il ne subsiste que la gravure de Jacques Firmin Beauvarlet, elle a posé en tenue de chasse : jaquette de coupe masculine en soie grise, gilet de même ton laissant entrevoir le chemisier blanc à bord de dentelle. Tous deux ont fidèlement reproduit les quatre grains de beauté dont s'orne le visage de la favorite : l'un au-dessous de l'oeil gauche, l'autre au-dessus du sourcil droit, un troisième près de la narine droite, un quatrième sous la lèvre inférieure. Elle confiera plus tard que ces "mouches" naturelles étaient jugées par Louis XV comme un de ses plus grands charmes et qu'il les couvrait sans cesse de baisers.
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Cinq jours après le fatal dîner, soit le 12 avril, il revient à Paris "tout changé de ce qu'il avait souffert". Les médecins, comme l'on pense bien, se perdent en conjectures sur les causes d'une maladie que la "bonté de tempérament" du lieutenant civil ne laissait pas prévoir et qu'ils estiment bientôt de la plus haute gravité. En effet, sous les actions conjuguées d'une thérapeutique absurde et des "prévenances" de La Chaussée, l'état de santé d'Antoine ne fait qu'empirer
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Les vacances judiciaires, qui ont débuté le 3 septembre et vont se poursuivre pendant deux mois, ont sinon refroidi les passions, du moins apporté un certain répit. A Fontainebleau, cet automne-là, l'ambiance est à la détente. Encore toute à la satisfaction d'avoir été autorisée par Sa Majesté à superviser les menus-plaisirs, Jeanne étudie le répertoire des spectacles de la Cour. (...)
Peu après, à la demande de la favorite, soucieuse de divertir Sa Majesté, "l'on donna On ne s'avise jamais de tout et Le Devin de village, les deux seuls opéras-comiques que le Roi aime". A cette soirée, Jeanne apparaît dans une somptueuse robe "de satin blanc, rayé, lamé, plissé d'or formant des ondes" et ornée "de guirlandes en bouquets, de paillons émaillés de rubis".
Choiseul, quant à lui, a retrouvé sa bonne humeur. Il peut se féliciter d'avoir été absent à la séance du lit de justice du 3 septembre puisque, n'ayant pas pris partie dans l'affaire du duc d'Aiguillon, il a conservé la confiance des magistrats.
Jusqu'à Marie-Antoinette qui exulte d'avoir enfin obtenu du roi l'autorisation de monter à cheval.
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Louis XV a depuis beau temps repris du plaisir entre les bras de Jeanne et oublié cette lubie. Dès le début de l'été 1770, il écrit à Choiseul : "Vous connaissez Mme du Barry. Elle n'a nulle haine contre vous, elle connait votre esprit et ne vous veut point de mal ; le déchaînement contre elle a été atroce, à tort pour la plus grande partie ; l'on serait à ses pieds si ... " Et, laissant en suspens sa phrase, il ajoute : "Ainsi va le monde. Elle est très jolie, elle me plaît, cela doit suffire."

Il est un sujet que Jeanne aborde rarement avec le roi : la non-consommation du mariage du dauphin.Le fait ne trouble pas outre-mesure le monarque. "Mon petit-fils n'est pas fort caressant, a-t-il écrit à l'infant de Parme, mais il aime bien la chasse."
Jeanne en revanche juge cette situation si anormale que, lorsque le duc de Saint-Mégrin la prie d'intercéder auprès de Louis XV pour qu'il admette le dauphin aux chasses et aux soupers intimes de Saint-Hubert, elle accepte volontiers. Ainsi pourra-t-elle étudier en toute quiétude ce grand garçon malingre, guère séduisant malgré ses yeux bleus pleins de douceur et assurément mal dans sa peau. Le roi ayant accédé à sa demande, Louis-Auguste est désormais convié aux petits voyages à Saint-Hubert.
Contrairement à la version donnée par Mercy-Argenteau à l'impératrice, il n'y renonce pas dès qu'il apprend de la bouche de ses tantes - à qui il va, lui aussi, rendre visite [comme Marie-Antoinette] - le passé de la favorite. Sans doute par crainte de leur déplaire et de provoquer un conflit avec son épouse, il laisse simplement passer quelque temps avant d'en faire de nouveau partie.
(...) Il vient pour la première fois à Saint-Hubert le 29 mai 1770 et y reste "déjeuner" ! Il y retourne trois fois en juin et deux fois en juillet. Puis deux fois en mai, six fois en juin et quatre fois en juillet 1771. En 1772, ses venues à Saint-Hubert prennent une cadence accélérée : huit fois en mai et sept fois en juin. Il y reviendra encore en mai et juin 1773. Or, en 1773, il y a beau temps qu'il est fixé sur la vie de Jeanne avant qu'elle ne devienne la favorite de son grand-père.
On peut donc penser que ces repas de chasse, dans une ambiance dénuée d'un strict protocole, constituent pour le jeune homme intelligent mais complexé qu'est le futur Louis XVI des moments de détente physique et morale.
Emu par la beauté mais aussi la bonté de Jeanne, il prend plaisir à la voir rire, à l'entendre discuter. Dans son orbe il se sent bien, voire heureux. Il en vient presque à oublier "l'Autrichienne" comme sa tante Adélaïde surnomme Marie-Antoinette. Cette dernière doit deviner les sentiments qui agitent son époux, car c'est elle qui le prie de mettre un terme à ces réconfortants "week-ends".
Déjà, si l'on en croit ce qu'a révélé Mercy au chancelier Kaunitz, la dauphine avait tenté quelques mois plus tôt de "détacher son cher mari de son ancien gouverneur, de la favorite et de tous leurs partisans".
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Bien que mortifié, le principal ministre [Choiseul, ennemi de la comtesse du Barry, qui a essayé de se rapprocher d'elle une deuxième fois, désormais en vain] n'en laisse rien paraître.
Il reste d'ailleurs persuadé que le bouleversement engendré à la Cour par le mariage du dauphin Louis-Auguste avec une archiduchesse d'Autriche, la jeune Marie-Antoinette, ne peut que lui être bénéfique. Car c'est bien lui l'artisan de cette union. Lui qui, pendant des mois, a oeuvré en faveur d'un projet destiné à sceller l'alliance conclue dès 1756 entre la France et l'Autriche. Nul doute que la dauphine va prendre sur le roi et la Cour un ascendant qui contrebalancera l'influence de la favorite.
Tandis que Choiseul se sent repris par son "incurable optimisme", Jeanne s'inquiète. Si amoureux soit-il, Louis XV va-t-il l'admettre aux fêtes qui se préparent ? A Versailles, tout se sait et en un rien de temps. Quand on a appris qu'en prévision de ce mariage elle s'était fait faire "des habits charmants", la nouvelle a déclenché une réprobation quasi générale. Devant pareil état d'esprit, elle songe à quitter la Cour jusqu'à la fin des réjouissances nuptiales. Selon Grimm, agent à Paris des cours de Pologne et de Russie, elle aurait pensé à se retirer à Barèges. Mais Richelieu, qui connait le souverain mieux que personne, la dissuade de commettre "pareille maladresse" et elle n'est que trop heureuse de se rendre à son avis.
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Au début du mois de décembre, une nouvelle occasion s'offre à elle [note : Jeanne, Mme du Barry] de montrer son instinctive bonté.
Atteint du mal du pays, un soldat appartenant au régiment du marquis de Castries, qui tient garnison à Provins, a déserté avec uniforme et cheval. Arrêté peu après, Carpentier est jugé et condamné à mort. L'infortuné implore le secours du marquis de Belleval qu'il connait. Celui-ci contacte le duc d'Aiguillon, son supérieur, avec lequel il entretient des relations amicales.
"Ce n'est pas par moi qu'il faut obtenir cela du Roi, assure le duc, mais par la comtesse du Barry." Accompagné de d'Aiguillon et en grand uniforme, voici Belleval devant la favorite.
"Elle était nonchalamment assise, plutôt même couchée dans un grand fauteuil, et avait une robe fond blanc à guirlandes de roses que je vois encore ... Ses cheveux, qu'elle portait souvent sans poudre, étaient du plus beau blond, et elle en avait une profusion à n'en savoir que faire ; ses yeux bleus avaient un regard caressant et franc qui s'attachait sur celui à qui elle parlait et semblait suivre sur son visage l'effet de ses paroles. Elle avait le nez mignon, une bouche toute petite, et une peau d'une blancheur éclatante. Enfin l'on était bientôt sous le charme, et c'est ce qui m'arriva si fort que j'en oubliai presque ma supplique, dans le ravissement où j'étais de la contempler."
Ayant toutefois recouvré ses esprits, le jeune messager expose sa requête. Consciente du trouble qu'a provoqué en lui sa beauté, Jeanne l'écoute "avec une grande attention". Sitôt qu'il a terminé, elle promet d'intervenir auprès du roi.
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Depuis qu'elle est la maitresse du roi très chrétien, la comtesse du Barry jouit d'énormes revenus. Grâce à ses livres de comptes conservés au département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, on sait que les libéralités que lui a accordées Louis XV se sont élevées de la fin de 1768 à mars 1771 à 200 000 livres par mois ; elles sont passées à 250 000 livres pendant deux mois pour atteindre 300 000 livres, de juillet 1771 jusqu'à la mort du monarque. A quoi s'ajoutent les 150 000 livres de rentes viagères sur la Ville de Paris et les quelque 10 000 livres que rapportent annuellement les loges de Nantes.
Le total encaissé par Jeanne en un peu plus de cinq ans de "règne" semble avoir dépassé les 15 millions de livres.

Pareilles sommes passent dans le flot incessant des factures de couturières, de modistes, de joailliers, de fournisseurs de toutes sortes. (...)

Comme elle aime faire plaisir, elle offre volontiers des objets de prix non seulement au roi et à sa famille, mais aussi à des étrangers. C'est ainsi qu'en 1773 elle a fait faire pour Mlle Raucourt une somptueuse robe de scène qui lui est revenue à 6662 livres (...)

Mme du Barry a par ailleurs une maison fort lourde. Sont à son service huit valets de chambre (...) et autant de valets de pied, deux femmes de chambre, deux cochers, trois postillons, trois piqueurs, deux porteurs de chaise, cinq "grooms", un maître d'hôtel, un cuisinier, un aide aux cuisines, deux valets de garde-robe, un Suisse, deux jardiniers. Sans oublier le jeune Zamor [un Indien à la peau assez sombre] et un intendant (...)

Les plus grosses dépenses de la comtesse consistent en bijoux dont elle aime à se parer et qu'elle range en de précieux écrins ornés de ses armoiries. Bien que Louis XV lui en offre fréquemment, elle semble n'en avoir jamais assez.
Sans doute voit-elle en ces objets onéreux et aisément transportables un moyen de survivre en cas de malheur. (...)

Désormais, elle va dépenser bien plus que ne lui permettent ses rentrées d'argent. Si bien qu'à la mort de Louis XV, elle se trouvera fortement endettée.
Plus d'un million de livres.
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Tandis que MM. de La Chalotais sont exilés à Saintes, le duc d'Aiguillon est, le soir même, du voyage à Marly et fêté à Louveciennes comme hôte d'honneur d'un souper présidé par le roi.
Dans l'euphorie de ce qu'elle estime une victoire complète, c'est à peine si Jeanne remarque l'humeur morose de l'ancien gouverneur. Celui-ci n'est que médiocrement satisfait de l'intervention du roi. En arrêtant la procédure, Louis XV lui a ôté le moyen d'obtenir l'éclatante justification à laquelle il a droit. N'étant pas jugé, il ne peut se déclarer innocent [note : on l'avait accusé d'abus de pouvoir et de tentative d'empoisonnement de La Chalotais] et la présomption de culpabilité continue de planer sur lui. Certains de ses amis se montrent franchement mécontents. M. de Guerry écrit à la duchesse d'Aiguillon mère : "La cabale a été ravie de voir ce dénouement qui laisse les choses à peu près dans le même état où elles étaient." Et M. de Tinténiac de remarquer que tout s'est passé "comme si l'affaire avait été conduite par les ennemis du duc d'Aiguillon". Songe-t-il alors à Choiseul ou bien à Maupeou qui ne s'est pas toujours montré d'une parfaite bienveillance envers d'Aiguillon ?
L'opinion publique, elle, ne voit qu'une chose : l'ancien gouverneur de Bretagne a été "blanchi" par le roi grâce à l'intervention de la favorite. Dès lors, on entend partout résonner ce couplet mis dans la bouche de d'Aiguillon :

Oublions jusqu'à la trace
De mon procès suspendu
Avec des lettres de grâce
On ne peut être pendu.
Je triomphe de l'envie,
Je jouis de la faveur ;
Si j'avais perdu la vie
Je n'aurais pas ce bonheur ;
Mais, grâce aux soins de ma mie,
Je n'ai perdu que l'honneur.

Persuadé d'avoir enfin trouvé un excellent moyen de nuire à la favorite, Choiseul charge les libellistes d'amplifier la virulence de leurs pamphlets (...)

Le contentement de Choiseul est de courte durée. A Compiègne, où la Cour séjourne du 18 juillet au 28 août, il est pris à partie en plein Conseil par Maupeou que soutient Terray. Le chancelier déclare soudain à Sa Majesté qu'il a des doutes sur la politique du principal ministre [Choiseul], et cela depuis le temps où il était premier président du parlement de Paris (soit entre 1763 et 1768). Puis, négligeant les interruptions de celui qu'il met en cause, il exhibe des lettres prouvant les accointances de Choiseul avec divers magistrats, dont M. de La Chalotais. Louis XV se montre ébranlé.
(...)
D'Aiguillon pense avoir enfin retrouvé la tranquillité au milieu de ses pairs. Mais l'opinion publique se montre plus que jamais convaincue que la suspension de son procès signe sa culpabilité et que cette immense faveur, c'est à Mme du Barry qu'il la doit.
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La démission du duc de Chaulnes, capitaine lieutenant des chevau-légers de la garde du roi, entérinée le 17 septembre, quelques jours seulement avant sa mort, fournit à Jeanne l'occasion de contrer son adversaire autrement que par des moqueries ou des haussements d'épaules au moment du jeu du roi.
Choiseul a déjà laissé entendre à Sa Majesté qu'il souhaiterait acheter cette charge pour son fils, le vicomte de Choiseul. Seulement Richelieu juge soudain opportun de l'obtenir pour son neveu, le duc d'Aiguillon.
A cette annonce, Jeanne va trouver Louis XV et le prie "très fortement" d'accorder ladite charge à son ami d'Aiguillon. Peut-elle oublier que c'est grâce à l'intervention de ce dernier qu'elle a été présentée à la Cour ? (...)
Le Roi sourit et répond : "C'est bon ! Allez dire à d'Aiguillon qu'il a ma parole".
Ce texte est typique de la façon dont certains littérateurs dévalorisent alors Louis XV. Le roi est intelligent ; à la lumière de l'Histoire, cela ne fait plus aucun doute. S'il veut complaire à sa maitresse, il ne souhaite pas moins conserver un ministre dont il est toujours satisfait. (...)
L'échec est d'autant plus cuisant pour Choiseul que la fameuse charge donne un sérieux avantage au clan adverse : son titulaire ayant ses entrées directes auprès de Sa Majesté - car c'est à Elle seule qu'il rend compte des affaires de la compagnie -, il peut s'entretenir librement avec Elle.
Pour la première fois, le principal ministre sent sa position menacée. Faisant taire sa vanité, il demande audience à la favorite. Elle la lui accorde volontiers. L'entretien dure trois heures. De part et d'autre on fait assaut de civilités mais la situation reste inchangée. (...) Ce rapprochement manqué prend l'allure d'un événement politique. (...) L'inquiétude du ministre est d'autant plus grande qu'il craint les réactions de sa terrible soeur [note : Mme de Gramont]. Accompagnée de la princesse de Beauvau, son inséparable amie, Mme de Gramont séjourne alors en Hollande. Qu'elle apprenne que la favorite vient de l'emporter sur lui - et elle ne peut que l'apprendre, vu le retentissement provoqué par la succession du duc de Chaulnes -, elle est capable de regagner en toute hâte la France et de faire un éclat. Désireux d'y couper, Choiseul part inspecter les garnisons (...)
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