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Critiques de Jeanne Mariem Corrèze (66)
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Le chant des cavalières

Je me suis intéressée à ce livre parce que c'était un univers médiéval fantastique mettant en avant des personnages quasiment exclusivement féminins (et, en plus, écrit par une femme !). Ce roman me paraissait idéal pour le projet autour du médiéval fantastique et de la place des femmes dans cet univers, que je mène avec d'autres personnes de ma promo.



Des dragons, des cavalières, un univers chevaleresque rempli de femmes... Tout était parti pour me plaire, bien que je ne sois pas amatrice du genre fantasy ! Mais malheureusement, j'ai peiné à m'accrocher à cette lecture.



Nous suivons Sophie, une cavalière novice qui se retrouve au milieu de différentes forces qui se battent pour le pouvoir. Je n'ai pas réussi à m'attacher plus que cela à la protagoniste ou aux autres personnages. En effet, j'ai mis énormément de temps à finir ma lecture... si bien que j'étais assez perdue chaque fois que je la reprenais.



La cause, entre autres choses, était la lenteur du récit. Le style de l'autrice veut cela et ce n'était pas ce à quoi je m'attendais. Alors, au bout de plusieurs mois de lecture, j'ai achevé l'histoire sans avoir compris toute l'intrigue. C'est sûrement cela qui m'a un peu gâché ma lecture.



Alors malgré des qualités indéniables (comme l'univers), c'est un roman que je n'ai pas aimé plus que cela. J'espère le relire un jour sans étirer ma lecture ce qui me permettra une meilleure compréhension de l'histoire parce que je suis sûre que j'aurais pu l'aimer un peu plus !
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Le chant des cavalières

Cette fois encore, les trois maisons d’édition associées sous le nom d’« Indés de l’Imaginaire » ont profité de la nouvelle année pour mettre chacun en avant une autrice ou un auteur débarquant sur la scène des littératures de l’imaginaire. Chez Les Moutons Électriques, c’est le roman de Jeanne Mariem Corrèze qui se voit attribuer le qualificatif de « pépite », et, si le terme a pu être utilisé trop souvent ou à mauvais escient précédemment, il me semble ici parfaitement adapté. Car quelle belle surprise que ce « Chant des cavalières » ! L’autrice y met en scène l’ascension d’une jeune femme nommée Sophie, novice appartenant à l’ordre des Cavalières dont toute une cohorte d’intrigants a décidé du destin il y a bien longtemps. Un destin exceptionnel et qui, si la jeune fille se montre à la hauteur des attentes que certains ont placé en elle, devrait totalement bouleverser le royaume de Sarda et la vie de ses habitants. En parallèle du parcours de la jeune novice, le roman s’attache à dépeindre les spécificités, l’histoire et le fonctionnement de ce royaume vaincu il y a plusieurs décennies par leurs voisins, les Sabès. Une défaite suivie d’un traité de paix que certaines jugent humiliant et ne rêvent que de remettre en question. Dans la forteresse nordique de Nordeau, dans laquelle étudie Sophie, le point de vue de la matriarche est sans appel : Sarda a les moyens de mettre un terme à la domination, il faut donc reprendre les armes. Mais d’autres, notamment dans la capitale du royaume, ne sont pas de cet avis. Pour faire pencher la balance du côté de la guerre, il faut un symbole fort. Et quoi de plus fort que le retour tant attendu d’un membre de la dynastie Pendragon ? Quoi de plus galvanisant pour Sarda que de retrouver une reine ceignant Lunde, l’épée légendaire ayant appartenu à la dernière souveraine, Maude, et cachée depuis son trépas par le magicien Myrddin ? Voilà, pour résumer, quels sont les principaux enjeux de ce roman solide qui repose sur une intrigue, des personnages, et surtout un univers, très convaincants.



Parlons-en, de cet univers. Le roman met principalement en scène une communauté, celle des cavalières, qu’on pourrait qualifier d’ordre religieux formant les femmes à trois voies bien distinctes : bâtisseuse, intrigante ou annonciatrice. Toutes se voient contraintes de respecter une hiérarchie stricte qui distingue les novices des écuyères, celles-ci des cavalières et celles-ci encore des Aînées. Présentes aux quatre coin du royaume de Sarda, les cavalières résident dans des forteresse à la tête de laquelle se trouve une matriarche qui rend des comptes au royaume à l’occasion d’un congrès réunissant les grands de Sarda, à savoir les maréchales chargées des quatre provinces, les nobles du royaume, et les personnes occupant deux fonctions clé : celle de Prince/Princesse, et celle de Condottiere. Voilà le socle sur lequel repose l’organisation politique du royaume imaginé par Jeanne Marième Corrèze. Un fonctionnement qui nous est expliqué avec beaucoup d’élégance au fil des pages, et non pas de manière « bourrine », à l’aide de longs monologues comme certains romans de fantasy en ont malheureusement l’habitude. Ici, l’autrice prend le temps de poser son univers et ne dévoile ses spécificités que petit à petit, lorsque l’intrigue le requiert. La curiosité du lecteur en est d’autant plus stimulée, sans que les manques ne gênent en rien la compréhension ou l’immersion. L’autrice a également recourt à un procédé fréquemment utilisé qui se révèle ici très efficace et qui consiste à placer au début de chaque chapitre des extraits de textes nous en apprenant plus sur tel ou tel aspect de l’univers (chroniques, proverbes, pamphlets, chansons…). En seulement trois cent pages, l’autrice parvient ainsi à mettre en place un univers cohérent et d’une richesse que le récit ne semble qu’effleurer. Le roman a la particularité de mêler à la fois des aspects très classiques de la fantasy, et d’autres qui sont beaucoup plus originaux. Parmi les éléments traditionnels, on peut relever notamment le cadre médiéval fantastique (au niveau de l’architecture, de l’armement…) ou encore la présence des dragons. Chaque cavalière fait en effet équipe avec un dragon avec lequel elle entretient un lien particulier. Des interdits et des tabous règnent autour de cette créature qui, bien qu’elle ne semble servir que de monture, est particulièrement révérée par l’ensemble des habitants. Parmi les aspects classiques du roman, on peut également noter les abondantes références à la légende arthurienne, que ce soit dans le choix des noms (Myrddin, Pendragon), ou des thématiques abordées (un souverain dont on attend l’avènement, une épée dans la pierre…).



Les lecteurs amateurs d’une fantasy sortant des sentiers battus devraient pourtant eux aussi trouver leur compte dans ce roman qui sait également fait preuve d’originalité. Ainsi, si le récit met en scène un cadre indéniablement médiéval, plusieurs dialogues laissent entendre que les puissants voisins du royaume de Sarda utilisent des armes à feu et possèdent donc un niveau de technologie plus avancé (ce qui explique d’ailleurs la défaite des cavalières qui ne purent résister malgré leurs montures cracheuses de feu). Autre originalité, et non des moindres, la société dépeinte par l’autrice est une société matriarcale. Le fonctionnement de l’ordre des cavalières n’est, en effet, pas une exception mais une norme : les postes de pouvoir sont occupés par des femmes (à l’exception notable de ceux de Prince et de Condottiere, ce que certaines considèrent d’ailleurs comme assez ironique), la divinité vénérée dans le royaume est une déesse, et le féminin l’emporte lorsqu’il est question de qualifier une catégorie de population (par défaut, on parle non pas de paysan mais de paysanne, par exemple). Cela peut paraître dérisoire mais tous ces éléments conjugués participent à modifier efficacement le point de vue du lecteur qui, société patriarcale oblige, a parfois bien du mal à imaginer un fonctionnement et un mode de pensée dont le masculin ne serait plus le centre. Parmi les autres éléments qui contribuent à installer une atmosphère particulière, on peut également citer l’importance accordée par l’autrice à la nature, et plus spécifiquement à la flore. Surnommé le royaume des forêts, Sarda entretient en effet un lien très étroit avec la terre et ce qui y pousse, et cela est encore une fois très bien rendu dans le récit. Outre l’importance revêtue par le personnage de l’herboriste Frêne, on peut également mentionner les nombreuses descriptions très évocatrices des jardins ou forêts, décors dans lesquels se déroulent certaines des scènes les plus importantes du roman. On peut d’ailleurs noter que, si la terre est l’élément principalement mis en avant ici, les trois autres ont aussi un rôle clé à jouer dans l’intrigue, qu’il s’agisse de l’air dans lequel évoluent les dragons, du feu des forges de Soufreu, ou encore de l’océan qui borde la côté de la forteresse du sud et que les cavalières tiennent en piètre estime.



Compte tenu du fonctionnement matriarcal de la société mise en scène ici, l’essentiel des personnages sont, pour la plupart, des femmes. Or, s’il est de plus en plus fréquent de voir des héroïnes mises en scène, de même que les rôles secondaires féminins ont tendance à s’étoffer, il faut avouer qu’il reste plus courant d’avoir une majorité de personnages masculins plutôt que l’inverse. Sophie, la jeune novice choisie par certaines pour incarner l’espoir et le futur du royaume, occupe évidemment le devant de la scène. Une héroïne qui parvient aisément à susciter l’empathie du lecteur et qui, en dépit de son apparente passivité, se montre capable de réfléchir par elle-même et de prendre ses propres décisions lorsque cela s’avère nécessaire. Penderyn, son amie de toujours, se révèle quant à elle touchante par sa loyauté et, de plus en plus attachante à mesure que l’autrice étoffe son personnage. Assez étonnement, Eliane, la distante et calculatrice matriarche de Nordeau, parvient elle aussi à trouver son chemin vers le coeur du lecteur en dépit de ses choix et méthodes discutables. Autour de ces trois grandes figures gravitent toute une galerie d’autres personnages féminins réussis, qu’il s’agisse de l’ancienne matriarche, de l’herboriste Frêne, ou de Brigandine. Les personnages masculins, eux, sont moins nombreux mais occupent, chacun à leur manière, un rôle clé pour l’intrigue, qu’il s’agisse du Prince, du Condottiere ou du magicien (on pourrait presque se croire dans une partie de « Citadelle »!). Concernant le traitement des personnages, l’autrice a l’intelligence de se garder de tout manichéisme, si bien que l’on trouve des personnages haïssables et des personnages attachants dans les différents camps qui s’opposent. Même les protagonistes ne sont pas tout blanc, et l’autrice se plaît d’ailleurs à placer ses personnages face à leurs contradictions. Il en résulte une intrigue remarquablement bien ficelée et qui offre son lot de surprises. D’un pitch de départ relativement classique, l’autrice parvient ainsi à s’écarter de la trame traditionnelle au fur et à mesure que les manigances des personnages sont dévoilées et que de nouveaux enjeux apparaissent et viennent complexifier et l’intrigue et l’univers. Un mot, pour terminer, sur la plume de l’autrice qui s’avère très agréable : travaillée sans jamais être pompeuse, tour à tour épique ou poétique.



Avec « Le chant des cavalières », Jeanne Mariem Corrèze signe un premier roman remarquable qui mérite tout à fait le qualificatif de « pépite ». Un univers riche et original en dépit de son apparent classicisme, une intrigue bien ficelée dont les enjeux se complexifient au fil du récit, une belle galerie de personnages, une plume soignée : autant de qualités qui font de ce roman une véritable réussite. A lire !
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Le chant des cavalières

Ce livre est, autant le dire d’entrée, assez déstabilisant. Dans l’histoire qu’il raconte, d’abord, et dans le style ensuite.



Si l’histoire peut sembler, au démarrage, d’une facture extrêmement classique, revendiquant d’ailleurs ouvertement une filiation avec les légendes arthuriennes – Sophie est appelée, sans que l’on sache pourquoi ni s’il y a même une raison à cela, sinon la volonté de l’auteure de nous adresser un clin d’oeil, Sophie Pendragon ; quant à l’un des rares personnages masculins de l’histoire, le magicien, il s’appelle Myrddin, il est difficile de ne pas penser à Merlin -, elle prend rapidement un tour bien plus original. En effet, dans les ouvrages traditionnels de fantasy, lorsqu’un héros révélé apparait, son rôle et sa finalité sont de sauver le monde. Ici, sans trahir quoi que ce soit, ce n’est pas le sujet. Ce qui, d’ailleurs, pourrait en déstabiliser plus d’un : alors que le royaume, au début du livre, est dans une situation de paix, fut-elle précaire -, lorsque vous refermez le livre, c’est la guerre et le chaos. Et rien n’indique ce qui se produira ensuite. Et, sauf à ce que Jeanne Mariem Correze lui donne une suite, chacun devra, en son for intérieur, se construire sa propre idée de l’avenir du royaume.



Sophie est donc tout sauf un héros christique. Car la grande aventure à laquelle elle est conviée – et, on le découvrira au fur et à mesure, contre son gré -, c’est celui de la liberté de choix. Sophie est en effet, au moment où le livre commence, une novice parmi d’autre. Sans doute un peu moins intégrée que les autres, mais on la prépare à ce que sera sa vie de cavalière. Lorsqu’elle est « choisie », Élue, pour ainsi dire, elle imagine que sa vie va changer. Mais Éliane de Nordeau, dont elle est devenue l’écuyère de cendres, ne s’intéresse guère à elle. Frêne, cavalière-herboriste, prend alors en charge une partie de sa formation. Quant à Acquilon de Nordeau, semblant revenir d’entre les morts, lui propose de lier leurs âmes. Plus jamais Sophie ne sera seule…



Il faudra un certain temps pour que Sophie prenne conscience que les choix qu’elle pose ne lui appartiennent en vérité pas réellement, mais lui sont dictés, soufflés, inspirés par celles qui l’entourent. Mais lorsque ces choix ont un prix qu’il faut payer, c’est bien elle, Sophie, qui sera concernée. Mais comment, lorsque l’on découvre le monde, ses règles, ses intrigues, ses faux-semblants, apprendre à décrypter les double-jeux et identifier les personnes sur qui on peut compter ? Cette question centrale du choix – du libre-arbitre -, c’est notamment à l’occasion des périodes de méditation, à l’occasion desquelles Sophie se retrouve parfois projetée dans la Forêt des Limbes… une résonance avec notre dernier épisode d’À travers livres, consacré à la forêt.



Quant au style, je dois avouer que je n’ai pas totalement accroché. Onirique par moment – lorsque ce sont les rêves de tel ou tel personnage qui sont relatés -, enlevé à d’autres, parfois direct, j’ai par instant eu l’impression que la recherche allait au-delà du nécessaire. Le début du chapitre 2, en particulier, qui, en une demi-page, rassemble trois occurrences d’une formulation basée sur la répétition, avec la volonté évidente de faire style, m’a paru excessif. Je vous en livre les trois extraits, qui tiennent sur vingt lignes, page 17 :



« Dans son rêve, le monde qui est Nordeau et Nordeau qui est le monde sont un immense drap […]. La toile qui est le monde qui est Nordeau n’est pas tout à fait terminée, la navette court encore entre les fils de couleurs, dessus, dessous, elle tisse inlassablement la silhouette de Nordeau qui est le monde qui est le drap. […]. Dans son rêve, la tapisserie qui est Nordeau qui est le monde n’est jamais achevée. Les fils surgissent soudain de la toile, s’arrachent au métier à tisser. La navette éperdue s’abîme dans l’obscurité tandis que sur le cadre de bois les couleurs se hérissent, se défont, se déchirent. »



J’ai aussi noté, de-ci, de-là, des inversions du verbe et du sujet qui ne me semblaient pas s’imposer, comme un tic d’écriture qui a attiré mon œil. La licence poétique autorise tout, naturellement. Mais je n’y ai pas été sensible.



Dernier point concernant ce livre : on ne peut pas ne pas signaler que le monde de Sarda est pratiquement exclusivement féminin. À l’exception notable du Prince, du Condottière et de Myrddin, les hommes sont absents. Pourtant, on n’est pas plus dépaysés que cela : le pouvoir exercé par les femmes se traduit ici par l’exclusion des hommes de certains lieux de culte, par exemple. Les intrigues et les jeux de pouvoir ne sont pas moins violents entre ces femmes, qui n’hésitent pas à user de l’assassinat – du moins, de tentatives – pour parvenir à leurs fins. C’est donc un monde tout à fait normal de ce point de vue qui nous est décrit : les cavalières sont bien les égales des hommes, pas pires, mais pas franchement meilleures !



Un livre de fantasy qui n’est pas que de la fantasy ; une plume qui ne laisse pas indifférent, positivement ou pas… Il ne vous reste qu’à le lire pour vous faire votre propre idée, non ?
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Le chant des cavalières

Me voici dans une position que je n’aime pas du tout : devoir rendre compte aussi objectivement que possible d’un livre que j’ai totalement détesté. Comme c’est un SP, je n’ai pas trop le choix. Je lis peu de fantasy et dans ce style-là j’apprécie particulièrement peu l’héroïc fantasy, justement le genre de ce roman. Je l’ai choisi par curiosité et surtout parce que j’aime les livres audio, qui me permettent de découvrir des romans que je ne lirais sans doute pas en version papier, je les écoute à d’autres moments où je ne peux pas « lire » en vrai. J’aime aussi beaucoup les Editions Voolume qui éditent des textes inhabituels ou méconnus, donc je me suis lancée dans l’écoute de celui-ci malgré un léger doute dès le départ. Il est lu par Cécile Delacherie de manière brillante et appropriée au texte.



Nous suivons la jeune Sophie Pendragon, une jeune novice de l’ordre des cavalières du royaume de Sarda, une société matriarcale où les hommes jouent un rôle secondaire. Les petites filles recueillies par l’ordre y sont élevées, après leur noviciat, elles deviennent écuyères, puis cavalières. Chaque citadelle est gouvernée par une matriarche. Sophie est une enfant qui cherche toujours l’attention des aînées qui les gardent. La matriarche Aquilon est tuée au combat, c’est son élève Eliane qui lui succède. Sophie est désignée par la Dame (déesse locale) pour devenir son écuyère de cendre et par là même lui succéder quand le temps sera venu. Eliane n’a aucune envie de s’occuper de son éducation et la délaisse totalement, c’est l’herboriste Frêne qui s’en chargera. Le fantôme d’Aquilon appelle l’enfant et lui propose d’unir leurs deux âmes pour qu’elle ne se sente jamais seul, ce que Sophie accepte naïvement. Elle grandit au sein de la forteresse du Nord, au sein d’intrigues politiques qui la dépassent. Aquilon lui dit de s’emparer du fourreau de l’épée de la reine Maude pour être acceptée par Eliane, ce qu’elle arrive à faire. Elle devient sans le savoir un enjeu important dans la lutte pour le pouvoir qui déchire le royaume et se fait manipuler durant de longues années, le réveil sera douloureux. Après diverses péripéties peu intéressantes, la guerre est déclarée, le clan d’Eliane semble prendre le pouvoir mais les combats ravagent le royaume.



Le texte se veut une chanson de geste et comprend de nombreux passages voulus poétiques et lyriques, mais que j’ai juste trouvé pédants et rébarbatifs, avec une inversion des adjectifs et des nom, des répétitions. Ce style grandiloquent m’a fortement déplu. Les personnages ne sont pas attachants le moins du monde, en dehors de Penderynn, l’amie de Sophie. Cette dernière oscille entre son côté odieux et colérique et son attribut principal d’être la reine des cruches. Elle se croit héroïne, mais n’est qu’une gamine manipulée et avide d’attention, ce dont Aquilon et Frêne profitent des années durant. Elle a besoin de l’attention des autres et agit sans réfléchir pour l’obtenir. Lorsqu’elle s’empare de l’épée de Maude, le gardien lui ouvre les yeux et le réveil sera brutal. Les autres femmes sont des intrigantes aveuglées par le goût du pouvoir. Le nom de Sophie Pendragon comme celui de Myrdinn l’enchanteur renvoient tout droit à la saga arthurienne, mais on a de la peine à voir dans cette fille stupide l’héritière de ce grand roi de légende, c’est plutôt une triste parodie. Il y a beaucoup de longueurs et l’action n’a rien de fulgurant.



Même si je n’ai pas aimé du tout ce livre, il faut reconnaître qu’il est étonnant pour un premier roman. La plume de l’auteur est sûre et son vocabulaire riche et complexe, aimer son style est une autre affaire. Elle a créé un univers très détaillé, avec une géographie, une architecture, des pouvoirs politiques. Plusieurs visons s’affrontent, faut-il maintenir la paix avec les Sabès que ceux-ci ont obtenu en écrasant le royaume autrefois ? La vision féodale est contestée par un tout petit nombre de démocrates, mais finalement les agissements d’Eliane entraîneront la ruine du pays. L’auteure met en garde contre les ambitieux qui font passer leurs intérêts personnels avant ceux de la collectivité.



Le fait qu’il s’agisse d’une société matriarcale est aussi original, mais ce n’est pas à l’honneur des femmes, car celles-ci se comportent exactement comme les hommes, elles dirigent l’armée, la politique et complotent. Seul le magicien joue un rôle important dans l’histoire, les autres hommes font de la figuration. L’univers de la nature, en particulier la forêt et les plantes jouent un rôle important dans l’histoire et sont décrits de manière minutieuse. A part la présence de dragons en guise de montures et du magicien, on a un univers assez réaliste, classique de la fantasy de type médiéval.



Un grand merci à Netgalley et Voolume pour ce livre, même si la rencontre magique n’a pas eu lieu.



#LeChantdescavalières #NetGalleyFrance !
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Le chant des cavalières

Malheureusement, cet ouvrage n’a pas réussi à me convaincre. Le résumé était pourtant tentant ! De ce fait, j’avais sélectionné ce titre pour le PLIB… Hélas, ce ne fut pas pour moi : je n’ai pas eu le déclic au fil de ma lecture. La plume ne m’a pas convaincue. De plus, je n’ai pas eu d’attache pour les personnages qui partageaient presque tous leurs points de vue régulièrement… Comme le souligne Amanda, avec qui j’ai échangé, on est trop sur du descriptif, voire du contemplatif. Pendant une grande partie du livre, le rythme est lent. On ne perçoit pas de suite là où veut en venir l’auteure… Certes, c’est utile pour découvrir tout l’univers de ces Amazones du ciel toutefois, cela ne me suffisait pas. Il fallait que cela bouge davantage, en particulier du côté de Sophie, l’une des héroïnes.



Cette dernière m’a paru un peu trop lisse et passive, notamment au début où, hélas, elle a été rejetée par Eliane, sa mentor. En deuil, Eliane a laissé son écuyère auprès de son peuple, préférant alors nouer des intrigues politiques ailleurs ou profiter des bras du Prince Roland. Pendant ce temps, Sophie trouvera le temps long… Moi aussi. Je n’attendais qu’une chose : que la nouvelle Matriarche revienne pour enfin former sa disciple ! Or, quand c’est arrivé, j’ai été totalement frustrée ! Car, à ma grande surprise, Jeanne Mariem Corrèze a opté pour un bond dans le temps, faisant progresser le récit de quatre années. La formation d’un personnage, son évolution physique et psychologique ainsi que chaque étape vers son destin sont des choses que j’affectionne dans la littérature. En réalisant cette avancée temporelle, j’ai eu l’impression d’avoir « attendu pour rien ». Ce procédé narratif sera malheureusement fréquent. Évidemment, cela permet à la jeune héroïne, au départ simple enfant attendant son premier sang, de grandir… Toutefois, cela enlève une phase très intéressante dans la construction du personnage.



Plusieurs éléments ont nui à mon plaisir. Par exemple, en progressant dans ma lecture, j’étais curieuse d’en savoir plus sur cette société matriarcale et féministe. Le lien avec les dragons m’intéressait et a été correctement développé cependant, j’attendais surtout des réponses sur les Hommes. Où étaient-ils ? Quelle place avaient-ils ? Pourquoi ont-ils à ce point le mauvais rôle ? Étrangement, je n’ai pas forcément eu de réponse à mes questions… D’autres éléments sur l’histoire seront également flous ou peu creusés. C’est dommage ! Par ailleurs, mon principal regret vient du fait que je ne me suis jamais faite au style d’écriture. Le côté onirique, parfois répétitif et volontairement alambiqué m’ont rebutée… Était-ce parce que je cherchais plutôt une plume légère et fluide ? C’est bien probable… Une chose est certaine : je suis restée insensible au sort de Myrddin, la fougueuse Eliane, la manipulable Sophie, son amie Pèn, la sage Acquilon et les autres. Pourtant, les nombreuses intrigues politiques, complots, guerre et jeux de pouvoir sont nombreux ! Cela aurait pu me conquérir… Mais peut-être que les péripéties de ces cavalières vous satisferont plus qu’à moi ? Attention, il est à noter que la fin ouverte ne plaira pas à tout le monde. À moins qu’un second tome soit prévu, mais rien ne l’indique !
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Le chant des cavalières

Après deux années où leurs nouvelles publications s’orientaient davantage vers des romans pulp, Les Moutons électriques proposèrent, dans le cadre de l’opération des Pépites de l’Imaginaire (conjointement avec les autres Indés de l’Imaginaire avec Les Chevaliers du Tintamarre chez les éditions Mnémos et Cuits à point chez les éditions ActuSF) un nouveau roman de fantasy d’une autrice pour l’instant inconnue, Jeanne Mariem Corrèze : Le Chant des cavalières !



Geste d’une chevaucheuse de dragon

Sophie est une petite fille recueillie dès son plus jeune âge par le principal ordre militaire du royaume auquel elle appartiendra désormais : les Cavalières. Elle grandit dans la citadelle de Nordeau auprès de la Matriarche, des écuyères, des soigneuses de dragons, des herboristes et des intendantes. Il n’y a pas grand-chose à faire à part attendre de grandir, apprendre un peu quand c’est possible, mais globalement elle n’a pas trop à se plaindre, ce n’est pas la vie des paysannes… Or, à la mort étrange de la Matriarche, elle est désignée comme la future héritière à former, héritière de la nouvelle Matriarche, mais elle serait aussi héritière de la dernière grande reine locale. Sauf qu’une prophétie ne s’applique pas par l’opération du hasard, il faut bien s’y préparer et clairement la nouvelle Matriarche n’est pas motivée pour entraîner la petite Sophie. Il s’agit alors de se débrouiller pour être reconnue comme importante, elle la petite cavalière sans dragon à chevaucher. Quelques intrigues de cour, surtout quelques amies motivées et l’arrivée très étrange de Myrrdin, un très ancien mage aux pouvoirs incommensurables, font pencher la balance, tantôt dans le sens d’une plus grande liberté dans le royaume, tantôt dans celui des intérêts personnels de plusieurs personnages. En effet, bien peu veulent vraiment voir émerger une nouvelle souveraine sortie de nulle part.



Corpus thématique

Le début du roman peut paraître long à de nombreux lecteurs, si on s’attend à une intrigue très rythmée, voire enlevée, mais l’autrice prend son temps, car cela lui permet de mettre en place plusieurs visions du monde qui se dénouent dans le dernier tiers. Au premier abord, cela peut paraître insignifiant, mais c’est utile malgré tout. Elle met d’abord en place une société féminine, difficile de parler de matriarcat, car il me semble qu’il n’y ait dans ces citadelles que des femmes, donc pas de véritable domination du genre féminin sur le masculin. Par contre, les métiers sont souvent mis au féminin, les postes militaires ont l’air destiné aux femmes et deux postes de décision sont tenus par des hommes mais non seulement ils sont secondaires, mais en plus cela semble exceptionnel pour cette société. Cette dernière remarque est d’ailleurs la conséquence locale de la géopolitique du Royaume mise en place par l’autrice. Ainsi, le Royaume est dominé par un peuple voisin, les Sabès, et est divisé en différentes provinces (Nordeau, Soufeu, Estari, Ousterre et la capitale Zinia au centre, en gros) où agissent différents corps de Cavalières qui sont l’élite militaire et religieuse. Enfin, l’autrice insiste beaucoup sur les volontés contradictoires d’assurer la paix dans cette contrée et l’envie de recouvrer une certaine indépendance, sachant que chaque région du Royaume a une vision différente de la bonne manière de l’obtenir. En cela et en bien d’autres aspects qu’il peut être amusant de détailler au fur et à mesure de la lecture, Le Chant des cavalières semble un volontaire pastiche des aventures des Chevaliers de la Table Ronde avec son roi légendaire, sa geste épique, son mage au nom si reconnaissable et son dénouement tragique.



Du style, madame !

Le Chant des cavalières peut paraître au départ pour le moins lent : le rythme suit les interrogations de la jeune protagoniste, alors forcément au début, elle hésite beaucoup, elle n’y croit pas, elle tâtonne. Du même coup, autant s’intéresser au style. Au fur et à mesure que Sophie se forme, le vocabulaire s’affirme à la fois riche, fin et soigné. La narration faisant commencer chaque chapitre par un extrait de chronique ou un poème issu de l’histoire de ce monde, ainsi que la toute fin nous laissant sur un nouveau départ, plusieurs éléments peuvent faire hésiter le lecteur sur la manière de recevoir ce roman. En effet, c’est une très belle introduction à un monde dont nous aimerions en apprendre davantage, tant sur la géopolitique extérieure au Royaume, sur les mœurs des paysannes qui sont quasiment absentes que sur le devenir de l’héroïne, mais c’est tout autant une aventure qui peut se lire seule et être appréciée comme une intrigue dont on ne saura jamais davantage. Une fois la lecture terminée, qu’il est difficile de pencher d’un côté ou de l’autre de ces deux visions !



Le Chant des cavalières est donc un premier roman tout à fait captivant : le style est riche, l’univers prometteur, les thématiques approfondies et les choix de narration se défendent (même si certains peuvent en être lassés). Une autrice à suivre, c’est certain !

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Le chant des cavalières

Cette année encore, les Indés de l’Imaginaire renouvellent leur opération spéciale Les Pépites de l’Imaginaire avec la parution simultanée de trois romans chez ActuSF, Mnémos et Les Moutons Électriques.

Ce sont de ces derniers dont nous allons parler aujourd’hui avec le premier roman de la française Jeanne Mariem Corrèze : Le Chant des Cavalières.

Sublimement illustré par Melchior Ascaride (mais on a l’habitude), voici une fantasy avec des dragons, des mages et des herboristes !



La destinée, encore ?

On pénètre dans Le Chant des Cavalières en terrain connu.

Le roman pêche en effet de prime abord par son classicisme en réutilisant le mythe usé jusqu’à la moelle de l’enfant-destin (Sophie de Pendragon) qui doit prouver sa valeur auprès des siens (Les Cavalières du royaume de Sarda) en trouvant des objets magiques/mythiques (le baudrier Baldré et l’épée Lunde) pour pouvoir devenir le sauveur de son peuple (ici, la Reine) en s’appuyant sur un compagnon de toujours (Pènderyn) et un/des mentors (Acquillon et Frêne). Le premier roman de Jeanne Mariem Corrèze ne serait-il qu’une énième histoire de fantasy en mode copier-coller ? En réalité, non.

Reprenons, nous suions l’histoire de la jeune Sophie Pendragon (mythe Arthurien es-tu là ?), novice dans l’Ordre des Cavalières de Sarda (des chevaucheuses de dragons pour tout dire) et qui devient rapidement l’écuyère d’Éliane, la Matriarche fraîchement nommée à la tête de la Citadelle de Nordeau. Autrement dit, Sophie sera la prochaine Matriarche et doit apprendre son rôle du mieux qu’elle le peut…sauf que celle qui devrait lui apprendre les rouages du pouvoir ne veut pas d’elle (par orgueil ou par souffrance) et que c’est finalement la vieille Frêne, herboriste-cavalière, qui va faire de Sophie une intrigante digne de ce nom. Dans le Royaume de Sarda, les Matriarches des quatre Citadelles (Nordeau, Ousterre, Estrali et Soufeu) se questionnent sur l’avenir de leur domaine. Depuis des années maintenant, Sarda a perdu la guerre qui l’opposait aux Comtés-Unis et ceux-ci ont établi une sorte de Protectorat qui empêche Sarda de renaître mais lui offre, en échange, une évidente stabilité.

Si Éliane est aussi distraite quant à l’éducation se Sophie, c’est aussi parce qu’elle voudrait bien renverser l’échiquier politique avec l’aide du Prince Régent, Roland. Le Chant des Cavalières se déroule au milieu de ces deux intrigues, l’une intime et personnelle, l’autre politique et guerrière. Mais, étrangement, Jeanne Mariem Corrèze poursuit un autre but que celui de dresser le portrait d’une héroïne prête à faire triompher son Peuple.



Briser les chaînes

Au contraire, Sophie de Pendragon s’avère rapidement une victime des diverses manipulations politiques qui ont lieu autour d’elle. D’enfant-destin, elle passe au statut d’enfant puis de jeune femme-objet. Utilisée par les uns et par les autres pour s’emparer des rênes du pouvoir, Sophie devient un objet de convoitise et un symbole à brandir. De façon fort intelligente, Jeanne Mariem Corrèze explore la libération d’une héroïne des filets du destin qu’on lui impose. Le Chant des Cavalières surprend en explorant la volonté d’indépendance de son personnage principale et la façon dont les Grands manipulent l’Histoire et les autres. Dès lors, le récit devient beaucoup plus intéressant à mesure que les chausse-trappes se font et se défont.

Pour ne rien gâcher, la française a une idée géniale : exposer un monde fantasy quasi-exclusivement féminin…sans jamais expliquer cette prépondérance féminine. Oui, on trouve quelques personnages masculins dans Le Chant de Cavalières mais ils restent en arrière-plan et ne font pas l’histoire. En ne justifiant jamais cette position, Jeanne Mariem Corrèze normalise son monde et ses héroïnes. Après tout, un roman fantasy avec une majorité de personnages masculins doit-il justifier de la quasi-absence des femmes en son sein ? C’est ainsi qu’à l’instar des Récits du Demi-Loup, Le Chant des Cavalières s’affirme comme un roman féminin et féministe sans le crier sur tous les toits et permet la construction de personnages attachants et passionnants. L’idéologie sert l’histoire et non l’inverse.



L’élégance des mots

Autre point fascinant : l’univers de Jeanne Mariem Corrèze, souvent effleuré, jamais totalement exploré et explicité. Le lecteur découvre par petites touches Sarda et ses Citadelles, ses tradition, ses dragons (quelque part entre les monstres à écaille traditionnels et les Chocobos de Final Fantasy) et ses positions de pouvoir. Certaines pages, comme celle dans la forêt des Lymphes ou dans le piège temporel du Ravin, offrent de vraies beaux moments de fantasy, à la fois oniriques, fascinants, dangereux et étranges. Pour ne rien gâcher, la française possède une plume élégante et fluide qui sait prendre des intonations poétiques et mystiques quand il le faut. La lecture devient donc un réel bonheur, encore enrichit par les descriptions luxuriantes d’endroits merveilleux et inattendus. Le seul vrai reproche que l’on puisse faire au Chant des Cavalières, c’est qu’il ressemble à s’y méprendre au premier tome d’un cycle plus vaste et qu’en fin de volume, l’épopée de Sophie, celle qu’elle a choisi et que personne ne manipule, cette épopée ne semble que débuter.



Malgré ses atours classiques, Le Chant des Cavalières tire son épingle du jeu en mettant l’accent sur l’émancipation de son héroïne. Sortie des griffes du Destin, Jeanne Mariem Corrèze tisse par sa langue élégante et poétique un monde féminin franchement passionnant qui a certainement encore beaucoup à offrir à l’avenir.
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Féro(ce)cités

Etes-vous plutôt team poils, plumes, ou écailles ?



Le recueil Féro(ce)cités se compose de 10 nouvelles, qui nous emmènent dans dix univers citadins différents. Sur les traces d'animaux.



Le recueil est assez uniforme, tant dans sa forme que dans son contenu. Les nouvelles tournent autour de la cinquantaine de pages, et chacune interroge le format de la nouvelle et les rapports qu'elle entretient avec d'autres genres, notamment le roman : ellipses, descriptions étirées, chapitres, récit emboîté…



Dans le fond, Féro(ce)cités est un recueil de fantasy animalière, et urbaine. Les animaux (il y en a beaucoup, vraiment beaucoup) de ces textes entretiennent des liens étroits avec les cités présentées. Celles-ci sont par ailleurs très bien développées, et sont l'enjeu même des textes. En effet, elles réunissent toutes beaucoup d'espèces animales en leur sein, et celles-ci sont voisines, ennemies, dans des rapports dominant/dominé… L'organisation même des cités est un ressort narratif important dans le recueil.



Les animaux de ces nouvelles révèlent des comportements universels connus de toute espèce vivante, Homme compris (survivre, trouver sa nourriture, défendre son territoire). Cependant, j'ai trouvé que le recueil allait plus loin en présentant des rapports et des caractères très humains : l'esclavage, la prostitution, la colonisation… Ces animaux révèlent alors les travers bien humains, et nous font nous rendre compte, si besoin était, à quel point tout ceci est un non sens total.



Fér(ce)cités est un recueil féroce, oui. Je n'ai pas trouvé beaucoup d'optimisme ni d'espoir dans ce recueil. Certaines nouvelles sont d'ailleurs dures, et amères. Mais à leur manière, toutes sont touchantes, et bouleversantes.



Féro(ce)cités est un recueil de qualité, proposant des textes originaux, avec un point de vue différent, et surtout 10 plumes à découvrir, différentes mais complémentaires, offrant au recueil une très belle unité.


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Le chant des cavalières

Il y a bien longtemps, enfin, il y a 20 ans, je me questionnais sur le style. Beaucoup ne jurait que par celui-ci alors que moi c'était plutôt : "Le style ? On s'en fiche ! L'important c'est l'histoire. Qu'est-ce que ça peut bien faire le style ? C'est des trucs de vieux, d'élitistes ça ! Et puis d'abord, qu'est-ce que c'est le style ?!? "

Force est de constater qu'avec ce roman, cette réflexion prend tout son sens. Suivez le guide… :



Je suis triste et déçue non pas PAR ce livre mais POUR ce livre. Parce qu'il a plein de qualités : de la fantasy, un monde imaginé qui tient la route, une cité matriarcale (plutôt rare), une absence de certains tabous (comme les règles par exemple), des dragons. En plus, j'ai aimé l'objet que j'avais en main (ce qui me fait penser que jamais je ne pourrais me faire au numérique) : le grain, le format, l'écriture. On partait bien, vraiment. Oui mais voilà…



Tout était au ralenti, tellement, tellement ! Même les scènes d'actions (combats par exemple), semblaient être leeeeeeeentes ! Ces scènes d'actions dont, de surcroît, nous étions un peu en peine au début alors qu'en même temps, il semblait qu'on fasse fi de certains événements importants : les épreuves d'Éliane, la préparation de Sophie avant l'ermite, par exemple. Un style élégant donc mais poussif.

Ça trainait… Ce qui fait, notamment, que je n'ai commencé à m'attacher à Sophie qu'après plus de 100 pages. Encore une fois, quel dommage pour l'ensemble !



Enfin, spoiler alerte :



Ma conclusion : le style, ça fait tout ! Vraiment tout ! Je peux apprécier un livre sans histoire au style superbe, je peux ne pas aimer un roman à l'histoire bien foutue mais au style déplaisant.

Serais-je devenue vieille ?



~ Challenge Féminin 21 : roman d'aventure
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Le chant des cavalières

Voyage à dos de dragon dans une confrérie féminine chevaucheuses de dragons, lieu où les premières règles sont attendues et célébrées. Où les femmes sont investies d'un pouvoir que l'on pourrait presque croire universel. Puis peu à peu, le lecteur découvre que cette confrérie est en fait prise dans le jeu de pouvoir d'une puissance ennemie qui leur a un jour imposé son joug. Que la Matriarche n'accepte plus.

Peu à peu le lecteur découvre aussi que le personnage principal n'est pas la Matriarche... Mais chut, laissons grandir l'intrigue.

Intrigue qui présente bien des ressemblances avec une certaine histoire mettant en scène un mage nommé Myrdinn, une épée enchâssée dans de la pierre... Pourtant, les comparaisons s'arrêtent là. Ou plutôt, les références sont nombreuses mais mettent les femmes à l'honneur. Les hommes sont faibles veulent et manipulateurs, bien que certains sortent évidemment du lot et que les femmes de pouvoir ne valent pas toujours mieux que leurs homologues masculins. A part qu'elles sont bien plus soucieuses de la vie de leur peuple.

Ce sont des femmes fortes, des guerrières, mais pas que, elles ont de multiples talents. L'auteure a crée une société de femmes qui reprend autant les codes masculins que féminin, inclusive (sexualité, couleur de peau). Des femmes qui savent tout faire, qui mutualisent mais qui ne sont pas pour autant exemptes de fautes ou d'erreurs.

Des femmes fortes, des femmes libres, libérées, telles qu'on en voudrait plus dans les fictions.



Challenge Plumes féminines 2019-20
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Le chant des cavalières

Le Hibook a lu et relu : «Le chant des cavalières» de Jeanne-Mariem Correze.Pour un premier roman dans un genre aussi codé que la « fantasy » voici une excellente surprise . Certes les éléments classiques sont là: une prophétie , un royaume en péril , la quête d’objets de pouvoir ,la magie , un personnage prédestiné mais la romancière les renouvelle avec subtilité. Foin des barbares bodybuildés nous sommes dans un monde dominé par les femmes : guerrières ,administratrices , guérisseuses . Si elles ne sont pas exemptes de férocité , la force n’est pas la voie du pouvoir mais plutôt le savoir et les trames subtiles . Pas de héros monolithique , Sophie Pendragon doute , essaie de voir clair dans ses désirs et dans les manipulations dont elle est l’objet . Pas de vision manichéenne opposant bons et méchants mais des oppositions idéologiques et religieuses nuancées . J’ai été frappé par la remarquable cohérence géographique et symbolique du monde imaginé , par la poésie et la sensualité de l’écriture et , en refermant le livre sur sa surprenante conclusion , j’ai l’envie que retentisse encore ,dans d’autres aventures, « Le chant des cavalières ».Et que grandisse cette « jeune pousse » prometteuse. (P-S : cette jeune romancière fut mon élève et c'est peu dire que je suis fier de la voir s'épanouir dans l'écriture)
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Féro(ce)cités

Au XVIIe siècle, Jean de la Fontaine avait dépeint une société caricaturale à travers des animaux parfois antropomorphes. Au XXIe siècle, projet Sillex produit un recueil dans lequel les animaux sont le centre des nouvelles et nous dépeignent les travers de la société. Il n'y a pas d'époque pour dépeindre ainsi la civilisation et nous plonger face à cette critique. Et qui de mieux que les animaux, qui ont pu subir énormément face à l'Homme pour ainsi nous représenter ?



Fero(ce)cité est un recueil de 10 nouvelles écrit par 10 auteurs qui ne déméritent pas. Ils sont tous super investits et produisent un texte qualitatif même si certains ont pu moins me transporter que d'autres. Mais comme on dit, les goûts et les couleurs !



Si j'ai beaucoup aimé ce recueil c'est en partie pour cette dénonciation de cette société qui a été ainsi faite à travers les nouvelles. Entre colonisation, Capitalisme, Esclavagiste, etc. il y en a pour tous !



Et c'est sans parler des différents styles de narration, de temporalité, d'intrigue. Chaque nouvelle à son identité. Les décors proposés sont très variés et assez fascinant. Entre intrigue politique, jeux de pouvoirs, trahison, complot tout ça avec de l'action, de la découverte, de la magie ou même de la philosophie, il y a vraiment de tout et au moins une peu vous plaire !



Petit bémol néanmoins en terme d'animaux. Il y a un béluga, et ça c'est génial car clairement pas l'animal le plus commun ! Les cervidés ont aussi été de la parti... Puis il y a les lapins. Ces animaux mignons qui ne sont au final peut-être plus si mignon en les découvrant dans ces nouvelles mais surtout qui reviennent à plusieurs reprises. Et j'ai trouvé ça sacrément dommage mais compréhensible aussi pour ne pas entraver la liberté de l'écrivain, de ne pas avoir implémenté d'autres animaux.



De plus, je trouve que des nouvelles d'une cinquantaine de pages c'est carrément trop court ! Et c'est rare quand je le dis 😂 mais j'ai tellement aimé les décors, les plumes des auteurs, les personnages que pour certaines j'aurais aimé y voir carrément un roman ou une saga qui entremêle toutes ces intrigues. Mais la plupart des chutes restent carrément bien menées et donc ne gâchent aucun plaisir !



En bref, vous l'aurez compris j'ai énormément aimé ces nouvelles notamment pour leur dénonciation de la société ou encore leur côté poétique et messager. On ne peut toutes les aimer de la même manière ni au même niveau mais elles restent super appréciables à découvrir. Les décors, les personnages, l'univers, les intrigues, tout est vraiment a découvrir et donne envie d'en lire plus. Ça nous apporte même ce goût de reviens-y ! En une phrase : Je veux plus de fantasy animalière !
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Le chant des cavalières

Un grand merci aux éditions VOolume pour la découverte de ce premier roman de fantasy de Jeanne Mariem Corrèze : Le chant des cavalières.



Une société matriarcale très hiérarchisée de chevaucheuses de dragons… Parmi les matriarches, les cavalières et leurs écuyères, la jeune Sophie cherche sa place et attend son heure, ses premières règles, les réponses à ses questions…

Une ambiance de luttes de pouvoirs dans un royaume instable et divisé…

Des parcours de femmes très intéressants…



Les romans de fantasy sont souvent un peu longs, regorgent de détails et de digressions. Ce n’est pas trop le cas ici car l’écriture est très belle, fluide, poétique, sans surcharge. L’autrice a maîtrisé la temporalité, les descriptions… Pourtant j’avoue m’être un peu perdue dans les intrigues compliquées de la cour et de l’ordre des cavalières…

Parmi les points forts de ce livre, j’ai apprécié, naturellement, le point de vue féminin, voire féministe, l’indépendance d’esprit des cavalières, les portraits très fouillés, le travail sur les personnages. Je parlerai aussi de la manière originale de revisiter les topoï du genre, entres autres autour de l’épée légendaire… Enfin, la mise en abyme de la biographie de Sophie par les épigraphes en tête de chapitres donne une certaine profondeur au récit.

J’ai également adoré le dénouement.



Avouerais-je cependant que je me suis parfois assoupie sur la version audio lue par Cécile Delacherie et que je ne suis pas toujours revenue en arrière pour voir ce que j’avais manqué ? Oui, par honnêteté ! De plus, j’ai eu un peu de mal avec la voix de la narratrice, surtout quand elle la contrefait pour imiter certains accents…



Un ressenti en demi-teinte donc mais, indéniablement, un roman qui plaira aux amateurs du genre.



#LeChantdescavalières #NetGalleyFrance


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Le chant des cavalières

Comme les Chevaliers du Tintamarre dont je parlais le mois dernier, Le chant des cavalières est un premier roman qu'un éditeur français a décidé de mettre en avant pour Les pépites de l'imaginaire 2020. Si le premier jouait la carte de l'originalité avec des anti-héros plein de gouaille, ici l'autrice est plutôt partie sur une classique histoire de dragons et de politique.



Je découvre Jeanne Mariem Corrèze avec ce roman comme beaucoup d'entre vous. Son titre et surtout sa couverture ont de suite attiré mon regard. J'en aime beaucoup la composition mettant en avant la relation entre le dragon à plumes et sa cavalière, ça donnait de suite le ton et mes espérances étaient grandes. Dans un premier temps, j'ai trouvé la plume de l'autrice très agréable, simple et fouillée à la fois, permettant de rentrer facilement dans l'histoire et l'univers proposé, ce qui n'est pas toujours le cas chez ses collègues. Ici cette simplicité servait vraiment le propos et donnait l'impression d'une fantasy classique, peut-être même déjà vue, mais agréable à retrouver.



On y découvre un royaume divisé et donc instable où plusieurs forces luttent pour le pouvoir, les uns pour retrouver un ordre ancien, les autres pour briser tout cela et proposer une nouvelle forme de gouvernance. Un ordre de femmes et de femmes uniquement chevauchent des dragons. Elles sont matriarches, cavalières ou écuyères mais surtout force de dissuasion et de frappe de leur pays. Parmi elles, l'une des matriarches décède lors d'une attaque et précipite un enchaînement d'événements qui va bouleverser leur monde. Celle qui se retrouve aux premières loges sans avoir rien demandé est la jeune Sophie, choisie comme apprentie de sa remplaçante alors que celle-ci ne le désirait pas. La voici à devoir louvoyer entre les intrigues de la cour et de son ordre, à affronter ses peurs et ses doutes pour pouvoir espérer choisir elle-même son destin.



Sur le papier le titre avait donc tout pour m'intéresser. L'univers déployé par l'autrice était prometteur avec un mélange entre politique du royaume et politique interne de l'ordre des cavalières, plus une touche de dépaysement avec les dragons et une touche féminine avec celles-ci comme seuls personnages de l'histoire ou presque. Le problème, c'est que la mise en place de l'intrigue ne fut malheureusement pas à la hauteur de mes espérances... Je n'ai rien contre les histoires classiques, ça j'aime. Mais ici, en plus d'être classique, je trouve l'histoire mal écrite. On survole bien trop d'éléments et ça empêche de vraiment s'intéresser au récit et aux personnages.



En effet, la géopolitique, élément pourtant majeur de l'histoire, est présentée de manière floue. L'Histoire de ce pays l'est de même alors qu'elle semble très intéressante. On découvre le fonctionnement de l'Ordre au fil des chapitres mais ça reste bien souvent trop léger pour moi, ça manque de détails, ça aurait mérité plus de détails, notamment sur leur rôle de gardiennes, leurs reliques, les différentes places fortes avec leur matriarches. Je suis frustrée.



De la même façon, les personnages sont survolés. On ne voit que Sophie, Sophie, Sophie et celle-ci est tellement fade et manipulable que c'est difficile de s'attacher vraiment à elle. J'ai été bien plus fascinée par Éliane et sa relation avec le prince mais au final on ne la voit et l'entend que trop peu, du coup on ne comprend pas bien la révolution qu'elle souhaite mettre en place. Il en va de même pour Pèn, la meilleure amie de l'héroïne et Berhane son amante dont la relation aurait pu être bien plus forte et dramatique, que ce pis aller qu'on aperçoit même pas 10 pages au total... Beaucoup de promesses fort peu tenues. Il en va de même pour Acquilon, l'ancienne matriarche tellement charismatique, qui plouf disparait comme ça en plein milieu sans avoir eu un rôle aussi important qu'on veut bien lui prêter... L'écriture des personnages est vraiment décevante, du moins la déception est à la hauteur des espoirs qu'ils avaient suscité.



En parlant d'espoir, j'en avais beaucoup pour l'histoire. Ça me plaisait de suivre une héroïne dont l'ascension reposait entre autre sur l'évolution physiologique de son corps et celle de son esprit. Ça me plaisait de la voir gravir les échelons, se lier avec un dragon et avancer vers sa destinée. Classique mais toujours efficace avec moi. Mais au final, la narration n'avance que par à-coups rendant le récit de ses aventures fades et le pire c'est quand on réalise qu'elle n'a été qu'un pantin, on comprend alors le malaise qu'on ressentait pour cette histoire depuis le début. Je veux bien que ce ne soit pas facile de raconter tout ce que l'autrice aimerait en 320 pages mais au final j'ai l'impression qu'il ne s'est rien passé ou presque. Les rares moments qui auraient dû être marquants manquaient d'une touche d'épique propre à emballer notre coeur.



Je ressors donc un brin déçue de cette lecture que je sentais prometteuse au début grâce à la plume fort agréable de l'autrice. Plein d'éléments m'ont tentée dans son histoire mais la façon dont elle les a agencés, amenés, fait évoluer, ne m'a pas convaincue. Il y a encore trop de maladresses pour moi et cela donne un récit frustrant et incomplet, qui en plus appelle une suite sinon la frustration sera encore plus grande. J'attendais quelque chose de mieux ficelé.
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Féro(ce)cités

L’ouvrage est un très joli livre avec une illustration très colorée et classe de Dogan Oztel qui annonce bien la thématique. Chaque nouvelle est précédée d’un dessin d’animal costumé, avec Djo Maz au crayon.



Il s’agit d’un recueil de 10 nouvelles, dans le genre fantasy animalière : ici point de trolls et elfes, de mages bourrins (quoique) ni de mort-vivant (quoique aussi en fait…). Les relations animales sont ici pour faire des analogies ou des allégories, et finalement faire se poser sans doute plus de questions sur les sujets traités que s’il s’agissait d’humains. La plupart des textes sont assez percutants, plus ou moins sombres, mais avec souvent beaucoup de sensibilité et des plumes tout à fait intéressantes à suivre.



La Voix des écorces de Pauline Sidre : La première nouvelle nous fait entrer de plein pied dans le genre fantasy animalière, avec des oiseaux cherchant à redécouvrir une ville dont beaucoup de secrets ont été oubliés. C’est assez subtil, avec une découverte du monde progressive, et un final surprenant. Un beau texte.



Entre chat et loup de Kevan Demillas : Cette nouvelle nous propose une enquête au sein d’une cité regroupant de nombreuses espèces animales cherchant à vivre autrement, si possible en harmonie, à l’abri de l’extérieur peuplé de carnivores… Mais la ville est en fait divisée en 4 quartiers, avec des tensions et des luttes de pouvoir. Un des textes les plus classiques mais agréable, proche de la fantasy habituelle, qui fait réfléchir sur les régimes alimentaires et la coexistence des espèces.



Que gèle la sève de Jason Martin : Un des textes les plus sombres du recueil, qui nous conte l’expédition d’un trappeur dans le Grand Nord Canadien à la recherche de son frère disparu, en plein blizzard. Critique de la civilisation des villes vs le grand air, et pique sur la colonisation des terres du nouveau monde… Ambiance très froide, avec de faux airs de la chose.



Rage d’Ambre de Xavier Watillon : J’ai eu du mal à bien rentrer dans ce texte, qui nous raconte le retour du descendant de famille de mages dans une ville en plein bouleversement. Un peu trop d’idées se mêlent ici, qui auraient nécessité plus de développement.



Piège à nuage de Eymeric Amselem : Texte très positif, on y retrouve un mage béluga volant parcourant les iles flottant au dessus de l’océan pour y propager l’idée que la terre est ronde et non plane… Le texte fourmille d’idée, et l’humour décalé du béluga passe très bien. Un très bon moment de lecture, avec une belle chute.



Ventreille de Édouard H. Blaes : Un texte assez prenant, dans lequel une troupe de théâtre divertit la population d’une ville assiégée, en proie à des luttes internes. L’un des membres de la troupe semble avoir un passé secret assez lourd, en rapport avec les représentations qu’il donne. Il y a beaucoup de choses dans ce texte, presque un peu trop, et j’aurai aimé qu’il soit un peu plus long à certains moments. Le mélange représentation de théâtre / espionnage fonctionne très bien.



Alba de Jais, l’Anonymographe de Fran Basil : Une frontière avec d’un côté les corbeaux, de l’autre les lièvres. Ils ont souvent eu des relations houleuses, mais trouvent toujours des arrangements… ou des compromis. L’héroïne Alba se retrouve au milieu d’un complot cherchant à renverser son dirigeant, alors qu’elle se trouve otage chez l’ennemi. Un texte assez touffu, dur, mais très bien mené, avec une chute que je n’avais pas vu venir.



Peau de lapin, peau de chagrin de Thomas Fouchault : Le texte le plus dur du recueil, qui décrit la descente aux enfers (presque au sens littéral) d’un marchand lapin venu à la grande foire pour écouler ses marchandises. Alors que la chance en affaire commence à sourire à l’animal, il se retrouve de plus en plus exploité, ne pouvant que subir sans espoir de se refaire. A chaque rechute on se demande comment les choses peuvent aller plus mal, mais l’auteur joue à faire souffrir son personnage. On croirait presque que l’auteur a eu une expérience avec le fisc alors qu’il était en liquidation de sa société et en plein divorce, et qu’il savait qu’il faudrait payer une pension 3 fois supérieure à son salaire, tout en apprenant qu’il avait un virus incurable rare. La vie de marchand apaisée quoi !



Mus de la Brèche de Jeanne Mariem Corrèze : Un joli texte sur le dernier voyage d’un passeur, allant d’une contrée sauvage à la grande ville des souris. Les dangers sont nombreux, mais le travail du guide est toujours fait avec professionnalisme. Finalement, la ville qui promet le repos n’est pas décrite comme le havre de paix qu’elle devrait être, mais la quête du passeur va au delà de la simple sécurité.



L’incarnation d’Oalzo de Delphine H.Edwin : Un texte dans lequel on se sent au départ un peu perdu, mais qui se dévoile au fur et à mesure pour un final apaisé. Pas mal de questionnements sur la parentalité, sur les choix et les désirs des enfants, au milieu d’un monde compliqué par les rivalités et les problèmes du monde. Un assez beau texte avec pas mal d’émotion.



Ce recueil original est donc de très bonne qualité, il réunit des textes très singuliers, par des auteurs talentueux. Les questionnements sur l’actualité sont nombreux, les situations sont originales et permettent pas mal de parallèles, de critique de la société. On ne peut que saluer aussi la galerie de personnages principaux, allant du très sympathique au calculateur froid. A nouveau une bonne production de Projet Sillex.
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Le chant des cavalières

Je n'ai pas accroché à ce livre, principalement à cause de son style qui m'a paru trop pompeux et alambiqué, avec une tendance à verser dans le mélodramatique chaque fois que l'un des personnages ressentait la moindre émotion ou sensation. En tout cas, ça ne m'a pas parlé.



L'univers, quoique classique dans sa construction autour de 4 points cardinaux et éléments, avait pourtant une dimension intéressante dans son inversion des rôles entre hommes et femmes, ces dernières étant nettement prédominantes. Mais justement, je n'ai pas compris où tous les hommes avaient disparu, ils ne sont quasiment jamais évoqués. Et accorder une symbolique très importante aux premières règles d'une jeune fille, en faire un rite de passage à l'âge adulte alors que les concernées ont à peine 12 ans, m'a pas mal dérangée.



Je n'ai pas accroché aux personnages et particulièrement à l'héroïne. Son prénom, Sophie, m'a déroutée par sa banalité au milieu des Penderyn, Acquilon et autres Berhane. Tandis que son nom, Pendragon, paraissait caricatural. Par sa personnalité, je l'ai trouvée très passive d'un bout à l'autre du roman : à part se mettre en colère ou pleurer, elle avait peu d'actions remarquables, et à peu près aucune qui ne soit pas manipulée par des forces supérieures. Comme l'indique le résumé du roman, elle attend. (En revanche, contrairement à ce qu'indique ce résumé, il n'y a pas d'amante évoquée).



Quant à la fin, je l'ai trouvée très abrupte. En fait, comme j'ai eu beaucoup de mal à dégager des enjeux clairs dans cette histoire où beaucoup de sous-intrigues s'entremêlent sans que l'une d'elle se démarque vraiment, je n'ai pas eu le sentiment de trouver une résolution.



Enfin, j'ai trouvé de nombreuses coquilles dans cette édition, voire des mots manquants, ce qui était assez dérangeant. Je salue néanmoins la grande élégance de la couverture. J'ai aussi beaucoup apprécié les dragons ainsi que les descriptions des citadelles, notamment celle de l'Est (même si ces descriptions qui s'enchaînaient faisaient un gros pavé d'exposition au milieu du roman).
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Féro(ce)cités

Repéré lors des Imaginales d’automne en 2021, j’avais très envie de découvrir ce recueil. J’ai profité de mon passage aux Imaginales 2022 pour me le procurer ! Les auteurs et autrices sont charmants (et drôles) et le livre a remporté un prix, que demander de plus ?



Je sais que le recueil de nouvelles a du mal à rencontrer son public en France et plus largement dans les pays francophones. Pourtant c’est l’occasion de découvrir de belles plumes et de lire des histoires courtes ! Un exercice plus difficile qu’il n’y paraît qui a été très bien réussi.



Si vous aimez la fantasy et les mondes imaginaires peuplés d’animaux, vous trouverez votre bonheur. De nombreux thèmes sont abordés dans des histoires variées, allant du poétique au plus gore. Gros plus pour la liste des triggers warnings à la fin de l’ouvrage !



Je n’ai pas aimé de la même manière toutes les nouvelles, mais globalement c’était dépaysant et fascinant. Voici en bref, mon avis sur chacune :



Nouvelle 1 – La Voix des écorces : J’ai eu du mal avec l’écriture très littéraire et tous les noms des espèces de chaque oiseau précis mais l’univers est maîtrisé et très intéressant. J’avais deviné un peu tout le plot twist ce qui est dommage.

Nouvelle 2 – Entre chat et loup : J’ai tout simplement adoré ! L’écriture, les personnages, l’univers et la nouvelle. Hyper dynamique tout en étant dans un univers qu’on imagine bien. Au top !

Nouvelle 3 – Que gèle la sève : On a une frontière fine entre un espèce de western et une maladie dévorante. Archi cool et immersif. Petit côté glaçant et horreur chouette. La fin aussi laisse place à l’imagination mais parfaitement maîtrisé.

Nouvelle 4 – Rage d’Ambre : une histoire de lapins magicien, j’ai trouvé l’intrigue un peu floue. J’ai moins accroché à cette nouvelle et l’univers car ça m’a semblé complexe pour une nouvelle, ça aurait peut-être nécessité d’être développé dans un roman.

Nouvelle 5 – Une histoire onirique d’un béluga rêveur. Une histoire parfois poétique aux accents philosophiques. Un joli conte bien raconté.

Nouvelle 6 – Ventreille : Encore une fois, une nouvelle très poétique, un côté révolution dystopique assez cool. Petit clin d’œil au théâtre bien ancré dans l’histoire. J’aimerais lire l’auteur dans un roman plus long.

Nouvelle 7 – Alba de Jais, l’Anonymographe : j’ai adoré les personnages et l’histoire me laissant un peu penser à la colline aux lapins, en revisité. L’écriture était hyper chouette, j’étais captivée jusqu’au bout.

Nouvelle 8 – Peau de lapin, peau de chagrin : certainement la nouvelle qui m’a le plus captivée. La tentation monte crescendo pour atteindre son apogée à la toute fin. C’est extrêmement bien raconté, une pépite.

Nouvelle 9 – Mus de Brèche : une nouvelle très descriptive dont j’ai eu du mal avec le rythme. L’histoire était touchante mais il manquait une petite étincelle pour que ça me touche vraiment.

Nouvelle 10 – L’incarnation d’Oalzo : une histoire très originale, poétique et douce. J’aurais aimé en savoir davantage sur l’univers mais ça restait très joli à lire.

En bref, un recueil qui mérite le détour et j’espère pouvoir relire ces plumes dans leur propres romans !
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Le chant des cavalières

𝐋𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐀𝐮𝐝𝐢𝐨



𝘓𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘢𝘷𝘢𝘭𝘪𝘦̀𝘳𝘦𝘴 𝘰𝘶 𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘦𝘮𝘪𝘯 𝘢̀ 𝘵𝘳𝘢𝘤𝘦𝘳 𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘴𝘰𝘯 𝘪𝘯𝘥𝘦́𝘱𝘦𝘯𝘥𝘢𝘯𝘤𝘦.



Ce livre fantasy n'est pas comme les autres, notamment à cause du style lyrique utilisé mais aussi parce que les ingrédients habituels pour une fantasy épique sont restés discrets.



Un mot d'abord sur la lecture du livre, j'ai beaucoup de mal à rester concentrée sur l'histoire. La voix, un peu rauque et vibrante, me donnait envie de me racler la gorge. Par ailleurs le ton utilisé pour Sophie m'est insupportable. J'ai trouvé également que l'intonation donnée à bon nombre de répliques manquait de justesse.



Un second mot sur le style d'écriture : Qualifié de pompeux par certains lecteurs ou lectrices, le style est très poétique, le vocabulaire ancien, l'ensemble est homogène. Même si j'ai trouvé l'écoute un peu soporifique, j'admire l'auteure à pouvoir écrire de la sorte. Si je devais décerner un prix, ce serait exactement pour cela, la plume originale et sophistiquée de Jeanne Mariem Corrèze.



Un dernier mot sur le récit : Malheureusement, toutes les parties qui décrivent les scènes de vie n'apportent pas grand-chose à l'histoire, seuls les derniers chapitres permettent de comprendre les tenants et aboutissants. Par exemple, je n'ai pas pu me faire une idée précise des lieux, d'une époque ou des équipements. Les qualificatifs sont trop suggestifs, les descriptions sont essentiellement axées sur les états d'âme, les mimiques et les actions de petites portées. En outre, les personnages sont toujours en colère avec une aigreur ou une acidité dans la bouche. Les intentions des protagonistes ne sont pas clairs non plus, leurs desseins se révèlent que dans les quelques dernières pages.

Et les dragons ? ils occupent une piètre importance, remplacez-les par des chevaux, il n'y aura aucune incidence sur l'histoire.



Même si je ne suis pas subjuguée par l'écoute de ce livre, les livres audio ont toute leur utilité, entre autre, pour les personnes malvoyantes et non voyantes. Heureusement, les éditions comme VOolume existent et permettent à tous de pouvoir avoir accès à la littérature.

Je remercie Babelio de m'avoir permis une nouvelle expérience grâce à Masse Critique.

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Féro(ce)cités

Méfiez-vous des apparences : derrière cette illustration, ce ne sont pas des textes enfantins que vous rencontrerez… loin de là !

Féro(ce)cités = des animaux par dizaines et des villes qui deviennent, elles aussi des personnages à part entière…



Voilà 10 nouvelles proposées par 10 auteurs différents (hommes et femmes), chacun offrant sa vision de la thématique. Mais dans l’ensemble, on peut quand même souligner une certaine violence ou en tout cas des situations plutôt difficiles pour les personnages que l’on rencontre dans ces aventures.

Finalement, derrière cette fantasy animalière, on retrouve des thématiques très humaines et finalement peut-être même encore plus fortes que si les héros avaient notre apparence.



10 textes sur la même thématique, on pourrait redouter la répétition… mais non !, aucune ressemblance entre les récits ; les univers n’ont rien à voir les uns avec les autres et les héros qui y évoluent non plus même si certaines espèces ont davantage inspiré les auteurs et autrices.

Des oiseaux, des lapins, des ratons-laveurs, des chats, des lapins, des souris, des corbeaux, des lapins, des cigognes, des carcajous et… ah oui, des lapins ! Une faune assez nombreuse se cache entre ces pages mais il est vrai que le lapin semble avoir rencontré un succès fou. Ce qui, personnellement, me laisse assez perplexe mais pourquoi pas après tout… en tout cas, quelle que soit la taille et l’apparence choisies pour leurs héros et héroïnes, à plumes ou à poils, cela fonctionne (mais où sont les écailles – très peu présentes -, les carapaces et les insectes ?!).



Dans leurs nouvelles de 40/50 pages (toutes ont quasi le même format), certains auteurs ont opté pour des styles plutôt descriptifs ou introspectifs alors que d’autres ont préféré miser sur l’action et un rythme beaucoup plus effréné. Certaines narrations suivent un schéma chronologique très linéaire où d’autres s’amusent un peu plus avec les ellipses narratives et les flash-backs. Il y en a pour tous les goûts.

Bien sûr, toutes les aventures ne m’ont pas portée avec le même enthousiasme ; certaines m’ont davantage interpelée, marquée ou émue mais globalement, pas de fausses notes, pas de raté, pas de flop retentissant. Juste une question de goût et de sensibilité.



De ce fait, je retiens principalement deux nouvelles (celles que j’ai encore bien en tête quelques semaines après avoir terminé ma lecture du recueil) :

- Peau de lapin, peau de chagrin de Thomas Fouchault qui, sous forme de conte (noir) est, à mon sens, une métaphore de la société capitaliste qui alpague, promet fortune et succès, accroche, dévore et suce jusqu’à la moelle. J’ai aimé la plume imagée, j’ai aimé le rythme, j’ai aimé la montée en tension vers l’inéluctable… et la conclusion qui ne pouvait être autre. Bravo.

- Que gèle la sève de Jason Martin (alias Monsieur Loup) même si là, je ne suis pas très objective. Il faut dire que celle-ci, je l’ai lue deux fois et les deux fois avec le même plaisir. C’est un récit d’atmosphère qui fait voyager (quasi du nature writing à certains moments), l’ambiance est hyper bien rendue. Calamité est un personnage trop chouette (en plus en guest, il y a un gros chat bien connu de nos services ! ^^), l’intrigue est claire (mais pas simpliste), le suspens monte crescendo… jusqu’au dénouement. Je m’y croyais.



Mais beaucoup d’autres aventures m’ont convaincue : La Voix des écorces et Mus de la brèche pour leur côté visuel, Entre chat et loup pour son dynamisme, Ventreille pour sa construction théâtrale ou encore L’Incarnation d’Oalzo pour l’émotion qu’elle a suscité en moi.

Encore une fois, je trouve tous les textes extrêmement qualitatifs en terme d’écriture, construction d’univers et d’intrigues et propositions de personnages ; certains ont simplement plus facilement touché quelque chose dans mes habitudes de lectrice. Mais je suis sûre que chaque lecteur trouvera au moins un récit qui lui parlera et le touchera.



Editer une anthologie de nouvelles, qui plus est de fantasy animalière, c’est un pari osé mais le pari est amplement réussi à mon avis. Le livre est aussi beau à l’extérieur que les textes qu’il renferme. Des auteurs et autrices qui confirment leur talent, d’autres que je ne manquerai pas de suivre dorénavant assidument…

Bref, une belle réussite que je vous invite vous aussi à soutenir et à découvrir. Les éditions Projets Sillex ont en plus une “politique” novatrice et valorisante, notamment pour les auteurs ! Alors qu’attendez-vous ?
Lien : https://bazardelalitterature..
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Le chant des cavalières

Je suis partagée quant à ce roman. Il n'est pas dénué de qualités, bien au contraire : C'est bien écrit, l'univers construit par l'autrice est très intéressant, les personnages, quoique peut-être pas assez fouillés, sont agréables à suivre.

Pourtant, j'ai le sentiment de n'avoir qu'effleuré cette histoire. M'être dit en refermant mon livre "Tout ça pour ça ?". Et pourtant, j'ai trouvé le dénouement intéressant. Difficile de définir ce qu'il m'a manqué. Peut-être un peu de profondeur ?

Cela dit, je dois avouer qu'un gros morceau de l'histoire consiste en des intrigues politiques et autres complots, et ça n'est pas du tout ma tasse de thé, je m'en suis aperçue. Est-ce que c'est pour ça ? Mon attention s'est dérobée, et j'ai finalement été happée à nouveau qu'à la toute fin du livre, lorsque le "destin" de notre héroïne se met enfin en branle... Pour finalement, comme je l'ai dit, me laisser qu'un petit gout d'inachevé.

Bref, je n'ai pas passé un mauvais moment, mais je ne peux pas non plus dire que j'ai été transporté.
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