Jérémy Bouquin, "Sois belle et t'es toi !", Editions Lajouanie, 20 mai 2016
Quel cauchemar je vais devoir affronter ? Je suis un animal, je reste un animal. J'ai peur. Il y a toujours plus fort que soi, un prédateur au-dessus de chaque prédateur.
" Je dois faire quoi ? " coupe-t-elle.
- Juste nettoyer. Le reste , je m'en occupe.(...), j'ai pris certaines habitudes pour trouver mes...petits plats."(...)
- " Et vous n'avez pas appris à faire la vaisselle par vos propres moyens?"
Sandra n'est pas une femme de ménage comme les autres (...). Sandra travaille jour et nuit, 24 heures sur 24. Elle assure un service impeccable, avec discrétion. Une prestation de qualité, pas de question. Elle ne parle pas.
Sandra fait comme si elle n'était pas là.
"Pas trop de différence entre le cochon et l'humain. C'est quasiment pareil."
Roger est fier de son élevage. J'ai droit à la visite à chaque fois.
"Tout est bon dans le couillon !"
Réseau social qu'ils disent appeler ça ! Tu parles. Bal des voyeurs et des vicelards !
Génération de con ! Trop connectée, plus de vie privée, tous à la recherche des quinze secondes de célébrité. Tape 1 pour m’éliminer. Patati...
Connerie de monde.
#pathétique
Plusieurs des femelles ont les mains coupées. Elles ont les moignons protégés par d'énormes pansements.
Roger s'explique rapidement :
"Elles se cognent dessus pour manger. Elles se griffent, depuis quelque temps. J'ai décidé de leur couper les mains."
Il s'approche d'une nouvelle femelle, il lui prend le visage, lui ouvre de force la bouche. La mâchoire est vide.
"Je leur arrache aussi les dents, comme cela pas de problème !"
Efficace ce Roger !
Imaginez, le doux goût sucré et fondant d'un foie d'adolescente sur son nid de purée crémeuse de pommes de terre nouvelles, un cervelet d'enfant vinaigrette assaisonné d'un poivre rare de Cayenne, un rôti Horlof d'un jogger, une rate au court-bouillon mariné, un poumon de nouveau-né braisé, un assortiment de tripes yougoslaves préparées dans du calvados...
J'en salive.
Tout le monde le regarde. Personne ne réagit. Personne ne lui fait la moindre remarque. Un type cogne une femme, personne ne bronche.
Franck est livide, tétanisé, tremblotant. Comme un camé, il lui manque quelque chose. Il perd les pédales. Il devient taré.
( p 54)
Les tableaux de bord bardés de gilets jaunes, il y en a partout. Chaque fois que les voitures passent le rond-point, on klaxonne. C'est comme une première victoire. Trois cents bagnoles peuvent passer aux heures de pointe, alors les « Gilets Jaunes » bloquent, ralentissent. Toujours avec le sourire, des mots gentils. Chacun prend acte. Cela fait déjà presque cinq jours depuis la première grande manif. Des Gilets Jaunes passent même pour distribuer des bonbons aux gamins, d'autres expliquent les revendications. Certains automobilistes n'hésitent pas à donner des sous. Il y en a bien qui font la tronche, mais ceux-là, les «jaunes » les ignorent.