Citations de Jérôme Baschet (114)
Alors le repli sur soi se transforme en ouverture sans limites. Le pli du monde où l’on se blottit avec un livre devient un désert, une steppe, une banquise…
Serait-il possible qu’un jour apprendre contribue à l’épanouissement de tous ? Serait-il possible de se souvenir que le mot grec scholé (d’où vient le latin schola…) désignait, loin de toute idée de « travail », le loisir qui permet à l’homme libre de cultiver la sagesse ?
Maladies d'hier, aujourd'hui presque oubliées.
" Ne te vante pas d'avoir un fils s'il n'a pas eu rougeole ou variole", disait un proverbe.[...]
Mais dans les pays d'Afrique noire, au XXIè siècle encore, un enfant sur huit meurt avant un an, alors que des soins simples permettraient de l'éviter. C'est le plus grand de tous les scandales de l'enfance.
La sortie du capitalisme signifie une « déséconomisation » radicale de l’univers collectif.
Finalement, la vie sociale relève d’un incroyable automatisme qui tient à l’incorporation pratique de ses normes : on agit ainsi parce que les choses sont ainsi. La permanence du système social repose donc sur une étrange tautologie : cela tient parce que cela tient. C’est-à-dire aussi… jusqu’au moment où cela commence à ne plus tenir.
Le monde post-capitaliste sera tout sauf UN.
Le peuple qui se soulève aujourd’hui et qui est bien décidé à ne plus s’en laisser conter, c’est toutes celles et tous ceux qui, dans l’esprit dérangé des élites qui prétendent nous gouverner, ne sont rien.
On dirait que les objets dominent nos pensées, notre vie. [..] Sommes-nous donc esclaves des biens matériels ? […]
On dirait que les objets se sont animés et se livrent à une danse folle autour de nous, qui sommes comme des pantins sans âme…
Ne bousculez pas ce grand voyageur, étonné et étonnant, qui arrive du mystère et qui vient de connaître un moment d'une force extraordinaire : la naissance.
Le capitalisme vert et le développement durable sont les labels rassurants qui tentent de convaincre l’opinion qu’on pourra surmonter les problèmes climatiques et écologiques en les transformant en nouveaux marchés, sans rien changer à la logique qui les a produits.
Il n’est plus temps de prôner une démocratie participative qui, par la vertu de quelques doses homéopathiques de bonne volonté populaire, viendrait rendre un semblant de vitalité à une démocratie participative fossilisée. Il ne peut s’agir que de donner au mot démocratie le sens radical sans lequel il continuera de sonner creux : faire de la démocratie le pouvoir du peuple, non pas seulement par l’origine dont il procède, mais dans son exercice même.
Les jouets rapetissent le monde pour aider les enfants à grandir.
On peut bien (...) dérouler l'interminable litanie des crimes du capitalisme, cela ne changera rien, cela ne suffira pas. Tant que la croyance (ou, simplement, la sensation) qu'il n'y a pas d'autre forme sociale viable demeurera inébranlée, tant que n'aura pas commencé à prendre consistance la possibilité d'une organisation non capitaliste de la vie, la plupart d'entre nous continueront de se résigner à l'état de fait ou de promouvoir des arrangements limités au sein du désastre.
La collapsologie unifie les scénarios, alors qu’il est crucial de les pluraliser.
Nous ne voulons surtout pas refonder le capitalisme, mais en finit avec lui.
Nous ne voulons pas sauver le capitalisme, mais nous sauver de lui.
Tous les enfants le savent. Leur richesse, c’est de s’émerveiller, et c’est ainsi qu’ils allument partout des feux de joie dans les cœurs.
Les aspirations émancipatrices inscrites dans l’histoire occidentale et celles qu’ont portées et portent les sociétés non occidentales peuvent se féconder mutuellement, pour mieux faire front au monde de la destruction. Il s’agit en quelque sorte de s’attaquer au système-monde capitaliste par les deux bouts, en alliant le désir de dépassement de ceux qui s’efforcent de sortir de la société de la marchandise et la capacité de résistance créative de ceux qui rechignent à s’y laisser absorber entièrement et défendent avec obstination des formes d’expérience partiellement préservés des rapports marchands.
Relancer l’économie, voilà l’idée fixe de ce monde où l’on marche sur la tête tout en se persuadant que c’est la seule façon de marcher. Mais quand l’air devient proprement irrespirable, que l’on se rend compte qu’on ne relancera jamais rien, alors c’est l’État sécuritaire, militaro-policier, répressif, cet État resserré autour de ses fonctions « minimales » de maintien de l’ordre capitaliste, qui s’impose, révélant ce qu’il a toujours été, un monstre froid, une monstrueuse organisation bureaucratique et militaire, un Léviathan.
Dans les villages rebelles des Indiens Mayas.
De l'espoir et du respect.
"Dans toutes les communautés zapatistes, les enfants grandissent et deviennent adultes au milieu d'une guerre. Mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'enseignement qu'ils reçoivent n'est pas fait de haine et de vengeance, moins encore de désespoir et de tristesse. Non, dans les montagnes du Sud-Est mexicain, les enfants grandissent en apprenant que "l'espoir" est un mot qui se prononce de manière collective, et ils apprennent la dignité et le respect envers ceux qui sont différents. Peut-être qu'une des différences entre ces enfants et ceux d'autres endroits est qu'ils apprennent tout petits à entrevoir le lendemain.
Mes frères et moi, on souffrait beaucoup et la souffrance, ça n’aide pas pour penser bien. […] Un gosse qui s’emmerde ne peut pas rester une journée entière sans faire un ou deux trucs idiots ou interdits.
Amadou Bâ, enfant Sénégalais.