Citations de Jesse Kellerman (293)
Pire que de perdre quelqu'un qu'on aime, c'est de le perdre deux fois.
Le chagrin nous fait faire des choses étranges.
On aurait pu aller jusqu'à parlée d'amour ; car qu'est-ce que l'amour, sinon le désir de se répéter ?
Il n'y a pas de chemin plus sûr vers la médiocrité; comme l'a écrit Borges, le désir d'être un génie est "la plus grossière des tentations de l'art". Selon sa conception, le véritable génie n'est donc pas conscient de lui-même. Un génie doit par définition être quelqu'un qui ne s'arrête pas pour réfléchir à ce qu'il fait, à la façon dont cela sera reçu ni aux conséquences que ça aura sur lui et son avenir; il se contente de faire. Il exerce son activité avec une obstination qui est par essence malsaine et autodestructrice.
De mon côté, je ne batifolais pas tant que ça .
Ayant brûlé la vie par les deux bouts entre 15 et 24 ans, arrivé à 30 ,
je me rendis compte de la chance que j’avais eue de n’avoir jamais rien récolté de plus grave que quelques insultes bien choisies ou qu’un verre de champagne tarif étudiant à la figure.
Isaac Merritt Singer, cet homme à la libido, à la fortune, au ventre et au rire légendaires ,…, cet homme donna une grande tape dans le dos de son ami et lui répondit en riant :
T’en fait pas , vieux! Ici, on est ce qu’on dit qu’on est.
Le vrai art est toujours là où on ne l’attend pas. Là où personne ne pense à lui ni ne prononce son nom.
L’art déteste être reconnu et salué par son nom.
Il se sauve aussitôt.
Jean dubuffet
Sitôt le marché conclu, je détectai un changement dans l’attitude de Hollister [acheteur d’art], un brusque regain de confiance. Maintenant qu’il était le possédant, il savait comment se comporter. Les hommes de son espèce pensent que rien ne peut leur échapper, qu’il s’agisse d’un terrain immobilier, d’une oeuvre d’art, d’un trait d’esprit ou d’une personne. Une fois qu’ils ont payé et que l’ordre est rétabli, ils peuvent se conduire à nouveau en maîtres de l’univers.
"La solitude est l'état intrinsèque de l'homme. Créé seul, il meurt seul; et ce qui se passe entre les deux est tout au mieux un palliatif "..
"Tu sais la tronche que tu fais ? Tu fais une tronche comme si je venais de chier sur la moquette de ton salon et que t'essayais de faire semblant d'avoir rien remarqué. Mais je déconne, allez ! Je vis pas vraiment dans la rue... Ça va mieux maintenant ?"
Bonjour, Victor. L'homme connaît son prénom. Il a une moustache. Victor aussi veut une moustache. Il se dit que ce serait bien d'avoir toujours un petit animal de compagnie sur le visage. Il ne serait plus jamais seul comme maintenant.
Père parle de se serrer la ceinture et mère lui rétorque qu'ils doivent quand même pouvoir vivre comme des êtres humains. David ne voit pas le rapport : si vous resserrez votre ceinture, qu'est-ce qui vous empêche de vivre comme un être humain, à part que vous êtes plus comprimé dans votre pantalon ?
Une œuvre d’art devient une oeuvre d’art – et un artiste un artiste – dés lors que je vous fais sortir votre chéquier.
C'était la mieux placée pour témoigner de mon amour pour Alma ......
Désormais c'était une question d'argent et je ne pouvais plus faire confiance à personne.
Je lisais pour le plaisir de lire plutôt que pour dénicher des éléments de travail.
C'était exactement ce que j'avais fait: j'avais triomphé, réussissant à m'extirper d'un cloaque illettré et à me démontrer entièrement pour me rassembler dans un moule de ma propre fabrication.
Je me souviens des veines de son avant-bras qui battaient si fort qu’on aurait dit que la tête de mort tatouée sur sa peau serrait et relâchait la mâchoire. Je le revois debout au milieu du salon en train d’enlever sa chemise de travail trempée, les poils de son torse en bataille. Je le revois appeler ma mère en aboyant si elle n’était pas là pour l’accueillir ; s’agenouiller pour m’attraper et m’étouffer dans une étreinte qui puait la testostérone. L’effort physique constant ne suffisait pas à épuiser le trop-plein d’énergie qui bouillonnait à l’intérieur de lui, aussi cherchait-il à l’évacuer par d’autres moyens. Il faisait de la boxe amateur. C’était également un passionné de chasse. Quatre ou cinq soirs par semaine, il se saoulait. Et quand rien de tout ça ne suffisait à l’apaiser, il brutalisait sa famille.
C’était ma mère qui prenait le plus, en tout cas les premières années
Exigeant, versatile, doué d’un charisme brut, c’est un homme à vrai dire plutôt intelligent quoique extrêmement concret. Sans doute est-il préférable qu’il ne m’ait jamais parlé de mon travail. Il ne comprendrait pas, et je serais incapable de le lui expliquer (la réciproque étant qu’il sait faire des choses que moi pas, comme gérer une affaire ou réparer une machine à laver). Quand il décide que quelqu’un est mauvais, il est à jamais irrécupérable. Quand ce sont des gens bien, ils ne peuvent rien faire de mal… du moins pour un temps. Les personnes de son espèce sont vouées au tourment car elles sont confrontées au même choix binaire lorsqu’elles se jugent elles-mêmes. Qu’il soit drôle, d’une drôlerie parfois saisissante, n’a rien d’étonnant, puisque le vrai visage de l’humour est toujours la cruauté. Ma mère ne fut pas la dernière à tomber sous son charme. La caissière du supermarché, mon institutrice de CM1… je les revois encore flirter avec lui, se pencher vers lui d’un air félin. À ma connaissance, il n’a jamais eu de maîtresse, mais qui saurait l’affirmer avec certitude ? (En revanche, la fidélité de ma mère ne fait aucun doute.) Beaucoup de ces traits mordants se sont atténués avec l’âge, mais à l’époque c’était une force avec laquelle il fallait compter, et si je n’irais pas jusqu’à le traiter de monstre, je dirais en tout cas qu’il n’avait aucun mal à faire croire qu’il en était un.
Qu’il soit drôle, d’une drôlerie parfois saisissante, n’a rien d’étonnant, puisque le vrai visage de l’humour est toujours la cruauté.
Les personnes de son espèce sont vouées au tourment car elles sont confrontées au même choix binaire lorsqu’elles se jugent elles-mêmes.