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Critiques de Jocelyne Saucier (236)
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Il pleuvait des oiseaux

Qu'elle jase bien, Jocelyne Saucier !



Je me suis sentie bien à mon aise dans cette jolie histoire canadienne, dans cet univers insolite peuplé de personnages pétris d'humanité.

Des petits vieux hors d'âge vivent en solitaires chacun dans sa cabane de rondins, coupés du monde dans des bois reculés, ravitaillés et protégés de la civilisation par des marginaux, gentils trafiquants-cultivateurs de substances illicites. Un huit-clos en crépuscule de vie, fait de liberté et de sérénité, en dépit des drames passés.



Des cabanes de planches, des chiens loyaux et confortables, des patates aux lardons et du thé sucré, des pièges sous la neige ou les feuilles, et la beauté d'une nature vierge, immense, reposante.

La mort peut venir, on l'attend, on s'en gausse, car cette fin de vie est belle et fraternelle, et elle réserve encore des parenthèses enchantées: des visiteuses inattendues, des tableaux qui expliquent la vie d'un ami disparu...



Jocelyne Saucier est donc une jolie conteuse à la plume poétique et chaleureuse. Elle se fait historienne en nous transportant dans le Canada du début du 20ème siècle, où les villes minières de l'Ontario se faisaient ravager par les Grands Feux, immenses incendies incontrôlables et dévastateurs de vies humaines. Un monde de furie et de fumée qui carbonisait et asphyxiait même les oiseaux.



Une lecture émouvante et délicate pour un bien bel hommage à la vieillesse, exprimé avec une grande sensiblité. Cela pourrait être gentiment niais, c'est tout simplement magnifique!

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Il pleuvait des oiseaux

Presque cent ans après les Grands Feux qui ont dévasté le nord de l’Ontario au début du XXe siècle, une photographe entreprend de rassembler les portraits des survivants. Elle est à la recherche de l’un d’eux, Boychuck, qui, à quatorze ans, a perdu toute sa famille dans la catastrophe et vit maintenant retiré dans les bois. Lorsqu’elle le localise, il vient de mourir, ne laissant que la collection d’inexplicables tableaux qu’il a peints, et les deux amis, également retirés du monde, qui vivent à proximité de sa cabane. Une vieille femme, Marie-Desneiges, sera la seule à savoir décoder les peintures de Boychuck, hanté toute sa vie par l’horreur vécue dans sa jeunesse.





L’auteur a choisi d’imaginer, chez des personnages fictifs désormais au soir de leur vie, les traces et les souvenirs laissés par les événements historiques. C’est donc indirectement et par bribes, par le prisme de la mémoire et du traumatisme mais aussi par le filtre d’une douloureuse pudeur, qu’elle nous fait revivre cette tragédie méconnue, au fil des rencontres d’une photographe qui nous sert en quelque sorte d’alter ego. Peu à peu, derrière l’intrigue contemporaine inventée en premier plan, se dessine en filigrane une trame historique totalement fidèle à la réalité.





C’est à vrai dire cette reconstitution historique, particulièrement impressionnante, qui m’a le plus intéressée. Parmi ces incendies partis de feux d’abattis, le plus meurtrier fit en 1916 deux cent vingt trois victimes et détruisit deux cent mille hectares de forêt. Les survivants évoquèrent des scènes d’apocalypse, où "il pleuvait des oiseaux", tués par "une atmosphère irrespirable de chaleur et de fumée". Des familles entières périrent, d’autres échappèrent à la mort par miracle : "en creusant la terre de leurs mains entre les rangs de leur champ de pommes de terre et, chacun dans son sillon, ils étaient restés face contre terre pendant que les vagues de flammes déferlaient au-dessus d'eux".





La partie contemporaine de l’histoire m’a en revanche beaucoup moins séduite. Malgré la tendresse manifeste de l’auteur pour ses personnages fragilisés par l’âge et par l’invisible fardeau de leurs souvenirs, l’émotion s’est chez moi dissoute dans le maelström de thématiques qui caractérise le versant fictif du roman. Vieillesse et fin de vie, suicide et euthanasie, amours impossibles et quête de liberté : à la longue, tout m'a semblé s’entremêler et brouiller le fil narratif, dans une surenchère de bons sentiments parsemée d’invraisemblances. Ce qui commençait comme une réaliste tragédie aux touchants personnages s’est finalement mué en une décevante et peu crédible friandise trop sucrée.





C'est donc globalement désappointée que je referme ce livre, certes bien écrit et agréable sur un sujet historique étonnamment méconnu, mais dont j'attendais plus de profondeur au vu de ses nombreuses récompenses littéraires.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Il pleuvait des oiseaux

Grâce à des commentaires épatants de camarades de Babelio, en plus d'un ami, m'envoyant un article très convaincant… Tout ceci conjugué m'a donné l'envie irrépressible de découvrir cette auteure canadienne...et grand bien m'en a pris !



Cela ne m’arrive pas fréquemment de quitter à regret un récit et les personnages, auxquels je me suis attachée… ce fut le cas avec cette fiction, crée à partir d’un évènement réel de l’histoire canadienne, nommé « les Grands feux » survenu en 1916…Incendies gigantesques qui ont ravagé des villages et fait de nombreux morts….



Une photographe s’intéresse à ces évènements très anciens, recueille, collecte des informations pour pouvoir retrouver les survivants…aujourd’hui « octogénaires »… Elle fera ainsi la connaissance de deux « anciens »… aux forts tempéraments, retirés au fin fond de la forêt , ayant rejeté certaines valeurs de la société , dont la manière de traiter et d’infantiliser les « vieux »…



Tom et Charlie ( le 3ème larron, Ted, venant de mourir à l’arrivée de la photographe) ont conclu un pacte entre eux… au cas où ils ne pourraient plus se débrouiller seuls. Ils ont décidé de changer de vie, d’être libres de vivre à leur manière et surtout de vieillir et de mourir dans la dignité…



Ce petit noyau d’hommes , complété de deux hommes plus jeunes et atypiques, va être « révolutionné » par l’irruption de deux nouvelles venues : la photographe souhaitant faire leur connaissance et connaître leur parcours, après ces terribles évènements des « Grands feux » datant de plus de 60 ans… et Marie-Desneige, une très vieille dame dont la vie a été une longue injustice… qui va être accueillie, protégée , choyée… et dont l’existence va lui rendre enfin une belle « éclaircie » de fin de vie, une histoire d’amour intense et lumineuse, au sein de ce « noyau d’amis »…



Un très beau style, avec des mots nouveaux à nos oreilles de « France »… qui doublent l’enchantement de la lecture.



Une ode à La Liberté, à l’Amitié, à la contestation nécessaire pour préserver les valeurs essentielles de notre vie ici-bas, à la Nature…à une authenticité entre les êtres. Un roman magique, que l’on ne quitte qu’à regret… J’ai noté pour « mes cahiers de vacances » de cet été, la lecture d’un autre écrit de cette romancière, dont j’apprécie l’univers et le ton singulier !



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Il pleuvait des oiseaux

Imaginez ma surprise lorsqu'arrivée à un moment de ma lecture, je découvre que je suis allée dans ces lieux où se déroule l'histoire du roman ! Un mois de vacances au Canada, juillet 1975. Quelques jours à Montréal ensuite l'Ontario, du nord au sud, Cochrane et ses environs ainsi qu'un lac, lieux que je retrouve dans Il pleuvait des oiseaux, puis Ottawa, Toronto et Niagara, de très beaux souvenirs d'un pays où j'aurais aimé vivre. Ce livre il fallait vraiment que je le lise.

Une photographe recherche les survivants des grands feux qui ont ravagé la région au début du XXᵉ siècle, elle a appris qu'un de ceux-ci, Boychuck, vit dans la forêt près de Cochrane, elle s'y rend mais, trop tard, il est mort depuis peu. Là, elle rencontre Charlie et Tom, les amis de Boychuck, deux vieillards épris de liberté qui ont choisi de disparaître en forêt. Ensuite arrive Bruno qui cultive un champs de marijuana près de la cabane de Boychuck, c'est lui qui apporte le ravitaillement. Un jour, Bruno amène Marie Desneige, une petite vieille auréolée de cheveux blancs, craintive, elle a passé sa vie dans un asile dont l'a sortie son neveu. Une belle histoire que nous raconte Jocelyne Saucier, l'histoire de ces être épris de liberté qui ont choisi de vivre en marge d'une société qu'ils ont fui.

Comme pour Les héritiers de la mine, j'ai adoré l'écriture de Jocelyne Saucier. À lire !
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Il pleuvait des oiseaux

Une bulle de tendresse dans le bois

*

J'ai remarqué que depuis quelques mois, les romans québecois me font toujours du bien. Une sorte de chaleur douce qui se répand dans mon corps et mon esprit. Une quiétude restant en suspension au creux de ma conscience.

Cet attachement me laisse rêveuse et je ne me rue pas directement sur mon clavier pour vous en parler. Je laisse passer les jours. Et ça fait du bien :)

*

Il y a quelques temps, j'ai rencontré virtuellement une québecoise sur Bookstagram, Anne and the Boyz, qui m'a proposé de faire une LC (lecture commune) de @Bondrée . (un roman québecois). Fort de ce succès , nous avons récidivé avec ce roman intimiste de Jocelyn Saucier.

J'avoue que le thème de la vieillesse et le grand âge ne m'attirent pas spécialement. Mais le fait que l'histoire se passe dans une communauté isolée dans un bois au Québec m'a fortement intéressé.

*

Me voilà donc partie dans une forêt reculée, sauvage, protégée de la civilisation, impénétrable , sombre mais aussi lumineuse.

L'auteure a utilisé un fait divers , "les Grands feux" (incendie meurtrier survenu en 1916) qui a fait des ravages mortels et écologiques. Puis elle a brodé une histoire fictionnelle sur un héros de cet incendie et dont on suit les traces dans ce bois.

Bien sûr, ce n'est qu'un élément pour nous amener dans ce lieu et nous présenter les personnages qui l'habitent.

Des êtres épris de liberté (vous savez, cette liberté sauvage et primitive), de vieillards amoureux de la vie, respectueux, tendres et aussi drôles.

*

Tout au long du récit, j'ai eu l'impression d'être dans un conte. Cette cabane perdue, la police qui tient lieu de l'ogre, les jeunes hommes "bonne fée" qui nourrissent ses hôtes. Le ton est résolument onirique et contemplatif.

*

Les arrivées simultanées de la jeune photographe, puis de cette gracieuse petite dame vont "réveiller" les consciences. Bouleverser l'ordre naturel. En douceur, sans heurts, avec amour et bienveillance.

*

Malgré la tragédie en filigrane de ce récit, ce fût un concentré de bonheur de lecture. Il fait du bien, tout simplement.....

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Il pleuvait des oiseaux

Il pleuvait des oiseaux, en entendant ce titre on se demande bien de quoi il retourne...



Une communauté de vieux vit dans des cabanes au fond de la forêt, à l'écart des règles de la société. Une fin de vie rude mais libre, en accord avec leur nature. Ils sont secrets, taiseux.



Un roman à la fois sombre et lumineux. Lumineux, lorsqu'une petite vieille à chevelure blanche et vaporeuse, tombe dans cette histoire comme un oisillon dans les pattes d'un ours. Il lui faut un nid. Elle révèle, avec sa sensibilité, sa fragilité, les choses que personne ne voit. Elle éclaire l'obscurité.



Et puis il y a la photographe en quête d'un personnage de légende. Au prénom indéfini, cet homme a traversé les feux qui ont ravagé le nord de l'Ontario au début du XXe siècle. "Il marchait comme un homme empêtré dans les pas d'un géant", errant dans les cendres, semblant aveugle.



Un très beau roman sur la vieillesse et la liberté, sur ce sursaut de vie à un âge avancé que s'offrent ces oubliés du bonheur.



"Le grand âge lui apparaissait comme l'ultime refuge de la liberté, là où on se défait de ses attaches et où on laisse son esprit aller là où il veut."



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Il pleuvait des oiseaux

Je peux dire qu'en ce moment j'ai la main heureuse avec la littérature canadienne. Après La Femme qui fuit de Anaïs Bardeau-Lavalette, j'ai plongé avec ravissement dans Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier.

L'auteure s'amuse à nous entraîner dans un pseudo conte. Mais ne vous y trompez pas, les héros de cette histoire n'entretiennent pas de franche ressemblance avec ceux que l'on a l'habitude de rencontrer dans ce genre de récit.

Jugez plutôt ! Charlie, Tom, Ed Boychuck ou Ted ou Edward (un doute planera toujours sur son véritable prénom), veulent échapper à "toutes les travailleuses sociales du monde qui veulent enfermer les vieux dans des mouroirs". Ils vont donc se retirer dans une forêt profonde de l'Ontario pour y vivre en ermite. Ce n'est pas pour y mourir ! Certes non... C'est en tout cas ce qu'ils découvrent et ils ne se privent pas de narguer la grande faucheuse dans leurs conversations tout en jetant un oeil de côté vers la petite boîte de strychnine que chacun d'entre eux garde à proximité. On ne sait jamais...

Les deux autres personnages masculins du roman n'ont rien de princes charmants, eux non plus. Et même s'ils jouent les bonnes fées auprès du trio d'octogénaires, ils manifestent un goût très prononcé pour le "hors clous", l'un cultivant tranquillement ses plants de marijuana avec la complicité de Ted et l'autre vivotant dans un hôtel où plus aucun voyageur ne s'arrête hormis les égarés, jusqu'au jour où arrive la princesse de l'histoire !

Là encore l'auteure nous gâte car ce personnage n'est pas tout à fait celui que l'on attend puisqu'il s'agit d'une petite vieille de quatre-vingt dix ans dont soixante-six passés en hôpital psychiatrique. Marie-Desneige (ça ne vous rappelle rien ?) entretient une très forte ressemblance, en dépit de son âge avec le personnage de Poucette dans le conte d'Andersen. "La petite vieille était vraiment minuscule, de la taille d'une enfant de douze ans, très fragile, une poupée de porcelaine et ne bougeait qu'à petits gestes." Le dernier personnage , celui de la photographe est sans doute un peu le double de l'auteure et la "caution narrative" du récit qu'elle va d'ailleurs commencer et finir.

Ce jeu avec les codes du conte est très amusant à suivre mais le talent de l'auteure ne s'arrête pas là. C'est une excellente portraitiste alliant le sens et le goût de la caricature à celui de l'observation lorsqu'elle évoque le regard, thème récurrent qui balaie tout le roman, via notamment le personnage de la photographe. Le rire est aussi très présent car tous ces personnages sont souvent confrontés à des situations irrésistiblement drôles.

Mais ce côté léger, iconoclaste et drôle du roman a son pendant tragique. Et l'évocation des Grands Feux, qui ont ravagé le Canada au début du XXème siècle, coupe d'ailleurs le récit en deux parties. J'ai été impressionnée par la puissance de cette évocation. Au-delà du réalisme et de descritions très documentées sur les mécanismes des grands incendies, l'auteure a su, grâce à son regard et à son phrasé, donner aux scènes qui les évoquent une dimension apocalyptique.

Et comment ne pas penser en lisant ces pages sur cet holocauste naturel à tous ceux qui ont émaillé l'Histoire ou qui jalonnent encore l'actualité. Rescapés mutiques, héros mythiques ou martyrs, tous les holocaustes de tous les temps ont des victimes qui se ressemblent : plus de voix, plus de regard...

C'est ce qui m'a désarmée et émue à la lecture de ce chapitre.

Il pleuvait des oiseaux. Un titre qui m'avait semblé poétique mais dont on découvre la véritable portée au cours du roman et c'est ce qui fait sa force !

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Il pleuvait des oiseaux

WOW ! Voilà dans quel état d'enchantement j'étais en terminant cette lecture . Comment vous dire ce que je viens de lire ? Voici plutôt ce que vous trouverez en ouvrant ce titre:

"Où il sera question de grands disparus, d'un pacte de mort qui donne son sel à la vie, du puissant appel de la forêt et de l'amour, qui donne aussi son prix à la vie. L'histoire est peu probable, mais puisqu'il y a eu des témoins, il ne faut pas refuser d'y croire. On se priverait de ces ailleurs improbables qui donnent asile à des êtres uniques. L'histoire est celle de trois vieillards qui ont choisi de disparaitre en forêt. Trois êtres épris de liberté.

- La liberté, c'est de choisir sa vie.

- Et sa mort. " (P.9)

Quelle excellente conteuse que cette Jocelyne Saucier. Comment nous séduire avec l'histoire de trois vieux , très vieux , fuyards vivant isolés en forêt ? Avec les mots de l'amour ! Avec les mots du respect ! Avec les mots de la tendresse. Tout est dans "LA" manière qu'a l'auteur de nous raconter cette histoire de liberté, de choix, d'amitiés, de solidarité, d'amour et de mort. Et ce petit jeu de narration, la petite page nous annonçant ce qui vient dans le chapitre suivant: tellement sécurisant, tellement apaisant, tellement rassurant !

Arrive dans le décor, une photographe à la recherche de survivants du Grand feu de Matheson.

(L'un des feux de forêt les plus meurtriers de l'histoire canadienne en faisant plus de 220 morts en 1916 dans le nord de l'Ontario. Iroquois Falls, Porquis Junction, Kelso, Nushka, Matheson, Ramore, Homer et Monteith furent rasés, en tout ou en partie. Environ 500, 000 acres de terre furent détruites.)

Et cette photographe se liera d'amitié avec ces vieux, adoptera leur mode de vie et partagera certains de leurs secrets.

Il pleuvait des oiseaux, une ode à la vie, à l'amour, à la solidarité, à la liberté et beaucoup à l'autonomie. Il pleuvait des oiseaux, un pur bonheur de lecture, un ravissement pour l'esprit et le coeur !
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Il pleuvait des oiseaux

Notre rapport avec les vieux évolue avec le temps. Nos vieux ce sont d'abord nos grands-parents (ou pour ceux qui ont beaucoup de chance, nos arrière-grands-parents). Au delà de l'affection qu'ils peuvent nous donner, ils sont les représentants d'une époque révolue. Ils sont ainsi un moyen extraordinaire de connaitre des temps que nous avons peine à même imaginer mais cet écart temporel nous confronte à un fossé entre eux et nous sur plusieurs sujets et est parfois source d'incompréhension. Le moment où on doit choisir comment ils finiront leur derniers jours, chez eux le plus longtemps possible puis parfois en institution, ne nous concerne qu'indirectement, nous observons les choix de nos parents et donnons juste parfois notre avis.

Puis vient le moment où nos parents deviennent nos vieux. Eux qui furent les modèles positifs, puis parfois négatifs, qui nous permettent de nous construire en miroir, finissent par s'affaiblir, par rencontrer des difficultés que nous ne voulions pas imaginer comme pouvant être leur lot. On commence à comprendre que la fameuse "décision" qui leur échouait pour nos grand-parents était en fait une négociation, qui s'installe maintenant entre eux et nous, sur nos possibilités de les aider, sur leur volonté farouche de continuer à vivre comme ils l'entendaient, voulant le plus souvent dénier une réalité que nous constatons pourtant, qui nous fait souffrir et qui nous fait peur, à les imaginer parfois impuissants face à des tâches quotidiennes qui paraissaient aller de soi.

Enfin (et rassurez-vous, je suis bien en train de faire la critique de ce livre québecois et pas un essai sur la vieillesse), les vieux c'est (ou cela va être) nous. Parce qu'on repousse le plus possible le moment où le qualificatif est censé nous décrire. Parce qu'on commence alors à comprendre qu'il n'y a aucune raison que ce soit le choix de quelqu'un d'autre ou même une négociation, que la décision de comment nous devons passer la fin de nos jours est absolument et totalement la notre et qui aurait donc le droit de donner même un quelconque avis (en plus des petits morveux qui n'y connaissent rien à la vie, franchement...) sur la question !

Et bien, toutes ces questions sont magnifiquement traités dans ce roman de Jocelyne Saucier, avec beaucoup de tendresse et de respect pour ses personnages, sans misérabilisme ni faux-semblants, en cherchant à décrire au mieux la réalité. Au fur et à mesure de la rencontre entre les plus jeunes et ces trois vieillards qui forment le centre du récit, on passe par les différents stades des rapports, de la volonté de connaître le passé grâce à ceux qu'ils peuvent transmettre, à l'envie de les protéger au quotidien contre les attaques de la vie cruelle, pour aboutir enfin au respect total de leur liberté de choix en tant qu'êtres humains.

La plupart des thématiques de cette période de vie sont abordés (maladie, folie, dépendance, jusqu'à même l'euthanasie), s'y ajoutant le contexte de l'histoire des Grands Feux ayant ravagé l'Ontario en 1916, mais aussi des réflexions très intéressantes sur l'art. Tout cela est traité dans un style clair, où les narrateurs s'échangent librement la parole, quand les nécessités de l'histoire l'exigent, sans que de nombreux artifices soient indispensables pour rendre cette narration fluide.



Elle rend parfaitement l'impression voulue de petit groupe hors du temps et de l'espace, isolé dans cette forêt loin des hommes, libre de ses choix. Une histoire qui ouvre l'horizon des possibles et permet ainsi d'envisager plus sereinement cette vieillesse qui nous effraie le plus, la nôtre.
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Il pleuvait des oiseaux

Un bon livre, très bien écrit et qui nous apprend beaucoup sur une tragédie qui a touché le nord de l'Ontario au début du 20 ème siècle. Ce roman est une ode à la liberté. Il aborde un sujet plutôt tabou, les relations amoureuses entre personnes du quatrième âge. Je lui reprocherai sa fin un peu hâtive.
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Jeanne sur les routes

« Jeanne Corbin est entrée dans nos vies le 9 décembre 1933 » nous dit la narratrice de cette belle histoire lumineuse qui pourrait s'inscrire dans une nouvelle « Légende dorée » celle de la lutte ouvrière menée dans les années trente à Rouyn ville minière où avait aboutie toute une population qui avait suivi "la route des sans-travail", dont le père de la narratrice parti de Toronto ; une population bigarrée composée aussi d'immigrants, Ukrainiens, Finlandais, Croates, Biélorusses, de "paumés de toutes sortes".



Jeanne Corbin a vingt sept ans et le père vingt-huit. Il est journaliste au Rouyn-Noranda Press. Il ne sait pas encore et sa famille non plus à quel point ils vont tomber sous le charme de Jeanne, la voix de Jeanne, "une voix de gorge profonde", emportés par le discours qu'elle va adresser en français aux bûcherons réunis dans le Temple ukrainien du travail.

" -- Son sourire... le sourire qu'elle a eu à la fin de son discours ! Pure joie habitée d'une tristesse indéfinissable. Toute son attention à la marche du monde était dans ce sourire.

Mon père est devenu amoureux en même temps que communiste." p 35



"Il me semble être née sachant déjà tout de cette histoire. Mon père aimait une autre femme que ma mère et cet amour, loin d'apporter le malheur dans notre famille, a été l'élément qui l'a solidifiée, car Jeanne a été au centre de nos plus grandes exaltations." p 37

L'amour irradie ce petit livre. Cette rencontre du père et de Jeanne est vécue comme un conte par Clara et Alexandra les soeurs aînées de la narratrice qui n'est pas née à l'époque ; ce qui ne l'empêchera pas d'être rejointe par la légende que les filles se racontent le soir et de participer ensuite aux scénettes de leur théâtre privé.

Si l'on ressent toute l'admiration de la narratrice pour son père et pour Jeanne, elle n'oublie pas sa mère, femme exceptionnelle qui ajoute au nimbe qui entoure tout ce récit par sa propension à semer amour et joie autour d'elle et qui participe grandement au maintien de la cohésion familiale avec l'aide d'un bon samaritain, Vaara, géant fréquentant les tripots, joueur invétéré qui distribue l'argent qu'il gagne. Il secourra bien souvent la famille moralement et matériellement. Car le père chaleureux et aimant est aussi un idéaliste qui ne verra pas combien le monde change autour de lui et restera jusqu'au bout attaché aux années de lutte illuminées par Jeanne Corbin forte et douce jeune femme "habitée par la grâce" qui se sentait investie d'une mission.



Il y a deux Jeanne sur les routes. L'une Jeanne Corbin qui a existé réellement et a vécu une période où l'on pouvait encore se battre en croyant à des jours meilleurs, l'autre la narratrice qui n'a, elle que les souvenirs de son père notés dans des carnets. Si elle continue à errer sur les routes c'est avant tout par fidélité à ce père tant aimé qu'elle a accompagné jusqu'au bout et à Jeanne Corbin aimée par son père et dont elle porte le prénom.

Mais elle sait que tout est fini, qu'il ne reste rien de ces années et de tous ceux, disparus, qu'elle s'attache à faire revivre dans un récit où ils apparaissent entourés d'une lumière douce qui leur redonne vie.



Si j'ai été très émue par la lecture du dernier livre de Jocelyne Saucier, "Il pleuvait des oiseaux", je trouve que celui-ci, paru en 2006, mérite aussi d'être lu.



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Il pleuvait des oiseaux

Alors que la nature se pare des couleurs chaleureuses de l'automne, j'ai eu envie d'une balade livresque dans les immenses forêts du Canada, autant qu'un voyage par les mots. C'est ainsi que mes pas m'ont menée vers le roman de l'auteure québécoise, Jocelyne Saucier.

Je ne connaissais pas ses écrits, mais le titre, résonnant d'une singulière douceur et d'un sentiment de mélancolie, m'ont attirée. Je ne regrette pas mon choix, cette histoire de moins de 200 pages, est comme un baume sur les peurs et les peines de la vieillesse.



« le bonheur a besoin simplement qu'on y consente. »



*

La belle écriture de Jocelyne Saucier se fait élégante et poétique pour nous raconter l'histoire de trois vieillards, Ted, Charlie et Tom. Epris de liberté et d'espace, ils décident de disparaître en plein coeur de la forêt canadienne, sans laisser, ni adresse, ni explication.

Par ce choix voulu et réfléchi, ils veulent repartir à zéro et écrire le dernier volet de leur existence, en demeurant jusqu'au bout, maître de leur destin. La mort, ils y pensent souvent, mais sans crainte ni tristesse. Ce qu'ils désirent, c'est, le moment voulu, pouvoir mourir avec dignité, selon leurs conditions.



« - La liberté, c'est de choisir sa vie.

- Et sa mort. »



Là, au plus près de la nature, dans des cabanes en bois construites de leurs mains, ils vivent en adéquation avec eux-mêmes, appréciant la vraie valeur des choses, le fruit de leur travail.

De leur quotidien rude et exigeant, nait une amitié profonde et sincère entre les trois hommes.



*

La réalité s'invite dans la fiction.

En effet, Ted Boychuck, est un des survivants d'une série de terribles incendies de forêt qui ont réellement eu lieu et ont dévasté le nord de l'Ontario en 1916.

Au début du siècle, les colons utilisaient la technique de la culture sur brûlis pour défricher leurs terres. En cette période de forte chaleur estivale, il aura suffi de quelques rafales de vent pour transformer la forêt, de Matheson à Cochrane, en un immense brasier. Plus de deux cents personnes y perdront la vie.



Le récit débute lorsqu'une photographe d'une quarantaine d'années, la narratrice de ce récit, se présente pour rencontrer de Ted Boychuck. Elle a pour projet de faire le portrait des survivants de cette époque, de recueillir leurs histoires en vue d'un documentaire. Mais Ted vient de décéder et a emporté avec lui tous les souvenirs de ces évènements dramatiques.

L'arrivée de la jeune photographe va perturber le quotidien tranquille et routinier des deux hommes.

Pour le meilleur ou pour le pire ?



*

La présence ténue de Boychuck hante tout le récit. En effet, un voile de mystère entoure le destin de cet homme, sa personnalité, ses secrets, ses obsessions et ses tourments. Les multiples portraits croisés dessinent doucement le destin de cet homme qui fascine autant la jeune femme que le lecteur.



La structure narrative du roman, composée de plusieurs voix qui se complètent, ne cesse de faire voyager le lecteur entre passé et présent. Les souvenirs qui remontent à la surface, parfois émouvants, surprennent par les choix inattendus et audacieux de l'auteure.

C'est évidemment un récit qui aborde avec une perspicacité et une absolue délicatesse l'histoire de ces trois vieillards qui forcent leur destin en décidant de ne pas finir leurs jours dans des « mouroirs ». Et si la mort est attendue par chacun avec sérénité, ce roman, dans lequel priment la liberté, l'amour et l'amitié, se tourne incontestablement vers la vie et la recherche du bonheur.



« Elle en était venue à les aimer plus qu'elle n'aurait cru. Elle aimait leurs voix usées, leurs visages ravagés, elle aimait leurs gestes lents, leurs hésitations devant un mot qui fuit, un souvenir qui se refuse, elle aimait les voir se laisser dériver dans les courants de leur pensée et puis, au milieu d'une phrase, s'assoupir. le grand âge lui apparaissait comme l'ultime refuge de la liberté, là où on se défait de ses attaches et où on laisse son esprit aller là où il veut. »



Il est question aussi de traumatismes physiques et psychologiques hérités de l'histoire personnelle de chacun, de résilience à travers la nature et l'art.



*

Ce court roman dégage beaucoup d'humanité, de sensibilité et de générosité.

Plus l'histoire avance, plus les personnalités s'étoffent. En effet, Jocelyne Saucier, d'une plume subtile et délicate, relie passé et présent, entrelace de nombreuses histoires, illuminant son récit par des personnages auxquels on ne peut que s'attacher.

Les mots sont simples et justes.



« Il y avait un pacte de mort entre mes p'tits vieux. Je ne dis pas suicide, ils n'aimaient pas le mot. Trop lourd, trop pathétique pour une chose qui, en fin de compte, ne les impressionnait pas tellement. Ce qui leur importait, c'était d'être libres, autant dans la vie qu'à la mort, et ils avaient conclu une entente. »



La forêt, vaste, belle et sauvage, est magnifiquement étudiée et décrite. Elle apporte un magnifique contrepoint, où le rythme des saisons est comme un écho de l'âme à travers la vie, la vieillesse, la maladie, et la mort.



*

Récompensé par plusieurs prix littéraires, « Il pleuvait des oiseaux » est un joli texte sur la vieillesse et l'autodétermination. Dans cette solitude voulue, dans ce désir de liberté, les personnages de cette histoire ont su m'émouvoir. Les belles descriptions de paysages forestiers, la proximité avec la nature en ont fait un roman beau et tragique.



Même si la trame est sombre, on ne tombe jamais dans le pathos. Une belle lumière mordorée donne à ce récit une atmosphère apaisante, mélancolique ou mystérieuse. La fin, inattendue, belle, touchante, est comme un pied de nez au temps qui court et à la mort.

Une belle histoire que je vous laisse découvrir.



« J'aime les histoires, j'aime qu'on me raconte une vie depuis ses débuts, toutes les circonvolutions et tous les soubresauts dans les profondeurs du temps qui font qu'une personne se retrouve soixante ans, quatre-vingts ans plus tard avec ce regard, ces mains, cette façon de vous dire que la vie a été bonne ou mauvaise. »
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Les héritiers de la mine

Pour survivre dans une famille qui compte vingt et un enfants,

Il faut avant tout « trouver sa place » au sens propre du terme d’abord, sur le canapé, devant la télé où l’on se bouscule mais aussi pour dormir, alors les enfants s’installent où ils peuvent, même s’il n’y a pas assez de lits, on trouvera toujours un nid bien au chaud dans la laverie, au milieu, du linge propre ou sale. Quelle importance ?

Chacun vit comme il peut et tout le monde est heureux ou presque. Puis au fil des ans, la famille se sépare.

Plusieurs dizaines d'années plus tard, alors qu'ils n'entretiennent plus de relations entre eux, ils vont se retrouver à l'occasion de la remise d'une décoration à leur père. Et là, toute la famille étant réunie pour la première fois, il ne va plus être possible de garder ce secret enfoui au plus profond de chacun depuis longtemps.

Dans ce roman choral, sept des enfants devenus adultes prennent la parole.

Le premier à s’exprimer est le plus jeune, « Le Fion », pour lui la famille est presque une énigme, tant il y avait d’écart entre lui et les ainés. « Notre famille est l’émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. »

Nous découvrons ensuite les souvenirs de « la pucelle », qui fut la deuxième maman.

Dans le récit de chacun plane la disparition d’Angèle.

Des souvenirs ou se mêlent interrogations, remord, culpabilité, non-dits.

Après « il pleuvait des oiseaux », j’ai à nouveau un énorme coup de cœur pour ce roman de Jocelyne Saucier construit comme un puzzle qui m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page.





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Il pleuvait des oiseaux

Il me reste à la lecture de ce livre une infinie tendresse qui se prolonge, une réflexion adoucie sur la vieillesse, un regard détaché et apaisé sur cette compagne crépusculaire qu’est la mort, une grande bouffée de béate solitude peuplée de mille odeurs, images, paysages et émotions contrastées : ici, la fraicheur boisée des mousses et de l’humus, là la brulure féroce des écorces dévastées, ici l’immobilité du lac, la lenteur de l’hiver, le temps figé en suspens du monde, la parcimonie du langage, les gestes simples , la discrétion des vrais sentiments, là la fureur terrifiante des incendies, le ciel cramé, noir de deuils, l’errance, la dévastation, le basculement des vies …

Une lecture en apesanteur, au milieu d’un nulle part écorché de liberté choisie et assumée. Une pudeur délicate. J’en ressors tout simplement paisible et subjuguée.

« Le silence vaut mieux que le bavardage, surtout quand il est question de bonheur et qu’il est fragile », alors laissons juste le charme opérer au fil des pages …. et bien au-delà.

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Il pleuvait des oiseaux

Ma cabane au Canada 🎶

Est blottie au fond des bois 🎶

On y voit des écureuils 🎶

Sur le seuil 🎶



En fait d'écureuils, ce sont plutôt des chiens. Mais l'idée est là, d'une cachette au fond des bois, qui abrite des vieux tellement vieux que même la mort, toujours tapie dans un coin, semble ne plus vouloir d'eux.



Tom, amoché par une vie dissolue, a échappé aux assistantes sociales qui voulaient le placer en foyer. Charlie, ancien trappeur, s'est soustrait aux traitements des médecins pour attendre la mort en forêt, mais celle-ci n'est pas venue. Quant à Ted Boychuck, mystérieux et solitaire survivant des Grands Feux, c'est dans ce dernier refuge qu'il peint ses souvenirs. Leurs seuls liens avec l'extérieur sont Bruno et Steve, respectivement cultivateur clandestin de marijuana et gardien d'hôtel fantôme, qui leur assurent ravitaillement et protection.



Or l'équilibre de cette petite communauté va être troublé par deux femmes. D'abord une photographe qui enquête sur les Grands Feux ayant ravagé la région entre 1916 et 1920 ; réalisant des portraits des survivants, tous maintenant très âgés, elle est sur la piste de Boychuck. Puis Marie-Desneige, frêle octogénaire aux cheveux blancs comme neige, rendue à la vie après un interminable internement, qui voit des choses que les autres ne voient pas...



Ce roman atypique, rempli de poésie et de dialogues savoureux, m'a à la fois dépaysée et bouleversée, à l'image de son titre : des oiseaux brûlés en plein vol tombant du ciel comme des pierres. À partir du dramatique épisode des Grands Feux et d'une poignée de personnages hauts en couleur, Jocelyne Saucier nous emmène à la découverte de la forêt canadienne et du grand âge, avec humanité et empathie. Pour ces originaux qui se sont volontairement coupés du monde, le dénuement est synonyme de liberté. Quant à l'Amour... des errances du jeune Boychuck aux émois de Marie-Desneige, il est le ressort de cette histoire, preuve qu'il n'y a pas d'âge pour aimer.
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Il pleuvait des oiseaux

Un magnifique roman d'amour et de liberté dans le grand nord canadien, près des Grands Lacs.

Si vous souhaitez une autre vie, allez à la rencontre des enfants des bois. Ils ont passés l'âge des turbulences de la jeunesse et pourtant ils vivent avec plus d'incandescence ces quelques années qu'il leur reste que beaucoup d'entre nous. Ces êtres de feu épris de liberté apportent avec eux l'innocence de la joie de l'abandon. Ces personnages ont une beauté qui résonne dans le fond de cette forêt canadienne comme une douce mélancolie et illumine ceux qui les approchent. Des perce-neige qui fleurissent dans les sylves enchantées des amours brûlantes, loin de s'éteindre pour mieux étreindre ceux qui les approchent, les rejoignent pour une dernière promenade faite de souvenirs et d'envies. Un tableau laissé en cadeau pour découvrir des vies de passion. Merci pour ce cadeau Blackbooks.
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Il pleuvait des oiseaux

Savouré comme une friandise ce petit mais dense bouquin de Jocelyne Saucier qui m'a ensorcelé avec ses délicieux personnages.



Ontario, le nord sauvage, une photographe à la recherche des rescapés des 'grands feux', celui de 1916 qui fit des centaines de morts, captivée par la légende de Boychuck, aveugle errant après ses amoureuses dans les ruines calcinées.



Charlie et Tom, anciens trappeurs vivant de cultures pas trop honnêtes, des vieux qui causent de la mort, qui ont leur 'boite de sel' parce que la liberté c'est pouvoir décider de sa mort.



'Marie-Desneiges', la tante de Charlie emprisonnée depuis ses 16 ans dans un asile psychiatrique et qui sera seule à pouvoir interpréter les 300 toiles de Boychuck.



L'hotel en ruine du libanais, la gardienne du musée, vieille fille frustrée et son cahier secret des amours espionnées.



Et Ange-aimée!

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Il pleuvait des oiseaux

Je me suis laissée entraîner, avec plaisir, au plus profond de cette forêt canadienne.



J' ai appris le prix et le goût de la liberté, auprès de Ted, Charlie, Tom, Bruno et Steve.





Et, comme Gertrude, arrivée là comme une fleur parmi ces bougres d'hommes. Fleur qu'ils ont rebaptisée Marie Desneige, petite chose fragile qui va vivre entourée de l'attention de chacun et leur apporter une chaude lumière de douceur et de tendresse.



Marie Desneige et Charlie vont s'apprivoiser et vivre un amour tardif mais aussi fort et profond que l'éternité.



De l'émotion pure,



Choisir sa liberté de vivre et de mourir,



Tout jaillit dans un souffle lumineux et une humanité tendre, émouvante et triste transparaît au fil des pages de ce roman.



Beaucoup de sensibilité et de profondeur.
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Il pleuvait des oiseaux

Que de poésie et de tendresse dans ce court mais beau roman !



Une photographe décide de faire un reportage sur les survivants des grands feux qui ont ravagé l'Ontario dans les années 20 et rencontrent ainsi deux vieillards qui se sont retirés incognito dans la forêt et vivent bien avec l'aide d'un gérant d'hôtel et d'un ... cultivateur de marijuana.



Cela, c'est le point de départ, mais cela ne s'arrête pas là.



L'histoire est touchante et émouvante. C'est bien écrit et le lecteur ne voit pas passer les pages tant on est, enfin tant j'étais sous le charme.



Une douce lecture que je recommande.
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Les héritiers de la mine

La famille Cardinal, riche d'une progéniture de vingt et un enfants, vit à Norco, petit village minier. C'est le père dont le métier est prospecteur qui a découvert le filon de zinc qu'une Compagnie lui achète. Les enfants Cardinal règnent en maîtres sur les villageois, ils font tout pour les terroriser, allumer des feux d'herbes, tuer leurs chats ... Lorsque la Compagnie cesse l'exploitation, Norco devient un village fantôme, seuls quelques pèquenots y vivent encore. Jocelyne Saucier utilise le style narratif à la perfection, j'ai adoré son écriture, c'est une auteure que je vais suivre à commencer par la lecture de son livre précédent Il pleuvait des oiseaux.
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