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Citations de Johan Faerber (41)


« Marcel Proust c’était notre jeune homme !», tels sont les quelques tendres mots par lesquels Maurice Barrès s'est ému, le 22 novembre 1922, du décès de Proust. Disparu alors qu'il n'était âgé que d’à peine 51 ans, l'écrivain, retiré depuis de nombreuses années dans sa chambre capitonnée de liège, est mort exténué par l'œuvre d'une vie à laquelle il avait fini par tout sacrifier: À la recherche du Temps perdu. Sans doute ce grand asthmatique n'a-t-il ainsi vécu, nuit après nuit, que pour cette somme romanesque, composée de sept forts volumes, qu'il considérait, aux dires de Céleste sa gouvernante, comme «son dieu».
Mais qui était véritablement Proust? Pourquoi son grand roman peut-il être considéré à bon droit comme l'un des chefs-d'œuvre absolus de la littérature du XX° siècle? Pourquoi en est-il venu à représenter un cas inoui et presque insensé dans l'histoire de la littérature, celui de la coïncidence parfaite
de l'œuvre à la vie où la vie a pris la place du roman et le roman celle de la vie?
Pourquoi cet homme qui, dans la première moitié de sa brève existence, a su être l'un des mondains les plus accomplis de Paris, s'est-il ainsi subitement retiré de toute vie sociale? Comment s'est opérée cette singulière révolution intérieure, peut-être sans équivalent, qui a fait renoncer cet arbitre des élégances à son couvert mis, tous les soirs, au Ritz pour s'enfermer dans une retraite sans retour? Pourquoi cet homme est-il devenue un véritable forçat de la littérature entièrement voué à la patiente édification de son œuvre? Comment enfin, à la mort successive des ses parents puis des êtres qu'il a pu aimer, a-t-il décidé de muer son grand roman en un infini tombeau dédié à la mémoire de ses disparus les plus chers?
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Commençant à lire bientôt l'ensemble de son oeuvre, Proust se familiarise peu à peu, au fil des mois, avec la pensée de Ruskin. Il apprend à en percevoir les axes majeurs comme autant de chemins à suivre pour sa propre pensée. Il découvre ainsi avec lui combien en art la vérité n'appartient pas à l'objet contemplé mais à l'homme qui la contemple tant l'art relève non d'une perception matérielle mais d'une perception morale et intérieure. Admirer une oeuvre renvoie à ce que Ruskin nomme "la faculté théorique" de l'homme qui, contre toute idée rationnelle, choisit de faire confiance instinctivement à une intuition de la Beauté. Nul doute que de telles considérations sont à l'origine des vues théoriques que Proust va notamment exprimer dans "Le Temps retrouvé", l'ultime tome de "La Recherche" quand Marcel va se demander si "la vérité suprême de la vie est dans l'art".


Page 65 et 66 John Ruskin, critique d'art anglais du 19ème siècle.
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Johan Faerber
« En annonçant renoncer à sa retraite, Macron commet une erreur politique majeure. Mettant en avant un sacrifice, il montre qu'il n'appartient surtout pas à la même classe. Pouvoir renoncer à sa retraite est un luxe que nous, nous ne pouvons nous permettre. »

[ à propos de cette info :
Réforme des retraites : Emmanuel Macron renonce à sa future pension de président de la République, soit 6 220 euros bruts mensuels ]

>> https://twitter.com/jfaerber
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Intuitivement, contre l'exercice tyrannique de la raison, Marcel va progressivement faire de la madeleine l'épisode fondateur de son récit qui devra pleinement faire confiance à l'expression de la sensibilité et à l'exercice retrouvé de la sensualité. Contre le célèbre "Je pense donc je suis" des Méditations métaphysiques de Descartes, Marcel découvre, à travers la madeleine, la puissance narrative et affective d'une médiation purement physique, celle d'un "Je sens donc je suis". La madeleine ouvre à la mémoire inespérée du sentiment. Proche ici de Nerval et Baudelaire qu'il admire pour être des poètes de "la plus frémissante sensibilité", il prend conscience alors que "la vérité n'est pas (dans le thé) mais en moi".
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Sans doute Proust constitue-t-il le cas inouï et unique dans l'histoire de la littérature d'un homme qui patiemment s'est laissé jour après jour dévorer par son œuvre au point de venir s'identifier à elle jusque dans son agonie.
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(...) Proust ne s'est pas uniquement nourri de sa vie pour faire oeuvre. Il a su aussi bien transmuer son existence en un grand et puissant roman capable de montrer à chacun de ses lecteurs combien une vie ne vaut d'être vécue qu'à la mesure d'une écriture qui, à chaque instant, sait la recréer. La vraie vie, ne cessera de dire Proust jusqu'à sa mort, c'est la littérature car seule l'écriture sait être la vie véritablement et enfin pleinement vécue.
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Johan Faerber
Cette deuxième valeur, sentimentale, montre qu'un objet ne se réduit pas à son prix. Témoins d'une vie, les objets accumulés portent une part de ceux qui les possèdent et jouent un rôle existentiel. Ils apparaissent souvent comme les reliques d'un passé qui ne demande qu'à resurgir à leur contact. Leur valeur paraît, dès lors, inestimable.
C'est ce même esprit qui anime la valeur religieuse d'un objet : signe d'un miracle, l'objet est vénéré comme la preuve matérielle du passage d'une divinité sur terre. Mais, dans une société consumériste, le culte ne s'est-il pas déplacé de manière profane vers tout objet?
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L'état où vous met le café pris à jeun dans les conditions magistrales, produit une sorte de vivacité nerveuse qui ressemble à celle de la colère : le verbe s'élève, les gestes expriment une impatience maladive ; on veut que tout aille comme trottent les idées ; on est braque, rageur pour des riens ; on arrive à ce variable caractère du poète tant accusé par les épiciers ; on prête à autrui la lucidité dont on jouit. Un homme d'esprit doit alors se bien garder de se montrer ou de se laisser approcher...
Des amis, chez qui je me trouvais à la campagne, me voyaient hargneux et disputailleur, de mauvaise foi dans la discussion. Le lendemain, je reconnaissais mes torts, et nous en cherchions la cause. Mes amis étaient des savants du premier ordre, nous l'eûmes bientôt trouvée : le café voulait une proie.

BALZAC Traité des excitants modernes
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Peut-être faudrait-il, pour commencer, considéré Parcoursup comme un coup d'État numérique dans la vie de chacun. Un coup d'état qui, comme toujours dans le néomanagement éducatif dont Parcoursup est le fer de lance, se présente comme une machine rhétorique visant à confisquer la question sociale dans le débat public. 
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On s’enivre avec Baudelaire ; on compte les arêtes de poisson avec Perec ; George Sand fait du pied à Boris Vian un peu gris, puis on portera un toast à Rabelais, un très long toast, et on rotera de plaisir avant de rouler sous la table, d’un seul homme. Ah, ce sera bon.
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La lettre de motivation apparaît comme la superstructure discursive imposant, par écrit, la nécessité de la domination.
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Avant de composer A la recherche du temps perdu, Marcel Proust a souvent ébauché, dans des textes antérieurs, l'une de ses principales obsessions, à savoir la valeur religieuse qu'un homme affecte aux objets ayant appartenu à un être aimé impossible à conquérir et à jamais inaccessible.

Reliques.

"J'ai acheté tout ce qu'on a vendu de celle dont j'aurais voulu être l'ami, et qui n'a pas consenti même à causer avec moi un instant. J'ai le petit jeu de cartes qui l'amusait tous les soirs, ses deux ouistitis, trois romans qui portent sur les plats ses armes, sa chienne. Ô vous, délices, chers loisirs de sa vie, vous avez eu, sans en jouir comme j'aurais fait, sans les avoir même désirées, toutes ses heures les plus libres, les plus inviolables, les plus secrètes; vous n'avez pas senti votre bonheur et vous ne pouvez pas le raconter." (...)
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Extrait du Dictionnaire du diable d'Ambrose Bierce

COMESTIBLE, adj.
Susceptible d'être mangé et digéré comme un ver pour un crapaud, un crapaud pour un serpent, un serpent pour un cochon, un cochon pour l'homme et l'homme pour un ver.
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Parcoursup n'est pas un outil correctif mais un outil coercitif – et la poursuite de l'humiliation de Mantes-la-Jolie par d'autres moyens.
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Parcoursup déguise la démission de l'État en mérite. 
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On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
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Tout objet témoigne du geste, "génial" ou "besogneux", tour à tour l'un et l'autre, voire les deux simultanément. A titre d'exemple, l'objet artisanal exprime l'état d'une tradition (on parle parfois d'objet "traditionnel", privilégiant par là la transmission d'un savoir sur son évolution). L'objet industriel exprime plutôt le degré de sophistication d'une technologie et sa puissance d'invention.
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Les mondains qui ne veulent pas laisser la politique s'introduire dans le monde sont aussi prévoyants que les militaires qui ne veulent pas laisser la politique pénétrer dans l'armée. (Page 110)
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La littérature est un sentiment.
Souveraine, inouïe et presque jetée elle-même dans sa propre incrédulité, cette formule viendrait sans doute dire la part sensible et neuve à nulle autre pareille du contemporain qui découvre combien écrire, c’est revenir d’entre les morts. Combien écrire, c’est partir, depuis l’énergie de la décision, à la reconquête d’un souffle qui viendrait à repeupler le monde, hors des images, mais depuis le peuple et le collectif qui voudraient faire bloc contre le néant et les désastres éconduits provisoirement. La Littérature doit gagner sa vie disait-on plus haut avec Stéphane Bouquet dans la mesure où, de Houdart à Viel en passant par Bosc ou Quintane, le contemporain au fil du poème des gens déborde toujours sa propre phrase. Il appelle depuis son vocatif à une intensité physique qui jette le lecteur (le contemporain ultime, l’homme qui est déjà revenu, le contemporain capital) devant une littérature devenue intégralement méthode de vivre – devenue sentiment d’écrire et assentiment du monde, devenue l’élan hölderlinien de ce qui doit habiter le monde en poète, de ce qui doit renoncer aux enfoncements mélancoliques comme le clamait déjà David Bosc dans Milo : « Si ma tristesse est une chemise, je ne la remets pas. »
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De même, si un homme même du riz avec des œufs de moineau, puis, après avoir fait bouillir dans du lait, y ajoute du ghee et en boit autant qu'il est nécessaire, il obtiendra le même résultat.
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