On ne retrouvait pas tous les jours le cadavre de la femme d’un ministre dans un fossé. Après tout… On n’était pas dans un pays du tiers-monde où les assassinats politiques sont légion. On était au Québec!
Ce sont les faits qui m’intéressent. Les spéculations ont peu d’importance…
Cécile Pouliot connaissait tous les us et coutumes liés à la récolte printanière de l’eau d’érable, et elle partageait généreusement son savoir avec les organisateurs. Néanmoins,là où elle devenait carrément irremplaçable, c’était dans sa façon vibrante de raconter aux festivaliers des histoires remontant à plus de cent cinquante ans. Des histoires, transmises de génération en génération, rappelant les épisodes de verglas qui avaient démembré plus d’un érable, les printemps aux nuits trop chaudes qui, le jour venu, laissaient les arbres stériles, et les feux de forêt qui, en consumant des érablières entières, anéantissaient aussi les familles qui les exploitaient.
Les charrues, lors des tempêtes, ont la mauvaise habitude de déblayer par-dessus les fossés, qui, une fois remplis, donnent faussement l’impression d’être un bas-côté.
Le sentiment de culpabilité est intimement lié au concept du bien et du mal.