Citations de Johanne Seymour (105)
Je savoure lentement ma boisson gazeuse, en détaillant mon père. Pour l’instant, son veston repose sur la chaise à gauche de la sienne, mais il a revêtu son costume d’été bleu nuit qui le fait ressembler à Cary Grant. Ma mère doit être aux anges.
Je demeure immobile, me demandant combien de fois, au cours d’une vie, un cœur peut se briser avant qu’il ne soit plus possible de le rapiécer ?
Ma joie est indescriptible quand je vois enfin la mer. Grise, houleuse, écumeuse, elle m’attend. J’enlève mes flip flops et cours vers elle, les cheveux au vent, les yeux fermés, les bras ouverts, comme si je désirais l’embrasser. Je crie :
— Libertéééééééééééééééééé…
Je ne songe pas à l’avenir. Je pense au moment présent. À ma peau qui picote de partout. À mon sang qui circule à une vitesse folle dans mes veines. À mon cœur, dont chaque battement me rappelle que je suis amoureuse. Je veux crier, chanter et pleurer tout à la fois. Je me sens belle, électrique et magique. J’ai des bottes de sept lieues qui me font voler…
All the lonely people… where do they all come from ? All the lonely people… where do they all belong ? Eleanor Rigby ! Je monte le volume de la radio transistor de mon père. J’adore cette chanson. Je l’ai adoptée dès sa sortie, persuadée que c’était de moi que Les Beatles parlaient… Pas comme avec cette Michelle, ma belle qui me colle au cul. La solitude d’Eleanor était la mienne…
L’approche de la mort… Ça peut être un puissant moteur. On doit s’interroger sur nos croyances…
Les mentalités changeaient, mais au pas d’escargot.
En voyant son état de décomposition, il ne put réprimer un juron. C’était la seule arme qui lui restait pour lutter contre le sentiment d’impuissance qui le gagnait de jour en jour.
Son existence jusqu’ici avait été une longue suite de déceptions; la malchance, comme un ver solitaire, avait élu domicile dans sa vie. Elle avait bouffé tous les bonheurs qui passaient avant qu’il ne puisse les goûter. Et il s’était appauvri chaque jour davantage. Émotionnellement et financièrement. Jusqu’à ne plus avoir la force de combattre.
Kate avait connu une pléiade d’hommes et elle avait depuis longtemps cessé de compter le nombre d’inconnus qui, avec son consentement, l’avaient ravagée. Le sexe était presque devenu une compulsion chez elle. Une façon de se connecter à la vie sans être obligée de la vivre. Son neuroleptique personnel. Quand ce n’était pas l’alcool…
Quoiqu’elle soit née sous le signe de la violence, elle avait quand même choisi de vivre en sa compagnie. Rien de surprenant cependant. Cette violence qui la révulsait était devenue le moteur de son existence. En la combattant, elle avait trouvé le moyen de justifier sa vie. Une vie qui aurait dû s’arrêter il y a plus de trente ans. Quand son père avait égorgé sa mère et son jeune frère sous ses yeux.
« Lorsqu’on n’a pas de vie véritable,on la remplace par des mirages. »
Anton Tchekhov
Une chose est certaine, le tueur ne tient pas à ce qu’on l’identifie ... On n’a pas trouvé ses vêtements. Pas de traces d’un sac ou d’un portefeuille… Et il y a ça, ajouta-t-il en désignant le visage et les mains de la momie. On dirait que le tueur voulait les effacer.
Ce n’était pas parce qu’il craignait Trudel, comme les pleutres de l’organisation, qu’il cherchait à se renseigner sur lui. Il était curieux, c’est tout. L’homme était une expérience inachevée, et il n’aimait pas qu’une boucle ne soit pas bouclée.
On nage dans l’inconnu… C’est désespérant.
Prendre la parole, aller voter ou militer pour un parti sont des réponses valables aux attaques de nos adversaires politiques. Pas des agressions armées.
Nous sommes des hommes et des femmes mus par une même croyance, celle de la supériorité de la race blanche.
De Blumenbach à Vacher de Lapouge, en passant par Gobineau, Chamberlain et même Darwin, les preuves scientifiques pour étayer cette thèse sont nombreuses. L’anatomie comparée, grâce aux sciences de la craniométrie, la céphalométrie, l’anthropométrie et la phrénologie, a prouvé sans conteste la supériorité de la race blanche.
Nous croyons fermement que la vérité triomphera un jour de l’ignorance.
— Je trouve que Van Gogh donne une interprétation très moderne de la vanité dans cette toile.
— L’homme qui continue de fumer même à l’état de squelette… Le gouvernement devrait se servir de ce tableau pour sa publicité antitabac.
Les chances, qu’il s’agisse d’un phénomène naturel sont presque inexistantes. Mais avec la nature, on ne sait jamais…
N’importe quel détail, même le plus insignifiant, pourrait nous être utile.