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Citations de John Fante (688)


« Tu lis tout le temps, il m’a dit. T’as jamais essayé d’écrire un livre ? »
Ça a fait tilt. Dès cet instant, j’ai voulu devenir écrivain.
« J’en écris un en ce moment même », j’ai dit.
Il a voulu savoir quel genre de livre.
« Ma prose n’est pas à vendre, j’ai répondu. J’écris pour la postérité. »

Page 37, 10/18, 2018.
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A coté d'elle j'étais un étranger. Elle était toutes ces nuits calmes, ces grands eucalyptus, elle était les étoiles du désert, terre et ciel et brouillard dehors, et moi je n'étais venu ici que pour écrire, pour gagner de l'argent, pour me faire un nom et toutes ces singeries.
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Il m'a vraiment dit ça. Merci pour tout. Merci pour l'avoir engendré sans lui avoir demandé la permission. Merci pour l'avoir fait entrer de force dans un monde de guerre, de haine et de fanatisme. Merci pour l'avoir accompagné à la porte d'écoles qui enseignaient la tricherie, le mensonge, les préjugés et les cruautés en tous genres. Merci pour l'avoir assommé d'un Dieu auquel il n'avait jamais cru, de la seule et unique Église -que toutes les autres soient damnés. Merci pour lui avoir inculqué la passion des voitures qui provoqueraient peut-être un jour sa mort. Merci pour un père qui écrivait des scénarios médiocres, histoires d'amour à l'eau de rose ou bagarres dans lesquelles les bons avaient toujours le dernier mot. Merci pour tout.
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Non, il n’y avait pas de travail pour Arturo Bandini. Je suis parti le cœur léger, content de ne pas bosser. Je suis rentré à pied, en regrettant de ne pas avoir un avion, un million de dollars, et que les coquillages de l’océan ne soient pas des diamants. Je vais aller au parc. Je ne suis pas encore un mouton. Lis Nietzsche. Sois un surhomme. Ainsi parlait Zarathoustra. Oh, ce Nietzsche ! Ne sois pas un mouton, Bandini. Conserve la sainteté de ton esprit. Va dans le parc et lis le maître sous les eucalyptus.

Page 64, 10/18, 2018.
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Je n'ai pas lu Lénine mais je l'ai entendu cité des tas de fois, la religion c'est l'opium du peuple. Et c'est bien ce que je me dis tout haut sur les marches de l'église : ouais, l'opium du peuple, parfaitement. Je suis athée, moi qui vous cause : j'ai lu l'Antéchrist, que je considère comme une œuvre capitale. Je crois au réexamen des valeurs, parfaitement, oui Monsieur. L'Eglise doit disparaître, c'est le refuge de la booboisie, c'est badernes et butors et compagnie, tous fumistes et bachibouzouks.
p32
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Je cherchais, je sentais les doigts dans ma tête qui se tendaient mais sans arriver tout à fait à toucher ce qui me tracassait pareillement. Et puis ça m'est venu, comme un coup de tonnerre ou une collision, mort et destruction.
J'ai quitté la buvette et suis parti, la peur au ventre, marchant vite sur les planches, croisant des gens qui paraissaient bizarres et fantomatiques; le monde était comme un mythe, une dimension transparente et plane, et tout ce qu'il y avait dessus n'y serait que pour très peu de temps. Tous autant qu'on était, Bandini, Hackmuth, Camilla, Vera, on ne faisait que passer; après ça on serait ailleurs. On n'était pas vraiment en vie; on s'en approchait, mais on n'y arrivait jamais. On allait mourir. Tout le monde allait mourir. Même toi, Arturo, même toi faudra bien que tu meures un jour.
p159
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"Merde qu'y a-t-il?
- Je crois que c'est un ours.
- Où?
- Sur la pelouse. Sous la fenêtre de la cuisine.
- C'est peut-être un des gosses
- Avec de la fourrure?
- Quel genre de fourrure?
- De la fourrure d'ours.
- Il est peut-être mort.
- Ca respire.
J'ai essayé de repousser le revolver vers elle ." Ecoute, j'ai pas la moindre envie de descendre un ours endormi avec un calibre 22! Je vais me contenter de le réveiller. Et d'appeler le shériff."
J'ai ouvert la porte, mais elle l'a refermée.
"Non. Examine-le d'abord. C'est peut-être rien du tout. Peut-être tout simplement un âne.
- Oh merde. Maintenant, c'est un âne. Ca a de grandes oreilles?
- Je n'ai pas remarqué."

>modifier
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Tout ce qui en moi était bon s'est mis à vibrer dans mon coeur à ce moment précis. Tout ce que j'avais jamais espéré de l'existence et de son sens profond, obscur. C'était ça, le mutisme absolu, la placidité opaque de la nature complètement indifférente à la grande ville, le désert sous les rues, le désert qui n'attendait que la mort de la ville pour la recouvrir de ses sables éternels. J'étais soudain investi d'une terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations s'éteignent et retournent à l'obscurité.
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Je savais que c'était ça qui m'avait saisi. C'était comme une grande croix blanche que j'avais plantée dans le cerveau qui me disait que j'étais décidemment bien stupide, parce que j'allais bientôt mourir et je n'y pouvais rien. Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. Péché mortel, ça, Arturo. Tu ne Commettras Point l'Adultère. C'était ça, bien sûr, c'était ça qui me tracassait. Pas à en sortir : j'étais catholique, et c'était un péché mortel contre Vera Rivken. [...]
Fallait que je réfléchisse à tout ça. Je ne me suis pas agenouillé; juste assis à regarder les vagues manger le rivage. C'est mal barré, Arturo; pourtant toi qui a lu Nietzsche et Voltaire, t'aurais dû le savoir; ça la fout mal.
p160
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C’est le matin, l’heure de se lever, alors lève-toi Arturo, et va chercher du boulot. Va chercher au-dehors ce que tu ne trouveras jamais. Tu es un voleur, un tueur de crabes, un amoureux des femmes dans les placards à vêtements. Tu ne trouveras jamais de travail !

Page 56, 10/18, 2018.
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Ses cheveux coulaient sur l’oreiller comme une bouteille d’encre renversée.
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L'homme doit agir ; à la longue, l'inaction devient monotone.
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John Fante
Svevo avait dit : si Dieu est partout, pourquoi devrais-je aller à la messe le dimanche?
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"Au-revoir, P'pa. Merci pour tout." Il m'a vraiment dit ça. Merci pour tout. Merci pour l'avoir engendré sans lui demander la permission. Merci pour l'avoir fait entrer de force dans un monde de guerre, de haine et de fanatisme. Merci pour l'avoir accompagné à la porte d'écoles qui enseignaient la tricherie, le mensonge, les préjugés et les cruautés en tous genres. Merci pour l'avoir assommé d'un Dieu auquel il n'avait jamais cru, de la seule et unique église - que toutes les autres soient damnées. Merci pour lui avoir inculqué la passion des voitures qui provoquerait peut-être un jour sa mort... Merci pour tout.
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Stupide était la victoire, les livres que je n'avais pas écrits, les endroits que je n'avais pas vus, la Maserati que je n'avais jamais eue, les femmes qui me faisaient envie, Danielle Darrieux, Gina Lollobrigida, Nadia Grey. Stupide incarnait le triomphe sur d'anciens fabricants de pantalons qui avaient mis en pièce mes scénarios jusqu'au jour où le sang avait coulé.
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Je me suis senti flotter, décoller du sol, j'ai dû m'agripper à la voiture pour ne pas m'envoler; j'étais muet de stupéfaction.
"Salut", elle a dit en souriant.
Ce seul mot était plus éloquent que les œuvres complètes de Tennyson. Dieu, quel mot merveilleux ! Dieu, quelle inspiration, quelle émotion ! Quelle intelligence !
"Salut", j'ai répondu, mais aussitôt j'ai eu peur d'en avoir trop dit, peur de l'agacer d'un aussi long discours.

("1933 fut une mauvaise année")
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Elle m'a passé le bras autour du cou. Elle m'a tiré la tête et m'a enfoncé ses dents dans la lèvre inférieure. Je me suis débattu pour me dégager parce que ça faisait mal. Elle est restée à me regarder regagner l'hôtel, tout sourire, un bras passé par-dessus le dossier du siège. J'ai sorti mon mouchoir pour m'essuyer les lèvres. Le mouchoir avait du sang dessus. J'ai suivi la grisaille du couloir, jusqu'à ma chambre. À peine j'ai fermé la porte que tout le désir qui m'avait fait défaut juste un moment auparavant s'est emparé de moi. Il me cognait le crâne et m'élançait dans les doigts. Je me suis jeté sur le lit et j'ai déchiré l'oreiller avec mes mains
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Un matin, au réveil, j’ai eu une idée. Une idée fumante, grosse comme une maison. La plus grande idée de ma vie, un vrai chef d’œuvre. J’allais trouver un boulot de veilleur de nuit dans un hôtel – voilà mon idée. Cela me donnerait l’occasion de lire et de travailler en même temps. J’ai sauté au bas de mon lit, avalé mon petit déjeuner, puis descendu l’escalier six à six. Sur le trottoir, je me suis arrêté quelques secondes pour ruminer mon idée. Le soleil brûlait la rue, arrachait de mes yeux les derniers lambeaux de sommeil. Bizarre. Maintenant que j’étais bien réveillé, mon idée ne me semblait plus aussi géniale ; c’était simplement l’une de ces idées qui naissent dans le demi-sommeil. Un rêve, un simple rêve, un délire fumeux. Je ne pouvais pas trouver de boulot de veilleur de nuit dans cette ville portuaire, pour cette simple raison qu’aucun hôtel n’employait de veilleur de nuit. Déduction mathématique assez élémentaire. J’ai donc remonté l’escalier jusqu’à notre appartement et je me suis assis.
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J'ai eu l'impression d'assister à un duel dans l'Ouest sauvage. Jamie léchait ses lèvres. Mon cœur battait la chamade. Nous nous sommes arrêtés pour regarder.

Rommel a frappé le premier, enfonçant profondément ses crocs dans la fourrure de la gorge de Stupide. Autant mordre un matelas. Stupide s'est libéré, dressé sur ses pattes arrière, tel un ours, utilisant ses pattes avant pour tenir le Teuton à distance. Rommel aussi s'est dressé sur ses pattes arrière ; gueule contre gueule, ils ont essayé de se mordre. Mon Rocco, spécialistes des bagarres de rue, les aurait étripés tous les deux s'ils avaient employé cette tactique contre lui. Mais Rommel était un adepte du combat sur deux pattes, dans le strict respect des règles, pas de coups bas, pas de morsures au bas-ventre, la gorge comme seule et unique cible autorisée.

Il a frappé plusieurs fois, mais sans pouvoir s'accrocher. À ma grande surprise, Stupide ne mordait pas. Il grondait, ses mâchoires claquaient, il rugissait pour égaler les rugissements de Rommel, mais de toute évidence il voulait seulement se battre, et pas tuer. Il était de la même taille que Rommel, mais son poitrail était plus puissant et ses pattes frappaient comme des massues.

Après une demi-douzaine de charges, le match nul semblait inévitable, et il y a eu une pause momentanée dont les chiens ont profité pour se jauger. L'alerte Rommel était immobile comme une statue tandis que Stupide s'approchait de lui et commençait à décrire des cercles autour du berger allemand. Rommel observait cette manœuvre d'un air soupçonneux, les oreilles dressées. Selon toutes les règles du combat de chien classique, on aurait dû s'en tenir à un match nul, les deux animaux regagnant leurs pénates respectifs avec leur honneur sauf.

Mais pas Stupide. Vers la fin du deuxième cercle, il a soudain levé ses pattes vers le dos de Rommel. Touché ! C'était un coup fantastique, sans précédent, osé, humiliant et si peu orthodoxe que Rommel s'est figé sur place, incrédule. On eût dit que Stupide préférait batifoler plutôt que lutter ; ça a jeté Rommel, ce noble chien qui croyait au fair-play, dans une confusion terrible.

Alors Stupide a révélé son but incroyable : il a dégainé son glaive orange en bondissant sur le dos de Rommel ; tel un ours, il a immobilisé Rommel de ses quatre pattes puissantes, puis entrepris de mettre son glaive au chaud. Quelle finesse ! Quelle astuce ! J'étais enchanté. Dieu, quel chien !

Grondant de dégoût, Rommel se débattait pour échapper à cet assaut obscène, son cou se tordait pour atteindre la gorge de Stupide, son arrière-train se plaquait au sol pour échapper aux coups de glaive. Il savait maintenant que son adversaire était un monstre pervers à l'esprit dépravé, et il se tordait en tout sens avec l'énergie du désespoir. Enfin libre, il s'est éloigné furtivement, la queue basse pour protéger ses parties. Stupide gambadait autour de lui pendant que Rommel battait en retraite vers sa pelouse où il s'est couché en montrant les crocs. Il y avait de l'écœurement et du dégoût dans le gémissement qui est monté de sa gorge : il ne voulait plus entendre parler de cet adversaire révoltant, trop répugnant pour qu'on l'attaque.
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"...Un jour, j'ai attrapé un livre, je l'ai ouvert et c'était ça. Je restai planté un moment en le lisant, comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique.(...) les phrases coulaient si facilement à travers la page, c'était comme un flux. Chaque ligne avait son énergie et était suivie par une autre. La vraie substance des phrases donnait une forme à la page comme si elle était sculptée. Enfin je découvris un homme qui n'avait pas peur de l'émotion. (...) Le début de ce livre me fit l'effet d'un miracle énorme et violent. Le livre était "Demande à la poussière" et l'auteur John Fante. Toute ma vie son influence a illuminé mon travail. (...) Oui, Fante a eu un énorme effet sur moi. Peu de temps après avoir lu ses livres, j'ai commencé à vivre avec une femme, elle était une plus grande ivrogne que moi, nous avions de grandes bagarres; souvent je lui criais : "Je ne m'appelle pas Fils de Pute, je m'appelle Bandini, Arturo Bandini". Fante était mon Dieu ...

préface de "Demande à la poussière", signée Charles Bukowski !
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