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Citations de John Fante (688)


C'était Noël à Rocklin, Colorado. La tempête de neige redoublait et son père vivait avec une femme nommée Effie Hildegarde. Les ongles de sa mère avaient lacéré le visage de son père et en cet instant il savait que sa mère priait, que ses frères pleuraient, et qu'un peu plus tôt les cendres du poêle avaient valu plus de cent dollars.
Joyeux Noël, Arturo !
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Il avançait en donnant des coups de pied dans la neige épaisse. Un homme dégouté. Il s'appelait Svevo Bandini et habitait à trois blocs de là. Il avait froid, ses chaussures étaient trouées. Ce matin-là, il avait bouché les trous avec des bouts de carton déchirés dans une boîte de macaroni. Les macaronis de la boîte n'étaient pas payés. Il y avait pensé en plaçant les bouts de carton dans ses chaussures.
Il détestait la neige. Il était maçon, et la neige figeait le mortier entre les briques qu'il posait. Il rentrait chez lui en se disant que c'était absurde.
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L'orage avait lavé puis astiqué le monde. La mer était une immense tarte aux mûres et le ciel brillait comme le manteau de la madone. L'air sentait les pins et le sel, et je distinguais les îles de Santa Barbara distantes de quarante miles, à cheval sur l'horizon comme une bande de baleines bleues.
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Est-ce que les morts reviennent ? Les livres disent que non, la nuit hurle que si.
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Il détestait Gertie. Il l'avait toujours détestée, elle et son pâle menton pointu qui montait et descendait sans cesse, entraîné par le chewing-gum. Grâce à Rosa qui l'aidait, Gertie obtenait toujours des B. Mais Gertie était tellement transparente qu'en la regardant dans le blanc des yeux on apercevait le fond de son crâne sans rencontrer le moindre obstacle, (...)
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Maman aimait mourir. Une ou deux fois l'an, surtout vers Noël, les télégrammes arrivaient pour nous annoncer qu'une fois encore, maman mourait. Néanmoins, nous ne pouvions risquer que, pour une fois, elle ne fût vraiment à l'agonie : nous rappliquions dare-dare.
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"Pas étonnant que je sois désormais incapable d'achever un roman. Pour écrire, il faut aimer, et pour aimer il faut comprendre."
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il y aura moultes confusions,il y aura une solitude que seules mes larmes pourront consoler comme autant de petit oiseaux mouillés tombant pour soulager mes lèvres sèches. Mais il y aura aussi parfois consolation et beauté,beauté comme l'amour d'une fille disparue. Il y aura des rires,mais avec beaucoup de tenue le rire,et on attendra tranquillement dans la nuit,et on aura doucement peur de la nuit comme d'un prodigue et taquin baiser de mort. Ensuite,il fera nuit,et les huiles douces en provenance des rivages de ma naissance seront versées sur tous mes sens par les capitaines que j'ai abandonnés dans mes impétueux rêves de jeunesse. Mais il me sera pardonné quand je retournerai à la terre d'où je viens, au bord de la mer.
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Après tout on ne peut pas être à la fois méchant et grand écrivain.
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Des images pieuses nous regardaient sur les murs, la Madone à la tête du lit, le Sauveur exhibant son coeur sanglant sur le mur voisin, une statue de saint Antoine sur la commode, sainte Thérèse à l'autre bout de la chambre qui évoquait une cellule de nonne, et une fois de plus je me suis demandé comment ils pouvaient faire l'amour dans une pièce pareille ; pourtant, nous avions tous les quatre été conçus ici même, sur ce lit.
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Il était un chien, pas un homme, un simple animal qui en temps voulu deviendrait mon ami, emplirait mon esprit de fierté, de drôleries et d’absurdités. Il était plus proche de Dieu que je le serais jamais, il ne savait ni lire ni écrire, et cela aussi était une bonne chose. C’était un misfit et j’étais un misfit. J’allais me battre et perdre ; lui se battrait et gagnerait. Les grands danois hautains, les bergers allemands arrogants, il leur flanquerait une bonne dérouillée, il en profiterait même pour les baiser, et moi je prendrai mon pied.
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John Fante
Pour écrire, il faut aimer, et pour aimer il faut comprendre.

( Mon chien Stupide )
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La truie souriante ne me quittait jamais des yeux ; j’ai compris que nous allions parfaitement nous entendre. Assis sur la poutre supérieure de la barrière, j’ai regardé son groin s’enfoncer dans les tas de terre des taupes, son dos arrondi qui brillait comme une grosse perle au soleil. Elle dégageait des vibrations confortables de stabilité bourgeoise et de foi en le Saint-Esprit.
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J’ai débouché la bouteille et l’ai brandie devant moi. « Saluti ! » Et je me suis envoyé une rasade. J’ignorais pourquoi j’avais acheté cet alcool. C’était la première fois de ma vie que je dépensais de l’argent pour de la gnôle. Je détestais le goût du whisky. J’ai été surpris de le trouver dans ma bouche, mais il était bel et bien là, et avant que je n’aie le temps de réagir, l’alcool me travaillait, griffant mes dents et attaquant ma gorge – il se débattait et lacérait comme un chat qui se noie. Son goût était horrible, comme de poils roussis. Je l’ai senti descendre, me faire des trucs bizarres dans l’estomac. Je me suis léché les babines.
« Merveilleux ! Tu as raison. Ce whisky est merveilleux ! »
Il s’était niché au creux de mon estomac où il roulait en tous sens en essayant de trouver une place confortable, et je me frottais vigoureusement le ventre pour que la brûlure de ma peau égale celle de mon estomac.
« Splendide ! Superbe ! Extraordinaire ! »
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J’étais toujours dans le parc. J’y ai lu cent livres. Il y avait Nietzsche et Schopenhauer et Kant et Spengler et Strachey et d’autres encore. Oh Spengler ! Quel livre ! Quel poids ! Aussi lourd que le Bottin de Los Angeles. Jour après jour je le lisais sans rien y comprendre ; d’ailleurs je me moquais de le comprendre ; je le lisais simplement parce que j’aimais tous ces mots rugissants qui défilaient de page en page avec de sombres grondements mystérieux. Et Schopenhauer ! Quel écrivain ! Pendant des jours je l’ai lu sans discontinuer, en me souvenant d’un passage çà et là. Et puis, quelles tirades sur les femmes ! J’étais totalement d’accord. Exactement les mêmes idées que Schopenhauer à propos des femmes. Ah, quel écrivain !
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La lueur de la neige rendait la chambre phosphorescente. En haut de la fenêtre, des stalactites pendaient comme le caramel de ma mère, qui se solidifiait toujours avec des zébrures de verre brisé.
De la cuisine déferlait un océan de silence rugissant baratté par son père.
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C'est vrai, remarquez, ce n'étaient pas mes oignons. Mais je n'arrivais pas à oublier la masse noire de ses cheveux, la profondeur de ses yeux farouches, ni le coup au creux de l'estomac que j'avais ressenti les premiers jours quand je l'ai connue.
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Le fracas du charbon percutant le fer-blanc des seaux réveilla les poules de Maria qui somnolaient dans le poulailler. [...] Il les entendit, puis, se relevant, leur lança un regard haineux.
"Des œufs, dit-il. Des œufs au petit déjeuner, des œufs au déjeuner, des œufs au dîner."
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« Dissertation Morale et Philosophique sur l’Homme et la Femme, par Arturo Gabriel Bandini. » Le mal est réservé à l’homme faible, voilà pourquoi il est faible. Mieux vaut être fort que faible, car être faible, c’est manquer de force. Soyez forts, mes frères, car je vous le dis, si vous n’êtes pas forts, les puissances du mal auront votre peau. Toute force est une forme de puissance. Tout manque de force est une forme de mal. Tout mal est une forme de faiblesse. Soyez forts, sinon vous serez faibles. Evitez la faiblesse si vous voulez devenir forts. La faiblesse dévore le cœur de la femme. La force nourrit le cœur de l’homme. Voulez-vous devenir des femmes ? Dans ce cas, devenez faibles. Voulez-vous devenir des hommes ? Oui ? Alors, devenez forts. A bas le mal ! Vive la Force ! O Zarathoustra, accorde à tes femmes une abondance de faiblesse ! O Zarathoustra, accorde à tes hommes une abondance de force ! A bas la femme ! Longue vie à l’homme.
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Je vous salue Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. O sainte Vierge Marie, je suis maintenant à Hollywood, en Californie, au carrefour de Franklin et d'Argyle, dans une maison où je loue une chambre à six dollars la semaine. Rappelez-vous, O Sainte Vierge, rappelez-vous le soir, il y a vingt ans, dans le Colorado, où mon père est entré à l'hôpital pour se faire opérer ; j'ai obligé tous mes frères et sœurs à s'agenouiller dans notre chambre, et je leur ai dit : "Maintenant, bon sang, priez ! Papa est malade, et vous, les enfants, vous devez prier." Et pour prier, nous avons prié ! Nous vous avons suppliée, sainte Vierge Marie, douce Marie, et mon sang s'est mis à chanter, et l'émotion a failli faire éclater ma poitrine, j'ai senti le frémissement de l'électricité, la puissance de la foi glacée, puis nous nous sommes tous relevés pour rejoindre différentes parties de la maison, Je me suis assis dans la cuisine et i'ai ricanė. A l'hôpital, ils avaient dit que papa allait mourir ; personne ne le savait, sauf moi, Mamma et Vous, douce Marie, mais nous avions prié et, immobile sur ma chaise, je ricanais et me moquais de la mort, car nous avions prié et je savais que nous avions fait ce qu'il fallait pour papa, et qu'il vivrait.
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