AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de John Fante (687)


«Il aimait sa mère, mais il la détestait»
Commenter  J’apprécie          130
Aujourd'hui, elle se mettait apparemment en condition en vue d'un nouveau départ pour Grass Valley. Je connaissais parfaitement les symptômes : le sourire de porcelaine, la bouche pincée, les méditations silencieuses aux toilettes, l'hostilité ricanante.
Commenter  J’apprécie          121
Un mois durant, les nonnes nous avaient chapitrés à propos de la liturgie solennelle du confessionnal, Aller à confesse pour la première fois serait l'événement le plus important de notre vie, car ensuite nous aurions toujours conscience d'être des pécheurs. Nous saurions discerner le bien du mal.
Commenter  J’apprécie          120
Nous sommes revenu sur nos pas, Stupide entre nous, sous un feu roulant d’aboiements. Je savais pourquoi je voulais ce chien. C’était clair comme de l’eau de roche, mais je ne pouvais le dire à Jamie. Ça m’aurait gêné. En revanche, je pouvais me l’avouer franchement. J’étais las de la défaite et de l’échec. Je désirais la victoire. Mais j’avais cinquante-cinq ans et il n’y avait pas de victoire en vue, pas même de bataille. Car mes ennemis ne s’intéressaient plus au combat. Stupide était la victoire, les livres que je n’avais pas écrits, les endroits que je n’avais pas vus, la Maserati que je n’avais jamais eue, les femmes qui me faisaient envie, Danielle Darrieux, Gina Lollobrigida, Nadia Grey. Stupide incarnait le triomphe sur d’anciens fabricants de pantalons qui avaient mis en pièces mes scénarios jusqu’au jour où le sang avait coulé. Il incarnait mon rêve d’une progéniture d’esprits subtils dans des universités célèbres, d’érudits doués pour apprécier toutes les joies de l’existence. Comme mon bien-aimé Rocco, il apaiserait la douleur, panserait les blessures de mes journées interminables, de mon enfance pauvre, de ma jeunesse désespérée, de mon avenir compromis.
Commenter  J’apprécie          120
Alors, tous en même temps, nous avons senti ça dans notre dos, et avant de nous retourner pour la regarder nous avons compris toute la souffrance accumulée derrière nous, qui nous submergeait, et nous nous sommes retournés en même temps, et elle était là qui nous regardait, elle semblait âgée d'un million d'années, Mamma, notre mère, et nous ses enfants avons senti son cœur brisé, elle était debout sur le seuil de la cuisine, son tablier masquant la douleur de ses mains usées, des petits ruisseaux de beauté évanouie descendant lamentablement ses joues ravagées ...
Commenter  J’apprécie          120
- Tu as peut-être raison. Mieux vaut faire preuve de volonté, serrer les dents et s'accrocher, encaisser la punition. L'acier le mieux trempé sort de la forge la plus chaude. Oublie ce que je t'ai dit. Mais j'espère que tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je boive sous tes yeux au point de me rendre malade. C'est à peu près tout ce qui reste à un père aigri, à moins qu'il aille dans un saloon pour essayer de lever une pute."
Commenter  J’apprécie          120
Alors qu'il partait, un minuscule objet froid toucha le dos de sa main.Il le regarda fondre, car c'était un petit flocon de neige étoilé...
Commenter  J’apprécie          120
Mes misères me ramenaient à ma machine à écrire.Je restais assis devant, effondré, à plaindre Arturo Bandini. Parfois une idée volait innocemment à travers la pièce. C'était comme un petit oiseau blanc. Il pensait pas à mal. Il voulait seulement m'aider, ce cher petit. Mais moi je le frappais, je l'écrasais en martelant mon clavier et il expirait dans mes mains.
Commenter  J’apprécie          120
Il faisait un froid de canard : pas question de prendre un bain ce soir. Il décida de faire semblant. Il remplit un baquet, verrouilla la porte de la cuisine, sortit un exemplaire de Scarlet Crime, s'assit nu sur la porte chaude du poêle, ses pieds et chevilles barbotant dans le baquet, et entreprit de lire Crime Gratuit. Quand ce qu'il considérait comme le temps d'un bain normal se fut écoulé, il cacha l'exemplaire de Scarlet Crime sur le porche de derrière, mouilla soigneusement ses cheveux avec la paume de sa main, frotta vigoureusement son corps sec avec une serviette jusqu'à ce que la peau devînt rose vif, et courut en tremblant dans le salon. Maria le regarda s'accroupir près du poêle et se frotter les cheveux avec sa serviette, tout en grommelant et en pestant contre l'obligation de prendre un bain en plein hiver. Puis il alla se coucher en se félicitant de son habileté à duper son monde. Maria souriait. Quand il disparut pour la nuit, Maria distingua autour du cou d'Arturo un anneau de crasse aussi visible qu'un col noir. Mais elle ne dit rien, car la nuit était bien trop froide pour obliger quiconque à prendre un bain.
Commenter  J’apprécie          120
Une belle journée, aussi belle qu'une fille. Il roula sur le dos et regarda les nuages filer vers le sud. Tout là-haut le vent soufflait en tempête ; il avait entendu dire qu'il venait du fin fond de l'Alaska et de la Russie, mais les hautes montagnes protégeaient la ville. Il pensa aux livres de Rosa, à leurs couvertures de toile cirée aussi bleue que le ciel ce matin. Une journée paisible, deux chiens en balade, s'arrêtant brièvement au pied de chaque arbre. Il colla son oreille contre le sol. Là-bas, au nord de la ville, dans le cimetière des hautes terres, on descendait Rosa dans sa tombe. Il souffla doucement sur le sol, l'embrassa, mit un peu de terre sur le bout de sa langue. Un jour, il demanderait à son père de tailler une stèle pour la tombe de Rosa.
Commenter  J’apprécie          120
J'ai regagné ma chambre, remontant l'escalier plein de poussière de Bunker Hill, le long des bicoques en bois mangées par la suie qui longent cette rue obscure, avec ses palmiers étouffés par le sable, le pétrole et la crasse, ces palmiers si futiles qui se tiennent là comme des prisonniers moribonds, enchaînés à leur petit bout de terrain, les pieds dans le goudron.
Commenter  J’apprécie          110
Chaque fois qu'elle tombait sur un magazine féminin, elle ouvrait ses pages : pages brillantes qui proclamaient l'existence d'un paradis américain pour les femmes : beaux meubles, belles robes; blondes pulpeuses pâmées devant une levure de bière ; élégantes discutant papier toilette. Ces magazines, ces images représentaient la catégorie approximative des "femmes américaines". Elle parlait toujours avec un respect craintif de ce que faisaient "les femmes américaines".
Commenter  J’apprécie          110
Elle était laide comme un pou. Aucune de ses paroles n’aurait pu me troubler. Elle était trop moche.
Commenter  J’apprécie          112
Mais Maria, perdue dans le pays de conte de fées d’un magazine féminin, poussant des soupirs devant les fers à repasser électriques, les aspirateurs, les machines à laver automatiques et les cuisinières électriques, Maria devait clore les pages de cette contrée imaginaire et retrouver son décor familier : chaises dures, tapis usés, pièces froides.
Commenter  J’apprécie          110
Alors j’ai pleuré. La douleur de mon pouce n’était rien. C’était la solitude qui faisait vraiment mal.
Commenter  J’apprécie          110
Z'êtes nouveau dans l' secteur, Molise ?
Nous venons de nous installer, il y a vingt ans.
Commenter  J’apprécie          113
"C'est qui à l'appareil ?"
- Henry Molise. Ton beau-frère.
- Tiens, ça alors ! Henry Molise ! Quel bon vent t'amène, Henry ? Tu ponds toujours tes romans de merde ? Le dernier était vraiment à chier. Je l'ai brûlé pour que les enfants soient pas contaminés ! Bon Dieu, y'a d' ces façons de gagner sa vie !
Commenter  J’apprécie          110
Mon père n'avait jamais désiré d'enfants. Il avait désiré des poseurs de briques et des tailleurs de pierre. Il a eu un écrivain, un comptable dans une banque, une fille mariée, et un serre-freins. Et en ce sens il a essayé de faire de ses fils des maçons comme on façonne la pierre - en cognant dessus. Il a échoué, bien sûr, car plus il nous frappait, plus il nous éloignait de l'amour du métier. Quand nous étions gosses, un grand rêve habitait Nick Molise, le pressentiment d'un avenir glorieux comblait son esprit : MOLISE ET FILS, MAÇONS.
Commenter  J’apprécie          110
Oui, c'est vrai : mais j'ai vu des maisons à Bel-Air avec des pelouses qui vous rafraîchissent rien que de les regarder, et des piscines vertes. J'ai désiré des femmes dont les escarpins seuls valent plus que tout ce que j'ai jamais possédé. J'ai vu des clubs de golf dans la devanture du magasin Spalding, celui sur la Sixième Rue, j'aurais tout donné pour les tenir ne serait-ce qu'une minute. J'ai tiré la langue devant une cravate comme un saint peut saliver après des indulgences. J'ai admiré des chapeaux chez Robinson's comme des critiques d'art peuvent s'étrangler sur Michel-Ange.
Commenter  J’apprécie          110
Je voulais une épouse athée. Cela me facilitait les choses. Cela simplifiait aussi le choix du nombre de nos enfants. Question contraceptifs, nous n’avions aucun scrupule. Nous ne nous étions pas mariés à l’église. Nous n’étions pas enchaînés par le mariage jusqu’à la mort d’un des conjoints. Le divorce était à notre disposition. Mais si elle devenait catholique, cela entraînerait un tas de complications. C’était difficile d’être un bon Catholique, très difficile ; d’ailleurs j’avais quitté l’Eglise à cause de cela. Pour être un bon Catholique, il fallait s’extirper de la foule pour L’aider à porter Sa croix. Je tenais cette épreuve en réserve pour ma vie future. Si Joyce voulait se convertir, il faudrait sans doute que suive le train, car elle était ma femme.
Commenter  J’apprécie          110



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de John Fante Voir plus

Quiz Voir plus

"Demande à la poussière" de John Fante

En quelle année a été publié le livre de John Fante aux USA ?

1935
1939
1945
1951

15 questions
140 lecteurs ont répondu
Thème : Demande à la poussière de John FanteCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..