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Citations de John Galsworthy (115)


Fleur, penchée à sa fenêtre, entendit les coups étouffés de la pendule du salon qui sonnait minuit, le clapotement léger d'un poisson dans la rivière, le susurrement des feuilles de tremble agitées par une bouffée d'air, le grondement lointain d'un train de nuit ; et par intermittence, ces bruits anonymes qui naissent dans l'obscurité - vague expression d'émotions informulées, émotions des bêtes, des gens, des choses, de l'oiseau à la machine, ou peut-être des défunts, Forsyte, Dartie, Cardigan revenant faire un tour en ce monde qui jadis avait été le leur, quand leurs esprits n'étaient pas désincarnés. Mais Fleur ne prêtait à ces bruits aucune attention : son esprit, qui n'avait pas rompu ses liens charnels, volait, d'une aile légère, d'un compartiment de chemin de fer à une haie fleurie, s'attachant au souvenir de Jon, obstinée à faire revivre l'image défendue, et le son de sa voix. Le nez froncé, elle cherchait dans les parfums montant de la rivière , le souvenir de ce moment où la main de Jon avait écarté de sa joue la branche d'aubépine. Longtemps elle s'attarda à sa fenêtre dans son costume de fantaisie, aussi avide de brûler ses ailes à la flamme de la vie, que les papillons qui la frôlaient et se précipitaient vers la lampe électrique allumée sur sa table, ignorant que dans la maison d'un Forsyte il n'y a pas de flamme qui brûle librement. Mais elle finit, elle aussi, par avoir sommeil et, oubliant ses clochettes, elle se retira.
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La lune avait disparu très tôt et la nuit de mai, douce et chaude, enveloppait de ses voiles pâlis et de ses arômes les innombrables caprices, intrigues, désirs, passions et regrets des hommes.
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Il résolut de commencer par le Jardin botanique, où il avait déjà fait tant d'esquisses, et choisit pour sujet le petit étang où l'automne éparpillait les feuilles rouges et jaunes. Les jardiniers rêvaient d'enlever ces feuilles, mais leurs balais n'étaient pas assez longs.
Pour le reste du jardin, ils le balayaient assez, ils ramassaient chaque matin les feuilles tombées par averses et les amoncelaient en grand tas d'où s'élevait, à mesure qu'un feu lent les consumait, une douce et âcre fumée, symbole de l'automne, comme le cri du coucou l'est du printemps et l'odeur des tilleuls de l'été. L'âme méticuleuse des jardiniers ne pouvait supporter les grands dessins d'or et de rouille sur le vert des gazons. Les sentiers sablés devaient s'allonger dépollués, ordonnés, méthodiques, sans trace des réalités vivantes, ni de cette lente et belle mort qui jette à terre la beauté de l'été, la gloire fanée d'où le déroulement du cycle éternel fera rejaillir le printemps fou.
Ainsi des yeux guettaient chaque feuille depuis l'instant où, après un frémissement d'adieu, elle tombait du rameau, et lentement tournait dans l'air.
Mais sur ce petit étang les feuilles flottaient en paix, hantées de soleil, et leurs teintes louaient le ciel.
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Soudain, Mrs Joylon se leva, et rentra précipitamment dans la maison. Une minute après, son mari balbutia une excuse, et la suivit. Le vieux Jolyon resta seul avec ses petits-enfants.
Et la nature, avec sa subtile ironie, poursuivit l'achèvement de son cycle dans le coeur du vieillard, et se mit à opérer en lui une étrange évolution. Cette tendresse pour les petits, cette passion pour les commencements de la vie qui, autrefois, lui avait fait abandonner son fils pour s'attacher à June, le poussait maintenant à abandonner June pour s'attacher à ces êtres plus petits. La jeunesse vibrait toujours en lui. Il se tournait vers elle, vers les petits membres ronds, si insouciants, et qui avaient besoin de soin, vers les petites figures rondes, si déraisonnablement solennelles ou excitées, les voix aiguës, le rire perçant qui s'étouffe et rebondit, les menottes qui insistent et se pendent. A sentir de petits corps contre ses jambes, il se ranimait. Et ses yeux devenaient doux, douce sa voix et ses maigres mains veinées, et doux son coeur, au-dedans de lui. Tout de suite, pour ces petits êtres, il fut comme un abri plein de sécurité, un lieu de bonheur, un endroit où ils sentaient qu'ils pouvaient parler, rire, jouer, et bientôt, du fauteuil d'osier où était assis le vieux Joylon, la parfaite gaieté des trois coeurs rayonnait comme du soleil.
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Une grande femme, d'une ligne admirable et qu'un membre de la famille avait un jour comparée à une déesse païenne, se tenait debout, regardant les fiancés avec un sourire ombré de tristesse. Ses mains gantées de gris étaient croisées l'une sur l'autre. Son visage grave et charmant s'inclinait de côté ; il retenait les yeux de tous les hommes. Sa taille était souple, d'un équilibre si juste et si léger que l'air même semblait la mettre en mouvement. Ses joues étaient chaudes, quoique pâles ; il y avait une douceur de velours dans ses grands yeux sombres ; mais c'étaient ses lèvres - posant une question, donnant une réponse avec ce sourire voilé d'ombre - qui retenaient les regards des hommes ; lèvres sensibles, tendres, suaves, entre lesquelles semblaient s'échapper comme d'une fleur la chaleur et le parfum.
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Le 15 juin de l'année 1886, vers quatre heures de l'après midi, un observateur qui se serait trouvé dans la maison du vieux Jolyon Forsyte, à Stanhope Gate, aurait pu contempler la suprême efflorescence des Forsyte.
La maison célébrait les fiançailles de miss June Forsyte, avec Mr Philip Bossiney. Dans ses plus beaux atours, gants clairs, gilets chamois, plumes, robes de cérémonie, la famille entière était présente. La tante Ann elle-même était venue, elle qui ne quittait plus que rarement le coin du salon vert des son frère Timothy où, sous un plumet d'herbe teinte des pampas, s'élevant d'une vase bleu clair, elle restait assise tout le jour, à lire ou à tricoter, entourée par les effigies de trois générations de Forsyte.
Oui, la tante Ann elle-même était là, son dos inflexible et la dignité de sa calme vieille figure personnifiant ce rigide esprit de possession qui était l'âme de la famille.
Quand un Fosyte naissait, se fiançait, se mariait, les Forsyte étaient présents ; quand un Forsyte mourait - mais aucun Forsyte n'était mort jusqu'à ce jour... Ils ne mouraient pas, la mort étant contraire à leurs principes ; ils prenaient des précautions contre elle, les précautions d'une puissante vitalité qui repousse tout empiètement.
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Il s’occupa à enlever et à remettre ses gants. Ceux qu’il avait pris, il s’en apercevait maintenant, n’allaient pas avec ses guêtres ; au lieu d’être gris, comme il l’aurait fallu, ils étaient en daim tanné de teinte foncée ; il se demandait s’il les garderait ou non.
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La règle de conduite de Jolyon avait étė de se prendre au sérieux, sans ennuyer les autres en leur faisant sentir.
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Etre indulgent et marcher droit.
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C'était une femme mince et brune, qui avait l'air perpétuellement inquiet, comme les gens qui ont vu peu à peu leur échapper tout ce qu'il y a de bon dans la vie.
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Tome troisième : À louer

« Or dans le sein fatal de ces deux ennemis
Deux amants prennent vie sous la mauvaise étoile. »
Shakespeare, Roméo et Juliette
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Les mères qui s'éventaient le visage avec lenteur observaient leurs filles et, dans leurs yeux, on eut pu suivre la fortune de celles-ci. Rester assises, d'heure en heure, mortes de fatigue, silencieuses ou parlant par à-coups, qu'importait aux mères, tant que leurs filles s'amusaient. Mais les voir négligées! Ah! Elles souriaient, mais il y avait des poignards dans leurs yeux comme dans ceux d'un cygne offensé; chacune eût voulu saisir un Gathercole par la ceinture de son pantalon de dandy et le traîner vers sa fille. L'impertinent !
Et tout le bien et le mal de la vie : cruauté pathétique injustice, abnégation, patience, figurait sur le champ de bataille de ce bal à Kensington.
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«  Dans la sécurité produite par un grand nombre de pacifiques mariages, on avait oublié que l’Amour n’est pas une fleur de serre, mais une plante sauvage, née d’une nuit de pluie, d’une heure de soleil, jaillie d’une graine folle qu’un vent de désordre a jetée sur la route - une plante sauvage que nous appelons fleur si par bonheur elle s’épanouit entre les haies de nos jardins, mauvaise herbe quand elle pousse au dehors, mais qui, fleur ou mauvaise herbe, garde toujours la couleur et le parfum sauvage qu’elle avait dans les bois. »
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James had long forgotten the small house in the purlieus of Mayfair, where he had spent the early days of his married life, or rather, he had long forgotten the early days, not the small house, - a Forsyte never forgot a house - he had afterwards sold it at a clear profit of four hundred pounds.
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L’aversion est une chose plus profonde que l’amour et la haine, parce que c’est un effet naturel de nos nerfs, et nous ne pouvons pas les changer.
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Avec le temps, sa haine des conventions avait augmenté ; les orthodoxes qu’il affichait au cours des années 1870 arborer ses favoris, par simple bravade, il s’en était détaché depuis longtemps, ne gardant de révérence que pour trois choses seulement : la beauté, l’honorabilité, la fortune ; et maintenant, ce qui comptait le plus pour lui, c’était la beauté.
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C’était la négation de tous les principes qui avaient jusque-là guidé la vie de Soames Forsyte. Ce que le terme avait d’intransigeant l’atterrait, il se sentait comme le capitaine d’un navire qui a jeté à la mer de ses propres mains ce qu’il y a de plus précieux dans sa cargaison. Abandonner volontairement ce qui lui appartenait allait contre toutes les habitudes de son être.
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un livre serait-il utile ; il n’y avait que les journaux pour agir comme narcotique dans un tourment comme le sien. Les faits divers lui procuraient quelques apaisement.« Suicide d’une actrice, grave maladie d’un homme d’État, divorce d’un officier, incendie dans une mine. » Il lut jusqu’au bout ; c’était une petite ressource, le remède offert par le meilleur des médecins, notre goût naturel pour le malheur d’autrui.
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Plus que pour chacun des autres, la famille était pour James une forte réalité. Il s’y donnait avec une sorte de naïveté, de primitive bonhomie : il aimait le foyer familial, il aimait le racontar et les grogneries. toutes ses décisions naissaient en lui de l’esprit collectif de la famille et, à travers cet esprit, de celui de plusieurs milliers d’autres familles de même subsistance.
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La famille s’était réunie pour triompher de cela, pour manifester son unité tenace, illustrer glorieusement la loi de la propriété, grâce à laquelle il avait crû et prospéré comme un homme gonflant tous ses membres de sève, et atteint son plein développement au temps marqué.
p. 101/
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