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Citations de John Galsworthy (115)


La lune avait disparu très tôt et la nuit de mai, douce et chaude, enveloppait de ses voiles pâlis et de ses arômes les innombrables caprices, intrigues, désirs, passions et regrets des hommes.
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Une grande femme, d'une ligne admirable et qu'un membre de la famille avait un jour comparée à une déesse païenne, se tenait debout, regardant les fiancés avec un sourire ombré de tristesse. Ses mains gantées de gris étaient croisées l'une sur l'autre. Son visage grave et charmant s'inclinait de côté ; il retenait les yeux de tous les hommes. Sa taille était souple, d'un équilibre si juste et si léger que l'air même semblait la mettre en mouvement. Ses joues étaient chaudes, quoique pâles ; il y avait une douceur de velours dans ses grands yeux sombres ; mais c'étaient ses lèvres - posant une question, donnant une réponse avec ce sourire voilé d'ombre - qui retenaient les regards des hommes ; lèvres sensibles, tendres, suaves, entre lesquelles semblaient s'échapper comme d'une fleur la chaleur et le parfum.
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Fleur, penchée à sa fenêtre, entendit les coups étouffés de la pendule du salon qui sonnait minuit, le clapotement léger d'un poisson dans la rivière, le susurrement des feuilles de tremble agitées par une bouffée d'air, le grondement lointain d'un train de nuit ; et par intermittence, ces bruits anonymes qui naissent dans l'obscurité - vague expression d'émotions informulées, émotions des bêtes, des gens, des choses, de l'oiseau à la machine, ou peut-être des défunts, Forsyte, Dartie, Cardigan revenant faire un tour en ce monde qui jadis avait été le leur, quand leurs esprits n'étaient pas désincarnés. Mais Fleur ne prêtait à ces bruits aucune attention : son esprit, qui n'avait pas rompu ses liens charnels, volait, d'une aile légère, d'un compartiment de chemin de fer à une haie fleurie, s'attachant au souvenir de Jon, obstinée à faire revivre l'image défendue, et le son de sa voix. Le nez froncé, elle cherchait dans les parfums montant de la rivière , le souvenir de ce moment où la main de Jon avait écarté de sa joue la branche d'aubépine. Longtemps elle s'attarda à sa fenêtre dans son costume de fantaisie, aussi avide de brûler ses ailes à la flamme de la vie, que les papillons qui la frôlaient et se précipitaient vers la lampe électrique allumée sur sa table, ignorant que dans la maison d'un Forsyte il n'y a pas de flamme qui brûle librement. Mais elle finit, elle aussi, par avoir sommeil et, oubliant ses clochettes, elle se retira.
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Le 15 juin de l'année 1886, vers quatre heures de l'après midi, un observateur qui se serait trouvé dans la maison du vieux Jolyon Forsyte, à Stanhope Gate, aurait pu contempler la suprême efflorescence des Forsyte.
La maison célébrait les fiançailles de miss June Forsyte, avec Mr Philip Bossiney. Dans ses plus beaux atours, gants clairs, gilets chamois, plumes, robes de cérémonie, la famille entière était présente. La tante Ann elle-même était venue, elle qui ne quittait plus que rarement le coin du salon vert des son frère Timothy où, sous un plumet d'herbe teinte des pampas, s'élevant d'une vase bleu clair, elle restait assise tout le jour, à lire ou à tricoter, entourée par les effigies de trois générations de Forsyte.
Oui, la tante Ann elle-même était là, son dos inflexible et la dignité de sa calme vieille figure personnifiant ce rigide esprit de possession qui était l'âme de la famille.
Quand un Fosyte naissait, se fiançait, se mariait, les Forsyte étaient présents ; quand un Forsyte mourait - mais aucun Forsyte n'était mort jusqu'à ce jour... Ils ne mouraient pas, la mort étant contraire à leurs principes ; ils prenaient des précautions contre elle, les précautions d'une puissante vitalité qui repousse tout empiètement.
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Soudain, Mrs Joylon se leva, et rentra précipitamment dans la maison. Une minute après, son mari balbutia une excuse, et la suivit. Le vieux Jolyon resta seul avec ses petits-enfants.
Et la nature, avec sa subtile ironie, poursuivit l'achèvement de son cycle dans le coeur du vieillard, et se mit à opérer en lui une étrange évolution. Cette tendresse pour les petits, cette passion pour les commencements de la vie qui, autrefois, lui avait fait abandonner son fils pour s'attacher à June, le poussait maintenant à abandonner June pour s'attacher à ces êtres plus petits. La jeunesse vibrait toujours en lui. Il se tournait vers elle, vers les petits membres ronds, si insouciants, et qui avaient besoin de soin, vers les petites figures rondes, si déraisonnablement solennelles ou excitées, les voix aiguës, le rire perçant qui s'étouffe et rebondit, les menottes qui insistent et se pendent. A sentir de petits corps contre ses jambes, il se ranimait. Et ses yeux devenaient doux, douce sa voix et ses maigres mains veinées, et doux son coeur, au-dedans de lui. Tout de suite, pour ces petits êtres, il fut comme un abri plein de sécurité, un lieu de bonheur, un endroit où ils sentaient qu'ils pouvaient parler, rire, jouer, et bientôt, du fauteuil d'osier où était assis le vieux Joylon, la parfaite gaieté des trois coeurs rayonnait comme du soleil.
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Il résolut de commencer par le Jardin botanique, où il avait déjà fait tant d'esquisses, et choisit pour sujet le petit étang où l'automne éparpillait les feuilles rouges et jaunes. Les jardiniers rêvaient d'enlever ces feuilles, mais leurs balais n'étaient pas assez longs.
Pour le reste du jardin, ils le balayaient assez, ils ramassaient chaque matin les feuilles tombées par averses et les amoncelaient en grand tas d'où s'élevait, à mesure qu'un feu lent les consumait, une douce et âcre fumée, symbole de l'automne, comme le cri du coucou l'est du printemps et l'odeur des tilleuls de l'été. L'âme méticuleuse des jardiniers ne pouvait supporter les grands dessins d'or et de rouille sur le vert des gazons. Les sentiers sablés devaient s'allonger dépollués, ordonnés, méthodiques, sans trace des réalités vivantes, ni de cette lente et belle mort qui jette à terre la beauté de l'été, la gloire fanée d'où le déroulement du cycle éternel fera rejaillir le printemps fou.
Ainsi des yeux guettaient chaque feuille depuis l'instant où, après un frémissement d'adieu, elle tombait du rameau, et lentement tournait dans l'air.
Mais sur ce petit étang les feuilles flottaient en paix, hantées de soleil, et leurs teintes louaient le ciel.
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(…), un mariage malheureux peut bouleverser d'autres existences que celles des intéressés.
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C'est une chose infernale que la beauté quand on y est sensible.
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Ses yeux voyageaient de bouteille en bouteille.
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- Faites- lui surveiller une Mme Heron.
(…)
L'affaire sera 7x. La personne surveillée sera 17 ; celle qui la surveillera 19 ; le domicile de cette personne 25 ; vous- même - je devrais dire votre étude, 31 , moi- même 2. Au cas où il vous faudrait mentionner votre client par écrit, je l'ai appelé 43 ; s'il y a une personne que nous soupçonnons, elle sera 47 ; une seconde personne sera 51. Avez- vous des indications ou des instructions spéciales, pendant que nous y sommes ?
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Avant de faire une chose, il y a tout intérêt à se demander si elle ne fera pas à un autre plus de tort qu'il n'est absolument nécessaire.
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Il se piquait d'une attitude assez libérale envers les femmes; il ne voyait aucune raison pour les empêcher de peindre des tableaux, d'écrire des romances ou même des livres, pendant qu'elles y étaient, surtout si cela pouvait leur rapporter utilement un peu d'argent ; aucune raison ! Ça les empêchait de faire des bêtises. Pour les hommes, c'est différent;
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Il n'existe aucun rapport dans la vie entre la récompense et le mérite.
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[ Je ] suis aussi dans une position abominable. La sienne est celle qu'elle s'est faite. La mienne, celle qu'elle m'a faite.
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Swithin ne tolérait pas la simplicité ; sa passion pour l'or moulu l'avait toujours marqué entre ses pareils pour un homme d'un goût parfait quoique fastueux. La certitude qu'on ne pouvait entrer chez lui sans voir qu'il était riche lui procurait le bonheur le plus solide et le plus durable qu'il ait connu en sa vie.
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Je me demande vraiment où va le monde...
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Les Françaises - elles étaient pareilles à des chats -, on ne pouvait être sûr de rien. Mais qu'elle était jolie ! La parfaite jeune créature à tenir dans ses bras ! Quelle mère pour son héritier ! Et il pensa avec un sourire aux gens de sa famille, à leur surprise lorsqu'il aurait épousé une française, à leur curiosité, et à la façon dont il s'en amuserait et la déjouerait - le diable les emporte ! (p. 109)
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Qu'avaient - ils fait les uns les autres pendant la guerre ? (…)
Quand à lui, il avait fait don d'une ambulance à l'armée, lu les journaux jusqu'à l'écoeurement, éprouvé toutes les angoisses, il s'était privé de vêtements neufs, il avait maigri de quatre livres ; à son âge, que pouvait -on demander de plus ?
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Tenir en cage un lion ou un tigre, c'était sûrement une horrible barbarie. Mais voilà ce que n'admettait aucun homme cultivé. L'idée qu'il était cruel d'enfermer des animaux sauvages n'était probablement jamais venue à son père, par exemple. Il appartenait à l'ancienne école qui trouvait, humain et moral d'emprisonner les panthères et les singes, convaincu, sans doute qu'avec le temps on persuaderait ces créatures de ne plus mourir si déraisonnablement de tristesse et de nostalgie, contre les barreaux de leur cage, imposant ainsi à la société la dépense de leur remplacement. Aux yeux de son père, comme aux yeux de tout Forsyte, le plaisir de contempler ces belles créatures en état de captivité compensait, et au-delà, l'inconvénient d'enfermer des bêtes que Dieu, si imprudemment, avait faites libres.
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Voilà qu'elle avait l'air de se poser en esprit indépendant. Qu'est ce qu' il lui fallait donc ? Elle avait un charmant intérieur, et tout ce qu'il était possible de souhaiter. Seulement son mari aurait dû lui choisir ses amis. Elle était dans une voie dangereuse .
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