Citations de John Milton (76)
[Remarques, Chateaubriand]
Bentley prétend que, Milton étant aveugle, les éditeurs ont introduit dans le Paradis perdu des interpolations qu’il n’a pas connues : c’est peut-être aller loin ; mais il est certain que la cécité du chantre d’Éden a pu nuire à la correction de son ouvrage. Le poète composait la nuit ; quand il avait fait quelques vers, il sonnait ; sa fille ou sa femme descendait ; il dictait : ce premier jet, qu’il oubliait nécessairement bientôt après, restait à peu près tel qu’il était sorti de son génie. Le poème fut ainsi conduit à sa fin par inspirations et par dictées ; l’auteur ne put en revoir l’ensemble ni sur le manuscrit ni sur les épreuves. Or il y a des négligences, des répétitions de mots, des cacophonies qu’on n’aperçoit, et pour ainsi dire, qu’on n’entend qu’avec l’œil, en parcourant les épreuves. Milton isolé, sans assistance, sans secours, presque sans amis, était obligé de faire tous les changements dans son esprit, et de relire son poème d’un bout à l’autre dans sa mémoire. Quel prodigieux effort de souvenir ! et combien de fautes ont dû lui échapper !
Celui qui a vaincu par la force, n'a vaincu qu'à moitié son ennemi.
Loin de ces fleuves, un lent et silencieux courant, le Léthé, fleuve d'oubli, déroule son labyrinthe humide. Qui boit de son eau oublie sur−le−champ son premier état et son existence, oublie à la fois la joie et la douleur, le plaisir et la peine.
Mais sache que dans l'âme il existe plusieurs facultés inférieures qui servent la raison comme leur souveraine. Entre celles-ci, l'imagination exerce le principal office : de toutes les choses extérieures que représentent les cinq sens éveillés, elle se crée des fantaisies, des formes aériennes, que la raison assemble ou sépare, et dont elle compose tout ce que nous affirmons, ou ce que nous nions, et ce que nous appelons notre science ou notre opinion.
(Traduction de Chateaubriand)
Adieu, champs fortunés où la joie habite pour toujours ! salut, horreurs ! salut, monde infernal ! Et toi, profond enfer, reçois ton nouveau possesseur. Il t’apporte un esprit que ne changeront ni le temps ni le lieu. L’esprit est à soi-même sa propre demeure, il peut faire en soi un ciel de l’enfer, un enfer du ciel. Qu’importe où je serai, si je suis toujours le même et ce que je dois être, tout, quoique moindre que celui que le tonnerre a fait plus grand ! Ici du moins nous serons libres. Le Tout-Puissant n’a pas bâti ce lieu pour nous l’envier ; il ne voudra pas nous en chasser. Ici nous pourrons régner en sûreté ; et, à mon avis, régner est digne d’ambition, même en enfer ; mieux vaut régner en enfer que servir dans le ciel.
Rassemblant nos légions affligées, examinons comment nous pourrons dorénavant nuire à notre ennemi, comment nous pourrons réparer notre perte, surmonter cette affreuse calamité; quel renforcement nous pouvons tirer de l'espérance, si non quelle résolution du désespoir.
[Remarques, Chateaubriand]
Souvent, en relisant mes pages j’ai cru les trouver obscures ou traînantes, j’ai essayé de faire mieux : lorsque la période a été élégante ou claire, au lieu de Milton je n’ai rencontré que Bitaubé ; ma prose lucide n’était plus qu’une prose commune ou artificielle, telle qu’on en trouve dans tous les écrits communs du genre classique. Je suis revenu à ma première traduction. Quand l’obscurité a été invincible, je l’ai laissée ; à travers cette obscurité on sentira encore le dieu.
Mieux vaut régner en Enfer que servir au paradis.
[Dieu] : eux seuls ont ordonné leur chute.
Références de John Milton aux beautés du ciel qu'il découvrit en observant dans la lunette de Galilée:
Devant leurs yeux apparaissent soudain les secrets du vieil Abîme; un océan sombre, sans bornes, sans dimensions, où la longueur, la largeur et la profondeur, le temps et l'espace, sont perdus. (II, v.889, p173.)
Ainsi chantait le glorieux cortège dans son ascension: le Verbe à travers le ciel, qui ouvrit dans toute leur grandeur ses portes éclatantes, suivit le chemin direct jusqu'à la maison éternelle de Dieu; un chemin large et ample dont la poussière est d'or et le pavé d'étoiles, comme les étoiles que tu vois dans Galaxie, cette voie lactée que tu découvres, la nuit, comme une zone poudrée d'étoiles. (VII, v.574, p316-317).
Notes sur le paradis perdu : Dans le mariage l'union des âmes est donc aussi essentielle que l'union physique.
Après ces divinités en troupe parut Astoreth, que les Phéniciens nomment Astarté, reine du ciel, ornée d’un croissant ; à sa brillante image nuitamment en présence de la lune, les vierges de Sidon payent le tribut de leurs vœux et de leurs chants.
[Remarques, Chateaubriand]
On compte cinq ou six cents mots dans Milton qu’on ne trouve dans aucun dictionnaire anglais.
et quand la nuit obscurcit les rues, alors vagabondent les fils de Bélial gonflés d'insolence et de vin ; témoin les rue de Sodome, et cette nuit dans Gaaba, lorsque la porte hospitalière exposa une matrone pour éviter un rapt plus odieux.
Car les livres ne sont pas du tout choses mortes, mais ils contiennent en eux une puissance de vie qui les rend aussi actifs que l'âme qui les a engendrés : disons même qu'ils conservent comme une fiole l'essence la plus pure de l'intellect vivant qui les a produits. Je les sais aussi vifs et féconds que les dents fabuleuses du dragon ; une fois semés, ils pourraient jaillir comme autant d'hommes armés.
Et pourtant, sans prudence, tuer un bon livre c'est à peu près comme tuer un homme ; qui tue un homme tue une créature rationnelle, l'image de Dieu ; mais qui détruit un bon livre tue la raison elle-même, tue l'image de Dieu, dans l’œil même en quelque sorte. Bien des hommes sont des fardeaux pour la Terre ; mais un bon livre est le précieux élixir de vie d'un esprit supérieur, embaumé et recueilli dans le but d'avoir un supplément de vie après la vie.
Désormais, qu'aucun homme ne se soucie d'apprendre ni se soucie d'être plus sage que ne le veut le monde ; car il n'est pas douteux que rester ignorant et indifférent aux grandes questions, se montrer un âne entêté et vulgaire, permettra la seule vie agréable et la seule recherchée.
Of Man's first disobedience and the fruit
Of that forbidden tree whose mortal taste
Brought death into the world and all our woe,
With loss of Eden, till on greater Man
Restore us and regain the blissful seat
Sing, Heavenly Muse...
Poeme base sur l histoire biblique (que j ai lu comme un roman d heroic fantaisy). Assez complexe au vu des references mais il y a bcp de notes pour aider a la comprehension. Intense a lire, qq passages assez kitch surtout qd il y a adam et eve.
Tu la vois ma secte maintenant : apprends trop tard que quelques-uns peuvent savoir quand des milliers se trompent.
Ainsi parla le faux dissimulateur sans être reconnu, car ni l’homme ni l’ange ne peuvent discerner l’hypocrisie : c’est le seul mal qui dans le ciel et sur la terre marche invisible, excepté à Dieu et par la permission de Dieu : souvent, quoique la Sagesse veille, le Soupçon dort à la porte de la Sagesse et résigne sa charge à la Simplicité : la Bonté ne pense point au mal, là où il ne semble pas y avoir de mal.