Citations de Jonathan Gibbs (45)
"Si le fait de côtoyer quelqu'un ne fait pas de vous une autre personne, alors ce n'est pas un ami, c'est une relation."
Si vous avez honte de ce qu'il a peint, c'est pas de chance. Acceptez cette honte. Cela pourrait bien faire de vous une meilleure personne. Certainement, dans cent ans, quand ces tableaux seront accrochés au mur de ce qu'on appellera des maisons dans ce qui restera de ce putain de monde, et que nous serons tous, si Dieu le veut, devenus poussière, alors personne ne pensera le moindre mal de vous sous prétexte que vous figurez dessus. Dans le grand dessein universel, être une note de bas de page de cette histoire-là est plus que ce que nous méritons.
On ne peut pas jouer au plus fin avec un tableau, on peut seulement soutenir son regard.
"Passer son temps à revivre le passé, sans l'anesthésiant miséricordieux de la démence, est horrible."
"L'art, on est l'auteur ou l'acheteur. Tout le reste est englobé dans ces deux choses, on est hors sujet."
Encore une règle: ne jamais exposer ses propres oeuvres chez soi . C'est l'équivalent d'un inceste , ou du fait de se masturber devant un miroir : une pratique vicieuse et impie . Non, il faut s'en débarrasser , l'envoyer dans le monde , comme on y envoie ses enfants , les éloigner le plus possible de soi .
L'art est la pratique occulte de l'omniprésence, la faculté de s'imposer aux regards sans être là. P. 10
L'impact sur ma vie de ma rencontre avec Randall et les autres fut immédiat et total. J'eus l'impression qu'on m'ouvrait une fenêtre sur une vie dont j'ignorais si je voulais me l'approprier, la visiter, ou l'observer de l'extérieur, mais je sus que je voulais y entrer.
Je vis comment un groupe de personnes se débrouilla pour accéder à une position dominante dans le milieu de l'art de la capitale, et comment une nation, séduite et titillée par leurs pitreries et leur assurance, s'empara d'elles pour les porter au pinacle de sa culture, de sa vision d'elle-même, à une époque où le monde braquait ses regards sur Londres en proclamant le retour du Swinging London.
Randall était un grand prêteur et emprunteur de livres. L'inviter chez soi revenait essentiellement à lui donner la clé de votre bibliothèque.
Je ne t'ai demandé de gérer mon argent que pour m'assurer ta présence à mes côtés, tu le sais bien, Vincent, non ? - puis, une main posée sur mon épaule, me secouant à sa façon amicale, agressive et ironique : j'ai besoin de toi à mes côtés, Vincent. Je ne sais jamais quoi penser de mon travail jusqu'à ce que tu me demandes ce que ça peut bien vouloir dire.
Il fut visiblement satisfait de cette déclaration. Il me vit rire, autant de sa suffisance que de la phrase elle-même, et me fit un grand sourire.
- Vas-y, Vincent. Note-la.
Bien sûr, on s'amusait dans ces soirées . C'était amusant , sans aucun doute , de sentir ce petit papillon dans le ventre , comme à bord d'un ascenseur qui s'élève , à mesure que les fêtes auxquelles nous assistions montaient d'un cran sur l'échelle des mondanités.
[...) le passage à l'an 2000, que tout le monde - pas seulement nous mais tout le monde - pensa comme un nouveau départ . Evidemment, il n'en fut rien .Ce ne fut pas un nouveau départ. Ce fut la fin d'une époque .
Le second regard, en art, est toujours superflu.
L'art, on en est l'auteur ou l'acheteur. Tout le reste est englobé dans ces deux choses, ou est hors sujet.
Le langage du corps exprime la critique d'art aussi bien que celui des mots.
Au tournant du siècle, il y avait tout un tas de gens comme moi : de riches rejetons de Thatcher et de Blair aux idées bien arrêtées, vautrés comme des porcs dans la fange, sous une pluie d'or au bout de l'arc en ciel du crédit , mais doués d'une culture suffisante pour discuter de Randall et de son travail et, de plus en plus, pour l'acheter. P. 116
Tout n'est qu'un dérivé , me dit Randall un jour . La seule question est de savoir si quelqu'un d'autre a déjà plagié ce qu'on plagie.
"L'art conceptuel : un art qu'il n'est pas nécessaire de voir pour le comprendre ."
[..]
" L'art moderne : un art qu'il n'est pas nécessaire d'apprécier pour l'acheter".
Comment un artiste peut-il reprendre la main sur son travail, une fois qu'il a été abandonné au marché ? On le vend, il disparaît. Voilà la vérité, telle qu'il la voyait : il n'existe pas d'oeuvre d'art en tant qu'entité autonome, en tant que Ding and sic. Tant qu'elle est dans l'atelier, elle fait encore partie de l'artiste. Quand elle est dans une galerie, c'est une marchandise, un chaudron bouillonnant de valeurs hypothétiques et pourtant indifférenciées, comme la chat dans la couveuse. Quand elle est accrochée au mur chez quelqu'un, ou dans un musée, elle devient une pièce de collection. Nulle part elle n'existe par elle-même.