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Citations de Josef Skvorecký (32)


Tout ça, tout ce que j'ai vécu, était beau et heureux. Tout ce que j'étais en train de vivre, les regrets et le désespoir dans lesquels j'étais empêtré, était bête. Mais une fois vécu, ça devenait beau. C'était toujours comme ça. Je le savais. Je savais sacrément bien qu'on ne peut jamais être heureux, parce que le bonheur est foncièrement une affaire du passé.
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"Vraiment ? dit la chanteuse. Mais comment savez-vous qu'il va vous descendre ce soir ?
-Il m'en a averti ce matin, dit monsieur Jensen.
-C'est extrêmement irrespectueux de sa part."

La fille sortit un paquet de cigarettes d'un petit sac à paillettes, décora son visage pâle par un clou-de-cercueil blanc, et après une courte hésitation en offrit une au monsieur qui devait être assassiné.

"Non, merci, dit-il. Ou pourquoi pas ? De toute façon, aujourd'hui je vais mourir."
Il prit la cigarette en la plantant comiquement au milieu de sa bouche. La chanteuse attendait qu'il sorte un briquet de sa poche, mais il ne s'est rien passé. Elle frotta donc une allumette, alluma la sienne, et se pencha vers lui avec du feu.
Le monsieur aspira est s'est mis à tousser. Il sortit tout de suite la cigarette de sa bouche, en la regardant avec répugnance.

" Que je sois damné, c'est quoi, cette saloperie ? L'herbe marine, non ?
-Vous n'avez sans doute jamais fumé ça, sourit la fille de toutes ses dents. Cela s'appelle une partisane.
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A sa taille était fixé un vieux sabre autrichien et il paraissait sorti d'une crazy comedy américaine. C'est à cause de ce travail pro-boche que maintenant il était bien obligé d'être héroïque. J'étais curieux de voir si les autres collabos se trouvaient eux aussi à la brasserie. Mais sûrement. Ils étaient tous obligés d'être héroïque, les pauvres !
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Josef Skvorecký
On a commencé par l’esclavagisme – dont la forme socialiste est le stalinisme. Les chefs se font trancher la tête et les rouspéteurs sont expédiés sur les chantiers des pyramides. A présent, nous vivons la période du féodalisme socialiste : les chefs perdent simplement leur trône, les rouspéteurs perdent la grâce du prince, cette grâce qui, de temps à autre, permet un petit quelque chose à ses sujets. Bientôt, nous devrions entrer dans la période de la démocratie bourgeoise : les chefs s’en iront au terme de leur mandat, les citoyens pourront vivre plus ou moins comme sous Dubcek. Puis, on retombera dans de nouveaux emmerdements, qu’on appellera de nouveau du nom de révolution. Les gens ne sont pas faits pour le bonheur.
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« Loin de Moscou ― c'est un livre ― un livre ― comme on dit ― un livre ― je veux dire un livre ― où on ― où ils, c'est à dire dans ce livre ― l'auteur nous raconte ― nous raconte ou plutôt nous décrit ― ce qui est arrivé ― nous raconte ― la vie, quoi, là-bas, le travail... comment ça s'est passé là-bas ― loin de Moscou, c'est ça ― très loin de Moscou n'est-ce pas? et l'auteur raconte ― décrit ce qu'ils ont fait ― comment ils ont travaillé... pas vrai ! ― bien travaillé, les camarades, ou pas tellement bien que ça... certain, c'est à dire, ben, y en avait qui travaillaient pas si bien que ça... mais après ils ont compris qu'il le fallait... parce que... ils travaillaient pour eux... là-bas, dans ces contrées... dans ces contrées... loin de Moscou... loin de la capitale de l'Union soviétique... parce qu'il n'y avait plus de capitalistes... qui extorquaient... qui exploitaient... les ouvriers et il fallait améliorer... comment qu'on appelle ça... ah oui, c'est ça, les normes parce que les travailleurs... travaillent pour le peuple alors à la fin ils ont compris... ils ont pris des... comment dire des initiatives là-bas... ils ont pris des engagements sovié... socialistes seulement ça a été dur parce qu'il fallait expliquer aux gens qui ne comprenaient pas... et les curés qui leur disaient qu'ils iraient en enfer s'ils travaillaient...et il y avait aussi des Koulaks... des saboteurs dans ce pays-là, loin de Moscou, loin de la capitale de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques... »
Le sous-lieutenant Prouza se remit enfin de sa stupeur. Il savait que les soldats ne possédaient pas comme lui le don de la rhétorique, mais il ne soupçonnait pas un telle carence de moyens d'expression ― et en plus, il avait l'impression que l'adjudant ne connaissait pas grand-chose au livre. Il se demandait même ce que les curés venaient faire là-dedans.
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Sur l’écran de son imagination se projeta l’image de la pomme de la tentation infernale, sous l’aspect d’un séduisant chignon châtain surmontant un cou de cygne.
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Je ne savais pas quoi dire, je voulais seulement prolonger cette expulsion du paradis, parce que j'étais tout de même un spécialiste malgré mon fiasco, et je savais qu'il était parfaitement inutile de rester là, inutile d'écrire des lettres, d'être spirituel ou sincère, simple ou compliqué, d'y aller avec un poème avec Mlle Stribrna ou de me jeter sur elle comme un charretier ivre. Avec elle, j'avais perdu avant de commencer, j'avais perdu sur toute la ligne.
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L'avertissement que les personnages et les événements décrits dans le présent livre sont rigoureusement imaginaires et que, s'ils rappellent au lecteur des personnages qu'il a connus ou des événements dont il a été témoin, la ressemblance ne peut être qui fortuite, ne sera sans doute pas pris au sérieux par personne parce qu'il correspond à la vérité. Car ce livre n'est pas un roman psychologique ou social, mais un roman policier ; il ne décrit pas des hommes et des femmes réels, mais des attitudes réelles dans manifestations rudimentaires, celles qui répondent le mieux aux deux objectifs essentiels d'un roman policier : la découverte de l'assassin et le divertissement du lecteur.
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« …il reste au moins une empreinte, au moins la trace d’une âme, de cette beauté, de cette splendeur, de cet homme ou de cette femme, de ce rêve, de cette légende, d’Emöke… »
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Un écrivain ne doit pas et ne peut pas parler uniquement de lui. Cela n'a rien à voir avec l'idée romantique ou patriotique du "porte-parole du peuple". C'est l'essence même de l'écriture. Certains écrivains peuvent croire qu'ils sont leur unique sujet : s'ils ont un quelconque talent, c'est en fait l'histoire de leur temps et de leurs contemporains qu'ils racontent, sous forme d'autoportrait. Car tout autoportrait a un second plan, avec des petits personnages qui peinent ou qui gambadent, comme les représentaient les maîtres hollandais. Si un écrivain n'arrive à produire rien de plus qu'une image de lui-même sur fond noir, ce n'est qu'un misérable écrivaillon qui n'est jamais sorti de la puberté, quel que soit le nombre de scènes de baise qu'il met dans son roman.
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Ce n’était pas une tête de Lilliput agrandie sur un corps atrophié auquel des glandes perfides auraient joué un bien vilain tour ; c’était une tête normale de bel homme sur un thorax normal ; un César tronqué, me dis-je ; il marchait comme un canard et je découvris qu’en effet, il était tronqué, coupé aux genoux ; il n’avait pas de mollets, il marchait sur ses genoux emmaillotés de chiffons crasseux.
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L'idée m'a effleuré que j'étais comme Apollinaire. Moi aussi je savais tout sur les trucs dont personne ne savait rien mais dont personne n'avait besoin de rien savoir.
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Le soir, je me fis des compresses d’eau froide, mais au lever mon instrument de volupté avait doublé de volume, phénomène qui ne devait rien à une érection matinale. Sur le prépuce gonflé comme un pneu coulaient les gouttelettes grises décrites par tous les manuels. Les démangeaisons étaient insupportables. Après m’être fabriqué un suspensoir de fortune avec un bout de gaze, je m’en fus prendre mes fonctions de professeur dans un établissement pour jeunes filles.
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« Qu'est-ce que vous m'avez foutu là-dedans, les gars ? » dit le chauffeur. Il posa le reste de sa côtelette de porc sur la carrosserie, arrêta le moteur et commença à retirer le tuyau. « Ma pompe est bouchée ! »
Le cuisinier accourut à la rescousse et l'aida à remonter le lourd tuyau. Un objet noir était bloqué dans l'ouverture de la pompe. Ils le retirèrent et constatèrent que c'était une botte d'officier extraordinairement petite.
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À 45 ans, déjà professeur à la faculté de médecine, c'était un de ces êtres indestructibles qui ont appris à temps à la fois un métier et l'art de se taire, observant le monde et ses fourberies du haut de la tour d'ivoire d'une compétence indispensable à tous les régimes. Il s'était toujours gardé de signer les manifestes qui changeaient selon les époques et rares étaient les intimes auxquels il faisait comprendre qu'il vivait déjà dans un XXIe siècle où les querelles mythologiques entre diverses idéologies paraîtraient aussi dérisoires que les recherches sur le sexe des anges.
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D'après Milan Kundera dans la préface :
Mai 68, c'était une révolte des jeunes. L'initiative du Printemps de Prague était entre les mains d'adultes, fondant leur action sur leur expérience et leur déception historiques.
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L'amère expérience de toutes les révolutions nous apprend que si le groupe politique qui s'est emparé du pouvoir ne rétablit pas à temps le contrôle extérieur sur lui-même, il perd, tôt ou tard, le contrôle de soi et dégénère. Tout contrôle, toute pression au sein du groupe dirigeants dans le but d'améliorer la qualité de la direction doit nécessairement s'étioler s'il n'est pas nourri par une pression, un contrôle de l'extérieur qui améliore la qualité de ce groupe dans son ensemble. Au lieu de se régénérer en permanence, le groupe dirigeant se fige, se pétrifie et ainsi s'aliéne de plus en plus par rapport à la réalité… Il se proclame incarnation du progrès et se transforme aussitôt en une société de défense d'intérêts communs où l'on retrouve côte à côte les restes de l'élite intellectuelle du pays, les carriériste et de sombres brutes…
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Dans le pays où nous avions vécu jadis, Sidonia et moi avions chacun eu des ennuis, d'un genre inconnu des habitants du pays où nous vivions à présent et, de ce fait, sans intérêt pour eux. Lorsque j'ai mentionné ces ennuis, à l'occasion d'une sauterie, les gens ont certes manifesté un certain intérêt, mais il était à peu près aussi authentique que le mien quand il était question des chances qu'avaient les Baltimore Orioles d'atteindre la phase finale du championnat de base-ball cette année-là, ou autre grand sujet du même acabit.
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L'amour me camouflait la cervelle, je ne faisais attention à rien, même pas au prof de maths, M. Bivoj, qui a flanquait dix-sept zéros en l'espace d'une heure à cause d'une équation de je ne sais quel degré, et il m'a loupé par miracle.
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Il est certain que ce sera une guerre sanglante. Mais le parti a tout prévu. D'après les calculs génétiques, 20 000 enfants suffiront à régénérer la nation en quelques générations.
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