Citations de Juan Branco (110)
Il n'y a de pouvoir qui soit fait d'une quelconque forme de bonté. Il n'y a de récit qui ne soit orienté. Résistez à ce qui vous sera raconté. Partez de vos expériences, de ce que vous avez traversé, de ce que vos corps ont absorbé, pour toujours remettre en question les mots qui vous sont adressés.
Et luttez, luttez contre ces être avariés qui ne vivent que du sang que de vous ils ne cessent de tirer, de la sueur dont vous les abreuvez sans jamais vous montrer de reconnaissance dans la satisfaction que tout assoiffé tire de s'être gavé. J'ai été eux. Je sais de quoi ils sont faits. Luttez, pour vous et tous ceux qui demain viendront, pour tous ceux qui à des milliers de kilomètres se trouvent en des situations encore plus dégradées, afin de retrouver une part de souveraineté.
Luttez pour votre dignité. Pour ne plus jamais, par eux, vous laisser diminuer.
Luttez pour ne rien lâcher, pour subsister face aux mondes qui cherchent à vous écraser. Pour qu'un jour, un petit garnement, sorti de sa tour dorée, puisse venir à vous, se lier à vous, et vous remercier.
Vous remercier d'être et d'avoir été.
Vous remercier d'exister, et par là même, de lui avoir enfin permis de trouver un sens à ce qu'il était. »
Oui, voilà donc où naît l'"en même temps" proposé comme une innovation politique, là où il n'était que prétexte à une fusion d'élites jusque-là éclatées. Cette condensation d'intérêts au service d'une endogamie galopante, fut présentée comme un signe de progressisme et de modernité.
Les journalistes les plus naïfs - ou les plus compromis et confortablement installés dans ce système - n'y virent nulle aporie, et se contentèrent de transcrire ce que le pouvoir leur en disait.
Il faut mesurer pourtant l'ampleur de la révolution que proposait M. Macron, à l'heure où le système s'effondrait, s'inspirant de celle que son mentor, Jean-Pierre Jouyet, avait initiée : garantir, contre l'inféodation à son pouvoir, une permanence des privilèges et des positions, là où les élites se menaient jusqu'alors des guerres régulières, devant s'asservir à l'un ou à l'autre tous les cinq à sept ans.
Cela permettait d'éviter le coût d'opportunité des allégeances qui étaient jusqu'alors requises. Pourquoi en parlons-nous ? Parce que ces alternances avaient un effet : offrir une respiration démocratique en nourrissant la presse des informations que les uns sur les autres collectaient. Et l'on comprend soudain l'étouffoir qui prit notre démocratie lors des longs mois qui suivirent l'élection de M. Macron, et l'impossibilité d'en dire quoi que ce soit. Absorbées par la stratégie d'opposition que M. Macron mettait en scène avec l'extrême droite, l'ensemble des élites traditionnelles s'étaient intégrées à un pouvoir qui, dès lors, ne laissait rien fuite. (p. 275-276)
Dans une société où la chose intellectuelle est dévalorisée, peu ou point de chercheurs, de grands scientifiques ou intellectuels, d'industriels et de grands reporters, sortent d'une institution chargée d'installer plutôt que d'exiger. (p. 94)
Il n'est nulle démocratie sans citoyens éclairés. Nulle souveraineté sans possibilité de s'informer. Nulle liberté sans représentation chargée de la contrôler. (p. 31)
même en faisant partir M. Macron, nous resterait un tel appareil de pouvoir qu’il ne pourrait appeler qu’à la révolution.
Cet homme dont tout le parcours exhale le service du soi n’aurait-il en fait été qu’un pantin au service de ceux dont il a appliqué, à la lettre le programme ?
Les déjeuners au Bristol ou au Georges V s'ensuivent de partages plus raffinés, pour les hôtes les plus privilégiés et importants, au sein des hôtels particuliers. On y reçoit les hommes politiques qui, impressionnés, se voient ainsi amenés, pas à pas, à s'habituer à l'état des choses, sont présentés aux héritiers, apprennent les intérêts de socialiser là en découvrant le lendemain un article laudateur qu'ils n'avaient pas anticipé. On les invitera ensuite à des événements mondains, de défilés de mode en inaugurations, les transformant pas à pas, dans leur grande naïveté, en agents d'influence et soldats de l'existant. (...) Votre valeur marchande dépend de votre capacité à vous soumettre et alimenter ces lieux-là. Brigitte Macron en aura été.
Babelio ce sont qui vos patrons ? !
Aveuglé, nié à toute forme de vérité, le peuple de France s’est ainsi vu imposer ses gouvernants par une petite coterie satisfaite de ses manipulations. Le problème démocratique que cela suscite est ontologique : il expose notre régime politique dans sa nature, et retire dès lors à ses dirigeants
toute possibilité d’être légitimés.
La prise de l'information par quelques individus obsédés par l'idée de soi a distordu la vie de la cité, écrasé toute possibilité réelle d'une quelconque forme de transgression et s'est accompagnée d'un écrasement de notre système éducatif, réduit à reproduire les privilèges et introduire les monarques et aristocrates qui demain hériteraient des prébendes de leurs parents, sous le masque d'un terme atroce et infondé pour le légitimer, méritocratie justifiant qu'un seul pour cent de fils et filles d'ouvriers fréquentent aujourd'hui les grandes écoles censées les défendre et les former.
Dans un pays où 90% de la presse est entre les mains de quelques milliardaires, l'exposition de la vérité est devenue affaire complexe.
Ils exposent un scandale démocratique majeur : la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s'est ensuite assurée d'en distribuer l'usufruit auprès des siens sans ne rien s'exiger ni s'imposer, en un détriment qui explique l'explosion de violence à laquelle nous avons assisté.
Quel est le degré d’accès de Xavier Niel et de Bernard Arnault au Sommet de l’état ? Pourquoi ces gens-là se sentent-ils au dessus des lois ? Pourquoi n’enquête-t-on pas ?
Aujourd’hui, c’est Eric Zemmour qu’un certain Vincent Bolloré a, par de similaires techniques, fabriqué. Qu’il gagne ou qu’il perde n’importe pas. Enjolivant les foules de spectateurs assurées par la campagne ainsi lancée, il renforcera la croyance en un système avarié, donnant l’impression d’un enjeu qui accroîtra l’adhésion des Français, et renforcera le pouvoir de ceux qui l’ont fabriqué.
Droite et gauche font semblant de s’affronter. Et , à la fin, vous vous verrez, une nouvelle fois, asservi et trompé, pour le plus grand bonheur des marionnettes et de leurs chefs, qui vous avaient été présentés.
Ces êtres ne sont pas corrompus, ils sont la corruption. Et nous sommes ceux qui, bêtement, leurs permettons de perdurer, en renouvelant régulièrement notre croyance en les récits qu’ils sont chargés de nous raconter.
Est-ce là des questions choquantes, que la décence aurait interdit de poser ? Non, et pourtant les médias s’abstinrent de les poser, et M. Philippe, très satisfait, put, à son départ, poser en ne de quelques médias avariés pour construire auprès des Français une forme de désir fondé sur une amnésie préfabriquée.
La politique est une affaire de corps. De ces corps que l’on expose au quotidien, exploités pour alimenter ce système qui, de bout en course, abattra quiconque tentera de le changer, plutôt que de simplement, après milles promesses, s’y insérer pour le perpétuer.
Les êtres auxquels nous faisions face, capables d'un cynisme et d'une violence absolus, nous pensaient à leur image et nous soupçonnaient de comportements qui n'appartenaient qu'à eux seuls
Ce peuple qui, à force de nourir ceux-là même qui, censés les défendre, les tenaient éloignés, se montrent prêt aujourd'hui, au Fenwick, à défoncer la porte de ministères pour rappeler à ses serviteurs que ces lieux n'ont été construits, sur leurs deniers, que pour les protéger des aristocrates, et non reconstruire une aristocratie qui pourrait se permettre des les mépriser.