AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Judith P. Butler (42)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Trouble dans le genre : Le féminisme et la su..

Je n'entends pas critiquer ce livre, que je n'ai pas lu et ne lirai pas.

lJe signale cet article paru ce jour sur le site Internet du JDD qui pourra sans doute intéresser certains lecteurs de la « philosophe féministe."

L’attentat du Hamas contre Israël, seulement « un acte de résistance armée » ? C’est comme cela que Judith Butler, la théoricienne du genre, qualifie les événements survenus le 7 octobre dernier. L’américaine diplômée de l’université de Berkeley d’une chaire de rhétorique et de littérature comparée, était l’invitée d’une table ronde à Pantin dimanche 3 mars, révèle Le Figaro. L'intellectuelle d’extrême-gauche assure que les actes du mouvement palestinien ne sont ni «une attaque terroriste», ni « une attaque antisémite », mais « un acte de résistance armée » et un «soulèvement ».



Cet événement a été organisé à l’initiative du NPA, du média Paroles d’Honneur, et de deux associations juives propalestiniennes et décoloniales, le collectif Tsedek ! et l’UJFP. Plusieurs députés de la France insoumise étaient venus écouter Judith Butler dont Thomas Portes, Danièle Obono et Younous Omarjee. Pour rappel, cette rencontre devait déjà avoir lieu en décembre dernier au Cirque électrique de la Porte des Lilas à Paris, mais la mairie avait fait pression pour la faire annuler. "



Acte de résistance viols compris donc?



https://www.lejdd.fr/societe/guerre-israel-hamas-la-philosophe-americaine-judith-butler-estime-que-lattaque-du-7-octobre-est-un-acte-de-resistance-armee-142786

Commenter  J’apprécie          85
Dans quel monde vivons-nous ?: Phénoménologie d..

Egérie du mouvement queer depuis la parution de « Trouble dans le genre » en 1990, la philosophe américaine est l’une des voix les plus écoutées et discutées de notre époque. [...] Elle publie « Dans quel monde vivons-nous ? », sur la vulnérabilité et le deuil.
Lien : https://www.nouvelobs.com/id..
Commenter  J’apprécie          00
Trouble dans le genre

.



“DANS SON ESSAI, ‘TROUBLE DANS LE GENRE', JUDITH BUTLER MONTRE QUE LE GENRE, C'EST QUELQUE CHOSE QU'ON FAIT. L'IDENTITÉ DE GENRE EST DE L'ORDRE NON PAS D'UNE NATURE NI MÊME SIMPLEMENT D'UN DESTIN SOCIAL, MAIS D'UNE ACTIVITÉ. CE QUI VEUT DIRE AUSSI QU'ON PEUT FAIRE DÉRAILLER CETTE COMÉDIE, CE JEU DE RÔLE AUQUEL ON EST ASSIGNÉ.”



Que l'on se regarde dans la glace et que l'on n'y voit pas ce que l'on souhaite. Que l'on aime les femmes en voulant ou non devenir un homme. Que l'on n'aime ni la feminité et encore moins la masculinité. Mais surtout que l'on n'aime pas les mecs - qui comprendra pourra...



Soit.

Tout un chacun peut et même doit pouvoir étre ce qu'il souhaite pour ne serait ce avoir qu'une petite once de bonheur.

Mais que son cas personnel doivent s'appliquer à la généralité. Que ses propres tourments doivent concerner toute l'humanité. Parce que sinon ce ne serait pas "juste". Que l’on refuse ce que la nature a donné. Que ce doit étre dénaturé, dès la jeunesse, quand on n'est pas encore formé(e). Non. Mille fois non.



Pour quel Resultat ! C'est au final le contraire de ce qu'elle prone. Vouloir influencer ces idées à toutes les strates de la societé, c'est un eugénisme. C'est criminel, n'ayons pas peur des maux.



Non. Je dis non.









.
Commenter  J’apprécie          41
Trouble dans le genre

Ce bouquin paru en 1990, mais traduit en français seulement en 2005, est devenu une sorte de « livre culte », autant acclamé que décrié par ses opposants. Pourtant, je fais le pari que peu de gens dans un cap comme dans l’autre l’ont vraiment lu – parce qu’il faut franchement s’accrocher.



Au contraire de l’université française où les disciplines sont assez cloisonnées (sociologie, psychologie, etc.), l’université canadienne est plutôt organisée en thématiques. Aussi, on peut trouver des départements de « gender studies » où on va étudier les questions de genre à la fois d’un point de vue historique, littéraire, etc. Ce livre, du point de vue d’un lecteur français, est d’abord déroutant pour ça : il mêle philosophie, anthropologie, psychanalyse, théorie politique… Ajoutons que l’auteure n’a pas le truc pour s’expliquer facilement, et que ses phrases sont souvent complexes. Il en ressort un livre pas facile à lire du tout.



De quoi ça parle ? Butler propose de repenser le féminisme en questionnant à la fois le sujet « femmes » et le concept de genre. Butler conteste le fait qu’il y ait une identité féminine qui ait été empêchée par les hommes ou le patriarcat. Pour elle, « les femmes » ou « la Femme » forme une fiction politique. Il y a eu, pour les corps dit féminins, d’innombrables façon d’être à travers les époques, les lieux, les classes sociales, les orientations sexuelles, etc qui rend impossible d'idée d'une identité, ou même d'un réel partagé commun. (Ce constat marche avec la catégorie « les hommes » également.) Elle a cette expression comme quoi, quand on essaye de correspondre à ce que doit être un homme ou une femme, nous sommes tous « des copies sans originaux », reproduisant un modèle fictif qui n’existe que parce que chacun essaye de correspondre à un idéal qui n’a jamais existé "en vrai", qui n'a pas d’existence en dehors de nos imaginaires. Le sexe, le genre, les orientations sexuelles sont donc des « performances », des répétitions inlassables.



Même si je viens d’essayer de le faire dans le paragraphe précédent, je concède qu’il est compliqué de résumé la pensée de Butler, d’autant que ce livre est très théorique, aussi je vous invite à aller lire la page wikipédia de ce bouquin qui est plutôt bien faite.



Une dernière remarque : aujourd’hui, Butler est (sans doute malgré elle) souvent associé au mouvement « queer », et rapproché des évolutions actuelles des mouvements LGBT+. Je trouve ceci particulièrement ironique dans la mesure où ces mouvements sont devenus très identitaires, y compris chez les trans, alors même que le propos de Butler est au contraire de dire que toute identité est une construction fictive qui ne se base pas sur un réel. C’est peut être un symbole du fait qu’une bonne par des LGBT+ et de ceux qui les critiquent (à droite, principalement) partagent un point commun : ils ne connaissent pas les livres important de leur propre histoire et les citent sans les avoir lu.



Toutefois, on peut sans doute parler quand même de filiation dans la mesure où Butler insiste sur la nécessité d'inventer d'autres jeux avec le genre, d'autres identités sexuelles, en dehors des catégories figées comme l'hétérosexualité, pour apporter du "trouble dans le genre" et venir contester le système. Le développement récent du mot genre comme identité sexuelle qu'on pourrait librement choisir indépendamment de son sexe de naissance peut certainement trouver une partie de ses racines lointaines dans ce livre.

Commenter  J’apprécie          20
Trouble dans le genre : Le féminisme et la su..

Ce bouquin paru en 1990, mais traduit en français seulement en 2005, est devenu une sorte de « livre culte », autant acclamé que décrié par ses opposants. Pourtant, je fais le pari que peu de gens dans un camp comme dans l'autre l'ont vraiment lu – parce qu'il faut franchement s'accrocher.



Au contraire de l'université française où les disciplines sont assez cloisonnées (sociologie, psychologie, etc.), l'université canadienne est plutôt organisée en thématiques. Aussi, on peut trouver des départements de « gender studies » où on va étudier les questions de genre à la fois d'un point de vue historique, littéraire, etc. Ce livre, du point de vue d'un lecteur français, est d'abord déroutant pour ça : il mêle philosophie, anthropologie, psychanalyse, théorie politique… Ajoutons que l'auteure n'a pas le truc pour s'expliquer facilement et que ses phrases sont souvent complexes. Il en ressort un livre pas facile à lire du tout.



De quoi ça parle ? Butler propose de repenser le féminisme en questionnant à la fois le sujet « femmes » et le concept de genre. Butler conteste le fait qu'il y ait une identité féminine qui ait été empêchée par les hommes ou le patriarcat. Pour elle, « les femmes » ou « la Femme » forme une fiction politique. Il y a eu, pour les corps dit féminins, d'innombrables façon d'être à travers les époques, les lieux, les classes sociales, les orientations sexuelles, etc qui rend impossible d'idée d'une identité, ou même d'un réel partagé commun. (Ce constat marche avec la catégorie « les hommes » également.) Elle a cette expression comme quoi, quand on essaye de correspondre à ce que doit être un homme ou une femme, nous sommes tous « des copies sans originaux », reproduisant un modèle fictif qui n'existe que parce que chacun essaye de correspondre à un idéal qui n'a jamais existé "en vrai", qui n'a pas d'existence en dehors de nos imaginaires. Le sexe, le genre, les orientations sexuelles sont donc des « performances », des répétitions inlassables.



Même si je viens d'essayer de le faire dans le paragraphe précédent, je concède qu'il est compliqué de résumé la pensée de Butler, d'autant que ce livre est très théorique, aussi je vous invite à aller lire la page wikipédia de ce bouquin qui est plutôt bien faite.



Une dernière remarque : aujourd'hui, Butler est (sans doute malgré elle) souvent associé au mouvement « queer », et rapproché des évolutions actuelles des mouvements LGBT+. Je trouve ceci particulièrement ironique dans la mesure où ces mouvements sont devenus très identitaires, y compris chez les trans, alors même que le propos de Butler est au contraire de dire que toute identité est une construction fictive qui ne se base pas sur un réel. C'est peut être un symbole du fait qu'une bonne par des LGBT+ et de ceux qui les critiquent (à droite, principalement) partagent un point commun : ils ne connaissent pas les livres important de leur propre histoire et les citent sans les avoir lu.



Toutefois, on peut sans doute parler quand même de filiation dans la mesure où Butler insiste sur la nécessité d'inventer d'autres jeux avec le genre, d'autres identités sexuelles, en dehors des catégories figées comme l'hétérosexualité, pour apporter du "trouble dans le genre" et venir contester le système. Le développement récent du mot genre comme identité sexuelle qu'on pourrait librement choisir indépendamment de son sexe de naissance peut certainement trouver une partie de ses racines lointaines dans ce livre.

Commenter  J’apprécie          30
La force de la non-violence

La philosophe américaine, professeure à l’université de Berkeley, y prolonge sa réflexion, majeure, sur la « pleurabilité » (« grievability ») des existences, cette inégalité fondamentale entre les vies jugées dignes de valeur, qui méritent d’être pleurées, et celles qui, parce qu’elles sont jugées non-pleurables, c’est-à-dire déjà précaires et perdues, sont sujettes à toute une série létale de dominations et d’abus.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
Commenter  J’apprécie          00
Qu'est qu'une vie bonne ?

Qu’est-ce qu’une vie bonne ? est le texte du discours que Judith Butler a prononcé en 2012, en Allemagne, lorsque lui a été remis le prix Adorno. 

Pour ma part petite déception et frustration à la lecture de ce livre. Le discours est précédé d'une préface de 50 pages ( plus d'un tiers du livre) qui est difficile à lire et me semble inutilement complexe.

L'utilisation d'un vocabulaire ultra spécialisé m'ont permis d'utiliser mon dictionnaire (doxographie, prolégomènes...). Le lecteur est censé maîtriser l'oeuvre de Hegel, Rousseau, Foucault et bien d'autres philosophes pour pouvoir jongler entre les concepts. La lecture du latin est un plus. Une préface qui s'adresse donc à des philosophes chevronnés et qui seront à même de dire si cette préface est intéressante ou pas. Heureusement le discours de Judith Butler est beaucoup plus accessible mais finalement assez frustrant. A la question : Qu'est-ce qu'une vie bonne? Nous n'aurons aucune réponse. L'auteur cherche plutôt à problématiser son sujet. Pourquoi pas, surtout en philo. Sauf que souvent on a envie à la lecture de dire: "eh?" On a un peu l'impression de rester à la surface des choses et d'être en face d'un introduction dont on attendrait le développement. Bref une déception.
Commenter  J’apprécie          32
Les philosophes face à la guerre

Face à la guerre en Ukraine, une fois la surprise passée, il était indispensable de prendre du recul et d’essayer de comprendre non seulement ce que signifiait cette guerre, quel était son but, mais surtout comment on allait pouvoir en sortir.

Pour ce faire, Philosophie magazine, dont le but est d’éclairer les événements de l’époque à la lumière de la pensée des philosophes, a sorti un numéro spécial en avril. Les articles ont donc été écrits en mars, mais en les lisant fin juillet, ils sont malheureusement toujours d’actualité.

Au départ, j’étais surtout curieuse de lire la contribution d’Etienne Klein, mais au final je dois reconnaître que ce n’est pas la plus intéressante, même si elle est agréable à lire grâce au style d’Etienne Klein.

De toute façon, la question n’est pas de savoir quel est le meilleur article car ce magazine constitue un ensemble avec des articles très différents mais qui contribuent tous à nous faire réfléchir sur une question ou une autre soulevées par la guerre en Ukraine.

La lecture de ce numéro spécial s’est donc avérée très intéressante et je remercie les équipes de Babelio et de Philosophie magazine pour cet envoi.

Je salue également l’accessibilité de ce magazine, car les articles étaient tous très clairs et faciles à lire tout en abordant en trois ou cinq pages des notions d’une certaine complexité.
Commenter  J’apprécie          200
Les philosophes face à la guerre

L'opération "Masse critique" de Babelio m'a permis de gagner un exemplaire d'un magazine que je ne connaissais pas :"Philosophie magazine".



"Face à la guerre" est un recueil de textes écrits par des philosophes, des penseurs, des sociologues, des intellectuels de tous horizons.



Ces hommes (et ces femmes) livrent une réflexion sur la guerre, plus particulièrement sur celle qui touche d'une manière ou d'une autre l'Europe : la guerre en Ukraine.



Chacun(e) donne ici le fruit de son analyse et fait référence à divers auteurs et personnalités à travers des citations.



Un éclairage sur les causes et les aboutissements de cette guerre qu'on n'attendait pas. Pourtant des signes auraient pu nous mettre la puce à l'oreille...



Des textes intéressants, interpellants, à la portée de tous.



Je remercie Babelio pour l'envoi de ce magazine.



"Nous ne nous opposerons réellement aux puissances qui menacent les libertés intellectuelles et individuelles que lorsque nous aurons reconnu que la notion même de liberté, pour laquelle nos ancêtres s'étaient déjà déchirés, est aujourd'hui en péril". (Einstein)
Lien : http://phildes.canalblog.com..
Commenter  J’apprécie          00
Les philosophes face à la guerre

"Philosophie magazine" d'Avril-mai 2022 en édition spéciale, les philosophes, sociologues, essayistes nous livrent leurs réactions face à la guerre en Ukraine. Il s'agit d'une édition spéciale.

J'étais évidemment comme tout le monde en plein ébahissement. Comment était-ce possible, nous en Occident qui, depuis notre naissance, après 1950 dans mon cas, n'avions connu qu'un monde en paix loin du spectre de la guerre, dans nos pays ?

Je croyais vraiment à la paix garantie par la création de l'Union Européenne, grâce à la chute du mur de Berlin et tous ces signes d'échanges entre les pays occidentaux.

De plus, j'affirmais bien fort mes convictions.

La première fois que j'ai douté de la liberté d'expression et de l'avenir de la démocratie, c'est lors des attentats meurtriers de Paris contre Charlie Hebdo et ensuite contre la population.

Que de questionnements lors de l'invasion de l'Ukraine !

C'est avec un réel intérêt que j'ai lu le magazine qui s'intitule "Face à la guerre" qui nous présente des réflexions différentes sur le sens des conflits, la motivation, l'historique des guerres dans le monde, le devenir et la considération des réfugiés, la différence entre les réfugiés syriens et ukrainiens, la vision du monde par un dictateur.

Les articles vont en profondeur et rassemblent les idées afin qu'elles s'éclaircissent.

Toutes les chroniques sont intéressantes et différentes.

Merci à la Masse critique de Babelio et à Philosophie Magazine pour cette lecture bien enrichissante
Commenter  J’apprécie          400
La force de la non-violence

Loin de se limiter à un renoncement à l'action, la non-violence permet de fonder une nouvelle éthique de la résistance.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          10
21 penseurs pour 2021

Plus que jamais, l’année 2020 a été marquée par la pandémie de la Covid-19. Au-delà de la crise sanitaire, cette anthologie d’articles de presse a le mérite de nous interroger sur les événements sociétaux susceptibles de transformer durablement notre façon de vivre ou d’appréhender le monde. Terrorisme, racisme, sexisme, écologie, modèles économiques... Cette sélection philosophique est pertinente, facile à lire et propose un retour arrière éclairé sur l’actualité. Quand les penseurs analysent l’actualité, c’est avant tout notre futur qu’ils interrogent...
Lien : https://www.mediathequeouest..
Commenter  J’apprécie          00
Les philosophes face à la guerre

C'est peu de dire que la guerre en Ukraine a bouleversé toutes nos certitudes. Mais elle a aussi profondément questionné ce que nous croyons être la paix, ce que nous croyons être une relation entre les peuples basée sur l'intérêt commun, ou même l'intérêt individuel.

10 penseurs habitués de philosophie magazine se soumettent à l'exercice de prendre du recul par rapport à cette guerre et de penser notre rapport au monde à sa lumière. De niveaux inégaux, ces textes interpellent toutefois chacun par l'angle choisi. Qu'est ce que le pacifisme? Fallait-il donc cela pour créer cette unité européenne? Que penser de la chute annoncée par certains de notre civilisation? Est-ce la faute de l'Otan? Y a t il des réfugiés plus acceptables parce que plus semblables à nous, et qu'en est il de l'universalisme des lumières? Sommes nous dans le déni du réel?

Aucune de ces réflexions ne permet évidemment de venir à bout du problème, mais elles ont chacune le mérite de bouleverser certaines de nos certitudes. Celle qui m'a le plus interpellé est la réflexion de Hartmut Rosa sur notre insécurité ontologique. Et si elle était la source de tous nos maux, à commencer par cette affreuse séduction des extrémismes qui nous promettent un avenir bien cadré, protégé des insécurités, par le prisme de l'homme fort?

Ce n'est pas dans ce livre, mais j'en ressors en me disant que ces soi-disant hommes forts sont décidément de vilains petits garçons qui refusent de devenir adultes, et de sortir de la toute puissance fantasmée. Avons nous donc besoin d'un ennemi, d'un bouc émissaire pour exister?
Commenter  J’apprécie          40
Qu'est qu'une vie bonne ?

Discours court mais passionnant dans lequel Judith Butler transforme une formule d’Adorno, elle-même empruntée à la philosophie antique, en question : "comment peut-on mener une vie bonne dans une mauvaise vie ?" (il faut comprendre par là : avec inégalité et exploitation). Ce faisant, Judith Butler réfléchit à la relation entre moralité et (bio)politique. Elle se rapproche plus de la pensée de Rousseau que de Foucault ici (ce qui est bien démontré par Martin Rueff dans la préface). Elle théorise aussi les “sans deuil” c'est-à-dire les laissés pour compte (qui nous font forcément penser à la formule des "sans dents") et à comment ce statut influe sur la question (lorsque le système nous considère comme une vie moins importante, comment dès lors peut-on mener une vie bonne voire mener une vie tout court). Bref, c'est très riche et ça me semble être une excellente base de réflexion !

Commenter  J’apprécie          20
La force de la non-violence

Paru en octobre 2021, cet essai est constitué de quatre parties encadrées d’une introduction et d’une postface :

1. Non-violence, pleurabilité et critique de l’individualisme

2. Préserver la vie de l’autre

3. L’éthique et la politique de la non-violence

4. La philosophie politique chez Freud : guerre, destruction, manie et faculté critique

La démonstration s’appuie sur des écrits de philosophie morale et politique ainsi que sur la psychanalyse pour constituer les fondements d’une pensée de la non-violence.

Penser que l’on doit protéger les autres car ils sont vulnérables revient à une forme de paternalisme qui, outre le fait qu’il hiérarchise les humains entre ceux qui ont le pouvoir d’aider et ceux qui ne sont que des objets de compassion, est loin de s’appliquer de manière universelle : nombreuses sont les personnes qui n’en sont pas bénéficiaires : les migrants, les Noirs que l’on étrangle ou tue quand ils ne font rien, les femmes tuées par leur conjoint ne sont pas de ceux dont on conçoive que leur vie vaille qu’on la pleure (c’est ce que Judith Butler, ou plutôt son traducteur, appelle la pleurabilité). Pire, on les soupçonne même de fomenter contre nous des désirs d’invasion, de destruction et c’est bien pour cela qu’on ne leur vient pas en aide : magistrale retournement de situation qui justifie notre violente indifférence et la délégation de notre responsabilité à la violence des forces de l’ordre par le fantasme paranoïaque que ces populations vulnérables pourraient en fait mettre en danger de notre intégrité. On n’est pas loin du ressentiment tel que le décrit Cynthia Fleury dans Ci-gît l’amer.

Mais plutôt que de céder à ces sirènes délétères, Judith Butler nous incite à dépasser cette impasse d’une l’individualité apeurée, hiérarchisant les humains entre eux pour se penser plutôt dans son rapport aux autres. Il s’agit de voir plutôt comment l’interrelationnalité est un angle plus opérant pour décrire nos vies imbriquées. Nous n’existons que dans un faisceau de dépendances multiples tant aux autres qu’à notre environnement et ce sont ces liens qui actualisent notre rapport au monde. Ces liens, ils sont loin d’être tous choisis et encore moins de nous apporter tous la félicité. Pourtant, même une relation ennemie est encore une relation et il ne s’agit pas tant de prétendre à une indépendance conquérante, telle celle qui fonde le mythe de l’homme à l’état de nature, que d’accepter l’ambivalence de nos relations avec le monde et avec nous-mêmes. Car cette condition d’êtres reliés et ambivalents peut constituer une définition de ce qu’est le vivant.

Et la non-violence là-dedans, me direz-vous ? Elle est une persistance de ce vivant, une opposition des corps à ingérer un modèle qui les nie. En ce sens, grève de la faim, manifestation silencieuse, présence dans un lieu interdit sont autant de signes, de corps qui imposent leur réalité en dépit d’un ordre politique qui les nie ou les accuse d’être violents par ces actes. C’est une manière de postuler, et donc de faire advenir, une « norme aspirationnelle », c’est-à-dire un autre imaginaire dans lequel les données historiques et politiques de nos Etats contemporains seraient dépassées par un horizon dénué des schèmes violents qu’ils contiennent intrinsèquement (Butler convoque Foucault à cet endroit de sa démonstration).

Bon, tout ceci est tout à fait stimulant. J’ai toutefois souffert à ma lecture d’un persistant sentiment de « tout ça pour ça ». C’est le premier essai de Judith Butler que je lise aussi ne sais-je si le style de La Force de la non-violence est particulièrement représentatif de son auteur. Mais j’ai eu, durant les premières parties, la sensation persistante de me trouver sur un manège : la mécanique se déployait, des concepts et des expressions se répétaient dans un rythme circulaire quasi hypnotique. Tout ceci provoquant chez moi deux impressions contradictoires : l’agacement de faire du sur place sur mon cheval de bois et de me voir répéter sous quatre formulations proches la même idée et, en même temps, le soupçon d’être totalement à côté de la plaque puisque je ne percevais pas l’intérêt qu’avait l’auteur à m’entrainer dans un nouveau tour et que ce que je croyais être un répétition était peut-être une substantielle variation. Je me suis demandé à un moment si c’était là l’œuvre d’un auteur qui dicterait ses textes plus qu’il ne les écrirait. Les répétitions auraient alors davantage une fonction phatique que démonstrative. Et on aurait pu faire l’économie de beaucoup d’entre elles.

J’ai aussi eu l’impression que sous une rhétorique qui met clairement en scène les articulations de l’argumentation, parsemant le propos de « premièrement », « ensuite » et autres rappels, la démonstration n’était en fait pas pleinement logique, que là où j’aurais attendu une conclusion, une articulation avec un argument précédent ou un contre point, le discours prenait en fait une autre direction, apparemment tout aussi structurée et intéressante, mais qui laissait de côté le point que je croyais être le sujet de l’argumentation. Un peu comme si le cheval de bois du manège se faisait la malle et partait se mettre en orbite dans un autre carrousel. Du coup, je reste sur ma faim et si j’ai chopé au passage quelques cadres interprétatifs tout à fait opérants, une conception de l’humain relié, la possibilité d’un imaginaire hors cadre, je ne parviens pas à saisir pourquoi il a fallu passer par ces étapes particulières pour le justifier. Pas plus que je ne pose de lien de nécessité entre les différentes parties de l’essai.

Commenter  J’apprécie          52
Le vivable et l'invivable

Judith Butler et Frédéric Worms s’interrogent sur la “vivabilité” de la vie dans un livre.
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
Commenter  J’apprécie          00
21 penseurs pour 2021

2020 aura été une année « sans précédent », entre l’effondrement écologique, la pandémie mondiale et même l’invasion du Capitole par des partisans de Trump, jusqu’ici impensables. Afin de mieux nous préparer à l’année 2021, de grands textes parus dans la presse internationale l’an dernier ont été sélectionnés par la rédaction de Philosophie magazine pour tenter de relier certains sujets entre eux et donner du sens au présent. L’objectif : (re)penser l’événement qui s’est produit. Ces textes, écrits par 21 philosophes, écrivains, sociologues et historiens, permettent à 21 penseurs de nous livrent leur vision du monde sur les sujets phares de 2020, probablement toujours d’actualité cette année et ainsi, de nourrir notre réflexion.



Bien évidemment, la pandémie de la COVID-19 est au cœur de toutes ces réflexions. En effet, elle a été à la fois le révélateur et l’amplificateur de nos forces et de nos faiblesses, mais aussi de nos fractures et de nos interdépendances. Ainsi, on trouve des articles aussi divers qu’une invitation à ralentir dans nos sociétés, les inégalités soulevées par le télétravail, un hommage poignant à Samuel Paty, la cancel culture à travers Harry Potter… A titre d’exemple, un parallèle intéressant est dressé entre les mouvements Black Lives Matter et #Metoo, dans la mesure où ils évoquent la dévalorisation et la domination des corps et sont décryptés en ce sens. Cela nous permet d’avoir un autre regard sur ces événements, un regard d’expert mais aussi une interprétation différente pour voir le monde autrement. Un article un peu provocateur intitulé « Save the planet » nous interroge sur notre véritable volonté : souhaitons-nous réellement sauver la planète, qui perdure depuis des millénaires bien au-delà des espèces, ou l’environnement qui permet la survie de l’espèce humaine – et par extension, l’espèce humaine ? Il s’agit d’une panoplie d’articles que j’ai trouvé très intéressants et bien choisis pour mieux appréhender le monde qui nous attend en 2021, peut-être avec davantage de philosophie !

Commenter  J’apprécie          21
21 penseurs pour 2021

Un an déjà....

Comme ça passe quand on y repense. C'était même pas hier et ça fait pourtant un an.

Un an déjà, qu'une certaine série philo des années 2020 a vu le jour avec sa première saison : « 20 penseurs pour 2020 ». le principe en est simple, une anthologie des meilleurs articles parus dans la presse internationale l'année d'avant.

L'an dernier, j'émettais l'idée pour la première que l'originalité des concepts les éloignait d'un recueil de brèves de comptoir, bien qu'une forme de philosophie pouvait aussi s'entendre dans les bistros. Je confirme le truc pour cette année encore.

Oui je sais, tous les bistros ont fermé entre-temps.

Voici donc pour cette deuxième, « 21 penseurs pour 2021 », une liste non exhaustive, de résumés (très succincts) d'articles aux concepts philo bien tournés et développés (dans le livre), que vous n'avez pas entendus dans les bistros :

- la possibilité d'une décélération initiée par le politique démontrée par la pandémie

- la limite des systèmes ultralibéraux des USA ou de la Grande-Bretagne pendant la pandémie

- inégalité de la vulnérabilité face à la propagation d'une maladie aux USA

- le télétravail comme vecteur d'évolution de la géographie des centre-villes

- un état mondial ? « Comme si ce minuscule être vivant était venu en messager pour défier notre humanité mondialisée et révéler son impuissance, lui offrant une dernière chance pour prendre conscience d'une communauté de destin »

- le capitalisme favoriserait la zoonose (transmission des maladies d'animaux vers humains)

- débat d'idées autour du dilemme des soins à conditions égales impossibles pour deux patients : l'âge doit-il être le critère sélectif ?

Bon tout ça pour dire, on se doute, il est question de ce que vous savez, comment pourrait-il en être autrement. Ça fait un an que l'on ne parle que de ça. Et de météo peut-être aussi un peu, au creux d'une vague certainement. Ou alors du réchauffement climatique, comme dans l'article de Bruno Latour qui se demande si on ne devrait pas passer d'une lutte des classes sociales à une lutte des classes géosociales  (Ou comment en finir avec le partage des richesses pour préserver l'environnement). On aurait parlé de Trump aussi. le recueil ne l'ignore pas, en interrogeant la survie du trumpisme après le règne de son créateur, mais aussi dans un autre article qui décrypte la révolte de certains dirigeants dont Trump, Bolsonaro ou Erdogan, empruntant à la population la haine des élites en place et dénigrant la démocratie, alors qu'ils proviennent eux-mêmes des élites.

A-t-on réellement parlé de cancel culture dans les foyers ? Peu importe, car le papier d'Helen Lewis se révèle bien intéressant, en mettant en regard la génération des milenials qui coupent le cordon avec Harry Potter et son autrice, sujette à polémique sur la question des transgenres.

Intéressant et surtout accessible, comme tous les articles ou presque d'ailleurs, à picorer au gré des envies et des humeurs.

Néanmoins, le recueil dans son ensemble m'a paru moins passionnant que l'an dernier, sûrement que la répétition de l'axe Covid/économie/politique n'y est pas étrangère.



Un grand merci à Babélio et Philomag pour l'envoi de ce recueil d'articles, dans le cadre de masse critique.

Commenter  J’apprécie          420
21 penseurs pour 2021

Cet ouvrage publié chez Philosophie Magazine Éditeur regroupe 21 articles écrits par des philosophes, des écrivains, des sociologues ou encore des historiens et parus pendant l’année 2020. Avec la pandémie en cours, la plupart des articles disent un mot sur la Covid-19 et ce qu’elle change dans nos vies.

Ce que j’ai bien aimé, c’est que les articles sont sur des thèmes variés. De plus, ils ne sont pas trop longs ce qui permet de ne pas s’ennuyer, j’ai d’ailleurs préféré les articles où il y avait des interventions des journalistes, cela rend le texte plus dynamique. Je pense que l’article que j’ai préféré est celui sur le télétravail, je l’ai trouvé intéressant et relativement facile à lire. Au contraire, je n’ai pas aimé l’article sur Samuel Paty à cause du parti pris de la philosophe de tutoyer Samuel Paty et de l’apostropher par son prénom.

J’ai reçu ce livre dans le cadre de Masse Critique et j’ai trouvé intéressant d’avoir un résumé de grands articles de l’année passée.
Commenter  J’apprécie          20
Trouble dans le genre : Le féminisme et la su..

Cet essai philosophique des années 90 est fondateur, parmi les études concernant le genre : il se veut féministe tout en critiquant le féminisme, fondé sur une politique identitaire qu'elle remet en cause. J'ai du m'accrocher pour le lire en entier, il a été difficile à aborder... La philosophe américaine formule une critique pointue de Freud et Lacan (de la psychanalyse en général), Lévi-Strauss, Foucault, De Beauvoir, Kristeva, Wittig... elle passe d'une référence à une autre, et nous perd parfois dans son argumentaire. C'est la fin du livre qui est enfin passionnante, car elle clarifie sa pensée.



Ce que j'en retiens :



- remise en question du sexe vu comme biologique et du genre vu comme culturel => sexe et genre sont des constructions. Aucun n'est binaire.



- la distinction sexe/genre et leur cadre binaire sont des fictions régulatrices qui naturalisent les régimes de pouvoir liés à la domination masculine et à l'hétérosexisme



- dénaturalisation de l'hétérosexualité



- un focus sur la figure du drag : en imitant le genre, il/elle "révèle implicitement la structure imitative du genre lui-même ainsi que sa contingence". La théorie autour du drag n'occupe que quelques pages mais je l'ai trouvée très éclairante. Elle permet de conclure que le genre est une imitation... sans original.



- ainsi, seules les pratiques imitatives construisent l'illusion d'un soi genré originel et intérieur. Les attributs du genre sont performatifs. Le sujet a un ancrage culturel mais il peut "négocier ses constructions", s'éloigner des injonctions normatives.



Bref, puisque la philosophie sert à remettre les choses en question, ce livre est éminemment philosophique. Il part des marges plutôt que de la norme pour proposer une vision non-binaire du genre et du sexe, une possible fluidité de l'identité, et pour s'éloigner de l'hétéronormativité ; en fait, il peut aider à se sentir mieux dans ses baskets, ou à élargir son champ de vision.
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Judith P. Butler (408)Voir plus

Quiz Voir plus

l'étrange cas du docteur jeckyll et de m. hyde

Qui est le narrateur?

M. Hyde
Docteur Jeckyll
M. Utterson
M. Enfield

10 questions
261 lecteurs ont répondu
Thème : L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis StevensonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}