AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jules Barbey d`Aurevilly (720)


Quoiqu’il eût fait avec ses associés ce qu’on appelle de bonnes affaires, et qu’il eût lieu de se féliciter, maître Thomas Le Hardouey n’avait pas cependant, ce jour-là, dans son air et sur son visage, le je ne sais quoi d’inexprimable qui fait dire en toute sûreté de conscience et de coup d’œil : « Voilà un heureux coquin qui passe ! » Il est vrai qu’il n’avait jamais eu, ainsi que maître Louis Tainnebouy, une de ces physionomies gaies et franches qui sont comme la grande porte ouverte d’une âme où chacun peut entrer.
Commenter  J’apprécie          40
C’était une de ces âmes tout en esprit et en volonté, composées avec un éther implacable, dont la pureté tue, et qui n’étreignent, dans leurs ardeurs de feu blanc comme le feu mystique, que des choses invisibles, une cause, une idée, un pouvoir, une patrie ! Les femmes, leurs affections, leur destinée, ne pèsent rien dans les vastes mains de ces hommes, vides ou pleines des mondes qui les doivent remplir.
Commenter  J’apprécie          30
C’étaient toutes les deux ce qu’on appelle de ces langues bien pendues qui lapent avidement toutes les nouvelles et tous les propos d’une contrée et les rejettent tellement mêlés à leurs inventions de bavardes que le Diable, avec toute sa chimie, ne saurait comment s’y prendre pour les filtrer.
Commenter  J’apprécie          40
Il ne voulait pas, il n’a jamais voulu inspirer à Jeanne de la haine ou de l’amour. La comtesse de Montsurvent m’a juré ses grands dieux que, malgré les bruits qui coururent, et dont maître Louis Tainnebouy avait été pour moi l’écho, elle le croyait parfaitement innocent du malheur de Jeanne. Seulement ce que la vieille comtesse croyait savoir, parce qu’elle avait connu l’ancien moine, les gens de Blanchelande l’ignoraient, et c’est surtout ce qu’on ne comprend pas qu’on explique. L’esprit humain se venge de ses ignorances par ses erreurs.
Commenter  J’apprécie          30
Si l'on en croyait les récits des charretiers qui s'y arrêtaient, la lande de Lessay était le théâtre des plus singulières apparitions. Dans le langage du pays, "il y revenait". Pour ces populations... braves et prudentes, qui s'arment de précautions et de courage contre un danger tangible et certain, c'était là le côté sinistre et menaçant de la lande, car l'imagination continuera... la puissante réalité.
Commenter  J’apprécie          30
La lande de Lessay est une des plus considérables de cette portion de Normandie qu'on appelle la presqu'île du Cotentin. (...) Placé entre La Haye-du-Puits et Coutances, ce désert normand, où l'on ne rencontrait ni arbres, ni maisons, ni haies, ni traces d'hommes ou de bêtes que celles du passant ou du troupeau du matin dans la poussière, s'il faisait sec, ou dans l'argile détrempée, s'il avait plu, déployait une grandeur de solitude et de tristesse désolée qu'il n'était pas facile d'oublier. (…) Dans l'opinion de tout le pays, c'était un passage redoutable...
Commenter  J’apprécie          30
« J’en suis tellement assoiffée, de cette fureur de me venger, que parfois j’ai pensé à affoler de moi quelque jeune homme énergique et à le pousser vers le duc pour lui apprendre mon ignominie ; mais j’ai fini toujours par étouffer cette pensée, car ce n’est pas quelques pieds d’ordure que je veux élever sur son nom et sur ma mémoire : c’est toute une pyramide de fumier ! Plus je serai tard vengée, mieux je serai vengée... »
Commenter  J’apprécie          00
« Vous ne comprenez pas, dit-elle, mais je m’en vais vous faire comprendre. Vous savez qui je suis, mais vous ne savez pas tout ce que je suis ? Voulez-vous le savoir ? Voulez-vous savoir mon histoire ? Le voulez-vous ? reprit-elle avec une insistance exaltée. Moi, je voudrais la dire à tous ceux qui viennent ici ! Je voudrais la raconter à toute la terre ! J’en serais plus infâme, mais j’en serais mieux vengée. »
Commenter  J’apprécie          00
Dieu a voulu qu’il n’y eût d’infini que la physionomie, parce que la physionomie est une immersion de l’âme à travers les lignes correctes ou incorrectes, pures ou tourmentées, du visage.
Commenter  J’apprécie          00
Eh bien ! vous me croirez si vous voulez, mon cher, la pureté de ce bonheur, souillé par un crime dont j’étais sûr, je ne l’ai pas vue, je ne dirai pas ternie, mais assombrie une seule minute dans un seul jour. Cette boue d’un crime lâche qui n’avait pas eu le courage d’être sanglant, je n’en ai pas une seule fois aperçu la tache sur l’azur de leur bonheur !
Commenter  J’apprécie          00
J’avais déjà remarqué que les êtres heureux sont graves. Ils portent en eux attentivement leur cœur, comme un verre plein, que le moindre mouvement peut faire déborder ou briser…
Commenter  J’apprécie          10
Les hommes sont tous les mêmes. L’étrangeté leur déplaît, d’homme à homme, et les blesse ; mais si l’étrangeté porte des jupes, ils en raffolent.
Commenter  J’apprécie          00
Mlle Hauteclaire Stassin plia à plusieurs reprises son épée en faucille sur le cœur du beau Serlon, et elle ne fut pas touchée une seule fois.

« On ne peut pas vous toucher, mademoiselle, lui dit-il, avec beaucoup de grâce. Serait-ce un augure ? »

L’amour-propre, dans ce jeune homme, était-il, dès ce soir-là, vaincu par l’amour ?
Commenter  J’apprécie          00
Il prisait beaucoup La Pointe-au-corps, qu’il tutoyait. « La fille d’un homme comme toi — lui disait-il — ne doit se nommer que comme l’épée d’un preux. Appelons-la Haute-Claire ! » Et ce fut le nom qu’il lui donna.
Commenter  J’apprécie          00
Tous les vieux roquetins que j’ai vus, dans ma vie, avoir tardivement un enfant, adoraient leur progéniture, et ils en étaient comiquement fiers comme d’une action d’éclat. Persuasion de jeunesse, que la nature, qui se moquait d’eux, leur coulait au cœur !
Commenter  J’apprécie          00
Mais l'enfant dont j'ai parlé grandit, et la vie, la vie passionnée avec ses distractions furieuses et les horribles dégoûts qui les suivent, ne purent jamais lui faire oublier cette impression d'enfance, cette histoire faite, comme un thyrse, de deux récits entrelacés, l'un si fier et l'autre si triste ! et tous les deux, comme tout ce qui est beau sur la terre et qui périt sans avoir dit son dernier mot, n'ayant pas eu de dénoûment ! Qu'est devenu le chevalier Des touches ?... Le lendemain, sur lequel le baron de Fierdrap comptait pour avoir de ses nouvelles, n'en donna point. Nul dans Valognes n'avait connaissance du chevalier Des Touches, et cependant l'abbé n'était pas un rêveur qui voyait à son coude ses rêves, comme mesdemoiselles de Touffedelys et Couyart. Il avait vu Des Touches.
Commenter  J’apprécie          00
- Il n'est pas à plaindre, - dit M. de Fierdrap, qui crut répondre à la pensée secrète de mademoiselle de Percy. - Il est mort de la mort d'un Chouan, sa vrai place ! tandis que Des Touches, que l'abbé vient de voir sur la place des capucins, est probablement fou, errant, misérable, et que Jean Cottereau, le grand Jean Cottereau, qui a nommé la Chouannerie et qui est resté seul de six frères et sœurs, tués à la bataille ou à la guillotine, est mort le cœur brisé par les maîtres qu'il avait servis, auxquels il a vainement demandé, pauvre grand cœur romanesque, le simple droit, ridicule maintenant, de porter l'épée ! L'abbé a raison : ils mourront comme les Stuarts.
Commenter  J’apprécie          00
Qui, sur les âmes élevées, aurait eu plus d'empire que cette Aimée de quarante ans, la femme de son nom autrefois, - car personne n'avait jamais inspiré plus de sentiments ardents et tendres… Richesse et conquêtes inutiles ! Don de grâce ironique et cruel ! qui n'avait jamais rien pu pour son bonheur, mais qui avait fait de sa vie manquée quelque chose de plus beau que la vie réussies des autres.
Commenter  J’apprécie          00
Cette femme avait un grotesque si supérieur qu'on l'eût remarquée même en Angleterre, ce pays des grotesques, où le spleen, l'excentricité, la richesse et le gin travaillent perpétuellement à faire un carnaval de figures auprès desquelles les masques du carnaval de Venise ne seraient que du carton vulgairement badigeonné.
Commenter  J’apprécie          50
Le bonheur n'a pas d'histoire. Il n'a pas plus de description. On ne peint pas plus le bonheur, cette infusion d'une vie supérieure dans la vie, qu'on ne saurait peindre la circulation du sang dans les veines.
Commenter  J’apprécie          81



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jules Barbey d`Aurevilly Voir plus

Quiz Voir plus

Les titres des œuvres de Jules Barbey d'Aurevilly

Quel est le titre correct ?

Les Ensorcelés
Les Diaboliques
Les Maléfiques
Les Démoniaques

10 questions
47 lecteurs ont répondu
Thème : Jules Barbey d'AurevillyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}