Citations de Julia Heaberlin (46)
J'ai vu le visage de la mère.Beau,tendre,débordant d'amour.C'est la derniere image claire qui m'est apparue,j'avais les yeux grands ouverts,mais voilà,ma mère est morte quand j'avais huit ans .Son visage ,puis plus rien qu'un océan gris chatoyant.Je pense souvent que Dieu a fait preuve d'une certaine gentillesse en me présentant la cécité de cette façon .
Malgré son nom, Ponder, Texas, mille cent un habitants, n’est pas vraiment l’endroit idéal pour méditer. Pendant quatre mois de l’année, il fait bien trop chaud pour penser.
C’est en revanche un bon endroit pour disparaître. C’est ce que ma mère a fait il y a trente-deux ans. Qu’elle ait réussi à le cacher à presque tous ceux qui l’aimaient fait d’elle une menteuse plutôt douée. Je ne sais pas trop ce que cela révèle de moi.
-Tessie.
Il porte le coup de grâce. Il corrompt mon nom pour en faire un ordre. Me rappelle qu'il en sait plus long que moi.
- Çà pourrait l'aider à recouvrer la vue, assène t-il ?
Oh.
J'ai envie de rire.
Ce qu'il ignore, ce que tout le monde ignore, c'st que je l'ai déjà retrouvée.
J’ai passé la moitié de ma vie à me préparer à affronter Carl. Soudain, la terreur s’empare de moi. Et si dix jours ne suffisaient pas ?
Les souvenirs ne sont pas comme du compost, avait déclaré le docteur en me guidant jusqu'à son bureau. Ils ne se décomposent pas.
Ce que ce passage dans cette tombe m'a appris de plus precieux? À relativiser.
J'inspire profondément. En espérant que d'autres mères, plus normales, soient parfois traversées de pensées tout aussi incontrôlées que les miennes quant à la sécurité de leurs enfants.
J'ai de plus en plus l'impression d'être la roue qui patine dans la boue, quand Lydia serait le pied qui écrase l'accélérateur.
La femme aux chaussons roses est ma préférée. Elle a abattu son gendre cinq jours après qu'il a violé sa fille. Quand elle est sortie de prison à soixante-quatorze ans, sa fille était morte. Personne n'était là pour arrêter la brute qu'elle avait choisie comme second époux.
La résilience des enfants est un mythe nocif.
Je suis saine d'esprit, et je ne le suis pas tout à fait, et je ne tiens pas à ce que ça se sache.
Si vous tenez à la vie, évitez de mettre un pied à l’hôpital passé soixante-cinq ans.
Mon père avait l’habitude de dire qu’au mois de février le Texas ressemble à une femme froide et amère. Et qu’en mars celle-ci perd sa virginité.
Je savais que tant que Lydia veillait sur moi je ne risquais pas de mourir. C’est elle qui m’a soufflé à l’oreille, alors que je fixais cette version cireuse de ma mère dans son cercueil : « Elle n’est pas vraiment là. » Lydia était inexplicablement attirée par la mort, depuis toujours.
– Vous êtes un drôle de petit oiseau, vous. Drôle, surtout. Et petit. Je me demande pourquoi vous n’avez pas peur que je vous tue, vous aussi.
Il paraît qu’on arrive sur terre avec deux phobies innées : les bruits violents et le vide. […] Personnellement, je crois qu’on naît avec la peur de tout. Ensuite, on fait juste semblant d’être courageux jusqu’à ce que le monstre se réveille.
Tout le monde dans cette pièce m’aime et veut me voir rentrer à la maison. Espérant retrouver cette bonne vieille Tessie. Je souhaite ne jamais me souvenir.
L'air soudain se met à vibrer du rugissement d'une centaine de tigres en colère, si fort, si furieux que l'onde de choc fait trembler mon cerveau, la plante de mes pieds, le creux de mon ventre.
L'habitude est une seconde nature chez les sujets souffrant de démence, de tocs, et chez les tueurs en série. Il entre au moins dans une de ces catégories, peut-être même dans les trois.
Ils passent leurs soirées devant I Love Lucy et ses rires préenregistrés en mangeant une banane trop mûre, sans se souvenir qu'ils détestent autant l'une que l'autre.