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Critiques de Julie Estève (159)
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Presque le silence

Immense coup de cœur pour ce roman, cette écriture, cette atmosphère ! J'ai rencontré l'autrice au salon du livres de Bondues, je ne l'avais jamais lu et j'avoue que c'est la couverture qui a attiré mon œil à sa table. Cette aile brisée d'un perroquet.

J'ai plongé dans le roman en un souffle, stylo à la main pour y encadrer des passages entiers.

L'histoire de Cassandre en 10 chapitres de ses 11 ans à sa mort, l'histoire de la terre et des ravages causés par les hommes. L'histoire des amours. L'histoire des deuils qui déchirent nos entrailles.

Cassandre a 11 ans, elle est rousse, adoré de son pépé, haï et maltraitée par sa classe, amoureuse de Camille, le plus beau des garçons. Cassandre veut savoir si elle sera aimé à son tour, si elle sera heureuse alors elle consulte un voyant qui lui prédira 5 prophéties terrifiantes. Elles vont jalonnées sa vie, dictées ses choix, la rendre folle... Et la terre avec elle se meurt et se délite...

Il y a des chapitres d'une phrase, d'autres de plusieurs pages mais l'écriture est forte, sublime, douloureuse ! L'atmosphère est violente pour une enfant puis pour une mère mais l'écriture est sublime pour les raconter !

"Un roman d'apprentissage, écologique et tragique, où l'intime déchire l'universel"

Ce roman est atmosphèrique, dur et beau à la fois, musical aussi, aimant et terrible !

Il me tarde de découvrir les 2 premiers romans de Julie Estève car assurément je vais la compter parmi les auteurs autrices à lire absolument !
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Presque le silence

J’ai été totalement happée par ce roman et l’écriture de Julie Estève. Je n’ai pas pu le lâcher avant la dernière page. Vous l’aurez compris, c’est un coup de cœur !

On suit la vie de Cassandre, année après année jusqu’à sa mort. On la découvre donc d’abord petite fille rousse subissant un harcèlement au collège. Elle trouve refuge chez son grand-père, Jean. Sa grand-mère, Paulette, s’est suicidée. Ses parents semblent indifférents à Cassandre, enfin surtout son père.

Cassandre est amoureuse d’un garçon du collège, Camille Leygues. Un jour elle se rend chez un voyant et lui demande si Camille l’aimera. Et le voyant lui annonce cinq prédictions, qui nous seront dévoilées au fur et à mesure du roman et qui vont dicter sa vie, influencer ses choix. Le voyant lui dit une chose terrifiante : « vous êtes le chaos mademoiselle ».

La voix du roman est celle de Cassandre. On est toujours placé de son point de vue, de ses sentiments et peurs ce qui la rend très attachante. J’ai eu parfois envie de la secouer et de lui dire de ne pas aller dans cette direction.

Bien que traversée par beaucoup d’épreuves et de deuils, sa vie sera emplie d’amour et d’animaux aussi. La fin de sa vie sera plus apocalyptique, le roman bascule dans un monde en proie à des drames écologiques, des crises sanitaires qui font écho à notre monde actuel.

Le style est original. L’écriture est sèche. Les phrase sont courtes et percutantes. Ce livre ne peut laisser personne indifférent. En tout cas j’ai vécu une expérience de lecture assez incroyable et j’ai hâte de la renouveler. Un roman sombre et intime qui m’a beaucoup plu et qui est dans la sélection du Prix Orange du Livre 2022 !
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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Presque le silence

Le Caniche. C’est comme ça que l’appellent les autres enfants. Rousse et frisée, Cassandre n’est pas aimée de ses petits camarades. Elle est amoureuse, en secret, de Camille, beau gosse de l’école, fan de chevaux. Pour savoir si Camille l’aimera un jour, elle va voir un voyant qui, terrifié par son tirage, lui prédit 5 prophéties, le chaos et le néant qui en découleront.



Toute sa vie, Camille porte en elle ces 5 plaies. A chaque fois qu’une se réalise, elle repense au voyant.



Presque le silence raconte la vie de Cassandre, en 10 chapitres, marquée par ses prophéties et par l’effondrement du monde. Comment l’égoïsme des hommes, leur non respect de la nature et des animaux les conduiront à leur perte.



J’ai adoré ce roman. Je l’ai lu en 3 heures, le souffle coupé. Coupé par la beauté des mots de Julie Esteve. Coupé par la fin du monde qu’elle nous prédit et qui résonne terriblement aujourd’hui.



A travers ce roman d’apprentissage, elle nous livre une fable écologique, lance un appel au secours, et appelle le lecteur à respecter le monde qui l’entoure, son équilibre et ses êtres qui le peuplent. C’était magnifique.
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Simple

Antoine Orsini, c’est le « baoul » du village. Celui dont on se moque, à qui on ne fait pas trop attention sauf quand il faut trouver l’assassin d’une jeune fille. Alors Antoine a fait quinze ans de prison et revenu dans son village, il raconte ses souvenirs, tristes ou joyeux, à sa chaise puisque personne ne veut l’écouter.



Joli roman sur la différence et malheureusement, sur la cruauté de la vie. J’ai beaucoup aimé suivre Antoine, vraiment attachant, dans les méandres de son esprit « simple ».

C’est un roman court et plein de suspense (a-t-il vraiment tué ? Qui est Magic, son meilleur ami ?) qui touche en plein coeur. Une bien belle découverte.


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Presque le silence

J'appelle cela un roman coup de poing parce qu'il vient percuter tout ce que vous pensez connaître et maîtriser des sentiments humains. Le tout envoyé en pleine face par des phrases courtes, souvent violentes et cruelles, des mots jetés là comme une pluie de météorites et débrouille-toi avec ça, même si ça fait mal. On suit Cassandre dans les moments intenses de sa vie (chienne de vie) et sa folie est un peu la nôtre : comment survivre dans ce flot incessant de bon et de mauvais, dans ce tumulte qui prend la tête et le corps ? Comment ne pas s'effondrer ? Un roman intense qui se lit avec avidité, crainte, compassion, jamais avec indifférence.
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Presque le silence

Lire Presque le silence, c'est un peu comme monter sur le ring, recevoir un uppercut sous le menton et les mots de Julie Estève en plein plexus, voir mille et une étoiles, en perdre l'équilibre, regarder la vie toute entière défiler, à toute allure tirée par la gravité, juste avant que ce ne soit "presque le silence".

Expérience intense !



Merci à Version Femina de m'avoir fait découvrir cet ouvrage
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Presque le silence

Presque le silence raconte la vie d’une femme en dix chapitres, de son enfance à sa mort. Une vie qui traverse dix grandes pertes, l’amour fou et les deuils. Une vie mêlée au sort des hommes, des animaux et des arbres où les tourments de l’âme sont les miroirs de l’effondrement du monde. Presque le silence est un roman d’apprentissage, écologique et tragique, où l’intime déchire l’universel.

Cassandre traverse le monde tant bien que mal avec sa différence qui l'isole, mais également ses peurs, ses pertes, ses incertitudes mais aussi sa part d'ensoleillement. Comme pour taire ses angoisses et son perpétuel état de questionnement, malgré son jeune âge, elle consultera un voyant. Elle ressortira de chez ce dernier avec cinq prophéties qui vont impacter le cours de sa vie et à travers elle, l'Humanité.



Presque le silence est un roman métaphorique, onirique sur l'urgence. L'urgence qu'il y a à agir pour sauver notre monde du chaos qui mène à la folie. Presque le silence est un roman puissant, empreint à la fois de noirceur et d'espérance, d'amour et de poésie. Il est si dense, qu'il est impossible à résumer. Et puis, il se vit, se ressent. D'ailleurs, pour l'apprécier pleinement, le lecteur doit se rendre disponible, ne serait-ce que pour savourer la plume acérée de Julie Estève. Cette dernière écrit comme d'autres peignent ou composent une symphonie. Chaque mot est pesé, méticuleusement choisi comme pour mieux faire jaillir une merveilleuse harmonie au détour de chaque phrase, de chaque page, de chaque chapitre. De la belle ouvrage, comme on dit dans le milieu de l'Art.



J'ai refermé Presque le silence troublée. Évidemment j'ai été complètement conquise par l'écriture percutante de l'auteure et son univers, mais ce n'est que plusieurs jours plus tard que j'ai compris pourquoi j'avais été malgré tout tenue à distance de ma lecture. Enfant, pour m'extraire du monde et évacuer mes peurs je faisais toujours le même rêve. Tel un oiseau, je volais. Dès lors, c'est à l'angle du mur et du plafond de ma chambre que je me réfugiais et que j'observais ce qu'il se passait. Là, j'étais inatteignable. Cassandre malgré elle, m'a renvoyée dans le refuge de mon enfance. Pourquoi ? Ça, c'est une autre histoire...


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Presque le silence



Je suis totalement conquise par l’écriture de Julie Esteve.

J’avais déjà beaucoup aimé Simple.

Ce titre Presque le silence emporte déjà ma franche adhésion.



Ici les phrases courtes cinglantes blanches attrapent.

Une langue qui cogne.



Ce n’est pas trop, c’est juste au bon endroit. Le travail sur la langue coule sans fioritures.

J’aime ce phrasé âpre et sombre qui nous embourbe dans la vie de Cassandre. De Pépé Jean au fils providentiel, le lecteur veille une vie animée de tendresse et de drame.

Une vie démantelée par un Oracle rugissant.

Les mots comptent et lorsqu’ils signent la mort dès l'enfance, la dissolution approche.

C’est juste et grave, triste et solaire. C’est un caillou coincé dans la gorge qui cherche son souffle.

C’est beau.



Parfois on se dit qu’un livre nous ressemble, qu’on aurait aimé l’écrire parce qu’il porte un peu de nous, un peu de nos presque silence, suffisamment pour s’y identifier sans plier.



La parole peut rugir

Le silence habite les êtres consumés

Presque le silence ou la démence qui pulvérise

Qu’est ce qui fait l’âme craquée ?

Les fragilités s’adossent pour ne plus porter les coups

La part d’effondrement s’anime à portée de terre

Une décompensation d’un trop plein de ratures sur le monde

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Presque le silence

Cassandre, onze ans, est rousse, frisée et solitaire, haïe des autres enfants qui la surnomment le Caniche. Elle aime Camille, un garçon très beau, passionné par les chevaux qui le calment de la colère qu'il porte en lui. Cassandre ne s'aime pas, "je ne ressemble à rien sinon à une laideur bizarre", et n'est pas heureuse, elle a grandi "dans une maison triste parce que ses parents l'étaient.", seul son grand-père la regardait.



Un jour, elle se rend chez un voyant pour savoir si Camille va un jour l'aimer. le voyant lui confirme que Camille L aimera mais lui annonce cinq prophéties terrifiantes pour elle et pour le monde, dès lors Cassandre va tout interpréter en fonction de ces prédictions alarmantes qui ne cesseront de la hanter tout au long de sa vie. " Je suis toujours à côté, au seuil d'une inquiétude violente."



" le monde s'effondrera en 2023, l'été de tes quarante-deux ans.

Tu auras un fils un jour, et tu le perdras."



En dix chapitres, le roman couvre la vie de Cassandre, de son enfance à sa mort. Une femme hantée par la terreur de la perte. Elle vivra plusieurs deuils alors que les animaux, les arbres et les humains subiront les pires tourments. Comme toujours avec Julie Estève, l'histoire est forte et portée par son écriture percutante, sèche et saccadée. Elle met en parallèle l'effondrement de Cassandre et celui de notre monde et nous fait craindre l'inéluctable tout au long du texte avec une belle montée en puissance dans les derniers chapitres.



Un roman sombre et tragique qui parle d'amour, de perte, d'écologie et de l'avenir de notre monde en ne laissant entrevoir que très peu de lumière.



Contrairement aux précédents romans de Julie Estève, je n'ai pas réussi à être touchée par son personnage principal. Je suis restée à distance de Cassandre sans empathie pour elle, absorbée par la prouesse littéraire de l'auteure.
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Presque le silence

De Julie Estève j’avais aimé le premier roman "Moro-Sphynx", encore davantage le deuxième "Simple". J’ai retrouvé l’auteure avec un immense plaisir dans ce troisième opus "Presque le silence". J’ai aimé celui-ci aussi pour cette manière qui lui est propre de parler des gens avec humanité, de les décrire avec minutie, de les étudier en profondeur.



Malgré son joli prénom – de mon point de vue – et sa réputation de grande beauté dans la mythologie, Cassandre n’est pas vraiment heureuse. Ses cheveux roux et frisés lui valent le surnom de "caniche" de la part de ses camarades de classe qui ne l’épargnent pas. Elle est amoureuse de Camille un garçon magnifique, passionné par les chevaux. Elle a treize ans et décide de consulter un voyant, elle veut savoir si Camille Leygues va l’aimer…Oui, il l’aimera, Jacques Marrant est formel. Mais les cinq autres prophéties qu’il lui assène "…gravitent à l’intérieur de [son] crâne comme des derviches. La première est une bombe à retardement : Le monde s’effondrera en 2023, l’été de [ses] quarante-deux ans." C’est ainsi que ce récit nous raconte sa vie en dix chapitres de son enfance à sa mort.



Ce qui, dans ce roman, emporte tout, rend l’histoire attachante et m’a fait vibrer de bout en bout, c’est l’écriture, l’écriture toujours aussi magique de l’auteure. C’est une écriture profonde, envoutante, imagée, qui emporte le lecteur dans l’intimité de ses personnages. Elle est sèche et poétique à la fois, implacable, elle dit le malheur, le malheur des hommes mais aussi le malheur de la terre. Elle dit aussi l’amour, l’amour de Cassandre pour son grand-père, pour Camille et plus tard pour son fils. Et le destin de Cassandre se mêle au destin du monde jusqu’à sa perte, la destruction des arbres et du reste. Une vision noire, ou lucide, de qui attend Cassandre et nous aussi. Julie Estève n’a pas son pareil pour fouiller le cœur, les tripes de chacun. Un texte qui nous parle d’amour et de mort, d’écologie aussi.



Et, last but not least, j’ai beaucoup aimé la fin qui ouvre une fenêtre d’espoir, l’espoir de l’amour toujours présent, l’amour là où il faut, quand il le faut. Un magnifique roman, un coup de foudre.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Simple

Le baoul … avec ses mots un peu en désordre, ses phrases qui perdent la tête avant d’atteindre la queue, avec son regard d’enfant incisif. Le baoul, Antoine Orsini, l’idiot du village, cet enfant qui a subi plus que sa part de méchanceté, de brimades, de coups. Cet adolescent qui aborde l’amour sans toucher à l’être aimé de peur de l’abimer. Cet homme que la folie finira par emporter.

Simple, simplet … c’est dur. Ça creuse dans le ventre avec une poésie pleine de douceur. C’est amère et tendre à la fois. Les mots du baoul se disputent, se cognent, s’arrachent la douleur.

Simple, il s’en dégage une beauté peu commune.
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Presque le silence

J'ai dévoré le livre en quelques jours à peine, tant j'ai été happée par Cassandre dans la douleur et la dureté de sa vie.

Peu, voire pas de moments de bonheurs,d'espoir pour cette tragique destinée. Les mots aiguisés, nous frappent, nous heurtent, nous surprennent, nous cassent. Cassandre n'est pas née sous une bonne étoile, c'est le moins qu'on puisse dire. Même les petits moments de bonheur virent au drame. La réalité tragique des sentiments nous retourne et ne nous laisse pas indemnes. Cassandre est prise dans un tourbillon, une tempête de drames dès la petite enfance, son histoire laisse peu d'espoir à l'espoir et la visite chez le "voyant" énigmatique est un pas de plus vers la déchéance. J'ai beaucoup aimé l'histoire captivante de Cassandre, l'écriture sèche qui nous empoigne, et qui nous laisse sans voix.
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Presque le silence

À l'origine du monde écrit par Julie, il y a Cassandre. L'enfance taclée par des morts laisse place à l'adolescence, terre qui charie sa cohorte d'espoirs, de désillusions et de souffrances. Un substrat qui nourrit et fertilise un cœur, un corps et un esprit en pleine croissance. Vient le temps où prendre racine, s'ancrer et croître.

🖍️ Ce roman est la traversée d'une vie dans laquelle la nature a une place prépondérante : l'Homme, l'animal et le végétal qui se mêlent. J'ai aimé l'entièreté du texte car il décrit le vivant, le charnel, le palpable. Place aux corps, cœurs et esprits qui se sont cherchés, méprisés, maltraités, aimés. Il n'y a rien d'éthéré. Au contraire, tout est matière. Tellement présent

à travers les mots qu'à un moment j'ai eu l'impression de les avoir en bouche et de les mâcher. La trajectoire de la vie de Cassandre défile sous nos yeux et l'on appréhende l'inéluctable en ayant au préalable été pris par un manque viscéral, qui laisse des creux aux coeurs du corps. Émue aux larmes par ce royaume final, point d'orgue de notre existence.



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Presque le silence

Terre de feu.



Elle écrit les éboulis du monde et ça fait comme

des coups de battoir sous la peau.

Il y a quelque chose d’intensément vivant et pulsatil dans l’écriture de Julie Esteve. Elle essaime, elle fertilise les terres piétinées.



Ce roman est pourtant une tragédie immense , une tragédie grecque foisonnante de chaos et d’humanité.

Il s’anime, il est mouvant,

il s’arrache les ongles à griffer la chape des silences qui étouffe son héroïne, Cassandre.



Cassandre et sa chevelure terre de feu.

Elle confie ce qui la consume à chaque moment de sa vie, dans un compte à rebours intime.

Les pieds dans l’enfance et la tête dans la vieillesse, - peut-être est-ce l’inverse-, son corps s’étire sur une vie entière.



Julie Esteve a sa manière bien à elle de traverser ce qui habite un corps.

Ses mots forment une langue de soleil qui caresse les incisions qu’elle y creuse.



Cassandre est un miroir de nos propres angoisses, un creuset de terre rouge en flamme que le souffle littéraire de Julie Esteve ravive et apaise à l’envi.



Tout à coup l’intime prend des airs de tout le monde.

De tout le monde qui vacille et qu’on ne veut pas regarder.

Délestant le poids sur les épaules de ceux qui voient.



Presque le silence est le récit terriblement universel de la différence, de l’amour trop immense à embrasser le monde, de la perte trop immense à embraser le monde , de la nature en peau de chagrin et de notre propre fin.



Cassandre et moi,

émoi.

Et moi,

je finis comme une conne , les deux pieds plantés dans le silence qui suit les grands romans, presque noyée dans la beauté d’un clair-obscur.
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Simple

Antoine est le baoul du village, le barge, le pimpin, celui que la vie a rompu lui laissant l’âge incertain d’une naïveté enfantine. Il fait de la mob. sur la place du marché, traficote la cabine téléphonique, trimbale Magic et encaisse la bêtise – l’existence est bien moche quand on est différent. Il reste pourtant soucieux de ses proches - sa sœur partie à la ville et le frère parfois sympa, et l’amie, la gamine, petite PP au cœur d’artichaut dont on piétine les feuilles jusqu’à la destruction.

C’est lui le coupable, c’est sûr. Il fera de la prison. Pourtant, les faits ne sont pas déroulés comme on le croit. Il n’y a qu’à écouter la chaise à laquelle il se confie.

Magic est le nom de l’ami d’Antoine, mais je dirais que Magic est la plume de Julie Estève. Magique ! Tel est ce roman. Court, vif et grandement intense. La version poche compte à peine plus de cent pages et c’est pourtant suffisant pour être totalement absorbé pat l’intensité du récit. C’est fort. Humain. Puissant. Passionnant.

Une lecture sur l’être humain. Une lecture captivante.


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Presque le silence

J’ai entamé le roman ce matin dans les transports pour me rendre sur mon lieu de travail. Très vite, il a fallu que je m’arrête. Je ne comprenais rien à ce que je lisais… Ça me semblait brouillon, trop de tout, trop à la fois !

J’ai tout stoppé et j’ai repris le récit depuis le début, plus doucement, j’articulais alors, les phrases avec mon esprit, plutôt que de les lire dans la tête…



Et là, tout a changé.

Le livre s’est ouvert à moi comme par magie et j’y ai découvert une nouvelle Julie !



Comme je suis heureux d’avoir insisté. Il s’est passé quelque chose durant ma lecture. Ce style surprenant qui m’a bousculé au départ, finalement, je l’ai adoré et surtout, il se justifie pour cette histoire très forte en émotions… Julie a utilisé un style très atypique que je n’avais jamais eu l’occasion de lire, d’ailleurs peut-être, l’a-t-elle créé ?



À quel moment, un roman se transforme-t-il en œuvre ?

Voilà la question que je me suis posé finalement en cours de lecture !



Presque le silence, quel titre !

Dès que j’ai entendu parler de sa sortie, je savais que j’allais le lire, et c’est vraiment le titre qui m’a “appelé”.

Je m’attendais à un roman doux, un roman sage… Le silence…



Mais le “Presque” s’est glissé au début du roman. C’est lui qui dirigera, c’est lui qui déterminera le futur du récit, et quel récit !



Cassandre est rousse. Elle est frisée aussi, donc naturellement haïe par tous les autres enfants.

On se moque d’elle, on la bouscule dans la cour de récréation, dans les escaliers, elle subira le pire durant toute son enfance…

Elle consulte un cartomancien qui, lui révèle cinq prophéties terrifiantes qui ne cesseront, au cours de sa vie, de la hanter.

L’adolescence lui amènera d’autres problèmes avant d’appréhender ceux de sa vie d’adulte. Tout ne sera que doute et peur…



Comment Cassandre, un être si sensible peut-elle survivre à tout ça ?

Elle qui ne cherchait qu’à être aimée pour pouvoir aimer en retour…



Elle ne cessera, mais en vain, d’essayer de dévier de cette malédiction qui pèse sur ses frêles épaules… et se battra ainsi seule contre tous, jusqu’au final du roman qui m’a pris les tripes et le cœur.

Chaque phrase est un frisson, chaque mot vous enlisera dans les tourments de votre âme, chaque point n’est là que pour mieux faire jaillir la phrase suivante, telle une boucle infernale choisie par l’auteure, qui va même jusqu’à réduire ses chapitres à la plus simple expression.

À certains moments, j’ai même imaginé Julie envoûtée, souffrant d’une tachypsychie “écrite” !

Mais il sera trop tard, vous ne pourrez plus poser votre roman, toutes les images seront dans votre esprit, et vous n’aurez que le choix d’aller jusqu’au bout, mais je vous aurez prévenu… “Presque” domine tout le récit !



Alors, plus j’avançais, plus j’avais envie de me boucher les oreilles. Julie se sert de sa puissance romanesque comme une symphonie qui va crescendo, jouant avec le monde entier, les animaux, la nature, tous les êtres humains…

Jusqu’au silence tellement attendu…



Et si Cassandre était simplement une “part” de chacun d’entre nous ?



ÉNORME COUP DE CŒUR pour ce roman très sombre, il est vrai.

Mais à travers toute cette noirceur, j’ai vu une lumière pleine d’amour et de tendresse…
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Presque le silence

Cassandre est rousse et frisée. Autant dire qu'elle cumule les tares. Être une enfant, c'est déjà pas facile tous les jours… alors quand t'es rousse, frisée, avec des tâches de rousseurs et que tes « camarades » de classe t'appellent le caniche, c'est l'horreur absolue. Pour couronner le tout, elle est raide dingue de Camille, le beau gosse gosse de l'école que toutes les filles s'arrachent… putain de cheveux et de taches de rousseur ! Un jour, las de subir son présent, elle décide de prendre les choses en mains et d'aller consulter un voyant. le cartomancien lui révèle alors cinq prophéties qui bouleverseront le cours de sa vie. Les dés sont jetés, le jeu est pipé… peut-on réellement vivre notre vie pleinement lorsque l'on interprète tout en fonction de prédictions ?



Qu'on se le dise, cette histoire aurait pu partir dans tous les sens et ne donner naissance qu'à un énième roman mielleux sur la vie d'une femme qui n'ose la prendre à bras le corps pour l'investir pleinement. Sauf que ce serait bien mal connaître Julie Estève et sa puissance romanesque. Sous sa plume, Cassandre devient le miroir de toute une génération qui voit le monde entier s'effondrer, impuissante face à la force des éléments. Les tourments de son âme parleront à tous, parce que Cassandre traverse la vie comme nous tous, avec son lot de chagrins, de grandes joies, de traumatismes, de moments d'angoisse sans fin et d'amours vertigineux. Scindé en dix chapitres, comme autant de moments-clés de son existence, Presque le silence nous offre une fresque violente et d'une poésie incroyable sur l'urgence de vivre. Véritable roman d'apprentissage, il met également en exergue l'urgence climatique et écologique à laquelle nous nous devons de faire face… sans quoi, c'est la folie d'un monde qui ne tourne plus rond qui nous guette.



Roman coup de poing, à l'écriture incisive et allégorique. Mon premier coup de foudre de cette rentrée littéraire.


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Presque le silence

Ce sont les mots qui interpellent aux premières lignes, des mots jetés à nos yeux, un flux de paroles brèves et tranchantes. Cassandre a onze ans et la gouaille d’une gamine aux idées fixes et au cœur lourd. Le style me percute et me voilà totalement absorbée par l’histoire qui défile. Une histoire de vie, de femme. De doutes et de chagrins, quelques tristesses, des tragédies, des joies aussi. Une femme qui lutte et se débrouille. Il est question d’amour et d’amitié, de volonté et de résignation, de peur, de monde qui se délite et d’avenir compromis.

Ce roman est indescriptible tant il parvient à rendre le réel. Les sentiments des personnages empoignent, le temps s’étire. Il se dévore.

J’ai aimé ce roman à l’écriture si particulière, à la fois sèche et poétique. Cette histoire sur la folie des hommes, la perte de sens, la quête du bonheur. Une histoire à laquelle on s’attache, un récit qui résonne. « Presque le silence », c’est ce qu’il est resté une fois ce livre refermé. Le silence après avoir vécu la tempête et l’orage d’un sublime écrit.

Une lecture captivante.


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Presque le silence

Le frisson à chaque phrase, ouvragée comme une oeuvre d’art, la plume qui devient la pulsation d’une âme et d’un monde en perdition. La profondeur d’une voix unique qui affirme son inestimable poésie. La musique de sa partition en crescendo. Les mots de Julie Estève sont chargés de destins et vous emportent dans les tourments d’une intimité avec la puissance d’une symphonie de terreur.

« Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage traversé ça et là par de brillants soleils ». Ce vers de Baudelaire n’a cessé de me revenir en lisant. Parce que le style de Julie c’est cela. Des ténèbres transpercées de fulgurances et parfois même de rires. De douceur et de tendresse. Mais ici, tout est âpre et violent, coupant, même l’amour. Même la vie.

Tout est en sursis. L’enfance, l’innocence, la pureté, l’amour, la raison. Cela n’en a que plus de prix et de vitalité quand on le touche du doigt, le bonheur. Car il peut se désagréger à la moindre tempête. Cassandre, l’héroïne, aura une destinée cernée de catastrophes, comme une pythie antique à l’aube d’une fin du monde.

A son naufrage intime répondra celui du monde, lardé de plaies bibliques, de plus en plus cauchemardesques, jusqu’à l’absurde parfois.

Julie épouse le regard de l’enfance, le malaise de l’adolescence, les premières fois ratées, les rencontres interlopes, et puis au milieu des masques grimaçants, il y a la pureté de l’amour. Celui d’un grand père, celui d’un amant soudainement cabossé, la hantise de la perte qui vient avec la naissance d’un fils. On épouse totalement le destin d’une femme. On voit son regard changer. Son univers inexorablement se désagrège. Devient-elle folle ou est-ce l’univers entier autour d’elle qui l’entraine dans son tourbillon d'abandons?
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Presque le silence

Attention, grand livre !

Déjà il y a le titre, et quel titre …

Presque le silence… C’est une histoire d’effondrements. Effondrement intime, quasi inéluctable de chaque être humain et celui plus universel de notre civilisation. C’est l’histoire de grandes pertes, c’est une histoire de transmission et d’héritage.



Cassandre a 11 ans, elle passe ses vacances chez Pépé Jean dans le sud de la France. Cassandre est souvent en colère, en colère « à cause du monde et des questions qui écrasent ». Auprès de son pépé, elle revit, entourée de nature, d’affection et d’attention. Pourtant, cet été, Cassandre va perdre son enfance. Première perte.



Cassandre a un problème, une douleur qui lui bousille la vie : elle est rousse. La cible idéale des railleries, des insultes. Au collège, toute la violence du monde s’abat sur ses 13 ans. Cassandre perd son innocence.



Cassandre est amoureuse de Camille, un beau blond, qui préfère les chevaux aux filles. Méchant comme les autres, il suit la meute ; Mais c’est lui qu’elle veut, elle n’en démord pas. Alors Cassandre a une idée : consulter un voyant pour savoir si un jour, elle sera aimée en retour.

Oui, Camille va l’aimer, les augures sont formels mais cette délicieuse promesse est assortie de 5 terribles prophéties sur son avenir et celui du monde.



Presque le silence est l‘histoire d’un long délabrement sous la violence du monde, une violence sauvage, quotidienne, sans aucun sens. Comment un être sensible peut-il y survivre ? Cette violence qui écrase et qui stupéfie, on la prend dans la tête, à grands coups de mots !



Après l’inoubliable Antoine, Julie Estève nous offre Cassandre, son âme-sœur. Et les mots tapent très fort. L’auteure met ses tripes sur la table avec ce texte à vif, truffé de phrases définitives qui cognent. C’est un texte explosif et sensoriel au rythme syncopé, l’impression d’un stroboscope, ça claque, ça flashe, ça martèle. C’est aussi un cri poussé sur des pages blanches, un cri qui nous jette à la figure : « mais que faisons-nous de notre humanité » ? Un véritable appel à l’amour !



J’ai lu ce texte en apnée, foudroyée par cette écriture à l’os, comme ce tableau de Dürer en couverture, cette aile comme tranchée net. Chaque mot est à sa juste place. C’est un roman profondément humain, un énorme coup de cœur !



C’est pour des textes comme celui-ci que j’aime si passionnément la littérature.



« Je ne suis pas loin de penser que le bonheur est une fausse bonne idée. J’ai peur de tout perdre »

« Ne retiens de la vie que l’amour, il n’y a que l’amour ».

« Le soleil m’enveloppe. Une joie simple occupe mes heures. J’ai remisé l’angoisse au fond de ma tête. Je ne lis pas les journaux. Il n’y a pas de télévision. J’observe le ciel, les arbres, l’eau. Leurs couleurs mouvantes. Je ne sais rien du monde. Des déceptions du monde. Je suis en dehors. A côté de la plaque. Déconnectée des gens, des liens funestes qui les abiment et les broient. Je veille à ce que la violence ne me pénètre pas. Je me tiens loin des tragédies courantes, et le réel s’évanouit… Ici rien ne peut m’arriver… »
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