Les corps de Lola est un roman sur le désir féminin et ses contradictions. Lola Rouge est sulfureuse et flamboyante, elle accompagne et vit les désirs libertins de son homme. Lola Bleue est sage, est un ange qui se love dans le coton. Ce roman court et condensé, au langage parfois très cru, nous propose un rythme haletant, tout autant que la vie de son personnage.
« Elle est là, Lola Rouge. Lola tente de la brider. Elle appuie sur son corps pour ne pas la laisser s’échapper. Elle est fluide, elle est liquide, elle s’insinue partout. Lorsqu’elle a décidé de sortir, rien ne peut l’en empêcher. Elle est son calvaire et sa délivrance. Elle lui fait gagner la paix. Pour un instant. Jusqu’à revenir. »
Ici, la femme est une et multiple. Son corps supporte deux âmes et devient le terrain de discorde entre la sagesse et l’ardeur, entre le froid et le chaud. Lola bascule tantôt vers l’un tantôt vers l’autre. Lola est soumise et cherche l’admiration de son homme, mais Lola est aussi sa complice et la femme bonbon dont se délectent les hommes et les femmes. Lola est objet mais Lola cherche l’amour. Lola est pétrie de désir, mais elle le perd.
« Porter le bonheur de l’autre sur ses épaules, c’est un peu oublier le sien. C’est préférer son sourire à son bien-être. »
C’est la difficulté de la vie de femme qui est mis ici en exergue : la sexualité, l’amour, la maternité, la recherche de soi… Lola est tiraillée entre les deux couleurs qui la possèdent, mais finiront-elles par se mélanger ? Et si une troisième couleur venait former une nouvelle Lola, la vraie Lola ? Se sentirait-elle mieux ?
Julie Gouazé aborde de façon originale les contradictions de nos corps et de notre esprit. Les chapitres courts et rythmés ne dévoilent ni l’âge de Lola ni aucun détail de son quotidien, mis à part son intimité. Lola est universelle. L’écriture hachée peut décontenancer. L’auteure va à l’essentiel et ne s’embarrasse pas de fioritures, elle aborde en 120 pages le désir féminin, celui de Lola seule. Les partenaires défilent, les mains de son homme la caresse et la claque, mais l’on ne sait rien d’eux. Nous sommes dans la tête de Lola quand ses corps se débattent en elle. Nous sommes immergés dans cette spirale de couleurs qui nous laisse en proie au doute. Sans juger, sans parler de Bien ou de Mal, l’auteur expose uniquement les tourments d’une femme, de la femme, celle qui se bat pour trouver la bonne couleur.
Lien :
https://ducalmelucette.wordp..