Elle comprenait soudain que les mots avaient deux faces, deux histoires parallèles qui s'écrivaient avec le sang d'une même humanité. Plus jamais elle ne pourrait prononcer le mot paix, le mot justice, sans éprouver de la honte. Les lettres s'effacent, elles n'étaient plus que des coquilles vides. Toute la lâcheté de la civilisation résidait dans cette promesse non tenue, dans cet écho répété à l'infini.
Bérénice était restée seule, à demi éblouie par la lumière. Le soleil tapait à enrager les pierres. C'était le même soleil qui avait dû piquer les anciennes armées, pensait-elle. Toute la terre respirait ce parfum de zénith conquérant et d'oliviers antiques.