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Critiques de Julien Suaudeau (80)
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Dawa

Un polar haletant qui nous promène des Aurès pendant cette sale guerre, aux banlieues les plus désespérantes, aux services du renseignement intérieur et du contre espionnage jusqu'au monde politique et ses compromissions.
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Dawa

Quand j'ai lu Dawa, j'avais un certain malaise, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi.

En fait, c'est supposé être un polar mais qui colle tellement à l'actualité que, par moment, j'avais l'impression de lire le journal ...

Bien sur, c'est une fiction et comme telle elle est classée en fiction mais, le sujet et la manière dont c'est traité, rappelle tellement les journaux (qu'ils soient écrits ou télévisés) que je n'ai pas accroché du tout.

Pas abandonné pour autant, mais, je n'ai pas été distraite par ma lecture, loin de là.

A lire donc, pour ceux qui veulent avoir éventuellement une vue de l'intérieur.
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Dawa

Brillant dans son genre. Mais d’un genre bavard, surécrit. Le vocabulaire est excessif, les sentences sont pontifiantes.



« La mort a sa propre logique que la vie ne comprend pas. » (20)



« On ne revient pas en arrière sur les chemins de la vengeance. » (58)



À trop en faire, les phrases finissent par se mordre la queue.



« Qui sait si le pouvoir suprême n’est pas aussi beau que cette incarnation de la beauté. » (413)



Les protagonistes eux-mêmes tournent en rond, s’égarent en de longs monologues, ne peuvent pas s’empêcher, dès qu’ils tiennent le devant de la scène, de cogiter sur leur vie. Dialogues intérieurs tous calqués sur le même moule, parlant de la même voix, celle de l’auteur qui les étouffe dans leur destin, déterminismes sociaux et familiaux.



Julien Suaudeau contrôle tout, détaille tout, milieux, personnes, comme dans une volonté de dresser un état des lieux de la France, de tout mettre dans un seul livre. Le suspens se noie, la lectrice se lasse, malgré une action efficace, un intérêt pour la suite de l’histoire et une construction habile, entre non-dits et levées de voiles.



« La gangrène des êtres et le sadisme anonyme des institutions, les fureurs et les emportements, les soubresauts et les fièvres de ce monde voué à la fin au grand vide », voilà le livre résumé dans ses dernières pages. La France est un chaos qui patine sur du vide… bon… bien… d’accord… et après ? And so what ? Je referme ce roman fleuve avec l’impression qu’il n’a pas vraiment commencé.



Pour une vision fine et étayée des racines de l’extrémisme, se pencher plutôt sur « Autobiographie d’un épouvantail » de Boris Cyrulnik.



[Lu dans le cadre du Prix du Meilleur polar des lecteurs de Points 2015]
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Dawa

La France, ses banlieues, ses politicards, ses terroristes... Dans le premier roman de Julien Suaudeau, c'est le "Dawa".
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Dawa

Avant tout, je dirais que ce livre est un livre de colère, colère contre la Société, contre l'injustice, contre l'arbitraire, contre tous les pouvoirs, contre tous les autres....

Ce livre est une condamnation de ce que devient notre société, c'est le décodage de nos erreurs, de nos mauvaises interprétations, de nos hésitations, de notre refus de comprendre. C'est la faute au pouvoir politique qui n'a pas réussi à dénouer les écheveaux d'embrouilles, de combines.

C'est la faute aux différentes administrations, incapables de faire respecter de simples règles de bonne conduite.

C'est la faute à ?

Ce livre est un incendie allumé en pleine ville, dans ce grand Paris à la dérive, il n'y a plus de pompiers pour venir au secours de la vie, la justice est pourrie, la sécurité ne peut plus être assurée, il n'y a plus de grandes valeurs morales auxquelles se référer avec certitude.

Mais une fois que l'on a dit tout ça, on fait quoi ?

La gauche a failli, elle a bien sûr fait des erreurs, elle n'en est plus qu'à essayer de conserver le pouvoir, elle a trahi, elle a laissé de côté les classes défavorisées qui ont cru en elle !

Peut être que l'on peut être déçu par les années de socialisme mitterrandien, peut être que l'on peut être amer, peut être que ... Mais, pourquoi tant de virulence dans les références à l'actualité brûlante de la fin 2013 et de ce début de 2014 avec la prédiction des remaniements ministériels, des déroutes électorales, et ces portraits au vitriol de nos dirigeants actuels !

Pourquoi tant de grandes phrases assassines : "Ils se sont fait élire sur une illusion lyrique, comme toujours, mais quand la bête n'a plus que la peau sur les os, on ne fait plus de politique : on gère la dépression nationale, on pilote le déclin avec un gouvernail grand comme une pièce de cinq francs."

Mais, mais, .... , ce n'est certainement pas la droite libérale, ni bien sur l'extrême droite de matin brun qui peut nous apporter la solution pour résoudre la crise économique, sociétale, mondiale, ...

Mais n'est il pas si facile de critiquer, sans même dire il suffisait de, y a qu'à , ....

La colère est un bon moteur et peut être utilisée pour faire bouger les choses, réfléchir, faire prendre conscience des problèmes dans le but d'y trouver une solution .... mais elle a tendance à aveugler et à faire perdre toutes raisons.

La dénonciation ne sert pas à grand chose quand elle est gratuite et qu'elle ne cherche pas à proposer au moins des embryons de solution, ou des voies de réflexion.

Le chemin de l'évolution est une route très longue, surtout si on ne veut pas laisser trop de monde sur les bas côtés.

Notre avenir nous devons encore l'inventer sans pour cela faire appel à de vieux démons populistes !

Mais j'avoue que la plus belle conclusion que je peux donner à cette critique sera la reprise de la fin du livre, certainement la phrase et l'idée la plus aboutie de ce roman et la plus émouvante :

"...., il n'y a que ça de vrai, sans quoi nous sommes nus sur terre.Tout le reste, la gangrène des êtres et le sadisme anonyme des institutions, les fureurs et les emportements, les soubresauts et les fièvres de ce monde voué à la fin au grand vide, quand il ne restera plus rien ici qu'une vaste zone périurbaine, tachetée de centres commerciaux, de plateformes d'appels et de concessionnaires de voitures, quelque soit l'entêtement des enragés de tout poil à ce que cette planète sans âme s'embrase auparavant, tout le reste n'est que le songe falot dans la tête d'un infortuné, qui ne portait plus les hommes dans son cœur après les avoir trop aimés."

J'aurais donc peut être la faiblesse d'attribuer cette maxime à Julien et d'excuser ces débordements au nom de l'amour trahi, et je vous laisse découvrir ce qu'il y a de vrai !
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Dawa

Je remercie Babélio et Masse Critique de m'avoir fait parvenir ce livre. Je n'ai pas du tout accroché à l'histoire ni à l'intrigue. Je l'ai abandonné bien vite, et je ne sais pas si c'est l'écriture ou le thème, bien documenté pourtant, qui ne m'ont pas plu. J'aimerais pouvoir plus argumenter sur le sujet. Mais je tenterai une relecture dans quelques temps.
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Dawa

Abordé à la veille des attentats du 13 novembre dernier, Dawa se révéla, dans l’émotion de ces moments, particulièrement saisissant. C’est que l’histoire de ces jeunes de banlieue mal dans leurs peaux, confits dans un désespoir qui pousse à la haine de la société dans laquelle ils vivent, décidés sous la houlette d’un universitaire bien intégré mais assommé par le poids de son histoire familiale, à se faire sauter dans les grandes gares parisiennes un vendredi 13 au nom d’un islam mal digéré avait alors un écho bien particulier. La presse ne s’y est pas trompée, qui s’est saisie du roman de Suaudeau pour y voir une sorte de vision prophétique, et a offert quelque tribune à l’auteur.

Il va de soi, pourtant, que Dawa n’est rien d’autre qu’un roman qui a pour lui d’être particulièrement bien documenté. Surtout il montre bien comment le roman noir est apte, lorsqu’il est bien mené, a saisir les failles de nos sociétés. Julien Suaudeau, en fin de compte, n’a fait que mettre en musique un morceau qui existait déjà ; il a réuni de fragments, les a assemblé, a extrapolé, pour arriver à donner une cohérence à l’ensemble et à le doter de cette force romanesque qui le rend d’autant plus percutant.

Cette histoire d’apprentis terroristes lancés dans un projet destructeur et manipulés autant par celui qui les y a entrainés que par les divers services de renseignements jouant avec bien des intérêts contradictoires – vengeances personnelles, campagne électorale tendue, guerre entre factions – se révèle donc comme un roman ambitieux et clairvoyant. Mené tambour battant, Dawa est de ces livres qui accrochent le lecteur et arrivent à allier l’efficacité et l’intelligence.

On s’y laisse entrainer avec fascination et, aussi, une certaine admiration pour ce premier roman complexe et réussi, même s’il n’est pas exempt de défauts, en particulier quelques fils tirés un peu trop vite, comme cet infiltration de Franck, le policier, et d’autres, comme cet affrontement qui traverse le temps, de la guerre d’Algérie à nos jours, entre Al-Mansour et Paoli, qui s’étirent longtemps pour ne mener finalement pas à grand-chose. Cela dit, répétons-le, intelligent, engagé à sa manière et d’une efficacité redoutable, Dawa mérite incontestablement les éloges qui lui ont été faits.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Dawa

« Dawa » premier roman de presque 600 pages de Julien SUAUDEAU n’est pas au sens propre du terme un thriller mais plutôt un polar sociopolitique !



Difficile d’en raconter l’intrigue en quelques lignes :



A la veille de l’indépendance algérienne, un enfant voit ses parents mourir sous ses yeux. Devenu adulte, il n’aura de cesse de se venger. Un demi-siècle plus tard, un groupe terroriste annonce que cinq bombes vont exploser dans Paris. Quel lien existe-t-il entre ces deux affaires ? Au milieu de ces deux évènements, la cité des 3000 d’Aulnay-sous-Bois avec sa population en totale déperdition, les services du renseignement intérieur et du contre espionnage et pour finir les instances musulmanes françaises en cheville avec les politiciens de tout bord, compromis à la limite de la corruption afin de servir leur besoin de réussite personnelle ! Je m’arrêterai là pour l’intrigue.



« Dawa » est un roman dense dans lequel Julien SUAUDEAU nous dépeint des personnages écorchés vifs, terriblement seuls, quelque soit le milieu social auquel ils appartiennent, menant chacun de leur côté sa guerre personnelle, sa vengeance, sa rébellion. Il nous décrit au vitriol tout ce qui représente pour lui la France d’aujourd’hui : la menace terroriste islamiste, des cités en ébullition et un pouvoir politique totalement dépassé , bref une République en totale faillite.



Ce roman reste avant tout une fiction mêlant il est vrai différents thèmes tristement réalistes de nos jours : le terrorisme, le désespoir social, la solitude….



Malgré de nombreuses longueurs, j’ai pour ma part beaucoup apprécié cette lecture. Certes c’est un roman très noir, d’un pessimisme extrême sans la moindre lueur d’espoir. Mais je veux y voir également un immense cri de colère de la part de son auteur, qui tape là où ça fait mal sans aucune concession, contre ces instances politiques qui depuis tant d’années ont baissé les bras ! Et pour moi c’est cela aussi la lecture !



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Dawa

Une vidéo inquiétante est massivement partagée sur les réseaux sociaux. Cinq hommes cagoulés y apparaissent assis en tailleur devant une bannière portant une inscription en arabe. Des explosifs et des détonateurs sont posés sur une table. le groupe terroriste nommé «Dawa al-Islamiya» promet de mettre Paris à feu et à sang dans un délai de quinze jours. L'homme qui a pris la parole au nom du groupe a parlé un français sans accent. « Da'wa » est littéralement l'appel à rejoindre les enseignements du prophète dans l'islam mais il a pris un sens plus commun puisqu'il désigne aussi le désordre social, le bordel. Nous sommes à la veille d'élections municipales. La panique s'empare de l'opinion publique. Pascal Paoli, le patron du renseignement intérieur, met tout en oeuvre pour identifier et arrêter les membres du réseau. le temps est compté.



Julien Suaudeau dépeint une République en faillite. Deux mondes coexistent : d'un côté les beaux quartiers et les ministères avec leurs luttes de pouvoir intestines faites de coups foireux ; de l'autre, les banlieues de Seine-Saint-Denis où le seul ordre qui prévaut, c'est celui des trafiquants de drogue. L'auteur sait évoquer le poids du passé colonial de la France, l'influence grandissante des investisseurs qataris et l'absence de valeurs et la perte du goût de l'intérêt collectif. de la part des élites politiques



Le roman est d'une construction aboutie. Les scènes se succèdent, haletantes, avec l'angoisse de l'ultimatum annoncé par le groupe terroriste. le lecteur suit une galerie de personnages, du petit dealer au Directeur de cabinet ; cette diversité des personnages symboliques permet de balayer l'ensemble d'une société en crise. Tout est plausible, on se demande parfois quand commence la fiction, à quelques exceptions près, notamment les apparitions abracadabrantesques de la CIA.



La force de ce roman est qu'il est porté par un message politique précisé par l'auteur dans une entrevue : "Je suis exaspéré par ce contresens absolu qui nous fait croire à un clash ethnoculturel entre la France blanche et chrétienne et la France issue de l'immigration, alors que les constructions identitaires résultent d'une bonne vieille lutte des classes entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors". Le problème est donc social et non pas culturel ou idéologique à l'image de ces jeunes français qui deviennent kamikazes moins par conviction religieuse que pour se venger d'une société qui les a rejetés.



Julien Suaudeau dresse un portait amer et noir de la société française d'aujourd'hui pour en dénoncer les disparités sociales et les reniements de la République. Un roman contemporain et militant. Un roman choc.
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Dawa

Verdict : bon... alors que dire ; que l'histoire me semblait pleine de promesses; que le livre sur fond d'élections ressemblait à notre actualité, puisque nous votions hier.



Mais je n'ai pas du tout mais pas du tout accroché à ce premier roman. Si les idées ne sont pas mauvaises, il y a trop de choses, trop de personnages, trop de tout en fait; et première chose que je reproche à ce roman, c'est cette impression que l'auteur se gargarise de mots, s'écoute parler, utilise un registre de vocabulaire relativement élevé...qui au fond m'a pour prendre le contre pied " gravement saoulée". Je me suis dit que c'était beaucoup de blabla pour pas grand chose. Je me suis sentie rebutée vraiment; le style est bien trop lourd pour moi. L'auteur avait de grandes ambitions, quel dommage de se laisser entrainer dans de grandes phrases. Je ne me suis pas ennuyée mais j'attendais la fin avec impatience et j'ai failli renoncer plusieurs fois et laisser tomber ce livre. Dommage car vraiment le sujet me plaisait et les personnages étant vraiment intéressants!



Un grand merci à Babelio et aux Editions Robert Laffont.
Lien : http://noryane.canalblog.com..
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Dawa

Dawa est un vrai pavé dans les eaux troubles de la société française. Et dans ce marigot, les crocodiles les plus redoutables ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

D'un côté, un groupe de jeunes gens désespérés menace de faire sauter Paris, sous la houlette d'un agrégé d'arabe dévoré par la haine de soi.

De l'autre, dans les hautes sphères du pouvoir, les politiques intriguent et se vendent au plus offrant, jouant avec le destin des quidams comme de vulgaires pions.

Entre les deux, des flics, une journaliste, un caïd de la drogue font de leur mieux pour tracer leur route au milieu du chaos.

Dawa, c'est ça : le désordre dans lequel s'agite tout un pays, véritable cocotte-minute susceptible d'exploser à tout moment.

J'ai lu le livre en trois jours, fasciné par le rythme et les personnages, avec des sensations très proches de celles que me procurent les meilleurs romans de John Le Carré.

La brièveté des chapitres fait qu'on ne voit pas le temps passer, un tour de force pour un livre de cette épaisseur.

On attend la série ou le film avec impatience.
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Dawa

Paris tremble : une vidéo a été diffusée sur internet montrant un commando suicide annonçant leur intention de faire éclater 5 bombes dans des endroits d'affluence le 13 mars prochain. Paoli, le directeur du service renseignement intérieur, a deux semaines pour éviter la catastrophe.

Mais tout n'est pas si simple dans la ville des lumières. On est en période d'élections municipales. Le représentant du culte musulman, Ferhaoui, grand ami du maire sortant, et secrètement attentif aux intérêts du Qatar, donne un nom à surveiller à la police française. Paoli est un enfant d'Algérie qui, en 62, a vu ses parents assassinés sous ses yeux par des membres du FNL. Le nom donné par Ferhaoui, Bakiri, est celui du descendant de cet assassin dont il a juré de se venger. En parallèle, la DGSE cherche à le faire démettre de son poste. L'adjoint de Paoli, Franck, jongle entre l'investissement dans cette mission et l'érosion de sa vie de famille, avec une petite fille, Zoé, qu'il voit un weekend sur quatre et la femme qu'il aime vivant loin de lui depuis qu'elle a demandé le divorce. Elle, elle est journaliste et cherche à se faire un nom, avec un scoop. Elle est chargée d'interviewer Hélène Faure, candidate sans parti institutionnel à la mairie de Paris, outsider qui fait trembler les candidats sur leur fauteuil et a des chances de l'emporter. Assan Bakiri s'en est bien sorti dans la vie depuis que sa famille a quitté l'Algérie ; il est professeur d'université, vit dans un pavillon de la cité des 3000 avec son père, le fameux mercenaire du FNL, à présent diminué tant physiquement que mentalement par la maladie d'Alzheimer. Amoureux sans espoir de Zohra, la compagne de son frère mort en martyre pour l'Islam, il décide lui de tirer le rideau sur cette vie-ci au cours d'un évènement qui saura supplanter les actions de son frère. Momo aussi vit dans la cité des 3000. Lui a une chance de s'en sortir : après une petite carrière de délinquant, aux ordres du Tchétchène, le boss de la cité, il est sélectionné pour participer à un tournoi de boxe qui pourrait faire de lui un boxeur professionnel. Et puis la belle Sybille aime se pendre à son bras. Issue de la bourgeoisie parisienne, elle rêve de vivre la vraie vie, pas comme ses planqués de parents, et se prend pour une dure parce qu'elle traverse les banlieues chaude de la région parisienne au bras de son amant.



J'arrête là mon résumé de cette histoire, même s'il y a des personnages non évoqués qui ont une importance certaine dans le récit (pour en citer quelques-uns : Soul bien sûr, le ministre de l'intérieur, Delphine, Alex…).

En écrivant ce synopsis, je me dis que là est le problème de "Dawa" : il a trop de tout ! Trop de personnages, on s'y perd. Trop de milieux évoqués. Trop d'intérêts divergents. Trop de stratégies en tout genre. Trop de corruption. Trop de tenants et d'aboutissants. Chaque personnage mène sa guerre personnelle, de vengeance, de rébellion, d'espoir, de gloire, de pouvoir… Julien Suaudeau évoque trop de sujets, trop d'histoires personnelles. Chaque personnage à droit à l'évocation de son passé, de ses motivations, de ses doutes, du peu de choix qui s'offrent à lui. Ses phrases, pour évoquer la vie dans les cités, la politique, la justice, etc… sont trop longues, superposition de propositions qui n'en finissent pas de perdre leur lecteur au détour d'une virgule.

Et c'est bien dommage. Car ce premier roman de Suaudeau a quand même de grandes qualités : qu'il évoque la vie des cités ou les méandres de la politique, le discours est documenté, argumenté, ultra-réaliste. Certaines formulations font mouche. Les personnages sont fouillés, même s'ils franchissent parfois d'un pas allègre la frontière qui mène à la caricature. Le fond est intelligent, le monde décrit n'est pas noir et blanc, et chaque personnage subit son destin autant qu'il en décide.

Il n'empêche qu'à tout prendre, comme le fait cet ouvrage, j'ai trouvé le temps long, sauf sur les 100 dernières pages où l'histoire s'accélère. Il y a trop d'ambition derrière ces pages, et le récit aurait gagné en lisibilité et en puissance en étant plus synthétique. Dommage !

Un grand merci aux Editions Robert Laffont et à Babelio pour cette découverte.

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Dawa

J'ai failli renoncer à sa lecture car l'écriture est perfectible.Les phrases sont trop longues et remplies de métaphores souvent téléphonées.Les liens entre tous les personnages ne sont pas franchement évidents et la trame temporelle déroutante avec une narration au présent qui se télescope avec le passé.

Toutefois, le sujet reste intéressant et le livre donne envie d'en connaitre la fin ce qui est surement l'essentiel.

Je pense qu'il manque encore un effort pour raboter et fluidifier le tout qui ressemble encore trop à une suite d'articles de journaux.
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Dawa

Nouvelle aventure critique avec Babelio qui me fait confiance une fois encore. Dawa est un pavé qui aurait gagné à se "galetiser" d'au moins un tiers car tout de même 500 pages c'est lourd, surtout pour un roman pour le moins redondant et immodeste.Dawa est le nom d'une opération terroriste visant à cinq attentats dans les cinq grandes gares parisiennes. Tous les étages de la société française de 2014 sont explorés,mais comme ça m'a ennuyé. De la cité des 3 000 avec son habituel gisement de délinquants dont certains recrutés pour l'opération, jusqu'aux arcanes du pouvoir, très concrètement circonscrits car l'action se déroule en ce moment même d'élections 2014, en passant par la sempiternelle guerre des polices. Souvent dans ce genre de bouquins on n'aime pas tout. Là je n'aime presque rien.



A commencer par le présupposé que l'argot des banlieues n'avait pas de secrets pour moi. Nanti d'un zeste d'incompréhension, j'ai très vite fait la gueule à ma lecture mais suis allé jusqu'au bout, sans que jamais aucun personnage ne m'interpelle vraiment. Trop de figures traversent cette histoire, pessimiste quant à ce pays qui ne se comprend plus lui-même. Dans ces cas là on privilégie l'efficacité, genre cinéma carré, pourquoi pas. Mais voilà, des digressions, des considérations générales sur le microcosme politique, des personnages féminins stéréotypés, Julien Suaudeau a fait bien long pour m'emmener tout près. Sans intérêt pour moi. J'ai bien dit pour moi.





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Dawa

Un roman français un peu trop dense, un peu trop confus au démarrage, assez "politiquement incorrect" mais dont l'auteur est à suivre. Un vrai ton, une vraie énergie, une puissance, un regard.



Ça m'énerve toujours un peu que l'on considère que la vie en banlieue, c'est l'enfer, mais à part cette "facilité", les personnages existent même s'ils sont vaguement stéréotypés.



Ça part un peu dans tous les sens au début et on a du mal à se souvenir de qui est qui mais le roman gagne en densité et en cohérence dans sa deuxième partie. Un lecteur attentif pourra peut-être m'expliquer comment il se fait que .
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Dawa

C'est avec un plaisir non feint que je m'apprête à publier ma quatre-vingt-neuvième chronique en souhaitant qu'elle soit assez constructive, objective et intéressante pour vous aider dans vos futurs choix littéraires.

Mon ressenti porte, cette fois-ci, sur « Dawa », premier roman de Julien Suaudeau paru en 2014 chez Robert Laffont.

Pourquoi avoir choisi celui-là plutôt qu'un autre, me diriez-vous ? Tout simplement, parce que le synopsis était intéressant, attirant et que comme le dit une célèbre expression « Quand on n'aime, on ne compte pas », je ne pouvais me dérober à la proposition de lecture commune faite par ma fidèle comparse nathalou93 de Babelio.

Un bouquin de cet auteur. Une première pour moi, tout comme ma camarade. Nous poursuivons donc notre exploration d'écrivains inconnus avec d'autant plus de joie et d'espoir de se régaler que ce texte utilise les codes du genre policier.

Le livre définitivement rangé, j'avoue que cette lecture a été simultanément passionnante et instructive, férocement ancrée dans la réalité et atrocement prophétique.

Magnifique ouvrage qui ne demande qu'à être dévoré !

A la veille des élections municipales de 2014, en pleine campagne électorale, dans une France en proie aux manigances politiques, qui s'égare sur des questions identitaires et de diversité, en plein marasme économique, nous faisons la connaissance de deux hommes autant éloignés par leur éducation, culture, parcours de vie que proches par la fatalité primitive qui les lie et le sentiment de vengeance qui les obsède.

Nous avons d'abord Assan Bakiri, professeur agrégé d'arabe, modèle d'intégration et de réussite, qui piégé par ses racines familiales et rongé par un vécu douloureux est habité par la haine de son pays d'adoption. A la tête d'un groupuscule terroriste baptisé Dawa al-Islamiya, il diffuse une vidéo promettant de détruire Paris par l'explosion simultanée de cinq bombes dans la ville.

Face à lui, se trouve Daniel Paoli, grand patron de la DGSI – Direction Générale de la Sécurité Intérieure – qui, avec l'ensemble de l'antiterrorisme, est à pied d'oeuvre pour identifier les membres du réseau ainsi que les cibles visées. Ce haut responsable, aux méthodes quelquefois peu conventionnelles, ne cesse de pourchasser depuis un demi-siècle le meurtrier de ses parents qu'il a vu se faire massacrer dans les Aurès, berceau de l'insurrection indépendantiste Algérienne. Seuls ces deux individus connaissent le trait d'union entre passé et présent. Quel est-il ? Si le mauvais sang ne veut pas sécher, comment une nation peut-elle vivre en paix ?

Autour d'eux, du sommet de l'état aux pavés de la banlieue parisienne, gravite une multitude de personnages disparates qui ne manquera pas d'être renversée par la violence aveugle issue de leur idée fixe.

La Dawa, au sens religieux du terme, est une invitation aux non-musulmans à écouter le message de l'islam. Dans la langue française, c'est un synonyme de bazar, désordre, capharnaüm, chaos.

Sachant cela, vous aurez certainement compris que l'objectif avoué de ces attentats est bel et bien de mettre le foutoir, de provoquer le grand chaos sur le territoire national.

A partir de cette trame, nous accompagnons les différents protagoniques (force de l'ordre, politiques, terroristes, citoyens des cités…) tout au long de l'intrigue. Nous assistons à la préparation de ces actes barbares, nous suivons l'enquête visant à déjouer le complot, et surtout nous sommes au coeur des deux revanches personnelles. Les « fous de Dieu » réussissent-ils ou sont-ils mis en échec par les autorités compétentes ? La vendetta du directeur a-t-elle lieu ? Avons-nous affaire à un vieux contentieux, à une résurgence des dernières blessures, des dernières braises de la guerre d'Algérie ou à l'avènement d'un djihadisme mondial ?

Les réponses à ces interrogations sont à portée de mains ou plutôt de lecture… A vous de jouer !

Ce récit est axé sur trois thématiques principales : La vengeance, la place de l'islam sur le sol français et le chaos.

Pour J.S. les vengeances de Bakiri et Paoli sont maladives. Ils sont tellement possédés par ce mal, ce besoin de « faire payer » l'autre, qu'ils en sont devenus des menteurs, des manipulateurs.

L'islam fondamentaliste est vu, par les terroristes, comme le moyen de discorde pour mettre les rues à feu et à sang, pour provoquer, à plus ou moins longues échéances, une guerre civile. Cette radicalisation est également le motif utilisé par le Ministre de L'Intérieur pour asseoir son pouvoir sécuritaire et par là même, s'ouvrir les portes de Matignon. Cette islamisation des jeunes prend sa source, selon l'écrivain, dans l'effondrement de l'économie, du chômage, de la pauvreté, du désoeuvrement des banlieues, du désintérêt étatique et non dans le virus de l'immigration.

Le tohu-bohu, la pagaille, le désordre se trouve, quant à lui, dans la corruption des élites, des décideurs publics, dans la mainmise de puissances pétromonarchiques sur des entreprises nationales, des financements électoraux, des capitaux privés.

L'auteur nous offre un roman mi polar mi sociopolitique. Il dépeint toute notre société avec ses défauts, ses difficultés économiques, religieuses, sociétales, son attentisme, sa diversité, sa diplomatie, ses coups bas politiques… Il dresse un portrait factuel, sans concessions de la France. Une juste représentation synonyme, pour moi, de frissons.

Style maîtrisé avec des descriptions assez détaillées, des dialogues efficaces. Les chapitres courts se lisent aisément malgré quelques longueurs et des passages complexes mais non rébarbatifs, non rédhibitoires à la compréhension.

Plume haletante, claire, prenante, acerbe et bienveillante en même temps.

Les protagonistes sont profonds, tout en épaisseur. La psychologie de chacun ressort parfaitement. Nous nous immisçons dans leurs « têtes ». Au fil des pages, nous avons la sensation de les avoir toujours côtoyés. Nous vivons, nous subissons, nous nous inquiétons avec eux.

Daniel Paoli est un être expérimenté, dur dans la vie comme dans le métier. Il est sans concession. Cette particularité lui sert auprès de son équipe mais le désavantage face à ses détracteurs. C'est un monsieur en souffrance depuis sa tendre enfance qui ne sera apaisé que par l'accomplissement de sa mission. Sous une carapace, se cache un être fragile qui vit avec une part d'ombre.

Franck, sous ses aspects de « gros dur », m'a touchée par sa sensiblerie, l'amour immodéré qu'il porte à son ex-femme. J'ai apprécié son sens du devoir, son abnégation au travail et son envie d'aider son prochain.

Assan est un individu complexe. Sans son passé familial pesant, il n'éprouverait certainement aucun ressentiment contre sa terre d'adoption, terre où son cheminement est exemplaire. Oui, mais voilà…

Frustré par des années de non-dit, anéanti par un vieil amour retrouvé, puis perdu à nouveau, il ne trouvera la sérénité que dans la mort et la propagation de l'horreur. C'est un être ambivalent : à la fois haineux et tendre, confiant et ombrageux, prévenant et indifférent. Je ne sais pas trop quoi penser de lui. Je l'ai détesté tout en le plaignant.

Momo et soul, enfants de la cité, m'ont émue. Leur histoire est marquée par une amitié qui les unit plus étroitement que jamais. J'ai été sensible au fait que le premier nommé abandonne (momentanément ?) le rêve de sa vie pour aller remettre son pote sur le droit chemin. Preuve d'une bonne intelligence et d'un immense attachement.

Soul, malgré un parcours brillant, ne croit pas en l'avenir. D'après lui, tout est écrit d'avance. Né au mauvais endroit sans atout majeur en main, il ne peut réussir. Ce jeune homme, fragile émotionnellement, influençable à souhait, aurait mérité mieux.

Ces deux copains ont essayé de sortir de leur vie de misère pourtant…

Alexandre Marion, le haut-fonctionnaire, apparaît comme ambitieux, avide. Il est suffisant, mesquin. Néanmoins, il est, à mon humble avis, l'archétype de la majorité des gens exerçant dans la haute administration.

J'ai admiré l'honnêteté et le charisme d'Hélène Faure qui préfère abandonner une carrière politique, pourtant prometteuse, plutôt que de se fourvoyer dans la corruption. Cette femme intransigeante, qui cache un lourd secret, a des principes que rien ne semble altérer.

En bref, nous sommes en présence d'un opus sombre, inquiétant, palpitant, indubitablement travaillé qui met en exergue les maux de notre beau pays ainsi que les responsables de cet état de fait. Tout le monde en prend pour son grade, si j'ose dire, que ce soit les politiques, les forces de sécurité, les dealers ou autres délinquants, les arrivistes, sans oublier les victimes de cette déliquescence.

A acquérir ? Sans l'ombre d'un doute, oui. Il vous accrochera et vous fascinera rapidement au point de ne plus pouvoir le lâcher. Ce livre redoutable par son efficacité est à lire nécessairement.

Je m’attellerai, dans un futur proche, à la lecture de ses deux autres publications que sont « le Français » et « Ni le feu ni la foudre » car ce romancier est incontestablement bourré de talent. Comme le dit si bien, @lireencore93420 d'Instagram, cet écrit est une « tuerie » dans tous les sens du terme.

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Dawa

Explosif,

Julien Suaudeau nous présente ici un livre sur le thème politique / terrorisme / policier. L'ouvrage a été sélectionné pour 2015 dans le prix du meilleur Polar des lecteurs de Points.

Le roman tourne autour de plusieurs groupes : 5 terroristes se filmant dans une vidéo et menaçant de se faire explosé, une cellule antiterroriste et des politiciens. Ce mélange de personnages n'est pas fluide.

Le roman reste toutefois d'actualité, même s'il est édité en 2014. Attention de bien découdre entre la fiction et entre la réalité.

Cependant je n'ai pas aimé, et j'ai eu beaucoup de difficulté à terminer, lassée par l'auteur. Le roman est ennuyeux, pessimiste, il manque d'action et traîne en longueur, pas assez de travail sur les personnages trop monocorde, et une évidence certaine il existe un problème entre l'auteur et les politiciens puis leur politique et les banlieues, (ici les faits se passe à la cité des 3000 à Aulnay).

J'ai testé un premier ouvrage sur le thème terrorisme, le sujet me plaisait, l'idée est là, mais je suis très déçue par cette enchaînement de mots. L'auteur doit se perfectionner pour que ses récits soit meilleurs.













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Dawa

Terrorisme: 5 attaques-suicides annoncées d'ici 15 jours.

"Il faut détruire Paris", prévient le commando Dawa.

Ce pourrait être le titre phare du prochain journal de 20h!



Une vidéo sur le net et c'est le remue-ménage dans toutes les strates de notre société.



Chez les gentils, on retrouve la cellule anti terrorisme en brainstormings, des policiers de terrain intuitifs et revanchards, des politiciens opportunistes, des hommes de l'ombre des cabinets, des journalistes au dents longues... Et un fonctionnement étatique discutable sur fond de secrets d'état, d'egos d'électrons libres et d'alliances géo-politiques improbables.



Et les méchants sont tous dans le camp du monde arabo-musulman, dans les banlieues et leurs cités, territoires-vivier de haine et de violence, de chômeurs, de trafics en tout genre, et de jeunes sans avenir.



Et en fait, ce n'est pas si simple...

Et bien plus que la trame terroriste, j'ai aimé le contexte social et politique.



Julien Suaudeau offre un thriller très actuel et d'une bien triste réalité, où tout manichéisme est gommé, où la part d'ombre de chaque personnage donne une densité crédible et désespérante à la narration. La psychologie y a la part belle au détriment de l'action. Certains VIP de notre monde politique se dénichent avec amusement ( j'ai particulièrement aimé le "matamore" de la place Beauvau). Les rouages de la mécanique étatique se positionnent sur un large éventail de tensions internes, d'inimitiés personnelles et de compromissions minables.

Vu de mon fauteuil de lectrice, ça semble tellement vrai!



La plume de l'auteur est alerte, virulente, sans langue de bois, brillante dans les dialogues. C'est un vrai plaisir de suivre certaines discussions. Dans le contexte noir du propos, l'humour ou l'ironie sont vivifiants. Julien Suaudeau nous offre sa petite philosophie personnelle et un regard plutôt pessimiste sur notre société.



Il reste un livre agréable bien qu'un peu long, bien écrit, assez documenté dans la narration pour provoquer spontanément ses images de bon thriller politico-terroriste.
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Dawa

Julien Suaudeau, né en 1975, vit à Philadelphie et c’est tout ce que j’ai pu récolter sur sa biographie. Dawa est son premier roman.

« Dans une France post-républicaine, en proie au vertige identitaire et aux marchandages politiques, deux hommes sombres poursuivent une vengeance au long cours, l'un derrière l'illusion du djihad, l'autre sous le masque de la loi. Autour d'eux, au cœur de l'Etat ou sur les dalles de la banlieue parisienne, la violence de leur idée fixe va renverser le destin d'inconnus, sans épargner ceux qu'ils aiment. » Ou bien, pour le dire avec mots, il s’agit pour les autorités de contrer la menace d’un attentat terroriste de grande ampleur visant le cœur de Paris, avec d’un côté un responsable de la DGSI voulant venger la mort de ses parents tués par le FLN au début des années 60, détournant « au bénéfice d’une vendetta privée, le pouvoir et les moyens qui lui sont dévolus dans le cadre de ses fonctions » et de l’autre, le fils d’un important membre du FLN qui s’est juré « de meurtrir ce pays qui avait tué Kader » son frère.

Julien Suaudeau nous offre un polar sociopolitique qui ne manque pas d’atouts dont le premier, et non des moindre, est de le rendre particulièrement actuel puisqu’il se déroule à quelques semaines des élections municipales de 2014 ! Climat politique pour le décor, mêlant des portraits saisissants de personnalités politiques réelles mais non citées et des personnages de roman très crédibles occupant des fonctions ministérielles ou de l’administration ainsi que des journalistes. Ambitions, pouvoir, combines ou concessions, le Qatar qui finance la droite comme la gauche, rancunes, j’avoue que cet angle du bouquin m’a particulièrement emballé, j’avais l’impression de lire Le Canard enchaîné ou une enquête d’un magazine d’information. Julien Suaudeau dresse un état des lieux assez noir de la société française.

L’écrivain sait aussi nous entrainer au cœur des cités, où Blacks, Blancs, Beurs font leur bizness comme ils peuvent. Des parkings à la mosquée, des salles de boxe aux couloirs du RER, nous traversons la capitale et ses banlieues. Des costards-cravates aux sweatshirts à capuche, Julien Suaudeau parait connaitre sur le bout des doigts tous les milieux, tous les codes et leur langage. Qu’on soit autour d’une table avec ministres et fonctionnaire lors d’une cellule de crise ou bien au fond d’une cave entre Rebeus et Renois, l’auteur est chez lui partout, Comédie humaine d’aujourd’hui, le roman décrit avec brio la psychologie des acteurs et les lieux où ils évoluent. Mais, et c’est là son unique défaut, à vouloir faire son Balzac en un seul volume, la masse d’évènements et de personnages en font un roman trop long à mon goût – surchargé, pas assez dégraissé, le piège du premier roman ? Je sais que je me répète avec ces romans que je trouve souvent trop longs, mais pour moi c’est réellement la plaie principale de la littérature.

Julien Suaudeau écrit bien, de ce genre d’écriture qui prend son temps, loin du style énervé ou énergique cher à certains polars d’action. Ici la psychologie des uns et des autres est le tronc sur lequel sont greffées les ramifications narratives. Son domaine de connaissances est vaste, de la langue arabe aux arcanes du pouvoir, ponctuant son récit d’analyses géopolitiques ou de références diverses à l’Histoire récente. Polar ou thriller mais empreint d’un certain romantisme qui agace un peu parfois quand les motivations du terroriste complaisamment exposées – « Je voudrais accomplir quelque chose de grand par ma mort, qui prouvera à tous ces gens que je n’étais pas rien » - laissent un goût amer qui n’est pas dissipé par celles du représentant de la République - « Je vivrai pour te tuer, et j’aimerai le seul jour de ta mort » - qui renvoient dos à dos, les deux camps puisqu’ils se font chacun une idée toute personnelle de la justice.

Concluons, un bon roman plein de bonnes choses mais avec des longueurs… et une interrogation restant sans réponse, pourquoi page 471, évoquer le vendredi 13 mars alors qu’à cette date (qui en passant est aussi la date de parution du bouquin !) nous serons un jeudi ?

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Dawa

Dawa c'est l'appel aux musulmans mais c'est aussi le foutoir. Dawa c'est bien ce qui règne dans cette France au bord de l'implosion. Les hommes politiques sont impuissants, la police et les services de renseignements se font la guerre. Les CRS peinent à maintenir l'ordre dans les banlieues. Les jeunes issus des banlieues n'ont pas d'espérances et leur avenir s'arrête aux limites du périphériques.



Julien Suaudeau met en scène une galerie de personnages devant recouvrir tous les aspects de la société. Dans la présentation on faisait allusion à Balzac. Pourquoi pas? Mais à la lecture on se rend compte que cela était présomptueux. C'est malheureux à dire mais j'ai trouvé les personnages très clichés, surtout ceux des jeunes. Bien que devant représenter une réalité, ils cumulaient trop de stéréotypes pour être réalistes. Par moment j'avais l'impression de me trouver dans un mauvais reportage de TF1. Du côté des représentants des institutions, c'était le même constat. Les flics n'arrivent pas à sortir du schéma "trop de travail donc fin du couple. Les politiques en place sont insipides, ce sont leurs conseillers qui ont le plus grand rôle.



Le romans se situe dans un contexte d'élections municipales ce qui fait écho à l'actualité. Ce fait donne le sentiment d'avoir plus à faire à une œuvre journalistique qu'à une œuvre littéraire. Peut-être en raison d'une volonté de s'ancrer dans une réalité datée, Dawa n’acquièrera pas le caractère intemporel des œuvres de Balzac.
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