Citations de Juliette Duval (42)
Mon cœur et ma tête menacent de divorcer et se disputent pour savoir qui aura la garde du corps.
Franchement, si tous les amateurs de chips ressemblaient à ça, elles seraient vendues en pharmacie.
L'amertume est si concentrée dans sa voix qu'une grimace involontaire me tord les lèvres. J'ai l'impression d'entendre un pamplemousse, si cette expression fait sens.
L'espace d'un instant, devant sa colère, je suis tentée de nier, de prétendre que je n'ai rien à voir avec cette fille, sur l'écran, qu'il s'agit d'un sosie, d'une coïncidence… Mais je ne veux plus être lâche. Je prends une grande inspiration, prête à m'expliquer. Il ne m'en laisse pas le temps.
Au moment où nous passons devant une bretelle de sortie, Orion vire si brutalement que je remercie le ciel de me tenir aussi fort à lui. Emportées par leur élan, les deux motos continuent tout droit. Le soulagement m’envahit.
Nous les avons semés !
- Les secrets finissent toujours par sortir, d'une manière ou d'une autre.
Je jure qu'elle a lu trop de romans sentimentaux. La perspective d'un amour impossible lui fait battre des mains.
Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir me caser ? Ça les gêne tant que ça, une pierre qui roule ?
Nous nous sommes levés si tard que j’ai prévenu Joshua que je prenais ma journée. Il m’a répondu en riant qu’il n’avait pas compté sur moi aujourd’hui.
J’ai de la chance d’avoir un patron compréhensif.
Nous rentrons à Palo Alto par le chemin des écoliers. Plus je connais cette région et plus je l’aime. J’ai vraiment l’impression d’avoir vraiment trouvé ma place.
Lorsque j’entre dans la salle à manger, mon regard est aussitôt attiré par le lustre de cristal. Majestueux, il domine toute la pièce et trône au-dessus de la longue table en acajou. Le couvert est dressé, avec l’argenterie. Et j’ai soudain l’impression d’entendre la voix de ma mère. « Leah, remonte ! Et habille-toi convenablement ! » En effet, mon jean et mon pull orné d’une petite chouette ne sont pas la tenue habituelle des Wynn dans cette pièce.
Mais, je redresse le menton et repousse cette pensée.
On ne revient pas en arrière !
J’ai fait mes choix et je les assume que ce soit à Palo Alto ou ici.
- Le sexe, c’est tout ?
- J’ai dit que c’était fantastique.
- Oh, je suis flatté.
Il ramasse une poignée de pétales sur la nappe et la déverse à gauche d’un air de défi, sans mot dire. Je commente :
- Un peu facile. J’attends les arguments qui vont avec.
Josh se penche vers moi. Son parfum épicé m’emplit les narines. J’éprouve une envie subite de lécher sa peau bronzée, à l’endroit où le pouls bat dans son cou.
- Viens avec moi, je te les montrerai.
J’éclate de rire à mon tour.
- C’est tellement éculé comme technique de drague !
- Je n’ai pas besoin de te draguer, objecte-t-il, tu m’as déjà dit oui
II est important de mener des expériences en adéquation avec son moi profond.
Comme prévu, il s’adoucit au moment précis où j’extirpe enfin le chat de sa boîte.
– Prince ! Viens me voir !
En bon félin, Prince prend le contre-pied exact de cet ordre. Il lui échappe, grimpe sur mes épaules, s’installe autour de mon cou façon écharpe angora et commence à ronronner bruyamment. Le visage de Jared s’assombrit de nouveau. Il a des traits délicieusement expressifs.
Je veux absolument le voir sourire !
Pour l’instant, c’est mal parti. Il me foudroie du regard.
– Qu’avez-vous fait à mon chat ?
– Je me suis juste occupée de lui !
Qu’est-ce qu’il s’imagine, que je l’ai drogué pour qu’il reste avec moi ? (Les crevettes ne comptent pas comme de la drogue.)
– Vous n’êtes pas une groupie, n’est-ce pas ?
– Une groupie de qui ?
– Mais…
Il ne peut pas répondre « de moi » sans passer pour un gros prétentieux. Du coup, il se demande clairement si je me moque de lui ou s’il existe réellement une personne sur Terre qui ignore qui il est. La situation commence à m’amuser.
– Enfin, poursuit Jared, vous savez qui je suis, n’est-ce pas ?
– Le propriétaire du chat ?
– Je parlais de mon métier.
– Oh. Vous êtes musicien, c’est ça ?
Rock star n’est pas une profession. En tout cas, je suis certaine que ça n’existe pas dans la nomenclature de la Sécurité sociale française.
– Vous vous moquez de moi.
– Vous savez, Jared…
– Jason ! corrige-t-il avec une pointe d’agacement.
– Ah oui, pardon ! Bref, il existe de nombreuses personnes de par le monde qui ne connaissent pas votre nom. Simplement, d’habitude, vous ne les croisez pas.
Il me dévisage comme s’il venait de me pousser une deuxième tête, puis, à ma grande surprise, il éclate de rire. Le chat se hérisse comme un rince-bouteilles et saute de mes épaules, non sans m’avoir enfoncé ses griffes dans la peau au passage.
– Aïe !
– Désolé. Mademoiselle… Quel est votre nom, déjà ?
– Vous voyez, vous ne vous en souvenez plus non plus.
Il rit de nouveau. Un rire de gorge, sexy en diable. Un rire qui signifie « Déshabille-moi, là, tout de suite, et fais-moi l’amour dans la piscine ». Du moins, c’est ainsi que je l’entends…
– Vous avez raison, reprenons du début. Bonjour, je m’appelle Jason.
– Moi c’est Kim, dis-je en lui tendant la main.
Ouvrir un emballage avec les dents n'est pas si facile que ça en a l'air dans les bouquins.
Il faut croire que le désir rend sourd.
Tout le monde a le droit de rêver.
Il paraît que certains journaux floutent volontairement leurs clichés pour leur donner l'aspect « pris sur le vif ».
– Tu veux que j’aille lui casser la figure ?
Je risque un œil par-dessus le bord du mouchoir. Il a l’air mortellement sérieux. Et dangereux. Le tissu se froisse sous mes doigts.
Je ne le connais pas, après tout. Qui me dit que je n’ai pas affaire à un gangster ? Et je suis seule avec lui…
Je resserre la couverture autour de mes épaules et je me tasse contre la vitre. Orion secoue la tête. Son visage se détend en un franc sourire tandis que je me traite mentalement de paranoïaque.
Je m'abstiens de préciser « mon petit ami », « mon copain , ou pire, « le fils d'Andrew ». C'est Joshua et c'est une évidence.