Elle croit que je suis sa mère. Ça me fait peur, cette confiance qu'elle met en moi. C'est pas normal, je me dis. Elle le croit vraiment, que je suis sa mère. Elle ne sait pas que je suis cinglée, mauvaise, une catastrophe ambulante, un bloc de culpabilité, une punition. Je peux faire ce qui me chante, la mal aimer, la mal élever, la maltraiter même si je veux, je peux jeter ses doudous, la gifler, la gronder sans raison, faire la sourde oreille quand elle pleure, oublier l'heure du biberon, la changer ou ne pas la changer, elle m'aimera pareil, elle n'a pas le choix, elle m'aimera. Non, mon petit amour, mon petit ange, pardon mon bébé, pardon, mais c'est fou cette foi que tu as en moi, il ne faut pas, c'est dangereux, c'est comme ça que je l'ai aimée moi aussi, j'ai cru comme toi que maman était ma maman, qu'il suffisait d'être mère pour être une maman, j'aimerais tant que tu comprennes, je voudrais tant pouvoir te dire.
Je sais ce que les gens pensent. Les gens pensent que je suis née dans les beaux quartiers, ceux des bons lycées, et puis que je n'ai jamais manqué de rien puisque c'est ça l'essentiel, n'est-ce-pas ? Salauds de riches, disait maman qui ne l'était pas, riche, salauds de blindés qui, en plus, ont tout leur temps pour être tristes. Eh bien vous allez voir, moi, comment je vais prendre tout mon temps pour être gaie à crever et emmurer vivante la mauvaise tristesse.
le ciel ne pouvait mourir.Ni la lune.Ni maman.Si maman meurt,je me disais,alors c'est que les bateaux peuvent voler,les chats pleurer,les maisons chanter à tue-tete.pas possible
je suis hébétée de chagrin et mon corp a l'air tellement heureux,c est surement ça qui me donne mal au coeur
il faut dire que j'ai un probléme avec le téléphone,je ne décroche pas,ou je le perds,ou je le fais tomber dans mon bain,ou j'oublie de le recharger,ou j'ai peur de rappeler,de déranger,de tomber au mauvais moment,que la personne se dise zut,encore celle la
et devant la petite croix bleue qui signifie que tout a changé,que je suis embarquée dans une nouvelle vie,que j'aurai quelqu'un d autre à aimer,que quelqu'un va arriver que je vais aimer plus que moi meme plus que ma mére,je me mets à pleurer de joie
peut etre qu'arrive le moment ou on est trop épuisé pour comprendre et qu'on a moins peur de sa mort que de la mort des autres
Je ne travaille nulle part alors à plus forte raison dans ce bureau, à la limite c’est une bibliothèque, mais des livres on peut en mettre partout.
A l’époque où maman était belle, on se glissait des mots sous les portes ou sous les oreillers, c’était mieux que les textos, on pouvait les garder, je les ai gardés, un jour je les lui montrerais, tous ces mots, toutes ces missives