Citations de Justine Lévy (368)
Je lis toujours les livres de Justine Lévy d’une traite !
Sa belle écriture reflète un talent et une sensibilité qui ne faiblissent pas au fil des œuvres.
Le miracle, ce n'était pas moi, ni mon prénom, ni mon visage, mais le souvenir du bonheur qu'il évoquaient . Le miracle, c'était ma ressemblance avec celui qu'elle aimait et qui l'avait quittée .
Je ne suis pas triste ce jour-là. Ma grand-mère est morte , mais je suis si tuméfiée à l'intérieur, désespérée, détruite, que je ne suis pas triste, et je ne pleure pas.
… je ne vais pas me mettre à lui dire des mots d’amour après dix ans de silence, ça lui ferait un choc.
Je t'attendrai toujours. C'est ainsi que je te retrouve.
Chaque histoire est le brouillon de la prochaine, on rature, on rature et quand c'est à peu près propre et sans coquilles, c'est fini on n'a plus qu'à partir, c'est pour ça que la vie est longue.
(...) il se lève sans s'appesantir ni se retourner, ce n'est pas de la fuite, il n'y a rien à fuir, le passé on s'en fout, le passé n'a qu'à suivre, il suit.
j'ai enlevé mes lentilles par timidité
la bonne consolation des larmes qui coulent
Il y a ceux qui se sentent menacés par les étrangers, les Roms et tout ça, pour moi, ce qui menace Angèle et Paul c'est l'inverse : l'extraction, l'ascendance, l'hérédité, l'atavisme, tous ces trucs dégueulasses dont je veux les libérer et dont j'ai juré une fois pour toutes qu'ils ne passeront pas par moi.
Personne ne le comprend comme moi, personne ne l’aime par cœur comme moi. J’ai toujours été là pour lui. Celle qui n’a pas compris sa douleur ne peut pas prétendre l’aimer. C’est mon Antonin, le mien, à moi, et s’il n’est pas à moi, alors il n’est à personne d’autre, ah voilà que moi aussi je deviens folle de douleur, pourquoi un fils doit-il partir, quitter sa mère, personne ne sait le soigner comme elle, comme moi, comme une mère, personne n’a besoin de lui comme moi, ni de moi comme lui, personne ne me volera mon Antonin. 1930
Retrouver un fils gentil, sociable, la parole claire, les pensées désengourdies, oui, je peux le dire, les drogues l’ont rendu à la vie, à lui-même, à moi – et, moi aussi, je revis.
C'est vrai qu'Antonin écrit et dessine tout le temps et partout, pour rattraper le temps perdu à souffrir à Ville-Evrard, il écridessine, il dessinécrit, tu vois, Antonin, moi aussi j'invente des mots, il a des centaines de cahiers et partout, dans sa chambre, à droite, à gauche, près du sol, sur les volets, sur la porte, il y a des dessins punaisés, des autoportraits tourmentés, torturés, foudroyants, qui me prennent à témoin et me disent : "Regarde ce que tu as fait, ce que tu les as laissés faire." Il appuie tellement fort avec la pointe de ses crayons que, par moments, au niveau des yeux le papier est entaillé, ça fait des yeux morts.
Je donnerais tout, je donnerais ma vie, pour qu'Antonin aille réellement mieux, qu'il ne souffre plus, qu'il mène la vie paisible à laquelle chacun de nous a droit. Mais je sais également, les mères savent, les mères savent mieux que quiconque, qu'il est plus en sécurité ici, avec des infirmiers et des docteurs à disposition, nourri, logé, blanchi, la chapelle quand il a envie, des livres à porté de main, du papier pour écrire, un autre pour dessiner, plutôt que bringuebalé dans tous les orages du monde. La passé nous l'a assez prouvé.
page 144.
Une mère nourrit son enfant. Un enfant n'a pas à avoir faim. Sa mère, si. Nanaqui a faim, sa mère se sacrifie.
page 111.
Ce sont les asiles de fous qui rendent fous les fous. Les gémissements incessants, les appels à l'aide auxquels personne e répond jamais, l'odeur permanente d'éther, de tabac froid et de corps mal lavé, les aliénés qui errent les uns derrière les autres comme s'ils avaient quelque part où aller, alors qu'ils n'iront plus jamais ailleurs que des latrines aux dortoirs, et de la cour au cachot, moi aussi, ça me rendrait folle.
page 74
"Partez, madame." Madame. Je suis madame et je suis partie. Je suis qui? Quelqu'un qu'il ne connaît pas et dont la présence l'ennuie, le dérange - mais qui?
page 68.
Mais je sais, moi, que ça n'ira pas loin, qu'il n'a pas besoin d'une femme, il a tout ce qu'il faut comme ça, les femmes confondent la bestialité et l'amour, la fornication et la tendresse, les paroles et les actes. Mais les femmes c'est l'enfer. Les hommes ont besoin de quelqu'un qui prenne soin d'eux, les hommes ont besoin d'un ange, d'un coin de paradis, les hommes ont besoin d'une mère, un point c'est tout. Voilà ce que la vie m'a appris. Ils ont besoin d'une mère, et d'un animal de compagnie. Un chien, lui, est loyal. Un chien, lui, ne ment pas.
page 33.
Au fond, ce dont j'ai horreur, ce sont les femmes. Pas les mères, non, les mères n'ont rien à voir, les mères ne sont pas des femmes, elles sont beaucoup plus fortes. Plus fortes que les amantes, les épouses, les maîtresses, les gourgandines, les poisons. (Je ne comprends même pas comment un fils peut préférer une femme à sa mère. Je devrais la signaler, cette Janine qui tournicote encore autour de lui. Je dois en parler au docteur Toulouse. Le mettre en garde. Lui dire ce que j'ai vu et ce que je sais. Il comprendra. Et Antonin l'écoutera sûrement, lui.
page 22.
« Une fois, Antonin m’a dit qu’il était comme enterré dans son corps. C’est bizarre comme mots, mais c’est les siens. Enterré dans son corps qui le torture à chaque instant de vie, voilà exactement ce qu’il dit, je l’ai tout de suite noté sur mon carnet, je suis sûre de ne pas m’être trompée. Il n’y a qu’à le voir, tourmenté, dévoré, supplicié, obligé depuis l’adolescence de se droguer pour faire passer le corps au deuxième plan. »