Citations de Kaho Nashiki (142)
Quand vivre devient une souffrance, quand on est prisonnier de la colère, de la rancune et de l’amertume, on est en enfer. Quand on vit avec la douleur d’un désir inassouvi, quand quoi que l’on mange on reste toujours insatisfait, quand on est attaché aux choses, qu’on en est dépendant, dans l’impossibilité de s’en défaire, alors on vit dans le monde de l’avidité insatiable. Quand on se laisse flatter et tromper par les forts, quand non seulement on ne s’occupe pas des faibles mais qu’en plus on les exploite, quand on ne sert que son seul intérêt, alors on vit dans le monde bestial où chacun ne pense qu’à sa propre survie. Quand on traite l’autre comme un ennemi, quand on ne pense qu’à triompher de lui, quand on est jaloux, envieux, alors on vit dans le monde de l’oppression et de l’impuissance…
J’eus l’impression que le passage de la vie à la mort était comme un court changement de décor au théâtre.
Tout humain découvre un jour qu’il est né sans l’avoir voulu. Sans avoir pu donner préalablement son avis sur son lieu de naissance ni choisir l’endroit où grandir.
Davantage que la personne elle-même, c’était une chose fabriquée par cette personne qui donnait le sentiment de saisir d’elle quelque chose d’essentiel.
Il y avait peut-être quelque chose de miraculeux dans ces moments passés dans un espace clos entouré d’une épaisse forêt,
Une île, ce fut la forte impression que j'eus au début de mon séjour, est comme un bonsaï. Non parce qu'elle est modelée par l'homme. Plutôt parce qu'elle déborde d'une vitalité qui ne cesse d'exploser.
Son entraînement pour devenir sorcière était bien différent de ce qu'elle avait cru au début, mais tout était nouveau pour elle et amusant malgré tout.
Je voulais comprendre quel conflit intérieur ils avaient pu connaître. Non par une sorte d’intérêt scientifique distancié, mais parce que ce sentiment de perte qui nous entraîne vers un précipice sans fond faisait écho en moi et résonnait sans que je puisse y remédier, poussé par une angoisse terrible qui m’étouffait, je tentais de me raccrocher à cette possibilité de savoir. C’était comme un besoin vital
J’avais envie de me tenir dans un endroit maintenant silencieux mais où s’était passé quelque chose de décisif. Là où il me serait possible de sentir, ne fût-ce qu’un peu, le sens de la vie humaine ou ce que peut être le temps.
Une île, ce fut la forte impression que j’eus au début de mon séjour, est comme un bonsaï. Non parce qu’elle est modelée par l’homme. Plutôt parce qu’elle déborde d’une vitalité qui ne cesse d’exploser. Comme un bonsaï, oui, une miniature dans laquelle tout semble s’accumuler. Aussi bien les arbres, que les chemins, que les animaux. Quelque chose de très dense s’y concentre.
Cet endroit ensoleillé, tel un trou percé par la lumière entre les bois sombres et humides de cèdres et de bambous, ouvert vers le ciel, était différent du souvenir qu’elle en avait gardé, mais il lui plut immédiatement, sans qu’elle sache vraiment pourquoi.
Il était parsemé de vieilles souches d’arbres et des violettes poussaient entre les fondrières. La floraison était déjà terminée, les capsules de graines semblaient sur le point d’éclater. Imaginer toutes ces violettes en fleurs la rendit heureuse. Mais lui fit aussitôt regretter d’avoir manqué un tel spectacle.
Elle s’assit sur l’une des souches et sentit son esprit s’apaiser, tandis qu’une sensation de calme se diffusait en elle. Cernée par les jeunes camphriers, les châtaigniers et les bouleaux, elle avait l’impression qu’une petite chose très précieuse – une petite chose douce, chaude et adorable – se cachait quelque part dans les environs. Comme un petit, un tout petit nid douillet, festonné de plumes duveteuses d’un petit, d’un tout petit oiseau.
Nous n’avons pas besoin de parler d’une voix forte, nous pouvons tout à fait parler et communiquer avec une petite voix.
Extrait de la postface
Mai avait commencé à comprendre que la réalité, comme l’appelait Papa, et les histoires qui se déroulaient dans le cœur des gens étaient deux choses bien distinctes. Il ne fallait pas les confondre, mais sûrement que de temps en temps, on pouvait décider en secret de ce qu’était sa vérité à soi.
Rien ne sert de ressasser le passé. L’important, dans cette histoire, n’est pas la vérité, qui, si on la découvre, ne pourra de toute façon rien changer, mais le fait que ton cœur, à l’heure actuelle, est envahi par la méfiance et la haine.
Elle a éteint le feu et, tout en continuant de remuer le contenu de la casserole :
- il est normal de se sentir blessé. On n'y peut rien. Et comme c'est dans ta nature, tu n'as pas d'autre choix que de faire avec, a-t-elle déclaré lentement, délicatement, comme si elle déroulait un fil de soie hors d'elle....
Peu importe ce qui se passera, il faudra te convaincre que cette blessure ne sera pas mortelle. Ainsi, et même si sur le moment tu es incapable d'y croire, des graines auront été semées, et quelque part dans ton corps et dans ton coeur germera une nouvelle force de vie.
Cette blessure ne sera pas mortelle.
J'ai reçu bien des coups que j'aurais du considérer comme fatals, mais à chaque fois, je suis restée fidèle à la pensée de ma grand-mère, que prononçais à la manière d'une formule magique. Cette blessure ne sera pas mortelle. Même lorsque se succédaient les jours où il me paraissait impossible de me lever, ces mots, pareils à la lumière douce et chaleureuse de cet après-midi d'hiver, continuaient à être absorbés par la terre gelée à coeur.
Cela ne pourra jamais me détruire.
Cela ne pourra jamais te détruire.
Sa manière de parler - le grand soin, la grande prudence avec lesquels elle choisissait ses mots, comme si elle avait affaire à quelque chose de très fragile - pouvait parfois résonner comme du japonais maladroit, mais elle n'en a pas changé tout au long de sa vie, du moins avec moi....
Il existait une certaine tension entre elle et les mots et elle ne les laissait pas s'écouler en suivant leur cours - non, aucune habitude ne s'est installée entre eux jusqu'à la fin. Elle tâchait d'être la plus précise possible. Elle ne se contentait pas de lancer les mots sans plus s'en préoccuper, non, elle s'assurait toujours que son interlocuteur les saisissait correctement, tout comme l'intention qu'ils traduisaient. Oui, c'était ainsi qu'elle parlait.
Je réchauffe la théière vide en la remplissant d'eau frémissante, que je jette ensuite dans l'évier, puis je la poser sur la table. Je puise deux cuillerées dans la boîte à thé que je verse dans la théière fumante, j'ajoute de l'eau bouillante. Je remets le couvercle et laisse le thé infuser.
J'allume la radio. L'animateur et en train d'annoncer les nouvelles du jour. Je sors une tasse du placard. Le mug que la petite a laissé ici aussi.
Au moment de quitter la maison, elle a longuement regardé son mug, puis a fini par le ranger dans le placard. Je l'ai vue faire. Elle aurait très bien pu le prendre avec elle, mais elle l'a laissé ici, comme si elle allait revenir. Même si elle n'en avait probablement pas l'intention.
Depuis, chaque fois que je pose les yeux sur cette tasse, je suis envahie par de tendres pensées et une sensation de chaleur m'enveloppe. Comme quand cette petite était avec moi.
Je remplis de thé les deux tasses. Pour qu'elle ait, aujourd'hui encore, le coeur et le corps bien au chaud, qu'elle se sente apaisée. De la fumée s'élève paisiblement de son mug.
Je m'assois pour boire mon thé.
Il n'a jamais été aussi difficile qu'aujourd'hui de vivre simplement, de vivre une vie simple et sincère.
La société a de plus en plus tendance à se diviser en groupes, à rechercher des leaders qui parlent d'une voix forte, à exclure ceux qui sont différents. La sincérité de la pensée individuelle est bien souvent raillée, parfois même considérée comme dangereuse.
Ce livre, je le regardais à l'époque avec une certaine appréhension, en me demandant à qui il pourrait être utile, à part à moi-même et aux femmes ayant une nature similaire à la mienne. Maintenant que j'ai presque l'âge de la grand-mère de Mai, c'est avec sérénité que je le vois à nouveau publié et partir pour un nouveau voyage. Bon vent !
Qu'il parvienne à ceux qui en ont besoin, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, qu'il les accompagne, les soutienne et les encourage du mieux qu'il peut.
Nous n'avons pas besoin de parler d'une voix forte, nous pouvons tout à fait parler et communiquer avec une petite voix.
Que ce livre leur chuchote ce message.
Nashiki Kaho, 2017.
Au moment où on se dit que rien ne changera jamais, il se produit un événement qui nous fait découvrir qu’on est différent de celui qu’on était avant.
Il n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui de vivre simplement, de vivre une vie simple et sincère.
La société a de plus en plus tendance à se diviser en groupes, à rechercher des leaders qui parlent d’une voix forte, à exclure ceux qui sont différents. La sincérité de la pensée individuelle est bien souvent raillée, parfois même considérée comme dangereuse.
Ce livre, je le regardais à l’époque avec une certaine appréhension en me demandant à qui il pourrait être utile, à part à moi-même et aux femmes ayant une nature similaire à la mienne. Maintenant que j’ai presque l’âge de la grand-mère de Mai, c’est avec sérénité que je le vois être à nouveau publié et partir pour un autre voyage. Bon vent ! Qu’il parvienne à ceux qui en ont besoin, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, qu’il les accompagne, les soutienne et les encourage du mieux qu’il peut. Nous n’avons pas besoin de parler d’une voix forte, nous pouvons tout à fait parler et communiquer avec une petite voix. Que ce livre leur chuchote ce message.