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Citations de Kaho Nashiki (132)


Kaho Nashiki
Davantage que la personne elle-même, c'est une chose fabriquée par cette personne qui donne le sentiment de saisir d'elle quelque chose d'essentiel.
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— Mamie, l’appela-t-elle doucement. 
— Oui ? répondit sa grand-mère, elle aussi à voix basse.
  — Quand les gens meurent, que deviennent-ils après ? 
En entendant la question, Grand-mère laissa échapper un grognement inarticulé et soupira. 
— Je ne sais pas. Pour ne rien te cacher, je ne suis jamais morte. 
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...ce genre de ficus, lui, s’accroche d’abord à des terrains aussi hauts que possible et de là entame son existence........Si ce qui lui sert de support est un organisme vivant (un arbre, en l’occurrence), avec le temps, peu à peu, il le recouvre entièrement, l’empêchant finalement de respirer, jusqu’à le faire mourir. C’est pourquoi ce ficus s’appelle aussi « l’arbre étrangleur ».......Il en use comme d’une sorte de « support » mais c’est de la terre sur laquelle il étend ses lianes qu’il se nourrit.
L’idée me traversa l’esprit que cela ressemblait aux nations et aux sociétés que construisent les hommes. Elles prennent pied sur un territoire qu’elles donnent l’impression de protéger par les lois qu’elles créent, or, en réalité, elles ne font que déployer un réseau de règles qui semblent faire prospérer ce sur quoi elles sont installées, mais, si l’on y regarde de plus près, on découvre que cette chose est exsangue ou que seule sa structure extérieure continue à se développer en maintenant plus ou moins sa forme initiale. Il s’agit donc d’une momification. Mais qui dépend aussi de la destinée sans doute. Alors, même exsangue, il est possible que l’intérieur continue quand même à vivre…
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Kaho Nashiki
Il n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui de vivre simplement, de vivre une vie simple et sincère. 
La société a de plus en plus tendance à se diviser en groupes, à rechercher des leaders qui parlent d’une voix forte, à exclure ceux qui sont différents. La sincérité de la pensée individuelle est bien souvent raillée, parfois même considérée comme dangereuse. 
Ce livre, je le regardais à l’époque avec une certaine appréhension en me demandant à qui il pourrait être utile, à part à moi-même et aux femmes ayant une nature similaire à la mienne. Maintenant que j’ai presque l’âge de la grand-mère de Mai, c’est avec sérénité que je le vois être à nouveau publié et partir pour un autre voyage. Bon vent !  Qu’il parvienne à ceux qui en ont besoin, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, qu’il les accompagne, les soutienne et les encourage du mieux qu’il peut.  Nous n’avons pas besoin de parler d’une voix forte, nous pouvons tout à fait parler et communiquer avec une petite voix.  Que ce livre leur chuchote ce message.
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Une île, ce fut la forte impression que j’eus au début de mon séjour, est comme un bonsaï. Non parce qu’elle est modelée par l’homme. Plutôt parce qu’elle déborde d’une vitalité qui ne cesse d’exploser. Comme un bonsaï, oui, une miniature dans laquelle tout semble s’accumuler. Aussi bien les arbres, que les chemins, que les animaux. Quelque chose de très dense s’y concentre.
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Le temps ne file pas à toute vitesse sur une ligne droite, le passé et le présent se retrouvent alignés devant nos yeux, à égalité, comme s’ils étaient à notre disposition pour être étudiés, sélectionnés. La perte était ce temps qui tombait au fond de moi et s’y accumulait.
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La nuit dernière encore, cela a commencé ainsi.

En fin d’après-midi, le vent et la pluie avaient forci et, au lieu d’aller accrocher les volets comme je l’aurais dû, je m’étais paresseusement réfugié dans mon lit toujours défait. Mais dans la nuit, les vitres se sont mises à gémir. D’une façon tout à fait différente des vibrations qui les agitaient jusque-là. Cela m’a réveillé. Pour commencer, j’ai pensé à un chat ou quelque autre animal. Je m’apprêtais à me rendormir sans intervenir, mais les craquements empiraient. Pour finir, le vacarme est devenu tel qu’on aurait cru que la maison geignait ; bien obligé, j’ai fini par me lever, j’ai allumé la lampe à pétrole et je suis parti inspecter les fenêtres de la véranda.

Derrière les vitres, la lampe a révélé des ténèbres de poix, des rafales de vent et de pluie qui les battaient follement et, alors qu’en temps normal leur extrémité se contentait de frôler la fenêtre, même par grand vent, les fleurs du lilas des Indes qui se jetaient contre le carreau, face la première, comme aplaties par quelque force gigantesque. Les grandes branches déferlaient contre la fenêtre avant de reculer un instant, telle la vague qui se retire, et ainsi de suite. Leur grincement avait un effet hallucinatoire et, peu à peu, il m’a semblé entendre : … laisse-moi entrer…
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La rivière Tamabashiri donnait une impression de grande fraîcheur ; elle était parsemée çà et là de gros blocs d’un granit blanc aussi beau que son nom, kakôgan, « fleur des hauteurs », et au-dessus des érables rouges entrecroisaient leurs branches feuillues.
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Comme la limace qui rampe et laisse après son passage une traînée blanchâtre et visqueuse facilement reconnaissable, la trace laissée par cet homme, la puanteur laissée après son passage faisait frémir les plantes, qui ne pourraient plus redevenir comme avant. Probablement jusqu’à ce qu’elles soient exposées à la rosée pure et fraîche du soir, puis séchées par les rayons immaculés du soleil matinal,
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La confiture qu'elles avaient préparée était d'un rouge cramoisi, profond, presque noir.
Quand Mai la lécha, une douce amertume, celle des sous-bois, se répandit sur sa langue.
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Cet endroit ensoleillé, tel un trou percé par la lumière entre les bois sombres et humides de cèdres et de bambous, ouvert vers le ciel, était différent du souvenir qu’elle en avait gardé, mais il lui plut immédiatement, sans qu’elle sache vraiment pourquoi. 
Il était parsemé de vieilles souches d’arbres et des violettes poussaient entre les fondrières. La floraison était déjà terminée, les capsules de graines semblaient sur le point d’éclater. Imaginer toutes ces violettes en fleurs la rendit heureuse. Mais lui fit aussitôt regretter d’avoir manqué un tel spectacle. 
Elle s’assit sur l’une des souches et sentit son esprit s’apaiser, tandis qu’une sensation de calme se diffusait en elle. Cernée par les jeunes camphriers, les châtaigniers et les bouleaux, elle avait l’impression qu’une petite chose très précieuse – une petite chose douce, chaude et adorable – se cachait quelque part dans les environs. Comme un petit, un tout petit nid douillet, festonné de plumes duveteuses d’un petit, d’un tout petit oiseau.
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Quand on se laisse flatter et tromper par les forts, quand non seulement on ne s’occupe que des faibles mais qu’en plus on les exploite, quand on ne sert que son seul intérêt, alors on vit dans un monde bestial où chacun ne pense qu’à sa propre survie. Quand on traite l’autre comme un ennemi, quand on ne pense qu’à triompher de lui, quand on est jaloux, envieux, alors on vit dans le monde de l’oppression et de l’impuissance…
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La lune qui avait commencé à monter tardivement dans le ciel venait poser son œil brillant sur le toit de cette petite cabane au milieu de la montagne. Si je ne m’étais pas réveillé par hasard, je ne m’en serais pas aperçu, ni personne d’autre, et la forêt serait simplement restée une forêt baignée de lumière, dans l’ignorance des hommes.
Je me levai et sortis. Il faisait si clair que mon ombre se dessinait sur le sol. Le chant discret des insectes nocturnes de la fin d’été résonnait autour de moi. La lune dessinait de son éclat blanc la silhouette du mont Shiun. Solennellement, sans le vouloir, je me retrouvai agenouillé, la tête inclinée.
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Quand ton père peignait un panneau, le quartier changeait de physionomie. Les gens perdaient leur air renfrogné, se montraient plus gentils avec les autres et, un peu partout, on entendait : "pardon, merci, je vous en prie..." Les gens souriaient, fredonnaient et sifflotaient.
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Je me dis que c’était une des grâces que l’âge nous permettait de connaître. Quand j’étais jeune, il me semblait que mes émotions, mes exaltations me traversaient de part en part, mais aujourd’hui, c’étaient des sentiments apaisés, qui se retrouvaient comme pliés et mis en ordre à l’intérieur de moi. Et je pouvais les observer. Jeune, ces sentiments intenses laissaient à mon insu des traces au fond de moi, et à présent je pouvais en prendre conscience et les considérer calmement.
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Elle a éteint le feu et, tout en continuant de remuer le contenu de la casserole :
- il est normal de se sentir blessé. On n'y peut rien. Et comme c'est dans ta nature, tu n'as pas d'autre choix que de faire avec, a-t-elle déclaré lentement, délicatement, comme si elle déroulait un fil de soie hors d'elle....

Peu importe ce qui se passera, il faudra te convaincre que cette blessure ne sera pas mortelle. Ainsi, et même si sur le moment tu es incapable d'y croire, des graines auront été semées, et quelque part dans ton corps et dans ton coeur germera une nouvelle force de vie.

Cette blessure ne sera pas mortelle.
J'ai reçu bien des coups que j'aurais du considérer comme fatals, mais à chaque fois, je suis restée fidèle à la pensée de ma grand-mère, que prononçais à la manière d'une formule magique. Cette blessure ne sera pas mortelle. Même lorsque se succédaient les jours où il me paraissait impossible de me lever, ces mots, pareils à la lumière douce et chaleureuse de cet après-midi d'hiver, continuaient à être absorbés par la terre gelée à coeur.
Cela ne pourra jamais me détruire.
Cela ne pourra jamais te détruire.
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Mai avait toujours adoré sa grand mère. Elle ne ratait jamais une occasion de lui dire "je t'aime tellement, mamie ! "
Jamais elle n'aurait osé faire une telle déclaration à sss parents, elle se serait sentie bien trop gênée. Mais sa grand-mère n'était pas japonaise, voilà pourquoi elle se permettait peut-être d'exprimer ses sentiments sans détour. Ce à quoi la vieille dame, son habituel sourire aux lèvres, répondait invariablement : "I know." Je sais. Cet échange, comme un mot de passe connu d'elles seules, était devenu leur petit rituel.
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- Alors être sorcière, ça veut dire s'entraîner à mourir alors qu'on est encore en vie ?
- Tout à fait.S'entrainer à mourir pour vivre pleinement.


( p.105)
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"Si tu accordes trop d'importance à cet incident à première vue mystérieux, tu te laisseras à chaque fois bouleverser par le même genre d'événement."
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Sur le flanc de la montagne montait une pleine lune automnale. Dans le ciel nocturne bleu outremer, elle éclaira un seul point d’une très légère lueur blanche, rendant encore plus sombres, depuis la crête jusqu’au pied, les contours de la montagne qui venait d’apparaître. L’extrême chaleur de la journée s’était estompée au point de sembler n’avoir été qu’un songe ; hormis, de temps à autre, les cris lugubres de hérons bihoreaux qui envahissaient l’espace alentour, le silence était total.
(incipit)
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