Kalpana Swaminathan :
Saveurs assassinesDans le cadre du "Salon du livre" dont le pays invité est l'Inde,
Olivier Barrot présente cette semaine des livres d'auteurs de ce pays depuis le
collège franco-britannique de la Cité Internationale Universitaire de Paris.
Olivier Barrot parle du livre de
Kalpana Swaminathan, "
Saveurs assassines" aux éditions le cherche midi. En
illustration : femmes indiennes sur le bord de
mer.
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Le trajet fut sensationnel à condition d'aimer les sensations fortes. Hilla est le genre de chauffeur qui fait apparaître la formule 1 comme une course en sac. Nous éraflâmes la peinture d'une santro, percutâmes un ou deux phares avant de partir en flèche sur l'autoroute pendant que les feux passaient au rouge.
-T'inquiètes ! dit-elle en se marrant. Les flics m'adorent.
En vingt quatre heures, j'ai perdu en bloc ma carrière, mon copain et ma bibliothèque, sans doute un record dans les annales des catastrophes pas naturelles.
Remerciements
ce livre m'a été inspiré par les nombreux hommes et femmes dépossédés qui ont reconstruit leur vie sur les trottoirs de notre ville hospitalière, Bombay, dans les décennies qui ont suivi la libération du Bangladesh. Leurs histoires faites d'un courage et d'une force d'âme exemplaire ont peu à voir avec ce récit, mais j'ai emprunté une partie de leur insatiable appétit pour la vie.
la soupe est une invention des nations indisciplinées. Son but est d'inspirer le respect à peu de frais pour le cuisinier. Pour freiner ceux qui se goinfrent et engloutissent les mets de façon inconvenante. Pour faire taire les estomacs afin que la langue puisse savourer. Avec notre longue discipline de la faim et des privations, nous autres, Indiens savons respecter la nourriture. Nous n'avons pas besoin de soupe.
"Vous avez 32 ans et déjà les poignets qui craquent , me dit mon éditeur . vous allez passer les 30 années qui viennent à enseigner les poètes morts à des dyslexiques, à moins que vous ne sautiez le pas tout de suite". Je l'ai détesté, mais il avait raison ."sondez les égouts de l'âme "me conseilla-t-il non sans délectation. Il m'a fallu un an et 100000 mots pour comprendre que la tuyauterie fuyait. Mon livre ne valait rien. Ce matin, je l'ai transporté dehors en croyant qu'une lecture au grand air pourrait le revigorer. Nada, que dalle. Le livre était bel et bien mort-né, et l'air frais ne suffit pas à le ranimer.
[...] le but de l'art est de déranger. De planter une épine dans le cœur. Ce que le cœur fait ensuite, ce n'est pas ton problème. C'est assez qu'il sente l'épine.
Finalement, comment juger d'une relation? Si c'est par les mots, alors nous devons nous préparer à être trahis à chaque fois.
Nous autres, « scribomaniaques », ne chassons jamais nos démons. Nous les transférons seulement sur un autre plan.
Il partit en se traînant, ayant à jamais perdu sa foi en tout ange de bonté. Où étaient ces splendides créatures qui peuplaient ses livres? les femmes au bras comme des pelochons? des seins comme des dunlopillo?, le cœur comme une cuisine à l'heure du déjeuner ?mais où sont les neiges d'antan?
La vitesse peut être apaisante. Paradoxalement, elle peut vous donner une sensation de repos. Une lanterne magique fait tourner des images à toute vitesse des deux côtés et, devant, escamote la route grise qui se déroule comme un esprit vide. Ça vous calme, ça vous régénère.