Polar indien, qui se déroule à Bombay.
Unité de lieu : le Building, Utkrusa, est habité par des professeurs, un banquier, un officier de police à la Retraite, Lalli, qui sera bien sûr la détective, un banquier, Mr Rao, la victime, découvert mort dans l’ascenseur… leurs familles, proche et parfois éloignée, comme cette cousine qui fuit une belle famille qui l’enferme et la martyrise. Ce roman mettant en scène les habitants d’un immeuble, me fait penser à Bonbon Palace .
Une touche d’exotisme : la traductrice a gardé de nombreux mots hindi ou gujarati désignant des coutumes, des plats, des habits.
Sous le patronage de Lewis Carroll, la fantaisie, le non-sens, l’humour sont au rendez-vous. En prologue du Prologue : un poème, la chanson du Jardinier est tirée de Sylvie et Bruno de Lewis Carroll(1889). Ce poème sert de fil conducteur à l’intrigue dans ses images les plus farfelues
Il croyait voir un buffle
Sur le manteau de la cheminée.
Il regarda de nouveau et s’aperçut que c’était
La nièce du mari de sa sœur.
« si vous ne quittez pas cette maison, dit-il.
J’appelle la police »
……
Qui peut imaginer qu’on retrouvera les thèmes les plus fous dans la vie prosaïques de ces Indiens de Bombay ! Et c’est la gageure de l’auteur que de les utiliser (dans le désordre, certes) pour construire une histoire.
L’intrigue n’est pas nécessairement essentielle dans ce livre. Elle serait plutôt alambiquée. Qui a tué Mr. Rao ? Chacun avait une bonne raison de souhaiter sa mort. A chacun des locataires il avait, semble-t-il, pour le plaisir, distillé son venin. Colporter des ragots, mettre au jour les secrets que chacun voulait garder pour soi, inventer des histoires malfaisantes était la raison de vivre de ce banquier pieux.
La chaleur que toute cette humanité dégage, solidarité de voisins qui ne sont jamais indifférents à leur prochain, qui débarquent dans le salon sous tout prétexte, fait de ce roman sans prétention, un ouvrage attachant. Intéressant aussi le plaidoyer pour la condition féminine encore bien difficile en Inde où il est courant qu’une jeune femme soit enfermée à clé par sa belle-mère, ou brûlée par son mari.
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